Les technologies de conduite autonome se développent rapidement, et l'un des concepts les plus prometteurs dans ce domaine est celui des "trains routiers" ou "platoons". Un train routier est constitué de plusieurs véhicules, dont un véhicule principal, qui prend en charge la conduite complète, tandis que les véhicules suivants suivent automatiquement et de manière autonome. Ce concept repose sur la communication directe entre les véhicules, permettant une conduite plus fluide, plus sûre et plus économique.

Le véhicule principal, souvent conduit par un chauffeur expérimenté familier de la route, mène un groupe de six à huit véhicules. Ce leader ne cesse d'exercer un contrôle total, supervisant la conduite à tout moment. Les autres véhicules du convoi se déplacent de manière autonome, suivant les actions du leader grâce à une technologie avancée. L'une des caractéristiques clés du train routier est que, lorsque le conducteur souhaite quitter le convoi, il peut simplement s'éloigner sur le côté, et les autres véhicules se rapprochent pour combler le vide, continuant leur chemin.

L'un des principaux avantages des trains routiers est la sécurité. En effet, un grand nombre d'accidents sont causés par l'erreur humaine, responsable d'environ 80 % des incidents sur la route. La réduction de ce facteur humain grâce à la conduite autonome permet de diminuer considérablement les risques d'accident. En outre, ces trains routiers présentent des avantages environnementaux. En roulant à des distances très rapprochées, les véhicules bénéficient d’une réduction de la traînée aérodynamique, ce qui permet une diminution significative de la consommation de carburant, estimée à environ 20 %. La capacité des routes est également mieux utilisée, permettant de désengorger les autoroutes et de fluidifier la circulation, un aspect particulièrement pertinent dans les zones urbaines.

Ce modèle de conduite autonome fait également naître des perspectives de confort inédites pour les conducteurs. En permettant aux véhicules de se suivre de manière autonome, les conducteurs peuvent libérer du temps pour d'autres activités, comme lire un journal ou boire un café, durant leur trajet quotidien. Ces avancées marquent un pas significatif vers une mobilité plus flexible et plus efficace, où la conduite active se transforme en une tâche secondaire pendant les trajets.

Pour qu'un tel système fonctionne de manière optimale, la communication entre les véhicules est cruciale. Chaque voiture est équipée d’un système de navigation et de capteurs qui lui permettent de se joindre et de quitter le convoi sans intervention humaine. Cela repose sur l'utilisation de systèmes de conduite automatisée qui gèrent les véhicules une fois intégrés au convoi. Lorsque le train routier atteint sa destination finale, chaque véhicule peut se dissocier du groupe et poursuivre sa route vers sa destination individuelle, sans interruption.

Les tests menés sur cette technologie ont montré qu'un véhicule suiveur pouvait suivre sans intervention un camion leader sur un circuit d'essai. Le conducteur du véhicule suiveur pouvait se détendre complètement, en buvant un café ou en lisant un journal, en étant assuré que le véhicule réagissait de manière autonome à chaque mouvement du camion leader.

Outre ces innovations, un autre développement à considérer dans le cadre de la conduite autonome est celui du géofencing. Cette technologie permet de restreindre l'usage de certaines fonctionnalités de conduite autonome à des zones géographiques définies, comme certaines portions d'autoroutes, mais pas dans les centres-villes. Le géofencing repose sur l'utilisation du GPS pour activer ou désactiver certaines fonctions, selon que le véhicule entre ou sort d'une zone définie. Cela permet de mieux gérer les niveaux d'automatisation en fonction du contexte, garantissant ainsi une sécurité accrue.

Dans le domaine de la sécurité passive, les véhicules autonomes doivent repenser leur approche de la protection des passagers. Par exemple, les airbags traditionnels pourraient devoir être réinventés. Au lieu d'être installés uniquement dans le volant, ils pourraient être positionnés de manière plus flexible et plus diffuse à travers l'intérieur du véhicule, selon les besoins d'un habitacle plus modulable et moins standardisé. De plus, des systèmes de ceinture de sécurité plus adaptatifs seront nécessaires pour répondre aux nouvelles configurations des sièges, qui pourraient pivoter pour offrir une position plus confortable ou sociale pour les passagers.

La question de l'état de la route elle-même constitue un défi supplémentaire pour les véhicules autonomes. Les capteurs des véhicules autonomes, bien qu'extrêmement avancés, peuvent avoir du mal à détecter et réagir aux irrégularités de la surface de la route, telles que les nids-de-poule ou les débris. Cela peut poser problème, car un conducteur humain peut évaluer visuellement la route et réagir en conséquence. Cette limitation montre l'importance de continuer à développer des systèmes plus sophistiqués capables de naviguer efficacement sur toutes les surfaces de route, qu'elles soient parfaitement entretenues ou non.

L'avènement de la connectivité est un autre facteur essentiel pour le développement des véhicules autonomes. L'introduction de réseaux 5G va transformer la manière dont les véhicules échangent des données. La 5G offre des vitesses de connexion beaucoup plus rapides, réduisant les délais de réponse (latence) et augmentant la capacité des réseaux. Cela permet non seulement une communication plus rapide entre les véhicules, mais aussi un échange de données plus sécurisé et fiable. L'augmentation de la bande passante et la réduction de la latence sont cruciales pour que les véhicules autonomes puissent réagir en temps réel aux changements de conditions de circulation et aux signaux d'autres véhicules.

Les réseaux 5G ouvriront également la voie à des applications plus sophistiquées, comme la gestion dynamique du trafic en temps réel, ce qui pourra améliorer la fluidité et la sécurité des routes. L'importance de la sécurité des données devient primordiale, car les véhicules autonomes échangeront une quantité importante d'informations sensibles, non seulement sur la conduite, mais aussi sur les occupants du véhicule et leur environnement.

Quelle est la réaction du public face aux véhicules autonomes et connectés ?

L’introduction des véhicules autonomes et connectés (CAV) dans des pays comme le Royaume-Uni et d’autres nations avancées rencontre de nombreux obstacles. Parmi les défis majeurs de l’adoption de ces technologies, plusieurs aspects doivent être abordés, notamment la perception des consommateurs, les infrastructures de connectivité, et l’évolution des modèles économiques. L'acceptation des CAVs dans la société devrait se développer progressivement, d’abord au travers des leaders d’opinion, puis au sein du grand public. Cette adoption est particulièrement visible chez les jeunes générations, plus réceptives aux innovations technologiques. La confiance des consommateurs, comme c’est souvent le cas, sera largement influencée par les médias, qui jouent un rôle déterminant dans la formation de l'opinion publique. Parfois, ce sont les perceptions, et non la réalité, qui influencent le jugement de la société. Un exemple frappant est celui de l’accident d’une voiture autonome en 2016 aux États-Unis, qui a fait les gros titres après avoir franchi un feu rouge. Pourtant, durant la même période, de nombreux conducteurs humains ont commis des infractions similaires, sans que cela ne fasse l’objet d’une couverture médiatique équivalente.

Outre la question de la sécurité, les consommateurs s’interrogeront également sur le coût des CAVs. Il est crucial de veiller à ce que les primes d’assurance ne soient pas trop élevées, car cela pourrait freiner leur adoption. Une telle situation pourrait également renforcer l'idée erronée que ces véhicules sont moins sûrs, alors qu’en réalité, ce n'est pas le cas. L’histoire de l’arrivée de l’essence en tant que carburant en est un bon exemple : si l’on avait inventé un véhicule alimenté par de l’essence à une époque où cela n’existait pas encore, il aurait sans doute été perçu comme l’une des inventions les plus dangereuses du monde. Il est donc primordial que la communication des gouvernements et des industries soit claire et efficace pour dissiper ces malentendus et encourager l’adoption des CAVs.

En parallèle, une question centrale se pose concernant la responsabilité en cas d’accident impliquant un véhicule autonome : qui est responsable ? Ce n’est pas le conducteur, car dans de nombreux cas, il ne sera plus directement impliqué dans la conduite. Ce point est crucial, car les assurances devront adapter leurs modèles pour prendre en compte la nature autonome de ces véhicules. Une étude réalisée par l’Association des assureurs britanniques (ABI) met en avant plusieurs exigences, notamment la nécessité de systèmes de sécurité robustes pour prévenir les cyberattaques. En effet, les CAVs, comme tout objet connecté, sont susceptibles d’être vulnérables aux attaques informatiques, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques si des pirates accédaient aux commandes d’un véhicule. Les compagnies d’assurance ont donc exprimé la nécessité de renforcer la cybersécurité, peut-être même au-delà de ce qui est actuellement exigé pour les dispositifs physiques de sécurité.

D'autre part, les solutions de mobilité en tant que service (MaaS) pourraient jouer un rôle clé dans l’avenir du transport. Le concept de MaaS pourrait remettre en question l’idée de posséder un véhicule, en proposant des solutions de mobilité sur demande adaptées aux besoins de chaque utilisateur. Ce modèle pourrait optimiser l’utilisation des véhicules et réduire la congestion des routes. À titre d’exemple, alors que les voitures privées passent la majeure partie de leur existence stationnées dans un garage, il est évident que ces ressources sont sous-exploitées. L'idée de MaaS est de rendre l'usage des véhicules plus flexible, plus économique et plus efficace. Cela pourrait transformer de manière significative la façon dont nous concevons le transport quotidien.

À l’échelle mondiale, le déploiement des CAVs progresse, et le Royaume-Uni semble se positionner favorablement dans cette course. Selon un rapport de 2019 de la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), le Royaume-Uni est en avance par rapport à d’autres pays comme les États-Unis, l’Allemagne ou le Japon, en matière de réglementation et d’infrastructures nécessaires pour l’introduction des CAVs. Ce rapport suggère que d’ici 2030, l’introduction de véhicules autonomes pourrait apporter une contribution économique significative au pays, estimée à 62 milliards de livres sterling par an. Les véhicules autonomes devraient constituer une part importante du parc automobile mondial, avec plus de 18 millions de CAVs ajoutés d'ici 2030. Le Royaume-Uni prévoit que d’ici là, plus de 30% des véhicules vendus disposeront de systèmes d’assistance à la conduite de niveau 2, tels que le centrage de voie ou le régulateur de vitesse adaptatif.

Cela dit, l’introduction de véhicules entièrement autonomes (niveau 5) semble encore éloignée, peut-être pas avant 2035. Bien que certaines fonctionnalités de conduite automatisée de niveau 4 puissent être introduites plus tôt, telles que des pilotes automatiques pour les autoroutes ou des services de valet automatisé, les défis liés à la surveillance active du conducteur resteront un frein. C’est pourquoi il est envisagé que le passage direct du niveau 2 au niveau 5 pourrait être plus graduel, avec des étapes intermédiaires de plus en plus sophistiquées.

Les avantages de ces technologies sont clairs : une conduite plus sûre, une réduction des erreurs humaines, et un meilleur rendement énergétique. Néanmoins, ces innovations nécessitent un dialogue constant avec le public pour lever les inquiétudes et favoriser l’adoption.