Donald Trump s’est souvent présenté comme un défenseur de la vérité brute et sans fard, rejetant les conventions et les normes de la politique traditionnelle. En s’affichant comme un outsider du système politique, il a constamment revendiqué sa position de "diseur de vérité", particulièrement lorsqu’il était confronté à des critiques sur ses propos jugés racistes ou violents. L’une de ses stratégies de communication les plus récurrentes a été son appel au "bon sens", une notion qu’il a souvent utilisée pour justifier ses opinions et ses actions. Selon Trump, ce que lui et ses partisans appelaient "bon sens" était une vérité universelle, évidente pour "les vrais Américains", mais ignorée ou cachée par les élites politiques et médiatiques.

L’exemple le plus frappant de cette démarche a été son traitement du juge Gonzalo Curiel, un Américain d’origine mexicaine chargé de superviser une affaire juridique contre Trump University, une entreprise accusée de fraude. Lorsque le juge Curiel a pris des décisions défavorables à Trump, ce dernier a insinué que l'origine mexicaine de Curiel biaisait son impartialité, suggérant que sa race l’empêchait d’être objectif dans l’affaire. Cette déclaration, considérée comme raciste par de nombreux républicains, a été vigoureusement rejetée par des figures comme Mitch McConnell et Paul Ryan, mais Trump a persévéré, arguant qu'il n'était pas question de tradition judiciaire, mais bien de "bon sens". Cette logique a permis à Trump de se positionner comme un paria, un outsider capable de dire des vérités que le système politique traditionnel et politiquement correct préférait ignorer.

Le rejet de la "politesse politique" (political correctness) est devenu un élément central de sa campagne, et ce thème s’est largement diffusé dans son discours. Trump n’a pas simplement rejeté la politiquement correcte pour défendre une certaine forme de liberté d’expression, mais il a également utilisé cette posture pour se différencier des figures politiques traditionnelles qu’il accusait de dissimuler des vérités au nom de la conformité sociale. En faisant de la "politesse politique" un ennemi à combattre, il a créé un cadre où ses adversaires n’étaient plus seulement des opposants idéologiques, mais des individus cherchant délibérément à cacher des réalités qu'il considérait comme évidentes. Par exemple, après que NBC ait cessé de diffuser ses concours de Miss USA et Miss Univers suite à ses propos controversés sur les immigrants mexicains, Trump a dénoncé cette action comme étant un exemple de lâcheté et de soumission au politiquement correct, se posant en défenseur des vérités "désagréables mais nécessaires".

Cet appel au "bon sens" s'est intensifié au fur et à mesure de sa campagne, et de plus en plus de ses partisans l’ont vu comme quelqu'un qui disait ce qu’ils pensaient mais n’osaient pas exprimer, souvent par crainte des répercussions sociales ou politiques. Pour ses soutiens, Trump incarnait la vérité brute, libérée des contraintes du politiquement correct, et leur fidélité à lui était renforcée par cette position de défenseur des vérités ignorées ou mises sous silence par les élites. Ce phénomène a conduit à une adhésion de plus en plus forte à l’idée que Trump, en dépit de ses déclarations polémiques, était un authentique "diseur de vérité", quelqu’un qui ne se laissait pas arrêter par la bienséance ou les conventions sociales.

L’une des raisons pour lesquelles Trump a pu se présenter comme un "diseur de vérité" se trouve dans la manière dont il a exploité la notion de "correctitude politique". Cette stratégie n'était pas seulement une critique de l’élite progressiste, mais également une critique plus large du changement social, en particulier en ce qui concerne les mouvements identitaires et la multiculturalité. Le rejet de la "politesse politique" n’était donc pas uniquement une affaire de discours, mais un moyen d'exprimer un malaise plus profond face à des transformations culturelles, économiques et sociales perçues comme menaçant un ordre traditionnel. C’est dans ce contexte que Trump a pu se définir comme un champion de la vérité en tant qu’antidote aux transformations culturelles et politiques qui échappaient au contrôle des populations plus conservatrices.

Cette construction d’une figure de "vérité brute" qui s’oppose aux conventions politiques et aux critiques morales a constitué l’une des pierres angulaires de la popularité de Trump, en particulier au sein de ses bases électorales. L’élément clé, selon de nombreux analystes, n’était pas tant ses propositions politiques concrètes que sa capacité à s’affirmer comme l'authentique "diseur de vérité". À travers des déclarations qui choquaient ou dérangeaient, Trump a réussi à incarner l'authenticité face à un establishment qu’il a décrit comme hypocrite et déconnecté des réalités du terrain.

L’émergence de Trump, en tant que leader contre l’establishment politique, s’inscrit dans un phénomène plus large de remise en question des normes sociales, culturelles et politiques. Son appel à la vérité a profondément affecté la dynamique politique américaine, modifiant le débat public et la perception de la politique traditionnelle. Il est important de noter que cette stratégie de "vérité" n’était pas seulement une tactique de communication, mais un moyen de manipuler le langage politique et de reconfigurer ce que signifiait être "authentique" dans le contexte de la politique moderne.

La contradiction de la vérité dans le discours conservateur : Le relativisme chez Trump

Les critiques conservatrices à l’égard de l’enseignement supérieur et des idées progressistes ont toujours placé la quête de la « vérité objective » au centre de leurs préoccupations. En particulier, les théories postmodernes et poststructuralistes ont souvent été vues comme une menace contre cette vérité, perçue comme un fondement des valeurs traditionnelles de l’Occident. Des groupes tels que la National Association of Scholars ont dénoncé ce qu’ils appellent « le déni de la possibilité de la vérité » et ont prôné une « recherche désintéressée de la vérité » comme l'un de leurs principes intellectuels fondamentaux. Cette critique a été amplifiée par de nombreux commentateurs conservateurs, comme Ann Coulter et Milo Yiannopoulos, qui ont dénoncé le climat politique correct qui, selon eux, domine les campus universitaires.

Dans ce contexte, une figure comme Ben Shapiro est particulièrement révélatrice. Avec son slogan « facts over feelings » (les faits avant les sentiments), Shapiro incarne cette opposition au relativisme et insiste sur le fait que des réalités objectives, comme le sexe biologique, devraient prévaloir sur les perceptions subjectives du genre. Cependant, un examen plus approfondi de son discours et de celui d’autres personnalités politiques, y compris Donald Trump, révèle une contradiction fondamentale dans l’approche de la vérité chez ces figures conservatrices. Si, en surface, Trump et ses partisans se présentent comme des défenseurs de la vérité contre un prétendu relativisme des libéraux, leur attitude face aux faits et aux vérités morales semble parfois vaciller.

Il est essentiel de noter que la vérité, telle qu’elle est défendue par ces conservateurs, est souvent moins un engagement envers une réalité objective qu’un instrument de mobilisation politique. Donald Trump, par exemple, s'est constamment présenté comme un « révélateur de la vérité », en particulier pendant sa campagne présidentielle de 2016, où il s’est opposé à ce qu’il appelait la « fake news ». Mais, paradoxalement, Trump et ses partisans ont souvent recours à une forme de relativisme quand les faits nuisent à leur narrative. Cette tension entre l’affirmation de la vérité et l’usage du relativisme devient particulièrement apparente lorsqu’ils sont confrontés à des contradictions ou à des preuves qui vont à l’encontre de leurs revendications.

L’épisode du « Access Hollywood tape » en 2016 illustre parfaitement cette dynamique. Dans cet enregistrement, Trump se vantait de comportements sexuels déplacés, qualifiés par certains de comportements criminels. En dépit des propos explicites de l’enregistrement, Trump n’a pas nié l’exactitude des paroles, mais a tenté de relativiser leur portée. Dans le cadre du débat présidentiel de 2016, Trump a répondu aux accusations de façon inattendue, en qualifiant ses propos de « talk de vestiaire ». Par cette expression, il cherchait à minimiser la gravité de ses paroles en les plaçant dans le contexte d’une conversation informelle, destinée à être perçue comme banale et non significative. Il a même comparé ses actions présumées à celles d’autres personnalités politiques, comme Bill Clinton, pour relativiser la nature de ses comportements. Ce type de réponse illustre comment Trump et ses alliés manipulent la vérité pour l’adapter à leurs besoins politiques, en utilisant un relativisme qui va à l’encontre des principes conservateurs de vérité objective qu’ils prétendent défendre.

Ce relativisme, bien que clairement en contradiction avec les principes conservateurs traditionnels, est désormais au cœur de la stratégie politique de la droite. Trump, tout en se présentant comme un adversaire du relativisme, a souvent fléchi devant les faits qui ne correspondaient pas à sa vision du monde, adoptant une position qui reflète précisément ce qu’il dénonçait chez ses opposants. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large, celui d’une ère où les lignes entre faits et interprétations se brouillent de plus en plus, et où la vérité semble devenir une question de préférence politique plutôt qu’une réalité objective.

La manière dont Trump et ses partisans naviguent entre les vérités objectives et le relativisme met en lumière une évolution importante du discours politique conservateur. Le rejet de la vérité objective au profit de narratives flexibles est devenu une caractéristique marquante de la politique contemporaine, à la fois en Occident et ailleurs. Il est donc essentiel de comprendre que, malgré leur appel constant à la vérité, les figures de proue du conservatisme actuel, comme Trump, ont souvent recours à un relativisme qui leur permet d’adapter les faits à leurs besoins politiques, parfois au détriment de la cohérence logique et morale de leurs positions.

L’un des enjeux fondamentaux de ce discours réside dans la manipulation des valeurs de vérité et de morale pour servir des intérêts partisans. Le « relativisme de droite », que certains observateurs ont commencé à identifier, n’est pas un paradoxe accidentel, mais une stratégie délibérée. En effet, dans un monde où les faits sont souvent instrumentalisés à des fins idéologiques, comprendre comment les récits de vérité sont façonnés devient crucial pour saisir les dynamiques politiques contemporaines.

Comment les idéologies de gauche et de droite partagent-elles des discours similaires ?

Il peut être perturbant de réaliser que certains discours politiques sont partagés par les idéologies de gauche et de droite. Cette prise de conscience est d'autant plus marquante pour la gauche, surtout lorsque des valeurs qui lui sont spécifiques – telles que la solidarité, la communauté, ou encore la subjectivité – semblent se retrouver également dans les discours de droite. Cependant, il est crucial de ne pas perdre de vue les différences significatives qui existent, tant dans la théorie que dans la manière dont ces concepts sont mis en œuvre de part et d'autre du spectre politique. Ces différences deviennent particulièrement évidentes lorsque l'on examine la question fondamentale : "Comment sauver la démocratie sociale ?" (Muddle, 2019).

L'analyse en trois volets de Mercer (1986) sur l'idéologie de droite ou fasciste révèle les défis que cette idéologie pose aux concepts traditionnels de l'épistémologie ou de l'éthique. Le premier aspect de cette analyse, la « relative indétermination politique » (p. 209), montre comment le fascisme affaiblit la prétendue connexion entre les valeurs politiques et les revendications de vérité. En rejetant toute détermination des valeurs politiques fixes ou des « vérités », le fascisme devient plus apte à s'adapter aux exigences populistes de l'Europe d'avant-guerre. Cette indétermination est aussi liée au succès du fascisme dans « la génération du consentement ». Comme l'a souligné Muddle (2019), cette dynamique représente à la fois une leçon historique et une leçon contemporaine pour la gauche.

La gauche contemporaine semble, elle aussi, de plus en plus s'identifier à cette « indétermination politique » propre à une forme de fascisme post-vérité. Dans sa quête pour générer du consentement à son « existence et sa durée », face à la montée de la politique populiste de droite, la gauche s'engage dans une « indétermination politique » similaire. Si cette mobilisation idéologique est compréhensible et convaincante dans le climat actuel, il est également important de prendre un recul critique face aux dilemmes philosophiques qui en résultent. Ainsi, l'une des analyses les plus perspicaces à ce sujet provient de Stuart Hall (1996a), qui met en évidence les faiblesses et limitations des formulations classiques marxistes concernant l'idéologie. Hall invite à repenser ce qui doit être conservé et ce qui doit être perdu, tout en reconsidérant ce qui doit être repensé à la lumière des critiques.

Appliquer cette compréhension à l'appel de Muddle (2019) revient à reconnaître d'abord les échecs et les faiblesses des idéologies de gauche avant de réaffirmer les « vérités » du marxisme. Il faut bien comprendre que l'un des échecs notables de la gauche, comme cela a été observé avec l'Althusserianisme pendant la période de Mai 68, réside dans une sous-estimation de l'agence du peuple, de l'individu et de la subjectivité. Cette erreur fut précisément celle de l'Althusserianisme, qui, loin de s'inspirer de l'indétermination politique du fascisme, a échoué à cause de son déterminisme idéologique excessif.

C’est sur ce terrain que Hall (1996a) pose le défi de reconnaître les échecs de la gauche tout en soulignant la divergence radicale entre la philosophie de gauche et celle de droite. En cas d'échec historique de la gauche, la solution ne réside pas dans l'imitation de la récente réussite idéologique de la droite. Plutôt que de s’engager dans une « déconstruction perpétuelle », Hall plaide pour un travail « modeste de reconstruction », un projet philosophique et politique qui réinvente le marxisme, sans se laisser enfermer par des orthodoxies rituelles. Cela pourrait être considéré comme un marxisme ou une gauche hétérodoxes, un projet fondé sur la symbiose entre théorie et pratique, entre les revendications de vérité et les nécessités historiques.

Il est essentiel de comprendre que, comme l’affirme Ziiek (1994b), bien qu'il n'existe pas de ligne claire séparant idéologie et réalité, l’idéologie est déjà à l'œuvre dans tout ce que nous expérimentons comme « réalité ». Cependant, il nous est nécessaire de maintenir une tension qui soutient la critique de l'idéologie. Hall (1996a) soutient que cette critique, ancrée dans une revendication radicale de vérité, peut seulement être maintenue si la gauche reconnaît un terrain plus instable et ambigu que celui auquel elle était habituée. Selon Hall, il faut d'abord accepter l'indétermination réelle de la politique – un niveau qui condense toutes les autres formes de pratique et qui en assure le fonctionnement dans un système de pouvoir particulier.

Il existe toutefois un second niveau d’analyse dans le travail de Hall (1996a), qui permet de préparer la critique idéologique contemporaine à travers une analyse plus profonde, notamment chez Ziiek et Laclau. Si cette indétermination relative est nécessaire au marxisme pour aborder la complexité et l’imprévisibilité du monde contemporain, il doit aussi exister une dimension de « détermination » dans la gauche actuelle. Pour Hall, cette détermination n'est pas synonyme de fermeté absolue ou de prédictibilité des résultats. Il s'agit plutôt de « fixer des limites, d'établir des paramètres, de définir un espace d'opération, les conditions concrètes de l'existence ». Cela implique un double mouvement de la gauche, théorique et pratique.

Enfin, cette nouvelle vision du marxisme et de la critique idéologique permet à la gauche de s’opposer de manière cohérente à l’émergence de nouvelles idéologies de droite. Trop souvent, comme le note Muddle (2019), la gauche a cherché, de manière destructrice, à emprunter à ces idéologies de droite. Au lieu de cela, la gauche doit renouveler ses fondations épistémologiques et philosophiques, argumentant en faveur d’une certaine détermination, tout en laissant de la place pour l’émergence de nouvelles idées et concepts. En procédant ainsi, elle pourra de nouveau affronter les crises et réalités historiques qui se présentent tout en maintenant une revendication de vérité sur ces moments.

Comment la rhétorique raciste de Trump a façonné la politique américaine et renforcé l'ignorance collective

L’élection présidentielle de 2016 aux États-Unis a marqué un tournant dans la perception des questions raciales et sociopolitiques. L’ascension de Donald Trump à la présidence, en grande partie alimentée par des discours racistes et une stratégie de division, a révélé un climat d’intolérance jusque-là contenu, mais non éradiqué. Trump, par ses déclarations ouvertement racistes et son exploitation des peurs sociales, a donné à une frange de la population blanche le droit et la légitimité d’exprimer des sentiments racistes auparavant confinés dans l’intimité de certaines sphères sociales. Ses propos ont non seulement eu des répercussions sur la politique intérieure, mais ont également exacerbé les tensions raciales à travers le pays.

Trump a, de manière délibérée, cultivé une atmosphère de rejet envers les communautés marginalisées : les immigrants mexicains, les musulmans, les noirs, les latinos, et les membres de la communauté LGBTQ+, pour ne citer que ceux-là. Par des discours de haine, il a réussi à galvaniser une base électorale fidèle, souvent composée de Blancs évangéliques et d’individus à faible niveau d’éducation, tout en suscitant la méfiance et la colère envers les populations non blanches. Ces stratégies ne se limitaient pas à des déclarations enflammées, mais se traduisaient par des politiques concrètes visant à exclure et à stigmatiser.

Lors de sa campagne, Trump a pris soin de jouer sur des ressorts émotionnels puissants : la peur de l’étranger, la dévalorisation des minorités, et la légitimation de la violence symbolique et réelle contre ces groupes. Une étude menée après l’élection de 2016 a révélé que le soutien à Trump parmi les électeurs blancs était en grande partie dû à ses propos racistes et à ses politiques anti-immigration. En effet, des déclarations comme celles qui visaient les musulmans ou les Mexicains ont ouvert une porte aux comportements xénophobes et racistes jusque-là tus dans la société américaine.

En ce sens, Trump a été perçu par de nombreux analystes comme une figure qui, non seulement a exacerbé les divisions raciales, mais a permis à des groupes autrement marginalisés de faire entendre des discours extrémistes de manière plus visible et sans honte. En libérant la parole raciste, Trump a encouragé certains segments de la population à rejeter toute forme de correction sociale, voire à revendiquer des idéologies de suprématie blanche.

Il est important de noter que cette rhétorique ne se limitait pas simplement à des paroles, mais influençait également des comportements et des actes concrets. Ainsi, les crimes de haine ont augmenté à mesure que les discours de Trump se faisaient plus virulents. En 2017, le rassemblement des nationalistes blancs à Charlottesville, en Virginie, a exacerbé ces tensions et a mis en lumière l'impact tangible de l’incitation à la haine dans la société américaine.

L’utilisation par Trump du terme « fake news » a également joué un rôle central dans sa stratégie. En qualifiant toute critique à son égard de fabrication ou de mensonge, il a créé un environnement où la vérité objective était mise en question, permettant à ses partisans de rejeter toute information non conforme à leur vision du monde. Ce phénomène a renforcé un climat d’ignorance, où les faits étaient relégués au second plan au profit de croyances personnelles souvent infondées.

Mais au-delà de cette manipulation, il existe un aspect encore plus préoccupant dans cette dynamique : la transformation des processus de pensée chez ses partisans. La critique des faits et des sources d’informations n’était plus perçue comme un moyen d’engager un débat rationnel, mais comme une forme d’attaque. En rejetant la « véracité » des nouvelles, Trump a légitimé une forme de pensée déconnectée de la réalité, où les idées fausses circulent librement, validées par des groupes de soutien qui se nourrissent de cette ignorance volontaire. De plus, la diffusion massive de « fake news » sur les réseaux sociaux a permis à ces narratives de se propager largement, souvent sans qu’aucune vérification ne soit effectuée.

Il est essentiel de comprendre que cette logique ne se limite pas à la question de Trump seul, mais s’inscrit dans un contexte plus large de manipulation médiatique et de culture politique. Dans une ère numérique où les informations sont déformées et amplifiées, il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. Trump a exploité cette vulnérabilité pour ses propres fins politiques, renforçant une division déjà présente dans le corps social américain.

Ce phénomène d'« idiotisation » collective, où des individus délibérément ignorants préfèrent croire des mensonges confortables plutôt que des vérités dérangeantes, a un effet dévastateur sur la cohésion sociale et la compréhension mutuelle. À travers des mécanismes de confirmation des biais cognitifs, cette dynamique de rejet de la vérité s’est étendue bien au-delà de ses propres partisans pour influencer l’ensemble du paysage politique et social américain.

Il devient ainsi crucial pour toute démocratie d'encourager une pensée dialectique, une capacité à remettre en question ses propres croyances et à accepter des perspectives divergentes. Sans cela, l’ignorance et la division risquent de se renforcer, menaçant non seulement la qualité du débat public, mais aussi la stabilité de la société dans son ensemble.