De janvier 2022 à février 2024, environ 808 000 conjonctions ont été observées en orbite terrestre basse (LEO), où la probabilité de collision (PC) dépassait une sur un million (soit 1E-6). Parmi ces événements, environ 385 000 (soit 48 %) ont impliqué au moins un fragment. En analysant plus précisément le risque posé par les nuages de débris, ce risque étant défini par la PC multipliée par la masse impliquée dans chaque conjonction, un autre aspect du danger de collision apparaît.

Les nuages de débris, bien qu’ils puissent sembler similaires, ont des impacts variés en fonction de leur densité et de leur masse. Par exemple, le nuage de fragments du NOAA 16 dépasse celui de Cosmos 2251 en termes de risque global, malgré un nombre inférieur de fragments en orbite. Cela est dû à la proximité du nuage NOAA 16 avec certains des objets les plus massifs et abandonnés en LEO, qui se concentrent autour de 840 km d’altitude. La gestion de ce risque à long terme devient ainsi un défi, car certains nuages de débris, en raison de leur position stratégique, représentent une menace plus importante que d’autres, moins massifs mais plus dispersés.

Un autre aspect crucial réside dans le moment de la fragmentation des objets. Environ 12 des 24 principaux événements de fragmentation se sont produits plus de cinq ans après le déploiement des objets. Si la nouvelle directive de gestion des débris, stipulant un retrait obligatoire des objets cinq ans après la fin de leur mission, avait été appliquée, une grande partie des fragments actuellement présents en LEO aurait pu être évitée. En revanche, seules trois de ces événements ont eu lieu plus de 25 ans après le lancement de l'objet initial. Cela montre que même si la règle précédente de retrait après 25 ans avait été suivie, cela n’aurait pas permis de prévenir une part importante des fragments générés. Il est donc essentiel de réduire au plus tôt la présence d'objets hors service afin d'éviter la création de nouveaux débris à long terme.

Les événements de fragmentation majeurs se produisent généralement au-dessus de 750 km d'altitude, car la traînée atmosphérique affecte rapidement les fragments situés en dessous de cette altitude. Cependant, il existe aussi des événements en dessous de cette altitude, bien que leurs effets sur la population globale de débris en LEO soient moins durables. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les débris les plus persistants proviennent généralement des charges utiles, plutôt que des étages de fusées. Cette différence réside en grande partie dans la construction compacte des charges utiles, qui contiennent des composants denses tels que des batteries et des structures solides, tandis que les étages de fusées, souvent plus fins et cylindriques, génèrent des débris plus dispersés.

En termes de contribution géographique, environ 90 % de la population des fragments en LEO provient des États-Unis, de la Chine et de la Russie. La majeure partie des débris chinois provient du test antisatellite Fengyun-1C de 2007, tandis que la contribution russe est principalement liée à la collision de Cosmos 2251 avec le satellite américain Iridium-33 en 2009. Pour les États-Unis, la contribution se manifeste par un grand nombre d’événements de fragmentation mineure liés aux satellites DMSP/NOAA, principalement autour de 800 km d’altitude, ajoutant une charge importante au risque de collision.

Le début de l'année 2022 a été marqué par l'explosion de Cosmos 1408, un test antisatellite russe, qui a entraîné la génération de plus de 1 800 fragments catalogués, bien que le nombre de fragments dans le catalogue n’ait jamais dépassé 1 200 à tout moment. Cette explosion a ajouté une couche de complexité, car bien que le nombre de fragments ait diminué, les données des Conjunction Data Messages (CDM) ont montré une persistance du risque, en particulier dans la plage altitudinale de 400 à 600 km. L’impact de ces fragments est également observé au travers des événements de conjonction, dont près de 6 000 ont été enregistrés en 2023 avec une probabilité de collision supérieure à 1E-6. Ces événements couvrent des altitudes allant de 355 km à 1 601 km.

En parallèle, un autre événement a perturbé cette tendance de déclin des fragments. Le 12 novembre 2022, un corps de fusée chinois CZ-6A a explosé en orbite, créant un nuage de débris au sein de l’un des espaces les plus densément peuplés en LEO, autour de 840 km d’altitude. Bien que cet événement ait eu lieu peu après le déploiement du satellite Yunhai 3, il semble être lié à un problème de propulsion plutôt qu’à une collision. Ce genre d’événement, bien que lié à un échec technique, illustre la fragilité des systèmes spatiaux et l’impact de ces incidents sur l'environnement orbital.

Les risques posés par ces débris peuvent être représentés par des diagrammes de Gabbard ou des graphiques de pics. Le diagramme de Gabbard pour l'explosion du corps de fusée CZ-6A montre une distribution des objets en LEO allant de 320 km à 1 500 km, tandis que le graphique des pics permet d’évaluer l’intensité du risque de collision en fonction de la densité spatiale du nuage de fragments. En 2023, près de 6 000 conjonctions ont été signalées, principalement avec des satellites opérationnels, mais aussi avec des corps de fusées.

Ces événements montrent clairement que le risque lié aux débris spatiaux est omniprésent et en constante évolution. Le nombre de fragments en orbite augmente avec le temps, ce qui entraîne une hausse proportionnelle des risques de collision, mettant ainsi en péril les satellites opérationnels et la durabilité de l’environnement spatial.

Comment les Deepfakes augmentent-ils les attaques d'ingénierie sociale et comment les contrer ?

La création de deepfakes et leur utilisation dans les attaques d'ingénierie sociale représentent une menace croissante dans le paysage de la cybersécurité. L’interconnexion entre ces deux phénomènes renforce leur efficacité, exploitant les vulnérabilités humaines et technologiques pour manipuler les individus à des fins malveillantes. Une étude approfondie de ces risques et de leur exploitation peut permettre de renforcer les tactiques de prévention, de détection et de mitigation face à ces menaces en constante évolution.

L’objectif de cette analyse est de comprendre comment les technologies de deepfake, combinées à des techniques d’ingénierie sociale, augmentent les taux de succès de ces attaques et comment des stratégies complètes peuvent être mises en place pour contrer cette menace. La relation entre l’ingénierie sociale et les deepfakes repose sur la capacité de ces technologies à créer des faux visuels d’une grande crédibilité, ce qui amène la cible à accorder une confiance excessive aux informations manipulées.

Le processus de création de deepfakes, bien qu'intrinsèquement complexe, a été démocratisé grâce à des outils comme DeepFaceLab. Ce logiciel permet de générer des vidéos où le visage d'une personne peut être superposé à celui d’une autre avec un réalisme frappant. En suivant des étapes rigoureuses, telles que l'extraction des images des vidéos sources et cibles, l'alignement précis des visages, et l'intégration de ces visages dans un modèle d'apprentissage spécifique (comme le modèle "Quick96"), les utilisateurs peuvent produire des deepfakes de haute qualité, souvent sans compétences techniques avancées. Le recours à des paramètres tels que l’érosion et le flou des masques permet d’obtenir une intégration plus fluide et réaliste, gommant ainsi les artefacts qui trahiraient un montage.

Le processus commence par l'extraction des frames d'une vidéo source et d'une vidéo cible, avant de les traiter pour créer un "faceset" - un ensemble d'images faciales extraites. L'entraînement du modèle Quick96 sur ces images permet d’optimiser le processus d'intégration et de fusion des visages. L’étape finale convertit cette vidéo modifiée en un fichier MP4, prêt à être utilisé dans une campagne de désinformation ou de manipulation. Cette procédure peut sembler simple, mais elle implique un contrôle minutieux de la qualité des données extraites et de l'alignement des visages pour garantir un résultat qui passe inaperçu.

Cette technologie a des applications claires dans le domaine de l’ingénierie sociale. Un deepfake, qui met en scène une personnalité connue ou une figure d’autorité, peut être utilisé pour convaincre une cible de réaliser une action particulière, comme partager des informations sensibles ou effectuer un transfert d’argent. Le succès de ces attaques repose sur l'exploitation des failles psychologiques humaines, en particulier la confiance que l'on accorde aux figures familières ou aux situations perçues comme légitimes.

Pour contrer cette menace, il est nécessaire de développer des systèmes de détection capables de repérer les anomalies spécifiques des deepfakes. Cela inclut l’analyse des incohérences dans les mouvements des lèvres, les variations de lumière sur le visage, ou encore les artefacts visuels subtils laissés par le processus de création du deepfake. Cependant, ces techniques de détection doivent constamment évoluer, car les outils de création de deepfakes s'améliorent rapidement. L'adaptation des réponses de sécurité est donc essentielle dans un contexte où les attaques deviennent de plus en plus sophistiquées.

Outre la détection technique, il est crucial d’éduquer les utilisateurs à être conscients des risques liés à ces technologies. La vérification des informations et l’adoption de pratiques de cybersécurité robustes deviennent des outils indispensables pour se protéger contre les deepfakes. Il est également primordial d'introduire des protocoles de vérification d'identité dans les interactions numériques, afin de réduire l'impact potentiel de telles attaques.

En conclusion, les deepfakes sont bien plus qu’un simple outil de manipulation des images ; ils sont devenus une arme dans l'arsenal des attaquants d'ingénierie sociale. Leur utilisation dans ces contextes pousse la cybersécurité à se réinventer, en mettant l’accent non seulement sur la détection et la prévention technique, mais également sur la gestion des comportements humains face à ces nouvelles formes de manipulation numérique.