L’adoption des technologies spatiales pour la surveillance de la déforestation est devenue un phénomène croissant dans de nombreux secteurs, et cela est loin d’être une simple tendance passagère. Avec l’émergence de nouvelles constellations de satellites, la hausse de la résolution des images, l'amélioration des capacités de traitement des données et l’accessibilité croissante de ces technologies, la surveillance satellitaire devient un outil clé pour les entreprises cherchant à répondre aux enjeux environnementaux. De plus en plus de sociétés spécialisées développent des algorithmes et des plateformes adaptées à cette technologie, en se concentrant sur des applications spécifiques telles que la cartographie des stocks de carbone ou la détection de la dégradation des forêts.
Le marché des fournisseurs de technologie spatiale est en pleine expansion, avec une spécialisation accrue de leurs services. Ce phénomène est alimenté par une combinaison de facteurs : la disponibilité accrue des données satellitaires, leur accessibilité et l'amélioration de leur coût, ce qui rend leur adoption non seulement une possibilité mais une nécessité pour les entreprises qui cherchent à renforcer leur image et réduire les risques associés à la déforestation dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Les avantages d’une telle technologie sont multiples. D'abord, elle permet de surmonter les limites des audits traditionnels, souvent limités dans leur portée et leur capacité à surveiller les zones forestières éloignées. Les audits en personne sont chronophages et parfois sujets à la corruption, tandis que les images satellitaires offrent une surveillance continue et précise, permettant d'obtenir des données fiables sur de grandes étendues. L’émergence de technologies de traitement des données satellites a ouvert un nouveau monde d’opportunités commerciales pour les entreprises, qui peuvent désormais appliquer cette technologie pour mieux gérer leurs chaînes d'approvisionnement en temps réel.
L’adoption de cette technologie est principalement motivée par quatre facteurs. Premièrement, le risque lié à l'inaction est de plus en plus perçu comme inacceptable, car l'inaction face aux enjeux environnementaux peut entraîner des conséquences juridiques, financières, réputationnelles et opérationnelles majeures pour les entreprises. Deuxièmement, il existe une frustration croissante envers les approches traditionnelles de la certification, telles que les labels FSC (Forest Stewardship Council) ou RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Ces systèmes sont souvent inefficaces, en particulier pour les grandes zones forestières, et peuvent être corrompus ou manipulés. Troisièmement, l’accessibilité des technologies satellitaires s'est améliorée de manière significative, grâce à la baisse des coûts et à la démocratisation des plateformes d’imagerie spatiale. Enfin, il existe un réel bénéfice opérationnel à utiliser les satellites pour mieux gérer les risques dans les chaînes d'approvisionnement. L’utilisation de la surveillance satellitaire pour identifier les zones à risque permet de cibler les audits physiques de manière plus efficace, ce qui rend l’ensemble du processus plus rentable.
Un autre facteur déterminant est l’introduction de nouvelles régulations, telles que la Régulation de l’UE sur la déforestation (EUDR), entrée en vigueur en 2023. Ce règlement impose aux entreprises qui mettent sur le marché européen des produits à risque de déforestation de prouver que ces produits ne sont pas liés à la déforestation illégale ou à la dégradation des forêts, à partir du 31 décembre 2020. Les entreprises doivent prouver que leur production respecte les normes environnementales, mais aussi les lois locales sur les droits humains, la protection de l'environnement, et la lutte contre la corruption. L’EUDR incite les entreprises à adopter des technologies comme la surveillance par satellite pour garantir la conformité avec ces nouvelles exigences. Ce règlement n’est que le début d’une tendance mondiale, avec des législations similaires prévues au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Chine.
Les produits concernés par la réglementation incluent le cacao, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja, le bois et leurs dérivés, tels que le cuir ou le chocolat. Les entreprises qui ne se conforment pas à ces exigences risquent des amendes pouvant atteindre 4 % de leur chiffre d’affaires annuel dans l’UE, en plus de la saisie de leurs produits et d’une exclusion des appels d’offres publics. Au-delà de ces sanctions légales, les entreprises doivent aussi faire face à des risques réputationnels majeurs qui peuvent avoir un impact direct sur leur compétitivité et leur image de marque.
Ainsi, les entreprises sont désormais confrontées à un double défi : répondre aux attentes des consommateurs et aux exigences légales croissantes, tout en utilisant des technologies innovantes pour garantir des chaînes d’approvisionnement durables. L’adoption des technologies satellitaires devient alors un choix stratégique, non seulement pour éviter les risques, mais aussi pour exploiter de nouvelles opportunités commerciales dans un contexte où les enjeux environnementaux prennent de plus en plus de place.
Le rôle des technologies spatiales ne se limite pas à la détection de la déforestation. En effet, les entreprises qui intègrent ces outils dans leurs processus de gestion des risques peuvent également en tirer parti pour améliorer l’efficacité de leur sourcing, rendre leurs produits plus résilients face aux changements climatiques et obtenir des informations précieuses sur la durabilité des pratiques agricoles de leurs fournisseurs. Cela ouvre des perspectives pour renforcer la coopération avec les producteurs, les aider à augmenter leurs rendements tout en réduisant leur impact environnemental et en garantissant un approvisionnement durable.
Comment intégrer la technologie satellitaire dans la gestion durable des chaînes d'approvisionnement pour lutter contre la déforestation ?
L'utilisation de la technologie satellitaire dans la gestion durable des chaînes d'approvisionnement (SSCM) représente une avancée majeure pour la détection et la prévention de la déforestation. Cependant, la transformation des données brutes en informations exploitables, susceptibles de générer un impact positif sur le terrain, demeure un défi complexe. Les entreprises doivent dépasser la simple acquisition d’images satellites pour intégrer ces données dans une approche systémique, prenant en compte les dimensions opérationnelles, légales, financières et réputationnelles liées aux risques de déforestation.
La première étape essentielle dans cette démarche est la traçabilité complète des fournisseurs, depuis l’origine des matières premières jusqu’à l’entreprise finale. Or, les chaînes d’approvisionnement globales, particulièrement dans les secteurs agricoles comme le cacao, l’huile de palme ou le café, sont caractérisées par une complexité extrême et une opacité persistante. Les matières premières transitent par une multitude d’intermédiaires, souvent dispersés et nombreux, notamment de petits exploitants agricoles dont les parcelles sont de faible superficie. Cela complique la collecte des données géolocalisées nécessaires à la mise en correspondance avec les alertes de déforestation détectées par satellite.
La réglementation européenne sur la diligence raisonnable en matière de déforestation (EUDR) insiste sur l’exigence d’une collecte rigoureuse d’informations, notamment des données de géolocalisation, pour permettre un suivi précis. Cette obligation impose aux entreprises d’identifier clairement leurs fournisseurs en amont, ce qui nécessite souvent plusieurs années d’efforts pour construire une visibilité complète et fiable. En ce sens, l’EUDR agit comme un catalyseur, « abaissant le seuil » des pratiques durables en imposant des standards minimaux, et pousse ainsi vers une adoption plus large des technologies anti-déforestation.
Face à la difficulté d’obtenir une transparence totale, les entreprises peuvent adopter des stratégies fondées sur la gestion des risques, utilisant des indicateurs indirects (proxies) pour cibler leurs efforts. Par exemple, la limitation géographique du transport des matières premières autour d’une usine permet d’estimer une zone d’approvisionnement probable. L’intégration de données complémentaires, telles que les limites des concessions forestières ou les parcs nationaux, facilite la détection des fournisseurs à risque proche d’aires protégées. D’autres solutions innovantes, comme le suivi GPS des camions ou l’analyse de données mobiles anonymisées, contribuent à relier les plantations aux points de collecte.
Cependant, la seule détection satellitaire ne suffit pas. La surveillance doit être intégrée dans un système global comprenant la traçabilité, la surveillance continue, le suivi des incidents et la responsabilisation des acteurs. Le suivi des alertes de déforestation détectées est indispensable pour confirmer leur validité et déterminer les mesures correctives. Les algorithmes peuvent générer des « faux positifs » (pertes de couvert forestier dues à des incendies naturels, par exemple), et un travail de vérification terrain est souvent nécessaire.
L’intégration des données satellitaires dans le SSCM exige une collaboration étroite entre les entreprises, leurs fournisseurs et les fournisseurs de technologie spatiale. Comprendre les contraintes et capacités techniques internes des entreprises, leurs ambitions en matière de durabilité et leur expérience des chaînes d’approvisionnement est primordial pour choisir les solutions adaptées et maximiser l’impact des systèmes de surveillance.
Au-delà de l’aspect technique, cette intégration met en lumière des enjeux sociaux cruciaux. L’inclusion des petits producteurs dans les stratégies de durabilité est un élément fondamental pour ne pas marginaliser des populations vulnérables qui, par nécessité économique, peuvent être contraintes à des pratiques déforestantes. Une approche durable ne peut donc se limiter à la surveillance mais doit aussi envisager des stratégies d’accompagnement et de soutien aux communautés locales.
En définitive, la technologie satellitaire est un outil puissant mais ne constitue qu’une composante d’une approche plus large et intégrée de gestion des risques en matière de déforestation. L’efficacité de cette technologie dépend largement de la qualité de la traçabilité et de la capacité des entreprises à transformer les données en actions concrètes. Il est essentiel de reconnaître la complexité des chaînes d’approvisionnement et la nécessité d’une coordination multi-acteurs afin de garantir un impact durable et conforme aux exigences réglementaires.
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