Le XXIe siècle, tel qu'il se déroule aujourd'hui, offre une réflexion amère sur la transformation du pouvoir et la manière dont la vérité est désormais manipulée. Les élites qui gouvernent semblent bénéficier d’une immunité criminelle, et ce phénomène s’étend bien au-delà de la simple tolérance à des comportements douteux. En effet, l’impunité devient la norme et le bien public, l’un des piliers des sociétés démocratiques, est relégué au second plan. Au lieu de préserver l’intérêt général, le pouvoir semble se rétrécir à une sphère de privilèges privés où ceux qui ne jouent pas le jeu des propagandistes ou des protecteurs des coupables sont condamnés à être les proies. L’histoire semble s’effacer sous le poids d’un présent qui se refuse à devenir passé.
Les victimes d'atrocités anciennes, qui ont survécu à des décennies de silence et de répression, prennent enfin la parole dans l'espoir de voir leurs souffrances reconnues. Cependant, elles ne sont souvent qu'un titre éphémère dans les journaux ou une mise en garde pour l’avenir. Les crimes sont rarement appelés par leur nom, et les faux-semblants deviennent des solutions. On assiste à une politique de l’oubli où des horreurs à venir sont réduites à des spéculations irrationnelles. Le changement climatique et l’autocratie renforcée ne sont plus des sujets de débat mais des fatalités que l’on nous présente comme des questions de pureté idéologique. Les penseurs et les intellectuels nient souvent l’évidence, convaincus que de telles dérives sont impossibles ici, jusqu’à ce qu’elles ne deviennent la réalité quotidienne.
L’acceptation d’une telle situation n'est pas facile. La perte, qu’elle soit celle d’êtres chers, de libertés ou même d'illusions, nous révèle une autre vérité : notre capacité à éprouver la douleur et la compassion est infinie. Ce n’est pas simplement l’amour pour un enfant qui grandit en nous à mesure que notre famille s'agrandit, mais aussi la capacité de ressentir la douleur. Et cette douleur, lorsque nous en sommes accablés, ouvre la porte à une forme d'horreur qui transforme notre perception du monde. On finit par croire au diable, non pas tant à cause de la réalité, mais à cause du confort dérangeant que la croyance dans le mal semble offrir. Au bout du compte, la souffrance devient un moteur de survie, une invitation à se battre, même lorsque l’espoir semble être une notion dépassée.
Aujourd’hui, les autocraties contemporaines jouent sur le temps. Au lieu de tenter une victoire rapide, elles s'efforcent de faire durer la lutte pour étouffer l’espoir dans une lente érosion de l’ordre et des principes. L’une des stratégies les plus redoutables consiste à déséquilibrer notre sens de la réalité par une propagande incessante, par le déni et l'oubli soigneusement orchestrés. Ce phénomène, dont on avait pu observer les effets en Russie, est aujourd'hui omniprésent, et sa propagation se fait à grande échelle à travers le monde. En Amérique, comme en Russie, la vérité devient un enjeu de pouvoir et les dirigeants n’hésitent pas à faire étalage de leur manipulation. L’exemple le plus frappant en est l’utilisation de « faits alternatifs », une expression devenue le symbole d’un régime où la vérité n'a plus de valeur intrinsèque mais sert de simple instrument d’affirmation du pouvoir.
Le détournement de la vérité par les élites politiques et économiques s'accompagne d'une amnésie collective qui nourrit la désillusion. Au fur et à mesure que le tissu social et politique se délite, les mémoires personnelles se floutent. La perception des événements s'altère et notre capacité à saisir l’histoire se trouve de plus en plus fragilisée. Ce n'est plus simplement l'histoire des autres qui s'efface, mais celle de notre propre pays, de notre propre existence. Les repères temporels sont flous, comme si nous vivions dans une réalité parallèle, une sorte de calendrier émotionnel plutôt que chronologique.
Au cœur de ce processus, des vies humaines sont sacrifiées, et les consciences se heurtent à la difficile question du sacrifice moral. Telles les réflexions d’Anna Politkovskaya, qui a payé de sa vie pour avoir osé dire la vérité sur le régime de Poutine, les journalistes et les écrivains d’aujourd'hui sont confrontés à des dangers qui transcendent la simple pratique de leur métier. Ils deviennent les témoins d’une réalité qu'ils ne peuvent plus simplement observer sans en payer le prix. Mais cette question du prix à payer pour la vérité dépasse les frontières géographiques et politiques. Elle est universelle. Ce qui est en jeu, c'est la capacité à maintenir un espace de résistance à la falsification systématique des faits.
Les luttes d’aujourd’hui, qu’elles soient menées par des journalistes, des activistes ou des citoyens ordinaires, ne sont pas seulement une lutte pour la vérité, mais pour l’intégrité du futur. Un futur qui, faute d’une volonté collective, risque de se dérober sous nos pieds. Et c'est là que réside la vraie menace : ce n'est pas tant que nous ayons déjà perdu, mais que nous n’ayons plus les moyens de lutter efficacement pour un avenir. La dynamique du temps, de la mémoire et du témoignage devient essentielle pour comprendre comment nous sommes arrivés là, et surtout, comment nous pourrions encore espérer sortir de ce piège.
Pourquoi la vérité ne suffit-elle pas à vaincre le mensonge ?
Le sentiment de vivre dans une époque suspendue, dans un moment d’histoire où les institutions vacillent et où la justice semble impuissante, traversait chaque déplacement, chaque discours, chaque manifestation. Ce que j'avais vu dans ma jeunesse — les synagogues anciennes, la statue de la Liberté hongroise débarrassée de l'inscription soviétique — portait en elles la mémoire de la lutte, de la libération, mais aussi l'ombre du retour de l'oppression. L'antisémitisme renaissait, les universités se fermaient sous la pression étatique, et le souffle de liberté qui avait brièvement soufflé s’était dissipé, comme si une décennie de déclin économique et l'émergence du despotisme avaient asséché toute espérance.
Aux États-Unis, le climat n'était guère différent. L’administration Trump se livrait à des actes de sabotage systémique, tandis que les scandales se multipliaient. J’avais prévenu que si ces crimes n’étaient pas arrêtés immédiatement, ils finiraient par s’enkyster dans le système au point de le rendre incapable de les poursuivre. L’effet cumulatif, combiné aux purges administratives et au contrôle des tribunaux, rendrait toute quête de justice illusoire. C’est exactement ce qui s’est produit. L’enquête Mueller, loin d’incarner l’espérance d’un redressement, a servi de calmant collectif : elle a engourdi les consciences et offert aux élites politiques un prétexte pour attendre, pour ne pas agir.
Pourtant, dans cette atmosphère de résignation institutionnelle, les voix individuelles continuaient à s’élever. Je parlais, partout où je le pouvais, à New York comme à Oakland, à Toronto comme dans les Ozarks du Missouri, devant des publics aussi divers que les membres d’associations musulmanes ou les anciens des Black Panthers. Partout, je répétais que l'autocratie n'était pas une menace future : elle s'était déjà installée, souvent en silence, et que pour beaucoup — notamment les Noirs américains — elle avait toujours été là. L’idée de l’"exceptionnalisme américain" était, disions-nous, non seulement une illusion, mais une offense.
Je voulais parler à tous. Non seulement pour être entendue, mais pour écouter. Car peut-être, quelque part, quelqu’un détenait encore un chemin de sortie.
Lors de la « Marche pour la Vérité » en juin 2017, j’ai rappelé que nous ne pouvions pas nous contenter d’attendre des enquêteurs honnêtes. Il nous fallait un système judiciaire prêt à agir, à punir les criminels, même ceux qui gouvernent. Le pouvoir comptait sur notre passivité, sur notre silence. Il voulait que nous cédions non seulement notre droit à la justice, mais jusqu’à notre voix. Pourtant, j’ai vu ce que c’était que d’être citoyen à St. Louis — là où l’injustice est familière, mais jamais acceptée. Là où, même dans la défaite, on refuse le silence.
Et pourtant, deux ans plus tard, alors que l’enquête Mueller s’éteignait sans conséquence, il semblait difficile de se souvenir de cette époque de marches massives, d’indignation collective. Les manifestations contre la violence policière, pour les droits des femmes, contre les abus migratoires ou les armes à feu, avaient été parmi les plus grandes de l’histoire des États-Unis. Et pourtant, elles furent reléguées, méprisées, minimisées — en particulier parce qu’elles étaient portées par des femmes.
Ce sont ces mêmes femmes qui avaient porté les victoires démocrates de 2018, tout en affrontant quotidiennement les révélations douloureuses du mouvement #MeToo. Dans l’Amérique de Trump, les femmes ne se battent pas seulement pour leurs droits : elles courent littéralement pour leur survie.
L’idéologie qui s’est imposée au sommet de l’État repose sur une glorification du cynisme. Trump, dans un discours en juillet 2016, louait l’amoralité des hommes d’affaires comme une vertu politique. Peu importe qu’ils soient cruels ou malhonnêtes — l’important, disait-il, c’est qu’ils ne dorment pas la nuit, obsédés par la victoire sur les faibles. Cette glorification de la prédation était à peine voilée. Elle n’avait rien d’une stratégie de dissimulation. C’était une confession. Une provocation. Une menace.
La devise de cette administration n’était pas « nous n’avons rien à cacher », mais plutôt : « nous avons tout fait, et personne ne peut nous arrêter ». Réciter un poème comme The Snake, où le traître se moque de sa victime pour avoir cru en lui, c’était un aveu. Il ne suffisait pas à Trump de commettre des crimes — il lui fallait que vous sachiez qu’il les avait commis, et que vous ne pouviez rien y faire.
C’est là la dynamique perverse du pouvoir autoritaire : plus il est transparent dans ses abus, plus il neutralise la capacité d’indignation du public. L’aveu devient une arme. La répétition de la transgression, un outil de désensibilisation. Et quand ceux qui devraient défendre la loi deviennent les complices, ou pire, les instruments du pouvoir, alors l’État de droit cesse d’exister. Il ne reste que l’illusion du processus, vidée de sa substance.
Dans cette période, la figure de Robert Mueller a été élevée au rang de mythe : un homme de loi, silencieux, incorruptible. Cette foi aveugle en son intégrité a contribué à paralyser la réponse collective. Son mutisme fut interprété comme force. Il ne l’était pas. Il était faiblesse. Et son rapport final, loin d'être un cri de vérité, fut un soupir bureaucratique.
Dans un système où les aveux publics ne suffisent plus, où les institutions ferment les yeux, où les citoyens sont sommés d’oublier ce qu’ils ont vu, la responsabilité devient individuelle. La vérité ne suffit pas. Elle doit être défendue, proclamée, répétée, incarnée.
Les protestations ne sont pas un romantisme. Elles ne sont pas une solution magique. Elles sont un acte de mémoire, un refus d’effacement. Un rappel que nous avons vu, entendu, compris — et que nous ne nous tairons pas.
Il faut aussi comprendre que l'échec de l'enquête Mueller n'est pas seulement institutionnel. C’est un échec culturel, médiatique, psychologique. La société américaine a, par endroits, intégré l’idée que la justice est inaccessible. Que le pouvoir est hors de portée. Que la lutte est vaine. C’est ce désespoir qu’il faut combattre. Non en promettant des victoires faciles, mais en rappelant que la vérité est un droit. Et qu’abandonner ce droit, c’est renoncer à soi-même.
Comment comprendre la fracture entre le passé et le présent américain à travers les monuments et les parcs nationaux ?
Les musées présidentiels et les monuments nationaux racontent une histoire que mes enfants ont parcourue, souvent avec lassitude, entre Truman, Lincoln, Bush et Ford — ce dernier si ennuyeux que j’ai dû inventer une histoire de sorcellerie pour captiver leur attention. Pourtant, même si leurs yeux roulent, ils absorbent silencieusement la disparité entre l’Amérique d’autrefois et celle d’aujourd’hui. Cette rupture, bien plus qu’une simple différence de personnalités ou de politiques, est palpable dans chaque musée et chaque parc que nous visitons. Il ne s’agit pas d’un passé idyllique, mais d’une époque où les dirigeants, malgré leurs défauts, semblaient encore avoir à cœur une certaine responsabilité morale. Aujourd’hui, les mêmes problèmes — racisme systémique, déclin économique, agressions étrangères — persistent, mais les réponses politiques se sont radicalement détériorées.
Un moment marquant fut notre visite au musée et au tombeau de Dwight Eisenhower à Abilene, Kansas. Sur un mur, une citation de son discours de 1953, « The Chance for Peace », résonne comme un avertissement toujours actuel : « Chaque arme fabriquée, chaque navire de guerre lancé, chaque fusée tirée signifie, au final, un vol aux dépens de ceux qui ont faim et ne sont pas nourris, de ceux qui ont froid et ne sont pas habillés. Ce monde en armes ne dépense pas seulement de l’argent, il dépense la sueur de ses travailleurs, le génie de ses scientifiques, l’espoir de ses enfants... Ce n’est pas une manière de vivre, en aucun sens véritable. Sous le nuage menaçant de la guerre, c’est l’humanité suspendue à une croix de fer. » Ce contraste entre le discours d’un général prônant la paix et la réalité contemporaine, marquée par l’agression et la violence, fait mal. Nous vivons désormais le cauchemar que redoutait Eisenhower, où « ce n’est pas une manière de vivre » pourrait être le slogan d’une époque désenchantée.
Depuis l’élection de Trump, nos voyages se sont limités aux parcs nationaux, lieux de grandeur naturelle et de mémoire collective, mais aussi de conflits et de pertes. En 2017, lorsque Trump a déclaré la guerre aux parcs nationaux, imposant une censure sur des sujets comme le changement climatique, une inquiétude profonde s’est installée. Attaquer ces espaces, aimés par la majorité des Américains, c’était attaquer l’un des rares consensus civiques. Plus encore, la réduction drastique des monuments nationaux sacrés pour les populations autochtones, comme Bears Ears, révèle une volonté délibérée d’effacer des pans essentiels de l’histoire et de la culture.
Mes enfants ont découvert la majesté des montagnes du Colorado, les dunes immaculées de White Sands, les canyons de l’Utah. Ces moments, empreints d’une beauté pure, sont aussi teintés de tristesse, car la nature même semble fragile, menacée. Les incendies, les inondations, les conséquences du changement climatique transforment ces paysages en symboles douloureux d’un avenir incertain. La juxtaposition des feux en Alberta et des inondations à St. Louis illustre cette vulnérabilité exacerbée, renforçant le sentiment que le temps s’écoule inexorablement vers une perte inéluctable.
Être parent dans ce contexte, c’est porter le fardeau de l’avenir tout en refusant la résignation. Les enfants nous obligent à envisager un futur, même quand penser à ce futur est un acte de violence mentale. Mais ils nous imposent aussi de lutter pour cet avenir, de plier l’arc moral de l’univers vers la justice par la seule force de notre volonté. Cette lutte passe par la vérité et la mémoire : je veux que mes enfants connaissent ce pays dans toute sa complexité, loin de la désinformation et des faux souvenirs façonnés par les algorithmes. Il est crucial qu’ils puissent voir l’Amérique telle qu’elle est, la juger par eux-mêmes, car contrôler le passé, comme Orwell l’a dit, c’est contrôler le futur.
Je n’attends pas la paix dans mon temps. Je prévois un recul des libertés, un changement climatique désastreux, une culture de surveillance renforcée, une impunité des élites, des crises économiques, de la censure et de la violence. Mais entre prévoir une autocratie et l’accepter, il y a une différence fondamentale. Chaque perte nous rappelle ce qui reste à préserver, ce qui mérite de se battre. Il n’est pas question d’accepter, mais de résister, avec la certitude que chaque bataille menée pour la vérité et la justice contribue à façonner un avenir différent.
Il est également important de comprendre que ces espaces — les musées, les parcs nationaux, les monuments — sont plus que des lieux de mémoire : ils sont des témoins vivants du passé, des terrains d’apprentissage pour la conscience collective. Leur protection et leur valorisation sont donc essentielles pour préserver l’identité culturelle et historique d’un pays menacé par l’oubli et la manipulation. Enfin, la dimension écologique ne peut être dissociée de cette réflexion : la nature est un héritage fragile, lié intimement à notre survie et à notre capacité à construire un futur durable. Reconnaître cette interdépendance est crucial pour toute démarche de mémoire et de résistance.
Qu’est-ce qui se cache derrière l’histoire de St. Louis et de ses luttes raciales ?
L'histoire de St. Louis, à la fois complexe et profondément marquée par les luttes raciales et les divisions sociales, n'est souvent qu'une ombre de ce qu'elle a été. Un reflet d'une grandeur passée, déclinée au fil du temps, non pas par une défaite militaire ou un affrontement extérieur, mais par un processus lent de négligence et de désintérêt. C’est une ville où la mémoire historique se fond dans les fissures des bâtiments anciens, où la séparation raciale, encore palpable aujourd'hui, continue de façonner les vies et les espoirs de ses habitants.
L'assassinat de Elijah Lovejoy à Alton, Illinois, à la fin de 1837, reste l'un des moments les plus poignants de cette histoire, un acte de violence brutal qui symbolise non seulement la haine envers les abolitionnistes, mais aussi la résistance à la liberté d'expression. Lovejoy, un éditeur engagé, a été tué par une foule blanche furieuse alors qu'il défendait sa presse. Avant de mourir, il avait déclaré : « Je fais appel à Dieu, et avec Lui, je repose ma cause avec sérénité. Je peux mourir à mon poste, mais je ne peux l'abandonner. » Ce martyr, dont le corps a été jeté dans le fleuve après que sa presse eut été détruite, rappelle une époque où les lignes de division étaient dessinées dans le sang. Un monument en sa mémoire se dresse aujourd’hui sur une colline d'Alton, rappelant une époque où des hommes ont payé de leur vie pour des principes de liberté et de justice.
Les événements qui ont suivi, notamment la montée de la ségrégation, les soulèvements raciaux et la lutte pour les droits civiques, ne sont pas moins importants. Lors de ma visite à Alton en octobre 2016, quelques semaines avant l'élection présidentielle américaine, je réfléchissais à ces lieux où le passé raciste et les tensions raciales modernes se croisent. Alton, c’est là où Abraham Lincoln, influencé par Lovejoy, a débattu de l'esclavage ; c’est là aussi que James Earl Ray, l’assassin de Martin Luther King Jr., est né. En visitant ces lieux, je mesurais l'ampleur de l’héritage, souvent invisible, que cette ville continue de porter.
Le quartier de St. Louis, en particulier, incarne ce paradoxe entre un passé impérial et une réalité actuelle marquée par l'abandon. Avant l'Exposition universelle de 1904, St. Louis était l'une des plus grandes villes d’Amérique. Aujourd'hui, son histoire impériale est principalement réduite à des ruines abandonnées, des vestiges qui rappellent la grandeur d'un autre temps. Ce contraste entre l'ancienne gloire et la réalité urbaine actuelle est frappant lorsque l’on traverse les quartiers dévastés de la ville. Là, des bâtiments autresfois majestueux s'effondrent lentement sous l’effet du temps, tandis que le quotidien des habitants est marqué par une pauvreté qui semble ne jamais finir.
La ville vit encore avec les cicatrices de son passé : le racisme systémique, les tensions de classe et la division entre les zones urbaines et rurales. Missouri, terre d’imperialisme et de compromis, reste un microcosme de l’Amérique dans toute sa complexité. C’est ici que les indigènes ont été déplacés le long du Trail of Tears, ici que des poètes comme T.S. Eliot ont décrit une fin de civilisation "pas avec un coup de tonnerre, mais avec un gémissement". C'est également un lieu de contradictions : Missouri est à la fois le berceau de Mark Twain et de l'impérialisme, le lieu de naissance de la musique noire américaine et le terrain de la ségrégation.
Les années récentes ont révélé une fracture grandissante, notamment avec les émeutes de Ferguson en 2014, qui ont souligné les divisions raciales toujours présentes. Aujourd'hui, cette ville abrite des quartiers où les signes de violence et de douleur sont omniprésents. L’archétype du "petit peuple de la ville" est mis en lumière par la proximité de la souffrance et de la tragédie. Les rassemblements de soutien aux victimes de violences policières, les traces de douleur laissées sur les arbres ou les coins de rue, sont autant de rappels d'une société qui peine à se réconcilier avec son passé.
Mais au-delà de la violence et des luttes visibles, il existe un autre aspect de cette réalité. Il est essentiel de comprendre que ce qui semble être des problèmes locaux ou régionaux est en réalité le reflet de défis plus vastes et plus universels. Les tensions raciales, les inégalités économiques et l'abandon des anciens centres urbains ne sont pas propres à St. Louis ou au Missouri, mais sont des symptômes d’un malaise profond qui traverse tout le pays. Le sentiment d’être à la croisée des chemins entre la rédemption et la catastrophe, de sentir que tout pourrait s’effondrer à tout moment, est une sensation partagée par de nombreuses communautés américaines.
Il est essentiel de ne pas réduire St. Louis à un simple exemple de la crise urbaine américaine. C’est une ville où l’histoire, aussi douloureuse soit-elle, peut offrir des leçons puissantes sur la résilience et les luttes constantes pour la justice. Pour comprendre cette ville, il faut reconnaître que ses cicatrices, bien que visibles, sont aussi les témoins d'une résistance silencieuse et persistante. Le passé de St. Louis, comme celui de tant d'autres villes américaines, est un terrain de réflexion essentiel pour comprendre les défis actuels de la nation.
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