L'art de la terre cuite, parfois perçu à tort comme un simple artisanat rural, représente pourtant l’une des formes les plus raffinées de l’expression artistique dans l’Inde ancienne. Son essor coïncide avec le développement de la vie urbaine, où la production en masse de pièces artistiques de qualité supérieure s’intensifie. À partir du début de notre ère, cet art connaît une période florissante, particulièrement entre 200 av. J.-C. et 300 ap. J.-C., considérée comme son apogée.
Les figurines de terre cuite étaient produites dans un cadre urbain et reflétaient la diversité des styles et des motifs décoratifs. Parmi les sites de production majeurs figuraient Mathura, Kaushambi, Ahichchhatra, et Chandraketugarh, dont les œuvres se diffusaient jusqu’à Mahasthangarh, loin à l'est. Ce phénomène suggère l’émergence de traditions artistiques régionales distinctes et d’influences culturelles variées. Par ailleurs, certains historiens de l'art, tels que Devangana Desai, ont souligné que l'art de la terre cuite a joué un rôle primordial dans l’émergence des premières sculptures en pierre, bien que celles-ci n’aient pas hérité de la riche ornementation en relief typique des céramiques de l’époque.
Une des caractéristiques marquantes des sculptures en terre cuite de cette époque réside dans leur représentation de divinités féminines, notamment des déesses liées à la fertilité, la prospérité et la beauté. À Mathura, l’une des œuvres les plus remarquables représente une déesse sur deux bourgeons de lotus, surgissant d’un vase de l'abondance. Elle tient un fruit dans la main droite et semble offrir du lait avec la main gauche. Cette image pourrait représenter Lakshmi, la déesse de la fortune et de la prospérité, bien que son identification exacte reste sujette à débat. Mais ce qui est certain, c’est l’évocation de la beauté, de la fécondité et du soin nourrissant que cette figure incarne.
Le style de Mathura a servi de modèle à d'autres régions, et les sculptures de cette ville ont été largement exportées vers d’autres centres urbains comme Kaushambi, Sarnath, et même Mahasthangarh. La production artistique dans cette ville montre la forte interconnexion culturelle entre diverses parties du sous-continent indien, chacun contribuant à enrichir le corpus visuel du monde antique. À côté des figures féminines, des représentations de yakshas, nagas, et autres divinités, liées à la nature et à la fertilité, abondent également, attestant de la variété des croyances religieuses et des pratiques cultuelles qui se sont répandues dans tout le Nord de l'Inde.
L’art de la terre cuite n’était pas uniquement religieux. Il reflétait une diversité de thèmes et de genres, allant des couples amoureux aux combats d'animaux, en passant par des scènes de la vie quotidienne telles que des enfants jouant avec des jouets. Ces œuvres mettaient en lumière la richesse des sociétés urbaines et de leurs aspirations culturelles. De plus, elles incarnaient une fusion entre art religieux et art de la vie quotidienne, ce qui permet aujourd'hui de mieux comprendre la manière dont les anciens Indiens concevaient leur monde et leurs relations avec les forces spirituelles.
Au-delà de l'art en lui-même, il est essentiel de considérer les rôles que les élites sociales et politiques ont joués dans la diffusion et le financement de ces œuvres. Les inscriptions qui accompagnent souvent ces sculptures témoignent d'une volonté d'affirmer une légitimité politique et religieuse. En effet, les élites politiques, qu’elles appartiennent aux dynasties indiennes traditionnelles comme les Shungas ou les Satavahanas, ou qu’elles aient des origines extérieures comme les Indo-Grecs ou les Kushanas, ont largement contribué au financement de temples, stupas et autres structures religieuses, favorisant ainsi le développement de cultes locaux et l’essor de l'art sacré.
Il est aussi pertinent de noter que les donations religieuses, souvent inscrites sur des piliers ou des stèles, sont l’expression d’un désir de bienfaisance et d’accumulation de mérite. Ces pratiques ont conduit à une floraison de cultes divers, où le soutien aux établissements religieux était souvent perçu comme un moyen d’assurer une légitimité spirituelle et politique durable.
Dans le Deccan, l'art de la terre cuite connaît une orientation différente, plus influencée par les cultures locales. Ici, les sculptures en terre cuite sont caractérisées par des représentations d'animaux, tels que des chevaux et des éléphants, souvent ornés d'accessoires et de détails minutieux. Les représentations humaines dans ces œuvres tendent à être plus délicates, avec des figures raffinées dans leurs attitudes et leurs vêtements, mettant en valeur un sens esthétique particulièrement prononcé.
Les terracottas de cette période, qu’elles soient liées à des pratiques religieuses ou non, illustrent donc la complexité et la diversité de la culture indienne ancienne, tant dans ses dimensions spirituelles que sociales. Elles sont un témoignage vivant des croyances, des relations et des pratiques quotidiennes des sociétés de l'Inde antique, en mettant en lumière un art qui, loin de se limiter à une simple production artisanale, joue un rôle essentiel dans la préservation de l’identité culturelle et religieuse de l'époque.
Quelle est la nature de la réalité selon Shankara et comment sa philosophie a-t-elle façonné l'Hindouisme médiéval?
Shankara, un des plus grands philosophes de l'Inde, a formulé une vision du monde qui repose sur l'Advaïta Vedanta, un système qui insiste sur l'unité absolue de l'Âtman (l'âme individuelle) et du Brahman (l'absolu universel). Dans cette philosophie, la conscience pure, éternelle et immuable, constitue la réalité fondamentale, tandis que toute la multiplicité et le changement qui caractérisent notre expérience quotidienne ne sont que des apparences, des illusions. La distinction entre la réalité conventionnelle et la réalité absolue est essentielle pour comprendre cette vision. Pour illustrer cela, Shankara cite souvent l'exemple d'une personne qui, en voyant une corde enroulée dans l'obscurité, la prend pour un serpent. Bien que la vision d'un serpent semble réelle, il n'en est rien, et l'illusion se dissipe dès que la lumière éclaire la corde.
Cette confusion entre la réalité apparente et la réalité ultime est due à l'avidya, ou ignorance. L'avidya empêche l'individu de percevoir la vérité sur la nature de l'existence, le forçant à s'identifier aux objets et phénomènes du monde sensoriel, alors qu'en réalité tout cela est éphémère et illusoire. La libération, ou moksha, dans le cadre de l'Advaïta Vedanta, repose donc sur la reconnaissance de cette unité fondamentale entre l'Atman et le Brahman. C'est une réalisation intérieure profonde qui transcende le cycle des renaissances.
L'impact de la pensée de Shankara ne se limite pas seulement à la sphère théologique. En introduisant une philosophie si résolument fondée sur l'unité et la non-dualité, il a participé à la redéfinition de l'Hindouisme médiéval. Sa défense vigoureuse de la tradition védique a non seulement provoqué une réévaluation de l'héritage bouddhiste, mais a aussi marqué un tournant dans l'histoire de l'Inde, en contribuant, selon certains chercheurs, à l'affaiblissement du bouddhisme dans la région. Cependant, ses détracteurs ont vu en lui un « bouddhiste caché », principalement en raison de sa conception du monde comme une illusion, similaire à celle des écoles Mahayana du bouddhisme. Malgré ces critiques, Shankara a défendu sa propre interprétation des Upanishads tout en répondant de manière précise aux objections émises par les adeptes d'autres écoles philosophiques, y compris le bouddhisme, le Samkhya, le Nyaya et le Mimamsa.
En dehors de la sphère intellectuelle, Shankara est également reconnu pour avoir fondé la secte Dashanami et avoir établi plusieurs monastères, appelés mathas, dans toute l'Inde. Toutefois, certains historiens estiment que ces mathas ont été établis bien après sa mort, à la période du Vijayanagara, pour légitimer et renforcer son enseignement à travers l'institution. L'une des premières fondations de monastères en tant qu'institution d'enseignement de l'Advaïta est probablement le matha de Shringeri, qui aurait été établi au XIVe siècle, bien après l'époque de Shankara.
À un niveau plus populaire, cependant, l'Hindouisme de l'époque médiévale est marqué par une forte évolution vers un déisme théiste avec l'essor de la bhakti, un mouvement de dévotion intense envers un dieu personnel. Les dieux majeurs, tels que Vishnu, Shiva et Shakti, ont attiré de larges foules de dévots, chacun adorant sa divinité favorite comme l'incarnation suprême du divin. Cette époque a vu une multiplication des temples et une grande variété de représentations sculpturales des dieux, qui ont été systématisées dans un cadre pan-indien. Les rois ont soutenu activement la construction de temples, mais il ne faut pas oublier que les dons pour ces institutions religieuses venaient aussi de nombreux groupes non royaux. Dans ce contexte, l'Inde hindoue s'est progressivement constituée comme une entité religieuse cohérente, tout en étant marquée par des identités tribales et des pratiques distinctes.
L'interaction entre l'Hindouisme et les religions tribales a été un processus dynamique et complexe, marqué par des échanges constants. Certaines divinités tribales ont été intégrées dans le panthéon hindou, et des communautés tribales ont été "hindouisées" au fil du temps. Cette incorporation de divinités tribales se reflète dans l'exemple frappant de Jagannatha, un dieu de l'Odisha, dont les images diffèrent des icônes classiques hindoues. L'association de Jagannatha avec une tribu locale, les Shabaras, et l'iconographie particulière de son temple à Puri, en est un témoignage.
Dans le cadre de l'évolution de la dévotion, les systèmes théologiques de Vishnouisme et de Shaivisme ont connu une grande expansion. Les écrits comme les Puranas ont codifié les avatars de Vishnu, en particulier Krishna, qui est devenu une figure centrale de la bhakti. Le culte de Krishna s'est enrichi de légendes mettant en avant son enfance et ses exploits héroïques, mais aussi de thèmes plus mystiques et amoureux, comme l'amour entre Krishna et les gopis (les bergères). La figure de Radha, bien que mentionnée dans certains textes antérieurs, a pris une place centrale à partir du XIIe siècle, notamment avec le poème lyrique de Jayadeva, le Gita-Govinda. Cette œuvre est remarquable par sa poésie et son érotisme mystique, où l'amour humain est utilisé comme une métaphore du lien spirituel entre le dévot et Dieu.
Quant à Shaivisme, il a vu une augmentation significative du soutien royal à partir du VIIIe siècle, ce qui a renforcé sa position en tant que force religieuse majeure en Inde. De nombreux rois se sont fait initier dans les traditions Shaiva, et des mathas Shaiva ont été fondés pour organiser et diffuser cette dévotion. Ces dynamiques ont transformé la scène religieuse, faisant de Shaivisme et Vishnouisme les deux principales expressions de la bhakti à travers l'Inde.
Les interactions entre l'Hindouisme, les tribus et les dynasties royales ont créé une complexité fascinante de croyances, de rituels et de pratiques, ce qui a façonné la dynamique religieuse et politique de l'Inde médiévale. Au-delà de la simple dévotion envers un dieu particulier, il est essentiel de comprendre que ces pratiques de bhakti, tout comme les philosophies d'Advaita Vedanta et de Shaivisme, visent avant tout à instaurer une forme de transcendance et à libérer l'âme du cycle des renaissances. Les temples, les rituels et les écritures sacrées deviennent des instruments à travers lesquels cette quête spirituelle se concrétise.
Quel rôle les femmes jouaient-elles dans le système des dons religieux durant la période Chola ?
Les dons à caractère religieux connaissent un essor considérable durant les périodes Pallava et Chola, notamment avec la multiplication des inscriptions témoignant des largesses faites aux temples. Ces dons, qu’ils soient en terres ou en biens, étaient souvent réalisés en perpetuité, avec des exemptions fiscales et des privilèges particuliers, ce qui renforçait le lien entre les donateurs et les institutions religieuses. Par exemple, une inscription de l’époque de Sundara Chola (957-973) indique qu’un temple a attribué une portion de terre, le devadana, à une personne en échange de la fourniture annuelle de 2 880 kalam de riz, contribuant ainsi au financement du temple. Mais au-delà de ces donations matérielles, un aspect fondamental de ces échanges réside dans la place des femmes au sein des institutions religieuses.
Les « femmes du temple » pendant la période Chola sont différentes des devadasis du XXe siècle, un terme qui, d’après les recherches de Leslie Orr, ne devient réellement populaire qu’au début du XXe siècle. Dans les inscriptions de la période Chola, les femmes associées aux temples ne sont pas identifiées par leur caste, leur naissance, ou leur fonction rituelle, mais plutôt par leur lien avec un temple ou une divinité spécifique. Elles sont désignées sous des termes tels que tevaratiyar (dévote de Dieu), tevanar makal (fille de Dieu), ou encore taliyilar (femme du temple). Loin d’être des danseuses ou des prostituées comme il pourrait être suggéré par des interprétations modernes, ces femmes jouaient un rôle qui allait bien au-delà des stéréotypes associés aux devadasis. Leur identité et leur rôle social étaient intimement liés à leurs contributions financières et matérielles aux temples.
Ces femmes, en particulier dans les régions du Tamil Nadu, étaient principalement associées à des temples locaux, souvent ceux de leurs villages natals. Si certaines pouvaient être impliquées dans des services secondaires, parfois mineurs, au sein des temples, leur contribution principale résidait dans les dons financiers, qu’il s’agisse de financements pour des lampes perpétuelles, des services rituels, ou la construction d’images sacrées. Par exemple, au début de la période Chola, des femmes faisaient des dons pour assurer le financement de lampes éternelles dans les temples. Plus tard, elles ont élargi leur engagement, contribuant à des activités variées comme la construction de temples, la gestion des images sacrées, ou encore la fourniture de ressources pour le personnel des temples, en particulier pendant les fêtes.
L’évolution de leur statut montre également une transformation progressive. Ces femmes, qui au début étaient principalement des donatrices anonymes, ont vu leurs rôles évoluer vers des positions d’honneur. Elles étaient parfois honorées en étant placées près de la divinité lors des processions ou en obtenant le droit de chanter certains hymnes devant la statue divine. Ces privilèges, avec le temps, sont devenus héréditaires. Cela témoigne d’un rôle religieux et social qui se renforce au fil des siècles, loin de toute forme de dégradation ou d’exploitation.
L’un des éléments fascinants des inscriptions de cette époque réside dans le contrôle économique qu’avaient ces femmes sur les ressources domestiques. Leslie Orr soutient que, bien que la visibilité des femmes en tant que donatrices ait diminué au fil des siècles, les femmes liées aux temples demeurent une constante dans les documents épigraphiques de la période Chola. Ce constat permet de remettre en question l'idée d’une disparition de l'engagement féminin dans la sphère religieuse, une idée qui pourrait se propager si l’on considère simplement l’absence de femmes dans des rôles de prêtresses ou d'ascètes.
Les femmes de la période Chola, contrairement à l’image souvent véhiculée par les devadasis, ne faisaient pas partie d’une classe professionnelle, ni d’un corps de danseuses religieuses. Elles n’étaient pas mariées aux divinités, et il n’y a aucune indication suggérant une exploitation de leur sexualité au sein du temple. En réalité, leur statut et leur rôle au sein des temples semblent avoir été de nature tout à fait différente et indépendante des pratiques observées dans des sociétés postérieures ou dans d'autres traditions religieuses.
Outre la figure des femmes associées aux temples, il convient de souligner l’importance de l’essor de certains temples grâce à l’apport royal. Certains temples ont vu leur structure se développer de manière significative sous la bienveillance des rois, avec des établissements tels que le temple Brihadishvara à Thanjavur, qui comptait plus de 600 employés. Ces employés, en majorité rémunérés en nature, étaient responsables de tâches variées allant de la danse à la comptabilité, en passant par les services relatifs à la gestion des offrandes.
Les dons provenant des marchands, des chrétiens, des châteaux locaux et des assemblées de village jouent un rôle crucial dans la croissance de ces établissements. Ce soutien des élites, qu’il soit en argent, en terres ou en animaux, témoigne d’une alliance entre les rois et les temples. Les dons étaient également utilisés pour financer des objets cultuels ou pour maintenir des activités rituelles comme l’allumage des lampes perpétuelles. Ces pratiques marquent l’importance de la participation de tous les segments de la société, y compris des femmes, dans la vie religieuse.
L’analyse des dons révèle aussi l’implication des femmes non seulement dans des contributions financières mais aussi dans des activités pratiques, comme la gestion des affaires des temples ou la fourniture de ressources nécessaires à leur fonctionnement quotidien. Les guildes marchandes et artisanes jouaient également un rôle dans la gestion des temples locaux, comme le témoignent les inscriptions liées aux tisserands de Kanchipuram qui avaient la responsabilité de gérer les finances des temples locaux.
La manière dont les femmes interagissent avec la sphère religieuse durant cette période soulève des questionnements importants pour la compréhension de l’histoire sociale de l'Inde du Sud. Leur rôle, marqué par la donation, ne doit pas être sous-estimé, car il témoigne d’une forme d’engagement spirituel et économique majeur, tout en redéfinissant les contours de la place de la femme dans les sociétés anciennes.
Les mystères des fosses néolithiques de Burzahom : entre habitations et stockage de grains
Les fosses du Néolithique à Burzahom, dans la région du Cachemire, restent l'un des plus grands mystères de l'archéologie préhistorique. Ces structures souterraines, parfois interprétées comme des habitations, semblent également avoir joué un rôle dans d'autres activités, comme le stockage de denrées agricoles ou même comme un moyen de prolonger la vie des structures en terre. Des études récentes remettent en question l'idée d'habitations simples, en suggérant que ces fosses pouvaient avoir des fonctions variées et complexes, bien au-delà des simples besoins domestiques.
Dès que des feux étaient allumés à l'intérieur de ces fosses, l'atmosphère devenait rapidement irrespirable à cause de la fumée épaisse. Il est souvent avancé que ces feux n'avaient pas pour but de cuisiner ou de réchauffer les espaces de vie, comme cela pourrait être supposé pour une habitation. Certaines hypothèses suggèrent que le feu pourrait avoir servi à prolonger la vie des fosses elles-mêmes, à éliminer les moisissures ou l'humidité, ou à accélérer le séchage du plâtre de boue. Si ces fosses avaient été des habitations utilisées en hiver, on s'attendrait à ce que leurs parois soient noircies de suie, mais ce n’était pas le cas. Par conséquent, il est possible que ces fosses aient eu une fonction bien différente, notamment le stockage de grains pour la période hivernale.
Coningham et Sutherland, deux chercheurs qui ont analysé les fosses du Néolithique au Cachemire, ont proposé une autre théorie. Selon eux, ces fosses auraient été utilisées uniquement durant la saison froide, et non de manière permanente. Les habitants de ces fosses auraient migré vers des zones plus élevées ou moins froides en hiver, laissant les fosses scellées avec des excédents de grains récoltés pour le printemps suivant. Cette hypothèse modifie radicalement la manière dont ces fosses sont interprétées par rapport à la théorie classique des habitations souterraines.
L’étude des outils et des artefacts découverts à Burzahom montre une grande diversité de techniques et de savoir-faire. En période I, des poteries faites main, principalement de formes simples comme des bols sans rebord ou des bouteilles à col évasé, ont été retrouvées. Ces poteries portent des empreintes de nattes, ce qui laisse penser qu’elles étaient fabriquées sur des supports de fibres. Les outils en pierre, tels que des haches et des meules, ainsi que des instruments en os comme des aiguilles et des harpons, témoignent d’une vie quotidienne axée sur la chasse, la pêche et la préparation de nourriture.
Les fouilles ont également révélé des indices intéressants concernant les pratiques funéraires de la période II. Des tombes ont été découvertes sous les planchers des habitations, avec des corps en position fléchie, parfois accompagnés de quelques perles ou d'objets personnels. Certaines tombes comportaient aussi des animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages, enterrés aux côtés des défunts. Cette pratique suggère non seulement un lien fort entre les humains et les animaux, mais aussi la présence de pratiques funéraires et rituelles complexes. Les ossements de chiens retrouvés dans les fosses sont particulièrement significatifs : ils pourraient indiquer que ces animaux étaient considérés comme des compagnons fidèles, enterrés auprès de leurs maîtres.
Le Néolithique à Burzahom se distingue également par la présence de poteries de qualité supérieure, notamment une céramique noire brillante, que l’on pourrait qualifier de luxe. Ces poteries, décorées de motifs géométriques et parfois d’incisions représentant des scènes de chasse, montrent un certain raffinement dans les techniques de production. Cette céramique, ainsi que des artefacts en cuivre, comme une tête de flèche, témoignent de l’évolution des technologies métallurgiques, bien que ces objets restent relativement rares dans les premières phases de la culture locale.
Une autre découverte intéressante est la présence de traces de culture agricole, notamment des restes de céréales cultivées comme le blé, l’orge et les lentilles. Auparavant, les archéologues avaient interprété certains outils agricoles comme des signes indirects de l’agriculture, mais les découvertes récentes de restes botaniques confirment la présence de cultures systématiques. Cela marque un tournant dans la compréhension du mode de vie des habitants de Burzahom, qui n’étaient pas seulement chasseurs et pêcheurs, mais aussi agriculteurs.
Il est également important de noter que Burzahom n’était pas une enclave isolée. Les découvertes d’artefacts semblables à ceux retrouvés dans les régions de l’Indus, notamment des perles d’agate et de cornaline, suggèrent des échanges ou une influence culturelle entre ces deux régions. Cela ouvre la porte à une nouvelle compréhension des relations interrégionales durant cette période, montrant que les communautés du Cachemire étaient non seulement connectées aux civilisations voisines mais également actives dans les réseaux commerciaux et culturels de la région.
En parallèle, des sites voisins comme Gufkral montrent des similarités dans la conception des habitations et des fosses, confirmant que ces pratiques étaient répandues dans toute la vallée du Cachemire. À Gufkral, les fosses sont plus petites mais présentent des caractéristiques similaires : des structures circulaires ou ovales avec des couches de terre battue, parfois recouvertes d’ocre rouge, et entourées de fosses de stockage.
L’une des caractéristiques fascinantes de cette époque reste la manière dont les habitants de Burzahom ont su s’adapter aux contraintes environnementales. La construction de fosses sous terre permettait de se protéger du froid et des intempéries, et les superstructures en bois et en herbe semblaient offrir un certain confort tout en étant facilement démontables. Ce mode de vie semi-nomade était parfaitement adapté à un environnement montagnard où la gestion des ressources naturelles était cruciale.
Ces découvertes soulignent l’importance de revoir nos compréhensions traditionnelles des sociétés néolithiques. Plutôt que de les voir uniquement comme des communautés primitives dédiées à la chasse et à la cueillette, il est nécessaire de les considérer comme des sociétés complexes, avec des pratiques agricoles, des échanges interrégionaux et une organisation sociale sophistiquée. Les fosses de Burzahom ne sont pas seulement des vestiges de l’habitat humain, mais des témoins de l’évolution des pratiques sociales, économiques et religieuses d’une époque charnière.
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