La trahison de Mazepa et la bataille de Poltava : L'ombre d'une alliance perdue

Préambule

En octobre 1708, Pierre Ier apprit la trahison et le passage du Hetman Mazepa du côté de Charles XII, qui avait mené des négociations avec le roi pendant un certain temps, lui promettant, en cas d'arrivée en Ukraine, jusqu'à 50 000 soldats cosaques, des vivres et un hiver confortable. Le 28 octobre 1708, Mazepa, à la tête d'un détachement de cosaques, arriva au camp de Charles. C'est aussi cette année que Pierre Ier accorda une amnistie et rappela de son exil le colonel ukrainien Palij Semen (de son vrai nom Gourko), accusé de trahison à la suite des accusations de Mazepa. Par ce geste, le tsar de Russie assura le soutien des cosaques.

Parmi les dizaines de milliers de cosaques ukrainiens (il y avait 30 000 cosaques enregistrés et 10-12 000 cosaques zaporogues), Mazepa réussit à amener seulement 10 000 hommes, dont environ 3 000 cosaques enregistrés et 7 000 zaporogues. Cependant, ceux-ci commencèrent rapidement à se disperser depuis le camp de l'armée suédoise. En raison de l'instabilité de ces alliés, qui ne comptaient plus que 2 000 hommes, le roi Charles XII eut peur de les utiliser en bataille et les laissa avec les convois.

Le 30 avril, les troupes suédoises commencèrent le siège de Poltava. Sous la direction du colonel A. S. Kelin, la garnison de la ville, composée de 4 200 soldats (les régiments de soldats de Tver et d'Ustyuzha, ainsi que de bataillons de trois autres régiments – Perm, Apraxin et Fechtenheim), 2 000 cosaques du régiment cosaque de Poltava (commandé par le colonel Ivan Levenets) et 2 600 citoyens armés repoussèrent plusieurs assauts. De avril à juin, les Suédois lancèrent 20 attaques contre Poltava, perdant plus de 6 000 hommes. Fin mai, les forces principales de l'armée russe, commandées par Pierre Ier, approchèrent de Poltava, se positionnant sur la rive gauche de la Vorskla, en face de la ville. Après une réunion militaire le 16 juin, Pierre décida d'engager une bataille générale, et ce même jour, une avant-garde russe traversa la Vorskla au nord de Poltava, près du village de Petrovka, ouvrant ainsi la voie pour le passage de toute l'armée.

Le 26 juin, les Russes commencèrent à construire une position avancée. Dix redoutes furent érigées, occupées par deux bataillons du régiment de fantassins de Belgorod sous le commandement du colonel Savva Aygustov, avec les lieutenants-colonels Nekliudov et Nechaev. Derrière ces redoutes se trouvaient 17 régiments de cavalerie commandés par A. D. Menshikov.

La veille de la bataille, Pierre Ier visita tous les régiments. Ses discours patriotiques aux soldats et officiers devinrent la base de l'ordre célèbre qui demandait aux soldats de se battre non pour Pierre, mais pour « la Russie et la piété russe… ».

Charles XII tenta également de remonter le moral de ses troupes, leur annonçant qu'ils déjeuneraient le lendemain dans le convoi russe, où une grande richesse les attendait.

A. S. Pouchkine « Poltava »

DÉDICACE

À toi - mais la voix de la musique sombre
Touchera-t-elle ton oreille ?
Comprendras-tu, âme humble,
Le désir de mon cœur ?
Ou la dédicace du poète,
Comme jadis son amour,
Passera sans réponse devant toi,
Non reconnue à nouveau ?

Sache au moins les sons,
Autrefois agréables pour toi -
Et pense qu'aux jours de séparation,
Dans mon destin changeant,
Ta triste solitude,
Le dernier son de tes paroles,
Un seul trésor, une sainteté,
Un seul amour de mon âme.

CHANT PREMIER

Kotchoubey est riche et glorieux.
Ses prairies sont infinies ;
Là, ses troupeaux de chevaux
Paissent librement, sans surveillance.
Autour des hameaux de Poltava,
Il est entouré de ses vergers,
Et il possède beaucoup de biens,
De fourrures, d'atlas, d'argent,
En vue et sous clé.
Mais Kotchoubey est riche et fier
Non des chevaux aux longues crinières,
Ni de l'or, des tributs des ordres criméens,
Ni des hameaux familiaux –
Il est fier de sa belle fille,
Le vieux Kotchoubey.

Et il faut le dire : à Poltava,
Il n'y a pas de beauté égale à Marie.
Elle est fraîche comme la fleur du printemps,
Élevée à l'ombre...