Nous considérons la séquence de restrictions à Ω+ de la suite (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}}. Nous pouvons supposer, si nécessaire, en extrayant une sous-suite, que unuu_n \to u faiblement dans H1(Ω+)H^1(\Omega+) lorsque n+n \to +\infty, et le théorème 1.37 nous donne unuu_n \to u dans L2(Ω+)L^2(\Omega+), ce qui implique que uL2(Ω+)=1\|u\|_{L^2(\Omega+)} = 1. Puisque un0\nabla u_n \to 0 dans L2(Ω+)NL^2(\Omega+)^N, cela signifie que u=0\nabla u = 0 presque partout, et donc uu est une fonction constante (Problème 1.4). Cependant, la trace de unu_n sur le bord de Ω+\Omega+ est nulle (car uHu \in H); l'opérateur trace étant continu de H1(Ω+)H^1(\Omega+) vers L2(Ω+)L^2(\partial \Omega+), on en déduit que la trace de uu sur le bord de Ω+\Omega+ est nulle. Cela conduit à une contradiction, car u=0u = 0 presque partout, ce qui est en désaccord avec uL2(Ω+)=1\|u\|_{L^2(\Omega+)} = 1. Bien entendu, un raisonnement similaire peut être effectué pour Ω\Omega-.

L'espace HH est un espace de Hilbert (avec le produit scalaire de H1(Ω)H^1(\Omega)). On définit aa de H×HH \times H vers R\mathbb{R} par :

a(u,v)=Ωu(x)v(x)dx+Ωg(x)(γ+u(x)γu(x))(γ+v(x)γv(x))dx.a(u, v) = \int_{\Omega} \nabla u(x) \cdot \nabla v(x) \, dx + \int_{\Omega} g(x) \left( \gamma^+ u(x) - \gamma^- u(x) \right) \left( \gamma^+ v(x) - \gamma^- v(x) \right) \, dx.

La forme aa est une forme bilinéaire symétrique continue (grâce à la continuité des opérateurs γ+\gamma^+ et γ\gamma^- de HH vers L2(I)L^2(I)). La question 3 montre qu'elle définit un produit scalaire sur HH équivalent au produit scalaire de H1(Ω)H^1(\Omega), car a(u,u)Ωu(x)2dxa(u, u) \geq \int_{\Omega} |\nabla u(x)|^2 \, dx. D'autre part, l'application vΩf(x)v(x)dxv \mapsto \int_{\Omega} f(x) v(x) \, dx appartient à HH' (car fL2(Ω)f \in L^2(\Omega)). Le théorème de représentation de Riesz dans un espace de Hilbert (voir par exemple [26], théorème 6.56) donne alors l'existence et l'unicité de la solution faible uu au problème (2.33).

En prenant v=unv = u_n dans (2.33), et en notant que Ωf(x)un(x)dxfL2(Ω)uL2(Ω)\int_{\Omega} f(x) u_n(x) \, dx \leq \|f\|_{L^2(\Omega)} \|u\|_{L^2(\Omega)}, nous montrons que la suite (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} est bornée dans H1(Ω)H^1(\Omega), et qu'il existe une constante CR+C \in \mathbb{R}^+ telle que, pour tout nNn \in \mathbb{N},

Ω(γ+un(x)γun(x))2dxC.\int_{\Omega} \left( \gamma^+ u_n(x) - \gamma^- u_n(x) \right)^2 \, dx \leq C.

Nous pouvons donc supposer qu'une sous-suite de (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} converge faiblement dans H1(Ω)H^1(\Omega), et donc faiblement dans H1(Ω+)H^1(\Omega+) et H1(Ω)H^1(\Omega-). Plus précisément, il s'agit de la convergence des restrictions de la suite (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} à Ω+\Omega+ et Ω\Omega-. Les opérateurs γ±\gamma^\pm étant continus de H1(Ω±)H^1(\Omega^\pm) vers L2(I)L^2(I), nous avons également γ±unγ±u\gamma^\pm u_n \to \gamma^\pm u faiblement dans L2(I)L^2(I), car un opérateur continu entre deux espaces de Banach transforme une suite convergente faiblement en une suite convergente faiblement (voir à ce sujet le Problème 1.22). En fait, ici, nous pourrions même montrer la convergence de la suite (γ±un)nN(\gamma^\pm u_n)_{n \in \mathbb{N}} dans L2(I)L^2(I). L'inégalité (2.73) montre que γ+un(x)γun(x)0\gamma^+ u_n(x) - \gamma^- u_n(x) \to 0 dans L2(I)L^2(I), et donc γ+u=γu\gamma^+ u = \gamma^- u presque partout sur II.

En prenant φD(Ω)\varphi \in D(\Omega), une intégration par parties (Théorème 1.33) sur Ω+\Omega+ et Ω\Omega- donne uH1(B)u \in H^1(B) et Diu=DiuD_i u = D_i u presque partout sur Ω±\Omega^\pm. Puisque γ0u=0\gamma_0 u = 0 presque partout sur B\partial B, on en déduit uH01(B)u \in H^1_0(B). En prenant ensuite vH01(B)v \in H^1_0(B) dans (2.33), nous obtenons que uu est la solution du problème :

uH01(B),Ωu(x)v(x)dx=Ωf(x)v(x)dxpour tout vH01(B).u \in H^1_0(B), \quad \int_{\Omega} \nabla u(x) \cdot \nabla v(x) \, dx = \int_{\Omega} f(x) v(x) \, dx \quad \text{pour tout } v \in H^1_0(B).

Grâce au théorème (2.6), la solution de ce problème est unique, et une preuve classique par l'absurde montre que l'ensemble complet (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} converge vers uu faiblement dans H1(Ω)H^1(\Omega). En résumé, une fois que la convergence faible dans H1(Ω)H^1(\Omega) est établie, nous pouvons conclure que la solution uu existe et est unique, et que la suite (un)nN(u_n)_{n \in \mathbb{N}} converge faiblement vers uu dans H1(Ω)H^1(\Omega).


Comment prouver l'existence de solutions aux problèmes elliptiques quasi-linéaires à l'aide du théorème de Schauder ?

Soit xEx \in E, xR\| x \| \leq R et ff une application compacte de BRB_R dans BRB_R (c'est-à-dire que ff est continue et {f(x),xBR}\{ f(x), x \in B_R \} est relativement compacte dans EE). On affirme que ff admet un point fixe, ce qui signifie qu'il existe un xBRx \in B_R tel que f(x)=xf(x) = x. La démonstration est très proche de celle du Théorème 3.5. Si un xBRx \in \partial B_R existe tel que f(x)=xf(x) = x, il n'y a rien d'autre à prouver. En supposant que f(x)xf(x) \neq x pour tous les xBRx \in \partial B_R, posons Ω={xE,x<R}\Omega = \{ x \in E, \| x \| < R \} (ce qui donne BR=ΩB_R = \overline{\Omega}) et, pour t[0,1]t \in [0, 1] et xBRx \in B_R, définissons h(t,x)=tf(x)h(t, x) = t f(x). Il est à noter que xh(t,x)0x - h(t, x) \neq 0 pour tous les xΩ={xE,x=R}x \in \partial \Omega = \{ x \in E, \| x \| = R \}. La compacité de hh découle de celle de ff. Ainsi, d(Idh(1,),Ω,0)=d(Idh(0,),Ω,0)=d(Id,Ω,0)=1d(Id - h(1, \cdot), \Omega, 0) = d(Id - h(0, \cdot), \Omega, 0) = d(Id, \Omega, 0) = 1, et donc il existe un xΩx \in \Omega tel que f(x)=xf(x) = x.

Le théorème de Schauder (Théorème 3.11) devient faux si l'on remplace l'hypothèse de compacité de ff par une simple hypothèse de continuité. Toutefois, la difficulté principale lorsqu'on utilise ce théorème (ou, plus généralement, en utilisant le degré topologique) réside souvent dans la démonstration de la continuité de ff (ou, dans le cas du degré topologique, de la continuité de l'application hh du Théorème 3.8).

L’objectif est maintenant d’utiliser le théorème de point fixe de Schauder pour prouver l’existence d’une solution à un problème elliptique quasi-linéaire. Examinons d’abord les hypothèses, et commençons par définir une fonction de Carathéodory.

Définition d'une fonction de Carathéodory : Soient N,p,qNN, p, q \in \mathbb{N} et Ω\Omega un sous-ensemble ouvert de RN\mathbb{R}^N. Soit aa une fonction de Ω×Rp\Omega \times \mathbb{R}^p vers Rq\mathbb{R}^q. On dit que aa est une fonction de Carathéodory si a(,s)a(\cdot, s) est borélienne pour tout sRps \in \mathbb{R}^p et a(x,)a(x, \cdot) est continue presque partout en xΩx \in \Omega.

En supposant les conditions suivantes :

  • Ω\Omega est un sous-ensemble ouvert et borné de RN\mathbb{R}^N,

  • a:Ω×RRa : \Omega \times \mathbb{R} \to \mathbb{R} est une fonction de Carathéodory,

  • il existe α>0\alpha > 0 et β>0\beta > 0 tels que αa(,s)β\alpha \leq a(\cdot, s) \leq \beta presque partout et pour tous sRs \in \mathbb{R},

  • f:Ω×RRf : \Omega \times \mathbb{R} \to \mathbb{R} est une fonction de Carathéodory et fL(Ω×R)f \in L^\infty(\Omega \times \mathbb{R}),

on cherche à prouver l'existence d'une solution uu au problème suivant :

Ωa(x,u(x))u(x)v(x)dx=Ωf(x,u(x))v(x)dx,vH01(Ω).\int_\Omega a(x, u(x)) \nabla u(x) \cdot \nabla v(x) \, dx = \int_\Omega f(x, u(x)) v(x) \, dx, \quad \forall v \in H_0^1(\Omega).

Le théorème 3.14 (Existence, terme de droite borné) garantit qu'il existe une solution uu sous ces hypothèses.

La démonstration repose sur l'existence et l'unicité de la solution à un problème linéaire elliptique, que l'on peut obtenir en appliquant le Théorème 2.6. On réécrit le problème sous la forme ai,j=0a_i, j = 0 si iji \neq j, ai,i=a(,uˉ)a_i, i = a(\cdot, \bar{u}) et f=f(,uˉ)f = f(\cdot, \bar{u}), ce qui nous permet d'utiliser le théorème pour garantir l'existence et l'unicité de la solution uu à ce problème linéaire. Un point fixe de l'application TT est alors une solution au problème original.

En utilisant le théorème de Schauder, on peut également prouver l’existence d’un point fixe pour l’application TT, ce qui implique l’existence d’une solution à notre problème quasi-linéaire elliptique. La difficulté réside dans la démonstration de la continuité de TT. Une fois que cela est montré, la compacité et les propriétés de continuité permettent de conclure à l’existence de solutions via les théorèmes classiques de point fixe.

Ainsi, bien que le théorème de Schauder repose sur des hypothèses de compacité de l'application, l’utilisation de méthodes comme la régularité des solutions et la compacité permet de lever les difficultés techniques associées. Pour un lecteur, il est important de bien comprendre le rôle de la continuité et de la compacité dans ces démonstrations, ainsi que la nécessité de travailler avec des espaces fonctionnels adaptés, comme L2(Ω)L^2(\Omega) et H01(Ω)H_0^1(\Omega), qui sont des cadres naturels pour traiter de tels problèmes.

Comment résoudre les problèmes elliptiques quasi-linéaires avec croissance et coercivité

Les équations aux dérivées partielles quasi-linéaires elliptiques, dans des espaces fonctionnels appropriés, posent des défis importants dans la recherche de solutions efficaces. Parmi les outils utilisés pour traiter ces problèmes, les méthodes de faible convergence et les théorèmes de coercivité jouent un rôle clé dans la détermination de solutions fortes. En particulier, lorsque les fonctions impliquées sont mesurables et satisfont certaines hypothèses de croissance et de coercivité, il est possible d'établir l'existence et l'unicité des solutions en s'appuyant sur une approche variée.

Prenons, par exemple, une équation du type Ωa(x,u(x),u(x))v(x)dx=f,v\int_{\Omega} a(x, u(x), \nabla u(x)) \cdot \nabla v(x) \, dx = \langle f, v \rangle, où a(x,u(x),u(x))a(x, u(x), \nabla u(x)) est une fonction mesurable. Cette équation est bien posée lorsque la fonction aa satisfait certaines hypothèses de croissance, assurant ainsi que la fonction a(,u,u)a(\cdot, u, \nabla u) appartient à l'espace Lp(Ω)L^{p'}(\Omega) pour tout uW1,p(Ω)u \in W^{1,p}(\Omega). Ces conditions permettent de garantir que le produit de a(x,u(x),u(x))a(x, u(x), \nabla u(x)) avec un test fonctionnel vv, tiré de l'espace W1,p(Ω)W^{1,p}(\Omega), reste intégrable.

L’approche la plus courante pour résoudre ces équations consiste à utiliser des familles de fonctions de base, telles que les fnf_n, denses dans W01,p(Ω)W_0^{1,p}(\Omega), pour approximations successives. À chaque étape, on résout des problèmes dans des sous-espaces finis EnE_n, en utilisant la continuité et la coercivité de l’opérateur Tn(u)T_n(u) qui associe à chaque fonction test vv une valeur de l’intégrale de a(x,u(x),u(x))v(x)a(x, u(x), \nabla u(x)) \cdot \nabla v(x).

Ce processus consiste à rechercher des solutions approchées unEnu_n \in E_n pour des systèmes de dimension finie. L’existence de solutions approchées découle directement du Lemma 3.29, qui garantit la continuité et la coercivité de TnT_n. L'étape suivante est de prendre la limite lorsque n+n \to +\infty, ce qui permet de récupérer une solution du problème d’origine. La convergence faible de unu_n dans W01,p(Ω)W_0^{1,p}(\Omega) et l’application du théorème de convergence dominée permettent de prouver que la solution limite uu satisfait l’équation elliptique quasi-linéaire.

Lorsqu’il existe une solution approximée unu_n, il est essentiel de vérifier que la convergence de unu_n vers uu est suffisamment régulière pour que les termes impliqués dans la formulation du problème soient également convergents. Une fois cela prouvé, l’unicité de la solution peut être garantie, comme le montre la stricte monotonicité de la fonction aa et l’analyse des termes de la limite.

Il est également important de noter que l’approche ne repose pas uniquement sur la convergence des suites unu_n, mais sur un contrôle strict des fonctions impliquées dans le processus de convergence. En particulier, la coercivité et la croissance contrôlée des termes dans l’opérateur aa assurent que les suites un\nabla u_n sont uniformément bornées, évitant ainsi des divergences ou des comportements indéfinis.

Enfin, il est crucial de comprendre que la stratégie présentée repose sur des propriétés spécifiques de l’espace fonctionnel W01,p(Ω)W_0^{1,p}(\Omega), sur la régularité des fonctions a(x,u,u)a(x, u, \nabla u), et sur l’utilisation rigoureuse de théorèmes de convergence dans des espaces de Sobolev. La réussite de cette méthode repose sur l’hypothèse que les fonctions unu_n et vnv_n convergent convenablement dans les espaces W01,p(Ω)W_0^{1,p}(\Omega) et que la convergence des termes intégrés est suffisamment rapide pour garantir la validité de la solution dans l’espace Lp(Ω)L^{p'}(\Omega).

Le lecteur devrait bien comprendre qu’au-delà des simples solutions approchées, l'approche implicite dans cette démonstration exige de maîtriser les concepts de convergence faible et forte dans des espaces fonctionnels, de croissance des termes non linéaires et de la coercivité des opérateurs. Cela permet non seulement de trouver des solutions pratiques aux équations différentielles, mais aussi de s’assurer que ces solutions sont uniques et bien comportées dans un cadre rigoureux de calculs fonctionnels.