Dans le contexte de la lutte pour la déségrégation scolaire aux États-Unis, Richard Nixon a habilement exploité les préoccupations raciales et ethniques pour gagner le soutien des électeurs blancs, en particulier ceux qui s'opposaient à l'intégration scolaire par bus. Le terme "busing", qui faisait référence au transport des enfants d'écoles urbaines principalement noires vers des établissements scolaires dans des quartiers blancs, est devenu un outil central de sa stratégie politique. Nixon a opposé cette politique à ce qu’il qualifiait de "valeurs américaines fondamentales", notamment le droit des parents d’envoyer leurs enfants dans des écoles de leur quartier.
Le discours de Nixon visait principalement à rassurer les électeurs blancs, notamment les blancs des banlieues, en leur expliquant que leur opposition au busing n’était pas une manifestation de racisme, mais plutôt une défense d’un principe de liberté personnelle et de droits familiaux. En soulignant que l’imposition du busing à l’échelle nationale entraînerait de longs trajets pour les enfants, et par extension, des dérangements pour les familles, Nixon s’adressait directement aux préoccupations quotidiennes des citoyens moyens. Cette approche lui permettait de rallier non seulement les blancs du Sud, mais aussi ceux des régions du Midwest, de l’Ouest et de l’Est, en insistant sur des préoccupations partagées concernant l’éducation des enfants.
L’un des moments clés de sa campagne fut un discours radiophonique du 21 octobre 1972, où il déclara qu’il était injuste de qualifier de bigote une mère qui refusait que son enfant soit transporté loin de son école de quartier. Cette ligne de raisonnement, bien que logiquement plausible, s'appliquait cependant principalement à des situations spécifiques et ne prenait pas en compte les besoins d’intégration des élèves dans des écoles plus diverses. Pourtant, Nixon parvint à utiliser le busing pour renforcer un soutien solide parmi les électeurs blancs, à travers un discours qui semblait valoriser des valeurs "traditionnelles", telles que la liberté et la stabilité familiale, tout en suggérant que l’acceptation de la déségrégation risquait de menacer ces valeurs.
Nixon utilisa également le concept d’ethnicité comme un levier politique. En intégrant des groupes ethniques blancs, comme les Italiens ou les Polonais d’Amérique, dans une vision d’une Amérique unie, il réussit à aligner les intérêts des différents groupes ethniques blancs sous une même bannière. À travers cette approche, il a tenté de redéfinir l’Amérique comme une société diverse mais unie, où chaque groupe ethnique aurait droit à des valeurs communes, mais en excluant les politiques spécifiques de réconciliation raciale qui avaient été au cœur des débats des années précédentes.
Le succès de Nixon repose en grande partie sur sa capacité à exploiter ce qui allait devenir un discours de "résentiment racial" codé. Bien qu’il n’utilisât pas un langage explicitement raciste, son utilisation de l’ethnicité et des valeurs traditionnelles permettait de véhiculer un message qui excluait les politiques de justice raciale, tout en créant un espace où l’opposition à des politiques comme le busing pouvait se justifier sans pour autant être qualifiée de raciste. Ainsi, en 1972, Nixon fit écho à un sentiment croissant parmi de nombreux Américains blancs : celui de voir leurs préoccupations légitimes et leurs valeurs fondamentales mises de côté au profit de programmes favorisant l’intégration raciale.
Cette stratégie, qui a permis à Nixon de fédérer un large éventail de groupes ethniques blancs, a trouvé un écho dans les résultats des élections. Selon un sondage Gallup réalisé en août 1972, une large majorité des Américains, peu importe leur région, préférait un candidat qui rejetait le busing. Ce phénomène montre à quel point la question de l’éducation, souvent perçue comme un enjeu local, s’était en réalité transformée en une question nationale, avec des implications profondes sur l’identité et les valeurs américaines.
Il est important de comprendre que, bien que Nixon ait réussi à mobiliser une majorité d’Américains blancs, sa stratégie ne se limitait pas à une simple question d’opposition au busing. Il s’agissait d’un repositionnement stratégique qui a permis de redéfinir l’Amérique à travers un prisme ethnique et racial, tout en rendant acceptable une forme de rejet des politiques d’intégration raciale. Ce phénomène a eu des répercussions durables sur la manière dont les futurs leaders politiques allaient aborder les questions de race et d’ethnicité aux États-Unis, en particulier dans un contexte où les discours sur la "valeur américaine" et les droits individuels restaient primordiaux.
Comment George W. Bush a abordé la question de l'intégration raciale et de l'action positive : un discours ambigu
Le président George W. Bush, dans son approche des questions raciales et religieuses, a souvent adopté une position qui oscillait entre la reconnaissance de la diversité et l'opposition aux systèmes de quotas. Dans ses déclarations sur les musulmans américains, par exemple, il a insisté sur le fait que ces derniers partageaient les mêmes valeurs que les autres citoyens américains, telles que la liberté, l'amour de la famille, et la gratitude envers Dieu. En affirmant que les musulmans américains étaient tout autant américains que les chrétiens ou les juifs, Bush a cherché à dissocier les musulmans modérés des terroristes, notamment ceux affiliés à des groupes comme Al-Qaïda ou les talibans. Il a répété que ces derniers avaient « détourné une grande religion » et que leur idéologie était fondée sur la haine, opposée à celle des américains qui croient en la liberté.
Ainsi, dans son discours sur le mois de Ramadan, Bush a cherché à souligner les points de convergence entre les valeurs américaines et musulmanes, tout en distinguant ces croyances de l'extrémisme terroriste. À ses yeux, l'Amérique, en tant que nation, était fondée sur des principes universels partagés par tous ses citoyens, quelle que soit leur foi. Cependant, dans le même temps, Bush a cherché à ne pas se compromettre trop directement sur des questions qui pourraient soulever des tensions raciales internes. Son discours visait à maintenir une image d’unité tout en évitant les affrontements autour des questions sensibles liées à la race.
Sur le sujet de l'action positive, Bush a adopté une approche ambiguë, qui différait sensiblement de celle de ses prédécesseurs républicains. Alors que des figures comme Richard Nixon ou Ronald Reagan avaient pris une position fermement contre l'action positive, Bush a, en revanche, évité de se prononcer catégoriquement. Dans ses interventions publiques, il a souligné son opposition aux systèmes de quotas tout en manifestant un soutien général à la promotion de la diversité dans les institutions, notamment dans les universités. Pour Bush, l’objectif n’était pas d’imposer des quotas rigides mais de permettre une plus grande représentation des minorités, notamment à travers des politiques visant à augmenter la diversité sans sacrifier le mérite.
Le soutien de Bush à la diversité s'exprimait dans ses discours, mais il restait flou quant aux mécanismes pour y parvenir. En 2004, lors de l'une de ses rares prises de position sur l'action positive, il a répété son opposition aux quotas, mais a affirmé qu’il était favorable à des actions positives permettant d’augmenter la présence de minorités dans les universités. Il a ainsi essayé de marcher sur une ligne étroite, cherchant à ne pas alarmer les conservateurs tout en attirant les électeurs plus modérés.
Un autre élément qui a marqué la politique raciale de Bush était sa volonté apparente d'éviter les débats polarisants sur la question raciale. Bien qu'il ait soutenu certaines initiatives en faveur des entreprises minoritaires, il a aussi rejeté les propositions plus controversées d'actions positives qui nécessitaient l’établissement de quotas. En cherchant à éviter les prises de position fermes, il a créé un discours qui, tout en soutenant la diversité, restait dénué de propositions concrètes quant à la manière de la réaliser.
Durant sa campagne de 2004, la question de l’action positive a été un terrain glissant pour Bush. En réponse à des questions sur le sujet, il a toujours insisté sur son opposition aux quotas, tout en soutenant des politiques visant à encourager la diversité. Ses déclarations ont souvent été perçues comme un moyen d’éviter une confrontation directe avec des électeurs de gauche, tout en espérant capturer des voix modérées ou des électeurs d’origine latino-américaine et afro-américaine.
Cette posture était particulièrement évidente dans ses interactions avec des publics noirs. Lors de son intervention à la Convention des journalistes de couleur en 2004, Bush a montré un malaise évident lorsqu’il a été confronté à la question de l’action positive. Il a rapidement corrigé un intervenant qui avait évoqué son opposition aux quotas, soulignant qu’il n’était pas contre la prise en compte de la diversité mais qu’il s’opposait à des systèmes de quotas contraignants. Ce mélange d’affirmations générales et de réticence à s’engager sur des mesures concrètes montre une volonté d’éviter une radicalisation du débat racial au sein de l’électorat américain.
Pour comprendre pleinement la position de Bush, il est important de saisir que la question raciale et les politiques de diversité, telles que l'action positive, ne façonnaient plus le débat politique de manière aussi décisive qu’auparavant. Après l’ère Clinton, les discours sur les minorités et la diversité ont évolué vers des affirmations génériques de soutien, mais sans proposition réelle de réformes structurantes. La question des quotas et de l’action positive est devenue moins centrale, et la discussion s’est déplacée vers des propositions économiques et fiscales, comme la réduction des impôts ou la stimulation des petites entreprises. Cela a conduit les républicains à adapter leur message pour éviter les polarités tout en conservant une image de « diversité sans quotas ».
Il est aussi essentiel de noter que, malgré l’ampleur de ses déclarations en faveur des minorités, Bush et son parti ne se sont jamais véritablement attaqués à la question du « piégeage électoral » des électeurs noirs, comme l’appelait Paul Frymer. En dépit de tentatives ponctuelles, telles que celle de Michael Steele, alors gouverneur adjoint du Maryland, de prouver que Bush avait fait plus pour les Afro-Américains que son adversaire John Kerry, la réalité politique est que les républicains ont cessé de chercher à concilier véritablement les intérêts des minorités noires. Cette situation a été largement influencée par le phénomène de l’électorat « captif », où les Afro-Américains, en grande majorité, votent pour le Parti démocrate, et où les républicains n'ont pas su développer un discours suffisamment attractif pour inverser cette tendance.
Comment Lyndon Johnson a façonné l'engagement des entreprises dans la lutte pour les droits civiques aux États-Unis
L'un des moments clés du mandat de Lyndon B. Johnson fut sa gestion de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960, en particulier son appel à la coopération des entreprises américaines. En janvier 1964, dans le cadre du programme « Plans pour le progrès », il s’adressa à des leaders d’entreprises afin de les inciter à soutenir activement l’adoption du Civil Rights Act, alors bloqué au Sénat. Johnson leur demanda de « garder à l’esprit la règle d’or », une manière de rappeler que la réussite de la société américaine dépendait non seulement de la politique, mais aussi de l’action privée. En comparant la situation des hommes d'affaires aux Américains eux-mêmes dans un monde globalisé, Johnson les exhorta à prendre en considération la responsabilité sociale qui incombait à leurs entreprises dans le cadre de la lutte pour l'égalité des droits.
Lors de cette allocution, Johnson ne se contenta pas de défendre l’idée de justice sociale comme une valeur morale, mais comme une nécessité pour la prospérité économique et le bien-être général. Il insista sur le fait que les entreprises devaient être des instruments de transformation, et non des entités détachées de la réalité sociale. Pour renforcer son argument, il utilisa une comparaison audacieuse en suggérant que les États-Unis étaient minoritaires par rapport au reste du monde, où les populations de couleur étaient nombreuses. Cela signifiait que les Américains devaient considérer le monde dans son ensemble, reconnaître les luttes pour l'égalité ailleurs et ne pas chercher à se placer au-dessus des autres dans un monde diversifié et interdépendant.
En avril 1964, lors d'une autre intervention devant les participants des « Plans pour le progrès », Johnson évoqua la nécessité d’une réforme profonde et pragmatique dans les affaires et l’industrie. Il appela les entreprises à rendre effectives les promesses d’égalité et à les intégrer dans les pratiques quotidiennes, en les rendant tangibles pour les générations futures. Les dirigeants d’entreprises étaient invités à incarner la vision de Lincoln, celui qui, par ses actes, avait permis à l’Amérique de se réinventer. En d’autres termes, l’idée était d’aller au-delà des paroles et de traduire les engagements en actions concrètes, tout comme les générations précédentes avaient agi pour leur nation.
Plusieurs mois plus tard, en juin 1964, dans un discours prononcé lors de la pose de la quille du sous-marin nucléaire USS Pargo, Johnson insista à nouveau sur le lien entre les droits civiques et la sécurité nationale. Il rappela que la stabilité d’une nation ne dépendait pas seulement de sa puissance militaire, mais aussi de son engagement envers l'égalité et la justice sociale. Selon lui, une Amérique qui ne respecterait pas les droits égaux à l'intérieur de ses frontières perdrait sa légitimité morale, et par conséquent, son influence dans le monde. Il proposa une vision de l'Amérique comme un modèle de tolérance et de justice, qui pouvait alors revendiquer la paix et la coopération à l'échelle internationale.
En parallèle à ses discours nationaux, Johnson développa une stratégie pour lutter contre la pauvreté dans le monde, un problème qu'il associa à la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Lors d'une réunion avec des journalistes le 21 avril 1964, il souligna que la révolution de la communication n'était pas seulement une révolution d'informations mais pouvait devenir une révolution sociale, particulièrement dans les pays en développement. Il mit en lumière la responsabilité des nations développées de venir en aide à ces nations en difficulté, soulignant que le sort de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine était inextricablement lié à l’avenir des États-Unis.
Johnson se servit de son influence pour insister sur le fait qu’aucun pays, qu’il soit riche ou pauvre, blanc ou de couleur, ne pouvait s’isoler dans un monde de plus en plus globalisé. La fracture entre les riches et les pauvres, entre les nations dominantes et celles en développement, risquait de conduire à des révolutions violentes si des mesures devaient être prises. Sa vision n’était pas seulement celle d’une guerre contre la pauvreté, mais d’une mobilisation globale contre l'injustice, une mobilisation qui devait aussi se faire à l’intérieur des États-Unis.
Cet appel à l’action s'étendait bien au-delà des murs de la politique intérieure. Johnson établissait un lien direct entre la lutte pour les droits civiques et la politique étrangère, soulignant que l’égalité à la maison était un impératif pour défendre les idéaux américains à l’étranger. Ainsi, l’intégration des droits civiques dans la vie politique et économique des États-Unis devint une priorité nationale et internationale. L'Amérique devait être un modèle de justice sociale, car c'était dans sa crédibilité morale que résidait son pouvoir et son influence dans le monde.
Les discours de Johnson marquèrent un tournant, non seulement dans le domaine des droits civiques, mais aussi dans la manière dont la politique économique et la diplomatie mondiale étaient comprises. En prônant la justice sociale comme un impératif global, Johnson établit un lien entre la politique intérieure et les enjeux mondiaux de manière audacieuse et visionnaire.
Quelles sont les tendances récentes et les défis dans la construction des cycles de conduite ?
La prévention et l'inversion des maladies cardiaques : Comment prévenir, guérir et inverser naturellement les maladies cardiaques
Les limites des politiques urbaines conservatrices : Une analyse de l'influence de l'État sur le développement urbain et l'inégalité sociale

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский