La singularité BB/BC dans l'univers en contraction est un phénomène gravitationnel bien connu, qui représente une singularité où la densité et la courbure deviennent infinies au moment de l'effondrement d'une matière cosmologique. Cependant, ce comportement est radicalement modifié lorsqu'on prend en compte la charge de la matière, ce qui nous mène à une interprétation fascinante des interactions gravitationnelles et électrostatiques dans un cadre relativiste.

Dans ce contexte, si la matière présente une densité de charge suffisamment petite mais non nulle, alors, contrairement à la situation non relativiste, l'effondrement gravitationnel classique peut être stoppé par un effet de rebond, ce qui empêche la singularité classique de se former. Cette situation survient dans le cadre des poussières chargées, où l'interaction électromagnétique modifie le comportement de l'effondrement, comme l'a montré Shikin en 1972.

En considérant une poussière électriquement chargée dans un champ électromagnétique extérieur, l'équation fondamentale qui régit cette évolution est influencée par la densité de charge et la masse de la poussière. Si la densité de charge reste inférieure à une certaine valeur critique, l'effet électrostatique, par une correction de la masse effective, peut permettre un rebond au lieu de la formation d'une singularité. Cela survient lorsque la masse effective devient négative, ce qui affaiblit la gravitation et permet ainsi à la poussière de se stabiliser temporairement. Toutefois, lorsque la densité de charge dépasse un seuil critique, la masse effective devient positive, ce qui renforce l'attraction gravitationnelle et contrecarre l'effet de rebond.

Ce phénomène est une conséquence purement relativiste. En effet, dans le cadre de la gravité newtonienne, l'électromagnétisme n'affecte pas significativement l'effondrement de la poussière. L'effet relativiste, cependant, est manifeste uniquement lorsque la densité de charge reste suffisamment faible, ce qui permet à l'interaction électromagnétique de jouer un rôle stabilisateur.

Un autre aspect crucial de cette dynamique se trouve dans la structure même de l'espace-temps autour d'une poussière chargée. Par exemple, l'analogie avec les particules dans l'espace-temps de Reissner-Nordström, où une charge crée un effet antigravitationnel lorsqu'elle est faible, souligne l'importance de la comparaison entre la gravité et l'électromagnétisme dans la configuration de la matière cosmologique. Si la charge est trop grande, l'effet de répulsion électrostatique devient dominant, empêchant le rebond, à moins qu'une condition supplémentaire ne soit remplie : une masse effective négative simultanée.

L'absence de singularité pour une poussière neutre est également un cas important à noter. Dans ce scénario, la singularité BB/BC est évitée à chaque fois qu'une solution existe, ce qui démontre l'importance de l'absence de charge nette dans l'univers observable. La charge non compensée d'une poussière peut empêcher la formation de la singularité en modifiant la trajectoire d'effondrement de manière significative, mais cela ne résout pas les problèmes de croisement de coquilles qui surgissent lors de l'effondrement dynamique de telles configurations.

Dans le cas où l'effet de rebond serait observé, il est important de noter que cette situation n'est pas sans implications physiques. Une densité de charge extrêmement faible dans l'univers observable suggère que seules des charges très petites, en termes relatifs, peuvent exister sans provoquer de phénomènes instables comme des traversées de coquilles, comme l'indique Ori (1990). Lorsque la densité de charge est suffisamment petite, un passage à travers un "tunnel" entre les singularités devient théoriquement possible, mais cette dynamique est rapidement bloquée par des croissements de coquilles qui rendent l'ensemble du système instable.

Enfin, la transformation des coordonnées dans un espace-temps courbé nous permet d'analyser plus finement ces phénomènes. En utilisant des coordonnées de masse-courbure, qui simplifient les équations et permettent de distinguer les différents types de mouvement (effondrement ou expansion), on peut voir que le comportement dynamique de la poussière chargée change selon qu'elle se rapproche ou s'éloigne du centre de symétrie. Ces transformations permettent de mieux comprendre comment les coordonnées propres de courbure interagissent avec les champs électromagnétiques pour influencer la structure globale du vide cosmologique.

En résumé, bien que l'effondrement gravitationnel classique mène généralement à une singularité BB/BC dans un univers en contraction, l'effet de la charge électromagnétique joue un rôle stabilisateur si la densité de charge reste faible. Ce phénomène, purement relativiste, empêche la singularité dans certains cas, mais aussi introduit une dynamique complexe liée à la charge, la gravité et la structure de l'espace-temps.

Comment la métrique de Kerr décrit le champ extérieur d’un trou noir en rotation

La métrique de Kerr, présentée pour la première fois en 1963, est une solution exacte des équations d'Einstein qui décrit l'espace-temps autour d'un corps en rotation, tel qu'un trou noir. Cette métrique est essentielle dans la compréhension des objets astrophysiques en raison de sa capacité à modéliser les trous noirs en rotation, qui sont parmi les phénomènes les plus fascinants de l'univers. En effet, la métrique de Kerr est la solution la plus simple et la plus précise pour décrire un trou noir stationnaire en rotation.

Initialement, les termes de la métrique de Kerr ne semblaient pas poser de problème majeur, mais avec le temps, elle est devenue un outil incontournable pour les chercheurs en relativité générale. La solution de Kerr prend en compte non seulement la masse du corps central, mais aussi son moment angulaire, ce qui la distingue de la solution de Schwarzschild, qui décrit un trou noir sans rotation. La métrique de Kerr est donc beaucoup plus complexe et plus riche en termes de propriétés géométriques et physiques.

La forme de la métrique de Kerr est donnée par l’équation :

ds2=dt2dx2dy2dz22mr3r4+a2z2dt+dz+(xdx+ydy)+(xdyydx),ds^2 = dt^2 - dx^2 - dy^2 - dz^2 - 2m\frac{r^3}{r^4 + a^2z^2}dt + dz + (xdx + ydy) + (xdy - ydx),

rr, zz, aa et mm sont les variables associées à la position et à la rotation du corps central. La composante g00g_{00}, par exemple, devient approximativement 12m/r31 - 2m/r^3, ce qui montre que mm représente la masse du corps, tandis que les termes impliquant aa et zz ajoutent la complexité liée au moment angulaire du corps central.

À grande distance de la source, cette métrique devient asymptotiquement plate, ce qui signifie que, comme pour la solution de Schwarzschild, les effets gravitationnels diminuent à mesure que l'on s'éloigne du trou noir. Cependant, à proximité du trou noir, des effets plus complexes apparaissent, notamment la présence d'une singularité liée au moment angulaire du corps central, un phénomène appelé "singularité de l'anneau".

La métrique de Kerr introduit également un nouveau cadre de coordonnées, où la métrique devient indépendante du paramètre azimutal ϕ\phi, indiquant une symétrie axiale du système. Ce cadre est essentiel pour comprendre les propriétés géométriques des horizons des trous noirs en rotation. En utilisant les coordonnées de Boyer–Lindquist, qui sont un système de coordonnées adaptées, la métrique de Kerr devient encore plus simple à manipuler :

ds2=(12mrΣ)dt2ΣΔrdr2Σdθ2(r2+a2+2ma2rsin2θΣ)sin2θdϕ24marsin2θΣdtdϕ.ds^2 = \left(1 - \frac{2mr}{\Sigma}\right) dt^2 - \frac{\Sigma}{\Delta_r} dr^2 - \Sigma d\theta^2 - \left(r^2 + a^2 + \frac{2ma^2r \sin^2\theta}{\Sigma}\right) \sin^2\theta d\phi^2 - \frac{4ma r \sin^2\theta}{\Sigma} dt d\phi.

Cette forme de la métrique permet de décrire plus facilement les propriétés géométriques et les symétries du champ gravitationnel autour du trou noir en rotation.

L'une des caractéristiques les plus intrigantes de la métrique de Kerr est la géométrie des surfaces de constante rr et θ\theta, qui prennent des formes ellipsoïdales et hyperboliques, respectivement. Les surfaces de constante rr sont des ellipsoïdes de révolution dont les foyers se trouvent sur un anneau particulier dans l'espace-temps, ce qui représente une singularité dans les coordonnées. En d’autres termes, à r=0r = 0 et θ=π/2\theta = \pi/2, une singularité apparaît à l'horizon de l'objet central, une particularité géométrique qui soulève de nombreuses questions sur la structure interne des trous noirs en rotation.

En pratique, les chercheurs utilisent la métrique de Kerr pour étudier de nombreux phénomènes astrophysiques, tels que les disques d’accrétion autour des trous noirs et les jets relativistes observés dans certaines galaxies actives. Elle sert également de point de départ pour les études théoriques sur les trous noirs non stationnaires et les modèles d'évolution des objets compacts.

Il est important de comprendre que la métrique de Kerr n'est pas simplement une solution mathématique complexe : elle représente un modèle de l'univers réel qui permet de prédire de nombreux phénomènes observables. En outre, bien que cette métrique offre une description détaillée de l'extérieur d'un trou noir en rotation, la question de la singularité centrale demeure une énigme majeure. La physique à l'intérieur de l'horizon des événements, notamment près de la singularité, reste un sujet de recherche active.

Les modèles basés sur la métrique de Kerr ont une portée considérable dans la cosmologie et la physique des trous noirs. Non seulement ils nous aident à comprendre la dynamique des trous noirs en rotation, mais ils nous offrent également des indices cruciaux sur la structure fondamentale de l'espace-temps lui-même. La recherche continue sur ces solutions exactes nous permet de repousser les frontières de la connaissance sur les objets les plus extrêmes de l'univers.

Quelle est la dimension maximale du groupe d'invariance d'un espace de Riemann ?

Dans l'étude des symétries des espaces de Riemann, l'une des questions fondamentales est de déterminer la dimension maximale du groupe d'invariance qui peut exister pour un espace de Riemann donné. Ce groupe d'invariance, composé des transformations qui préservent la structure géométrique de l'espace, est intimement lié à la géométrie et aux propriétés de la métrique de l'espace considéré.

Le groupe d'invariance d'un espace de Riemann est limité par la dimension de l'espace et la nature de sa courbure. En effet, pour un espace de dimension n, la dimension maximale de son groupe d'invariance ne peut dépasser 12n(n+1)\frac{1}{2} n(n+1), ce qui représente le nombre maximal de générateurs indépendants de symétrie dans un tel espace. Cette dimension maximale est atteinte par les espaces de Riemann à courbure constante, mais elle est également applicable à d'autres espaces sous certaines conditions spécifiques.

Le cas particulier de l'espace à deux dimensions (n = 2) présente des caractéristiques intéressantes et distinctes. En deux dimensions, chaque objet antisymétrique doit être proportionnel au symbole de Levi-Civita, ce qui impose des restrictions supplémentaires sur les symétries possibles. Dans ce contexte, on peut démontrer que pour un espace de Riemann à deux dimensions, il n'existe pas de base finie de champs de Killing conformes. En effet, la transformation conforme d'un espace de Riemann à deux dimensions peut toujours être effectuée de manière à le maintenir conforme à l'espace initial, rendant ainsi l'ensemble des champs de Killing conformes infiniment nombreux.

Lorsqu'on considère la transformation de la métrique d'un espace de Riemann sous des perturbations des paramètres de la métrique, il est essentiel de noter que le groupe d'invariance d'une métrique modifiée (limite de la métrique initiale) ne peut pas être plus petit que celui de la métrique originale. Cela signifie que les symétries de la métrique modifiée seront au moins égales en dimension à celles de la métrique initiale. Cette propriété est décrite par le théorème de la préservation des symétries sous limite non singulière. Toutefois, il est également possible que de nouvelles symétries apparaissent dans la limite si un champ vectoriel particulier devient un générateur de symétries.

De plus, il est important de souligner que la courbure de l'espace joue un rôle central dans ces considérations. Par exemple, dans la relativité générale, la courbure d'un espace-temps courbé tend vers zéro à l'infini, et dans cette limite, l'espace-temps courbé devient localement plat, c'est-à-dire équivalent à un espace de Minkowski en relativité restreinte. Ce phénomène est également lié au théorème qui stipule que chaque espace courbé peut être vu comme une limite de l'espace plat dans des régions non singulières. Cette relation entre courbure et symétrie est essentielle pour comprendre les propriétés géométriques des espaces de Riemann et de leurs groupes d'invariance.

Il convient également de mentionner que bien que la dimension maximale de l'espace de Riemann plat soit 12n(n+1)\frac{1}{2} n(n+1), il existe des espaces de Riemann qui, bien qu'ayant des groupes d'invariance de même dimension maximale, ne sont pas localement isométriques à l'espace plat. Ces espaces de Riemann de courbure constante, comme les espaces de de Sitter en relativité, illustrent cette distinction importante. Ces espaces, malgré leur symétrie maximale, présentent des propriétés géométriques distinctes qui les différencient de l'espace Euclidien.

Il est donc crucial de comprendre non seulement la dimension du groupe d'invariance, mais aussi la manière dont elle interagit avec les propriétés géométriques de l'espace de Riemann. La courbure, les transformations conformes, et les limites de la métrique influencent directement la structure du groupe d'invariance, et une étude approfondie de ces aspects permet de mieux saisir la géométrie des espaces de Riemann.

Quelle est la relation entre les géodésiques nulles sans cisaillement et le tenseur de Weyl dans un espace-temps vide ?

Dans le cadre de la relativité générale, la compréhension des géodésiques nulles sans cisaillement dans un espace-temps vide conduit à des relations profondes entre les coefficients de rotation de Ricci et les propriétés du tenseur de Weyl. Prenons comme point de départ les équations associées aux coefficients de rotation de Ricci Γαβγ\Gamma_{\alpha\beta\gamma}, en particulier celles associées aux composants Γ200\Gamma_{200} et Γ300\Gamma_{300}.

Les premières simplifications donnent la relation Γ200(C0123+C0213C0101)=0\Gamma_{200} (C_{0123} + C_{0213} - C_{0101}) = 0, ce qui implique, selon le théorème de Goldberg-Sachs, que soit Γ200=0\Gamma_{200} = 0, soit les expressions en parenthèses doivent disparaître. En examinant les termes restants, on arrive à des relations entre les différents composants du tenseur de Weyl. Plus précisément, on peut déduire que, sous certaines conditions de symétrie et d'orthogonalité, les coefficients C0123C_{0123}, C0213C_{0213}, et C0312C_{0312} sont nuls, ce qui implique que le tenseur de Weyl est effectivement nul, et que l'espace-temps en question est de type Minkowski.

Cependant, ce n'est qu'une partie de l'histoire. Lorsque l'on considère d'autres composants des coefficients de rotation de Ricci, en particulier ceux impliquant Γ022\Gamma_{022} et Γ033\Gamma_{033}, on observe une nouvelle contrainte sur les géodésiques nulles. En supposant que Γ0220\Gamma_{022} \neq 0 et Γ0330\Gamma_{033} \neq 0, on obtient des solutions supplémentaires, qui conduisent à une annulation des termes associés au tenseur de Weyl. Cette annulation de C1212C_{1212} et C1313C_{1313} suggère que l'espace-temps est en effet plat, renforçant ainsi l'idée que des géodésiques nulles sans cisaillement existent dans un espace-temps de Minkowski.

Les géodésiques nulles sans cisaillement, en d'autres termes, sont intrinsèquement liées à la structure géométrique de l'espace-temps, notamment à la nullité de certains composants du tenseur de Weyl. Cette condition, qui résulte des équations de Ricci et du théorème de Goldberg-Sachs, est cruciale dans la description des espaces-temps vides et de leur symétrie. Si ces conditions sont satisfaites, le tenseur de Weyl doit être algébriquement spécial, ce qui conduit à des restrictions géométriques supplémentaires sur l'espace-temps.

Dans le contexte d'une congruence de géodésiques nulles sans cisaillement, il est également essentiel de comprendre que la structure de cet espace-temps impose une colinéarité avec les champs de Debever. Autrement dit, sous les hypothèses du théorème de Goldberg-Sachs, le champ kαk^\alpha doit être colinéaire avec l'un des vecteurs de Debever, ce qui implique une rigidité dans la géométrie de l'espace-temps.

Ce résultat trouve son expression dans des relations algébriques complexes, qui montrent que les termes associés aux coefficients de rotation de Ricci se simplifient considérablement dans un espace-temps vide, et que les transformations de bases adaptées permettent de déduire des propriétés de symétrie supplémentaires. Ces transformations garantissent que les composants cruciaux du tenseur de Weyl se réduisent à des valeurs spécifiques, conduisant à une compréhension plus profonde des espaces-temps de Minkowski.

L'ajout de ces résultats au corps de la relativité générale permet de mieux saisir les implications de la structure géométrique d'un espace-temps vide. L'annulation des termes associés au tenseur de Weyl dans ce contexte n'est pas simplement un résultat formel, mais une condition nécessaire à l'existence de congruences de géodésiques nulles sans cisaillement. Cela permet de relier les propriétés géométriques d'un espace-temps à des invariants physiques bien définis.