Les cycles de conduite (DCs) sont des outils essentiels dans l'évaluation des performances énergétiques et environnementales des véhicules. Depuis trois décennies, les méthodes de construction des cycles de conduite ont été un sujet central de la recherche, alimentant une constante évolution dans ce domaine. L'intérêt pour ces méthodes a augmenté régulièrement jusqu'en 2019, mais une réduction marquée du nombre de publications à partir de 2020 suggère que les innovations dans ce domaine atteignent un certain degré de maturité. Cependant, malgré cet apparent stade de développement avancé, aucun standard universel n'existe pour la construction des DCs ou pour évaluer leur degré de représentativité. Cette absence de consensus souligne les défis persistants dans l’élaboration de méthodes adaptées à des contextes spécifiques.

Les cycles de conduite sont au cœur des préoccupations des chercheurs car ils permettent de simuler des conditions réelles de conduite, cruciales pour les tests de consommation énergétique et d’émissions des véhicules. La construction de ces cycles repose sur des données issues des trajets réels, souvent collectées via des dispositifs embarqués tels que l'OBD (On-Board Diagnostics) ou les systèmes GPS. Les méthodes de collecte et d'analyse des données varient considérablement d'une étude à l'autre, ce qui complexifie la création d'un cadre unifié. De plus, la diversité des méthodes statistiques et des algorithmes utilisés pour analyser ces données, comme les analyses en composantes principales (PCA), les algorithmes K-means, ou encore les réseaux neuronaux, révèle la flexibilité mais aussi l'imperfection du processus de standardisation des cycles de conduite.

Les résultats de la recherche montrent une tendance croissante à l’adaptation des cycles de conduite pour des véhicules spécifiques, notamment les véhicules électriques (VE). Cette spécialisation se traduit par une intégration accrue des techniques de machine learning dans le processus de construction des cycles, ce qui permet une meilleure modélisation des comportements de conduite dans des environnements urbains complexes. En conséquence, les cycles de conduite pour les véhicules électriques, par exemple, prennent en compte des variables spécifiques liées à la gestion de la batterie et aux modes de recharge. L’utilisation des données massives et des technologies avancées ouvre de nouvelles perspectives pour affiner les cycles de conduite, mais la question reste de savoir dans quelle mesure ces cycles peuvent être généralisés à une échelle plus large.

Il est aussi pertinent de noter que bien que la méthodologie de création des cycles soit en évolution constante, aucun consensus n'a émergé sur les critères de sélection des données ou sur la définition même des « cycles de conduite représentatifs ». Chaque étude choisit les paramètres qui lui semblent les plus pertinents selon l'objectif de recherche, qu'il s'agisse d'analyser les performances énergétiques ou d’étudier les impacts environnementaux des véhicules. Cette flexibilité présente un défi important pour les chercheurs et les ingénieurs, car elle empêche la mise en place de méthodes universelles et validées à grande échelle.

En outre, l’essor des véhicules hybrides et des véhicules à hydrogène dans le cadre des recherches sur les cycles de conduite montre que les technologies propres nécessitent des cycles adaptés qui prennent en compte non seulement l'efficacité énergétique, mais aussi la spécificité de chaque type de véhicule. Ces véhicules, avec leurs différentes architectures énergétiques et modes de fonctionnement, exigent de nouvelles approches pour la création de cycles de conduite représentatifs et fiables.

Un autre facteur important réside dans le choix de la durée des cycles. Selon les régions et les types de véhicules, la durée des cycles peut varier considérablement. Par exemple, certains cycles pour les véhicules légers peuvent durer 1200 secondes, tandis que ceux des véhicules électriques peuvent atteindre des durées plus longues, comme 1600 ou 2000 secondes. Cette variabilité en fonction de la situation géographique, de la densité du trafic et du type de conduite soulève une question cruciale : comment garantir que ces cycles soient représentatifs des conditions réelles de conduite dans des environnements urbains, ruraux, ou interurbains ?

Les efforts pour raffiner les méthodes de construction des cycles de conduite continuent, mais à ce jour, aucun standard international n’a été adopté. La recherche poursuit son chemin, en mettant l’accent sur des solutions plus spécifiques et adaptées à des technologies émergentes telles que les véhicules autonomes ou les systèmes de transport intelligents. Il est également impératif de souligner l’importance de la collaboration internationale pour partager les meilleures pratiques et développer des méthodologies qui puissent être appliquées de manière cohérente à travers le monde. Cela permettrait de minimiser les disparités entre les différents types de données collectées, en favorisant une approche plus uniforme et robuste pour la construction des cycles de conduite.

Il est essentiel de garder à l'esprit que la perfection des cycles de conduite ne signifie pas nécessairement la création de cycles qui imitent exactement la réalité. En effet, un cycle de conduite doit plutôt être représentatif des principales tendances de conduite observées, tout en étant suffisamment flexible pour s'adapter aux innovations technologiques et aux évolutions des normes environnementales. La tâche des chercheurs et des ingénieurs est de trouver un équilibre entre la précision des données, la diversité des méthodes et les objectifs pratiques des tests.

Comment les cycles de conduite et les habitudes de conduite influencent la performance énergétique et environnementale des véhicules

Les "cycles de conduite" et les "habitudes de conduite" sont deux termes souvent utilisés de manière interchangeable dans la littérature, bien que leur définition précise varie selon les auteurs. Cependant, malgré cette ambiguïté, ces concepts sont cruciaux pour comprendre la manière dont les véhicules fonctionnent dans des conditions réelles et pour évaluer leur performance énergétique et environnementale.

Les cycles de conduite désignent la variation de la vitesse d’un véhicule en fonction du temps ou de la durée d’un trajet. Ils peuvent être influencés par plusieurs facteurs, notamment les conditions de circulation, le comportement du conducteur, la topographie des routes et les conditions environnementales. En revanche, les habitudes de conduite font référence au style personnel du conducteur, comme la manière dont il accélère, freine ou choisit ses vitesses. Alors que les cycles de conduite sont largement étudiés dans le cadre de l’analyse des émissions de CO2 et de la consommation d’énergie des véhicules, les habitudes de conduite influencent directement ces résultats à travers des comportements comme l'accélération brusque, le freinage excessif ou la conduite à une vitesse constante.

L’identification précise des cycles de conduite est devenue essentielle, en particulier pour les véhicules électriques, où les conditions de conduite impactent directement la consommation d'énergie, l'estimation de l'autonomie et l'impact environnemental. Les facteurs externes (comme la qualité des routes et les conditions climatiques), les facteurs humains (tels que les habitudes du conducteur) et la technologie du véhicule (tels que le type de moteur et la capacité des batteries) interagissent de manière complexe, ce qui rend l'analyse des cycles de conduite d'autant plus difficile. L'une des grandes difficultés pour les fabricants de véhicules et les gestionnaires de flotte réside dans le fait de séparer ces facteurs afin de mesurer précisément la performance des véhicules ou d’évaluer l’efficacité des programmes de conduite éco-responsable.

Pour ce faire, différents modèles ont été développés afin de décrire les cycles de conduite. L'une des méthodes les plus courantes est l'analyse des modes de conduite. Ces modes permettent de décrire les activités d'un véhicule en termes de temps passé dans chaque état de conduite particulier. Les principaux modes identifiés dans la littérature sont les suivants :

  1. Mode au ralenti (Idle) : C'est le processus durant lequel le moteur fonctionne mais le véhicule est immobile. Ce mode est particulièrement important lorsqu'il s'agit de mesurer l'efficacité énergétique en ville, où de nombreux véhicules passent une partie importante de leur temps au ralenti dans les embouteillages.

  2. Mode d'accélération : Ce mode décrit les périodes où le véhicule accélère à partir de l'arrêt ou lors de changements de vitesses fréquents. L'intensité de l'accélération a un impact direct sur la consommation de carburant et les émissions de CO2, particulièrement pour les véhicules à moteur thermique.

  3. Mode de croisière : Ce mode survient lorsque le véhicule roule à une vitesse constante sur une route plate. C'est en général le mode le plus efficace en termes de consommation d’énergie, car le moteur fonctionne de manière stable et optimisée.

  4. Mode de freinage : Ce mode représente les périodes où le véhicule ralentit ou s'arrête. Bien que cela puisse sembler sans importance, le freinage régénératif dans les véhicules électriques joue un rôle clé dans l'amélioration de l'efficacité énergétique.

  5. Mode d'arrêt : Ce mode désigne le temps passé à l'arrêt, par exemple lors d'un embouteillage ou à un feu de circulation. Le temps passé dans ce mode est souvent négligé dans les analyses classiques des cycles de conduite, mais il peut avoir une influence significative, surtout dans les zones urbaines à fort trafic.

La compréhension de ces modes est essentielle non seulement pour l'évaluation de la performance énergétique des véhicules mais aussi pour optimiser la conception des composants des véhicules, tels que la taille des moteurs électriques ou la capacité des batteries. De plus, ces cycles permettent de développer des stratégies de gestion énergétique, de concevoir des infrastructures de recharge adaptées et de promouvoir des comportements de conduite éco-responsable grâce à des incitations pour les conducteurs.

Dans le cadre de la recherche et du développement des véhicules électriques, l’identification des cycles de conduite représentatifs pour des régions spécifiques est cruciale. Par exemple, un cycle de conduite pour une ville comme Hong Kong, avec ses pentes abruptes et ses zones urbaines densément peuplées, diffère considérablement de celui d’une ville comme Paris, où la topographie et les conditions de circulation sont très différentes. C’est pourquoi les chercheurs s'efforcent de développer des cycles de conduite représentatifs basés sur des données de circulation réelles, qui tiennent compte de la géographie, des habitudes de conduite locales et des infrastructures de transport.

Il est également important de noter que les cycles de conduite ne sont pas seulement utiles pour évaluer la consommation d'énergie et les émissions. Ils jouent également un rôle crucial dans le développement de systèmes de mobilité intelligente. Ces systèmes, qui intègrent des technologies comme les véhicules autonomes, les systèmes de gestion du trafic et les infrastructures de recharge, peuvent bénéficier d’une compréhension fine des comportements de conduite pour maximiser l'efficacité et réduire l'impact environnemental global du transport.

Ainsi, les cycles de conduite et l'analyse des comportements des conducteurs sont des outils puissants pour l’avenir de la mobilité durable. Ils permettent d’ajuster les stratégies de réduction des émissions et de consommation d’énergie, tout en offrant une voie vers des infrastructures de transport plus efficaces et des politiques publiques mieux ciblées pour un avenir plus vert.