Les partis de droite radicale en Europe ont modifié de manière significative le débat politique autour de l'immigration et de la citoyenneté au cours des dernières décennies. Ces partis, qui se sont souvent opposés aux principes libéraux de l'UE et ont mis en avant des idéaux nationaux ou populistes, ont joué un rôle essentiel dans la redéfinition des politiques migratoires et dans la transformation des perceptions sociales liées à l'appartenance et à l'intégration.

Le concept de citoyenneté est devenu un champ de bataille politique où la question de l'identité nationale et des droits sociaux est devenue centrale. Dans plusieurs pays européens, les partis de droite radicale ont mis l'accent sur la nécessité de restreindre l'accès à la citoyenn

Pourquoi les États favorisent-ils l’immigration hautement qualifiée et limitent-ils la migration familiale et peu qualifiée ?

L’immigration à faible qualification, qu’elle soit régularisée ou non, constitue un paradoxe structurel des politiques migratoires contemporaines : elle est omniprésente mais institutionnellement indésirable. Contrairement à l’immigration de travail qualifié, accueillie à bras ouverts pour sa contribution fiscale et son faible coût social, l’immigration peu qualifiée n'est guère désirée par les États récepteurs, sauf lorsqu’elle se produit en vertu de droits individuels — comme le regroupement familial ou l’asile — ou à la suite de défaillances de contrôle. L’État

Comment le néolibéralisme transforme l'État, le droit et la subjectivité

Le néolibéralisme impose une logique dans laquelle les règles internationales priment sur les règles nationales, même dans les domaines sensibles tels que le droit du travail, la protection de l’environnement, la sécurité des produits ou la santé publique. L’État néolibéral se positionne comme un garant du principe de non-discrimination : il se veut indifférent à la race, à la religion, au revenu ou au genre, valorisant la diversité sociale, culturelle et ethnique comme une ressource productive. Loin de toute forme de nationalisme, il conçoit la société non pas comme une communauté d’identité, mais comme un agrégat d’intérêts concurrents. Ce modèle est celui de l’État de concurrence, structuré non plus comme un foyer à ordonner, mais comme un marché transnational où des individus autonomisés réalisent des échanges mutuellement profitables.

Le néolibéralisme n’est pas seulement une déclinaison du libéralisme classique ni une simple doctrine politique ; il constitue une rationalité culturelle transformatrice. Selon Centeno et Cohen, ce fondamentalisme de marché agit comme une hégémonie idéelle : d’abord enracinée dans les cercles économiques et politiques, elle s’est diffusée dans la culture générale, colonisée par un culte de l’individualisme. Wendy Brown décrit cette mutation comme une révolution furtive : une forme de raison qui convertit tous les aspects de l’existence en équivalents économiques. Le discours politique devient l’expression de cette rationalité : ainsi, dans son discours sur l’état de l’Union de 2013, le président Obama justifie des objectifs de justice sociale et de protection de l’environnement non pas en vertu de leur valeur intrinsèque, mais par leur contribution à la croissance économique et à la compétitivité nationale. Le problème, note Brown, est que dans le contexte néolibéral, accumulation financière et croissance économique ne coïncident plus.

L’État et l’entreprise se rejoignent dans une indistinction fonctionnelle : tous deux se prétendent engagés pour la justice et la durabilité, mais jamais comme fins en soi. Les entreprises vendent leurs produits sous le label de la responsabilité sociale, séduisant des consommateurs sensibles à la justice écologique, tandis que les gouvernements présentent les nobles causes comme moteurs de croissance. Ce brouillage s’étend au droit. La décision Citizens United v. FEC de la Cour suprême des États-Unis en 2010 en est une illustration marquante : elle invalide les limites posées au financement des campagnes politiques par les entreprises, considérant que ces dernières, en tant que « personnes fictives », jouissent du même droit à la liberté d’expression que les individus. La Cour invoque ici le marché comme métaphore : toute prise de parole est financée par de l’argent, et à ce titre, elle est protégée.

Ainsi, le discours est assimilé au capital, les citoyens aux entreprises, et inversement. Restreindre la parole des acteurs économiques reviendrait à priver les citoyens d’informations et, pour les classes désavantagées, du droit fondamental de revendiquer une reconnaissance. Le langage des droits civiques est alors mobilisé pour défendre la dérégulation de la parole électorale des entreprises, en convoquant à la fois les arguments classiques d’égalité des droits et l’idée contemporaine selon laquelle la diversité profite à tous.

La logique néolibérale va encore plus loin : elle efface la distinction entre intérêt public et intérêt privé. Dans son argumentaire, la Cour suprême affirme qu’un citoyen ou une entreprise peut légitimement soutenir un candidat dans l’espoir qu’il défende ses intérêts : voter ou contribuer financièrement devient une transaction analogue à un échange marchand. La démocratie est alors conçue comme une réceptivité aux préférences des acteurs qui investissent dans le processus politique. Il n’est plus possible de distinguer réactivité démocratique et corruption si l’on ne distingue plus l’espace public de l’espace privé.