Les communautés autour du complexe de Cahokia étaient profondément connectées à ce centre urbain spirituellement, notamment par l’intermédiaire de structures cérémonielles, et certaines grandes villes jouaient également un rôle de centres administratifs. Le complexe de Richland, par exemple, pourrait avoir abrité entre cinq mille et sept mille fermiers qui formaient un réseau essentiel à l’approvisionnement de Cahokia en nourriture. Ces fermiers, dont la grande majorité étaient des femmes, cultivaient non seulement du maïs, mais aussi des tournesols, un aliment clé dans l’alimentation des Cahokiens, ainsi que des courges, des plantes médicinales comme le sumpweed, du petit orge, du knotweed dressé et du chenopode. Parmi ces fermiers, environ un sur trois venait d’autres régions, principalement de la vallée moyenne et inférieure du Mississippi, ainsi que de la vallée inférieure de l’Ohio. Cela montre une certaine diversité dans les origines des populations qui composaient ce réseau de production alimentaire, témoignant de la mobilité et des échanges entre les communautés pré-colombiennes.
Prenons l’exemple d’un petit village de deux à trois cents habitants situé à environ 15 kilomètres au sud-est de Cahokia, dans le complexe de Richmond. Les fouilles archéologiques effectuées sur ce qui est maintenant connu sous le nom de site de Halliday ont révélé des éléments culturels surprenants. Le style des artefacts découverts sur ce site semblait décalé par rapport à ceux trouvés dans d’autres sites associés à Cahokia. Certaines pièces étaient même considérées comme « vieilles » ou « étrangères » à la région. Cela amène à penser que les habitants de ce village étaient, d’une part, en décalage avec les habitudes locales, mais d’autre part, leur adoption de certains éléments culturels, comme le jeu de chunkey, montre un processus d'intégration et d'adaptation.
Le jeu de chunkey, une activité qui remonte à environ 1400 ans en Illinois et dans le Missouri, n’était pas seulement un loisir, mais également un moyen de résoudre des conflits de manière pacifique, en offrant une alternative aux affrontements violents. Ce jeu consistait à faire rouler une pierre de chunkey, de la taille d’un palet de hockey, et à tenter de l’arrêter avec une longue perche. Ce jeu symbolisait plus qu'un simple divertissement ; il servait de facteur unificateur pour les communautés de Cahokia, renforçant les liens entre les habitants de cette grande ville et ceux des villages voisins. En effet, les pierres de chunkey caractéristique de Cahokia ont été retrouvées sur un large territoire, témoignant des déplacements des compétiteurs venus de loin pour participer à des matchs importants.
Le cœur de Cahokia, au-delà de ses habitations et de ses grandes places publiques, était marqué par des structures monumentales, comme le Woodhenge, un site composé de plusieurs cercles de poteaux de cyprès disposés selon un plan qui permettait l’observation des mouvements solaires. Ces cercles, au nombre de cinq, dont le plus grand mesurait 128 mètres de diamètre, ont permis aux Cahokiens de suivre les saisons et d’organiser leurs activités agricoles en fonction du cycle solaire.
En outre, au-delà du centre de Cahokia, plusieurs autres complexes de tertres étaient répartis dans la région, créant une sorte de réseau urbain étendu. À l’ouest de Cahokia, l’un des plus grands complexes de tertres se trouvait à East St. Louis, où l’on a retrouvé les vestiges de plus de 1 500 structures et de milliers de fosses de stockage datant entre 900 et 1200. Ce site, autrefois pensé détruit en raison de la construction d’une autoroute dans les années 1960, s’est révélé être un centre important pour le commerce et les échanges entre les différentes communautés. La proximité avec le fleuve Mississippi facilitait la circulation des biens et des personnes entre Cahokia et ses territoires périphériques.
De l’autre côté du fleuve, dans la ville actuelle de St. Louis, se trouvait un autre ensemble de tertres, bien que plus petit que celui de Cahokia. Toutefois, l'importance symbolique de ces structures reste indéniable, comme en témoigne le mont Sugar Loaf, un tertre unique situé à proximité d’un bluff. Ce tertre, acheté en 2007 par la nation Osage pour sa préservation, représente un lien tangible avec l’histoire ancienne de la région et les diverses interprétations culturelles qui ont existé au sein des peuples autochtones.
Il est important de comprendre que ces complexes de tertres n’étaient pas seulement des éléments architecturaux, mais servaient aussi à des fins rituelles, sociales et administratives. La concentration de mounds dans des endroits stratégiques, comme près des rivières, révèle la manière dont ces communautés organisaient leurs échanges et affirmaient leur identité culturelle.
La découverte et l’étude des structures de Cahokia et de ses environs montrent une société profondément interconnectée, tant sur le plan économique que culturel. Les différentes populations qui composaient ce réseau ont su fusionner leurs traditions tout en conservant des traits distinctifs, créant ainsi une civilisation riche et complexe. La présence de sites comme celui de Halliday, avec ses artefacts « étrangers » et ses méthodes de construction non conventionnelles, suggère que l’interaction entre les peuples était constante et façonnait la dynamique sociale de cette époque.
Pourquoi les Kickapous ont-ils quitté le Missouri pour le Kansas ?
Le territoire que les Kickapous occupaient au Missouri, ironiquement qualifié de « petit trou » par le chef Kishko, n’était pas seulement pauvre en ressources, mais aussi juridiquement complexe. Bien que les États-Unis aient garanti aux Kickapous la possession paisible de cette terre, ils envisageaient dès 1826 leur déplacement vers le Kansas. William Clark, agent de tutelle des affaires indiennes, savait que ce projet serait réalisable uniquement avec l’approbation du Congrès, car le Missouri ne relevait pas des dispositions prévues par le Indian Removal Act, qui concernait les terres à l’est du Mississippi. Le cas du Missouri nécessitait une législation spécifique, qui ne fut promulguée qu’à la fin de 1831.
Pendant cette période d’attente, les Kickapous explorèrent le Kansas et en revinrent avec un avis favorable. Clark les invita alors à Castor Hill pour négocier un traité de cession. Y furent également conviés les Kickapous de Vermillion, restés en Illinois depuis le traité de 1819. En octobre 1832, dix-huit chefs des deux bandes signèrent un accord : ils abandonnaient leurs droits sur les terres de l’Illinois et du Missouri en échange d’un territoire de vingt milles sur soixante situé près de la réserve des Delawares, à proximité de Fort Leavenworth.
Le contenu du traité trahit une situation de dépendance économique : les Kickapous, lourdement endettés envers des commerçants sous licence gouvernementale, durent céder leurs terres pour s’acquitter de leurs obligations. Sur les 18 000 dollars qu’ils reçurent, les deux tiers furent directement prélevés pour rembourser leurs dettes. En complément, ils se virent attribuer une rente annuelle de 5 000 dollars pour dix-neuf ans, ainsi que des services : un forgeron, des outils, du matériel agricole, un moulin, une église et une école.
Au printemps 1833, les deux groupes commencèrent à s’installer au Kansas. Les Kickapous de l’Illinois, sous la direction du prophète Kennekuk, s’adaptèrent progressivement au mode de vie agraire promu par le traité. En revanche, la bande du Missouri, menée par Kishko, refusa toute forme d’acculturation et choisit l’isolement, édifiant son village à distance de celui de leurs cousins. Kishko conserva sa ligne dure : en 1833 ou 1834, il mena une douzaine de familles plus au sud, vers le Territoire Indien, espérant y préserver leurs traditions.
Parallèlement, les autorités du Missouri cherchaient à annexer le territoire de la Platte, situé entre la frontière ouest de l’État et le fleuve Missouri. Bien que cette zone ait
Comment les powwows et les mouvements sociaux ont façonné la vie des Amérindiens urbains dans les années 1960-1970
Les powwows, ces rassemblements traditionnels qui célèbrent la culture amérindienne à travers la danse et la musique, ont joué un rôle central dans le renouveau des communautés amérindiennes urbaines à partir des années 1960. Initialement organisés sur les réserves de Kickapoo et de Pottawatomi au Kansas, les powwows se sont rapidement déplacés vers les grandes villes. En 1962, même avant la création officielle du Council Fire de Kansas City, un powwow fut organisé à Wyandotte County, Kansas, durant le week-end du Labour Day, attirant plus de cent cinquante participants représentant huit tribus issues de cinq états différents. Ce type d’événement allait devenir un rituel annuel populaire, marquant une époque de rassemblement et d'affirmation culturelle.
Dans les années qui suivirent, les powwows se multiplièrent à travers tout le Midwest. Par exemple, en 1964, la ville de Cassville, dans le sud-ouest du Missouri, organisa un powwow qui se targuait d’être le premier du genre dans l’état. L'événement, surnommé l'All-American Pow-Wow, attira jusqu’à mille cinq cents participants représentant quinze tribus. L’afflux massif de danseurs, chanteurs et visiteurs marquait la croissance d'une scène panindienne, qui ne se limitait plus aux zones rurales, mais s'étendait aux zones urbaines.
Un aspect important des powwows était leur capacité à créer une identité panindienne. En dépit des différences tribales, ces rassemblements permettaient à de nombreux peuples autochtones de se retrouver et de partager une culture commune. Ce phénomène allait de pair avec une croissance plus large de l'activisme social parmi les Amérindiens urbains, particulièrement sous l'influence du mouvement Red Power. Né dans les grandes villes américaines, ce mouvement, inspiré par les luttes des droits civiques, visait à revendiquer les droits des Amérindiens et à renforcer la reconnaissance de leurs problématiques sociales. L'American Indian Movement (AIM), fondé en 1968 à Minneapolis, devint un acteur clé de cette révolution sociale. En 1975, une militante de ce mouvement affirmait que, grâce à AIM, les Amérindiens urbains avaient commencé à comprendre qu’ils n’étaient pas « morts » et qu’ils n’étaient pas tous « dans des réserves » sous la gestion du gouvernement.
L'activisme des années 1960 et 1970 se concentra également sur la liberté religieuse pour les peuples autochtones, un droit que le gouvernement américain avait souvent restreint depuis la fin du XIXe siècle. Le Red Power Movement fut l'un des moteurs qui permis l’adoption de la loi sur la liberté religieuse des Amérindiens (American Indian Religious Freedom Act) en 1978, qui autorisait ouvertement les pratiques spirituelles telles que les cérémonies de la Sundance ou des saunas rituels. Ce changement législatif fut un accomplissement majeur pour ceux qui cherchaient à préserver et à pratiquer leurs traditions spirituelles ancestrales.
L’urbanisation des populations amérindiennes s’est également accélérée dans les années 1970. Selon le recensement de 1970, près de 40% des Amérindiens aux États-Unis vivaient désormais en ville. Cependant, cette urbanisation ne se traduisait pas nécessairement par de meilleures conditions de vie. Les Amérindiens urbains étaient plus susceptibles de souffrir de maladies telles que le diabète, les troubles hépatiques, ou encore d'accidents. Leur niveau d'éducation et d'emploi était inférieur à celui des Blancs, et beaucoup d’entre eux étaient exclus des programmes fédéraux d'aide qui étaient souvent réservés aux membres de tribus reconnues ou vivant sur des réserves. Par ailleurs, la mobilité des Amérindiens, souvent comparée à celle des chasseurs et cueilleurs nomades d’autrefois, compliquait les tentatives de recensement exact.
Pour répondre à ces défis, les leaders amérindiens des grandes villes, comme St. Louis et Kansas City, créèrent des centres communautaires pour soutenir les populations urbaines. Par exemple, en 1971, le Heart of America Indian Center fut fondé à Kansas City grâce à des fonds issus des réformes de la politique fédérale en matière d’autodétermination des peuples autochtones, lancées sous la présidence de John F. Kennedy. Ces centres avaient pour but de fournir des services adaptés aux besoins spécifiques des Amérindiens en ville, comme des programmes d’éducation, de santé et de logement. Ces efforts furent largement soutenus par des subventions fédérales, notamment de l’Office of Economic Opportunity, qui offrait aux organisations amérindiennes la liberté de gérer leurs propres projets.
L’essor de ces centres et des powwows n’était pas seulement une réponse à des besoins sociaux, mais aussi un moyen pour les Amérindiens urbains de se reconnecter à leurs racines culturelles et spirituelles, tout en se battant pour de meilleures conditions de vie et un plus grand respect de leurs droits. Ainsi, dans un contexte de marginalisation et de méconnaissance de leurs réalités, ces initiatives ont permis aux peuples autochtones de se forger une nouvelle identité collective et de revendiquer leur place dans la société américaine.
La montée des powwows et des mouvements sociaux a donc marqué une époque de réaffirmation et de transformation pour les Amérindiens, qui ont su mêler tradition et modernité pour faire face aux défis du monde contemporain. Leur rôle dans l’histoire des États-Unis continue d’être essentiel pour comprendre l’évolution des relations entre les peuples autochtones et la société dominante.
Comment les peuples autochtones du Missouri survivent-ils et réaffirment-ils leur souveraineté aujourd’hui ?
Les questions de souveraineté et d’identité des peuples autochtones du Missouri restent des sujets délicats, d’autant plus que l’État n’a pas reconnu officiellement la présence des nations indigènes depuis 1836. Pourtant, il est envisageable que les Osages, Ioways, Sacs, Foxes, Otoes-Missourias, Quapaws, Shawnees, Delawares, Kickapoos, et les membres de la Confédération Illinois retrouvent une présence tangible dans cet État. Ce processus est déjà en cours. Cette renaissance permettrait aux autorités locales et étatiques de collaborer avec les Autochtones du Missouri pour protéger les vestiges de leurs ancêtres et les sites sacrés, tout en leur donnant une voix dans la gestion des ressources naturelles, particulièrement dans un contexte de changement climatique où la question de l’exploitation durable des terres ancestrales devient cruciale. Ce retour à la terre pourrait être une forme renouvelée d’affirmation de leur identité et de leur souveraineté.
La transformation des identités autochtones, notamment celle des Ioways, illustre la capacité d’adaptation culturelle et biologique. D’après Lance Foster, les Ioways, qui furent autrefois des ours, des élans, des bisons, des loups et des aigles, ont évolué pour devenir humains, perdant leurs attributs animaux mais conservant leur essence autochtone malgré les changements physiques au fil des générations. Cette métaphore démontre que l’identité autochtone transcende les apparences et les transformations, s’enracinant dans une continuité culturelle profonde.
Larry Sellers met en lumière une différence fondamentale dans le rapport à la responsabilité. Contrairement à une vision euro-chrétienne centrée sur le pouvoir et le contrôle, la responsabilité autochtone se conçoit comme un devoir envers la collectivité et la vie dans son ensemble. Chaque individu porte la responsabilité d’agir comme un être humain digne, dans un équilibre respectueux du monde qui l’entoure.
Les powwows, même de petite taille comme celui organisé dans la région de Jefferson City, jouent un rôle central dans la revitalisation culturelle et sociale des peuples autochtones du Missouri. Ces rassemblements permettent d’honorer les ancêtres, de transmettre les traditions aux plus jeunes, de renforcer les liens communautaires, et d’exprimer les valeurs de respect et de générosité. Ils constituent une sorte de « fil de vie » culturel, particulièrement essentiel dans un État où les réserves et les territoires autochtones sont absents ou dispersés. Ces moments sont autant de manifestations contemporaines d’une tradition millénaire, où la mémoire, le partage et la célébration de la survie priment sur le souvenir des tragédies.
L’histoire de la survie autochtone se manifeste également à travers des adaptations techniques et sociales. Après la dernière glaciation, il y a environ 10 900 ans, les peuples archaïques du Missouri ont su modifier leurs outils en créant des pointes de projectiles plus fines et adaptées à la chasse de nouveaux gibiers, témoignant d’une agilité face aux transformations environnementales. Plus tard, les peuples Woodland tardifs et Oneota ont intégré la pipe sacrée dans leurs pratiques, un outil symbolique et diplomatique qui facilitait les alliances et les relations entre groupes, leur permettant de survivre dans un monde en pleine mutation sous l’arrivée européenne.
Au XXe siècle, confrontés à l’absence de centres autochtones au Missouri, les Indigènes ont su créer de nouveaux espaces communautaires et symboliques à travers les powwows et les cérémonies intertribales, consolidant ainsi leur présence culturelle et politique. La résilience et l’adaptabilité des peuples autochtones du Missouri se traduisent par leur capacité constante à évoluer, à réinventer leurs pratiques et à affirmer leur identité dans des contextes parfois hostiles.
Il est important de comprendre que cette résilience ne se limite pas à la simple survie physique ou culturelle, mais qu’elle inclut une profonde redéfinition des relations à la terre, à la communauté, et à l’avenir. La souveraineté autochtone implique non seulement la reconnaissance juridique, mais aussi un engagement continu envers les responsabilités collectives, la protection des patrimoines immatériels et matériels, et la construction de dialogues égalitaires avec les institutions étatiques. Cette dynamique réinterroge les notions de pouvoir, de territoire, et d’identité dans un monde globalisé où les voix indigènes trouvent enfin une écoute plus large.
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