Les inscriptions sanskrites découvertes à Vo-canh et à Kutei, ainsi que les témoignages littéraires comme ceux de la Silappadikaram, offrent un aperçu fascinant de la société et des dynamiques sociales dans l'Inde ancienne. Ces sources documentent des aspects variés de la vie sociale, politique et économique, en particulier les interactions entre les différentes classes et les coutumes royales.

À travers des récits tels que celui de la donation royale sur un bloc de granite trouvé près du village de Vo-canh, il devient clair que la royauté de l'époque mettait en œuvre des politiques centrées sur le bien-être de ses sujets tout en consolidant son autorité. L'inscription évoque un roi, appartenant à la lignée de Shri Mara, qui consacre ses richesses et biens matériels au profit de ses proches et de ses sujets, une coutume qu'il souhaite voir suivre par ses successeurs. Ce genre de générosité apparente cache une politique de contrôle et de maintien de l'ordre social, dans laquelle la royauté se positionnait à la fois comme un modèle de vertu et de puissance.

Les rois et les reines apparaissent non seulement comme des figures politiques mais aussi comme des agents actifs dans la construction de l'identité sociale. Les monnaies et les sceaux témoignent de cette présence royale, où l'image du roi et de la reine est régulièrement mise en avant, symbolisant non seulement l'autorité mais aussi l'harmonie et la prospérité au sein du royaume. Par exemple, les pièces représentant Kumaragupta I et sa femme montrent l'importance de l'union matrimoniale dans la consolidation de la légitimité dynastique. Ces alliances stratégiques entre familles royales ont toujours joué un rôle crucial dans les rapports de pouvoir de l'époque, et elles sont souvent soulignées dans les inscriptions de l'époque, comme celles de la prashasti d'Allahabad ou de l'inscription de Bhitari de Samudragupta.

Cependant, la royauté n'était pas un domaine réservé exclusivement aux hommes. Des figures telles que Prabhavatigupta, épouse de Vakataka, exerçaient un pouvoir politique notable, notamment en gestion de dons et en participation active à la politique de leur époque. Cela remet en question l'idée d'un rôle passif des femmes dans la société ancienne et met en lumière des exceptions qui ont pu avoir un impact important sur les dynamiques de pouvoir.

La pratique de la polygynie dans les milieux royaux et parmi les élites non royales est également documentée, notamment dans les écrits du Kamasutra de Vatsyayana. Ce texte, tout en étant une réflexion sur les pratiques sexuelles, aborde aussi la structure familiale, l'éthique conjugale et les rapports de genre. Loin d’être un simple manuel de séduction, il offre un aperçu des normes sociales et des relations de pouvoir au sein des ménages royaux, qui étaient marquées par des mariages multiples et des alliances stratégiques.

L’impact de la religion et de la spiritualité sur les pratiques sociales est aussi manifeste dans la société de l’époque. Le rôle des femmes, notamment des reines, dans les sacrifices royaux est symbolisé par des représentations sur les monnaies, comme celles montrant une reine tenant un balai pour purifier le cheval lors de sacrifices ashvamedha, un rituel de consécration royale. La puissance divine et royale se confondait souvent, et la dévotion religieuse était un moyen de renforcer l’autorité terrestre.

Le commerce et l'exportation étaient également des éléments clés de cette époque. Des régions comme le Kerala, productrices de poivre et de cardamome, étaient des centres commerciaux majeurs, exportant leurs produits vers l'Asie du Sud-Est, et au-delà. Des textes comme la Silappadikaram évoquent les navires envoyés par les rois pour transporter des marchandises précieuses telles que le bois d'agar, la soie, le camphre et les épices. Ces échanges économiques avaient non seulement une importance commerciale mais aussi une dimension symbolique, renforçant les réseaux diplomatiques et commerciaux entre les royaumes.

La structure sociale de l'Inde ancienne n’était pas figée mais se caractérisait par des hiérarchies complexes, influencées par les rapports entre castes, les rôles genrés et les structures politiques. Les divisions de travail étaient omniprésentes, et les travailleurs spécialisés, y compris les artisans yavanas (souvent d’origine étrangère), jouaient un rôle vital dans la vie urbaine. Les commerçants indiens étaient décrits comme menant une vie somptueuse, un contraste saisissant avec les travailleurs et les serviteurs, qui étaient souvent relégués à des rôles subalternes et parfois invisibles.

Il est crucial de comprendre que les relations sociales, économiques et politiques de l’Inde ancienne étaient intimement liées à des pratiques religieuses et culturelles, qui véhiculaient une vision du monde où le pouvoir, tant spirituel que temporel, était exercé de manière concentrique autour de la figure royale et des institutions religieuses. La royauté, tout en étant un centre de pouvoir, était aussi un reflet des valeurs sociétales et des normes établies par la religion et la caste. De plus, les structures sociales décrites dans les sources anciennes révèlent une société en transformation, où des dynamiques de pouvoir, de religion et de commerce s’entrelacent pour créer un tissu social dynamique mais rigide à la fois.

Comment les produits domestiques et artisanaux façonnaient la vie des habitants de la civilisation Harappéenne ?

La faune qui peuplait les environs de Shikarpur, pendant la période Harappéenne, était diverse, comprenant des animaux sauvages tels que le blackbuck, la gazelle, diverses espèces de cerfs, le sanglier, l'âne sauvage, le chacal, le lièvre et le rhinocéros. Les animaux domestiqués, quant à eux, incluaient le bétail, le buffle, les moutons et chèvres, les chevaux, les porcs et les chiens. Une étude des ossements a révélé qu'en moyenne, les restes d'animaux domestiques constituaient plus de 85 % de l'ensemble faunique, tant au cours de la phase Harappéenne précoce que durant sa phase mature. Parmi ces restes, les os de bétail étaient les plus nombreux. Dans la phase précoce, 77,48 % des os étaient de bétail, un pourcentage qui ne varia que légèrement pour atteindre 77,84 % dans la phase mature. Les os de mouton et de chèvre représentaient 11,26 % dans la phase précoce, tandis qu’ils chutaient à 4,63 % dans la phase mature. Les os de buffle étaient présents dans les deux phases, respectivement à hauteur de 4,28 % et 4,61 %. Les restes de chien, bien que trouvés uniquement dans la phase mature, étaient extrêmement rares, représentant seulement 0,116 % des os analysés. Quant aux chevaux, leurs ossements étaient encore plus rares, à seulement 0,13 %, et se limitaient à la phase mature.

L’étude des os et des dents a montré que les animaux domestiqués étaient abattus à des âges variés. Les bovins et les buffles, par exemple, étaient généralement tués à maturité, vers l'âge de 3 ans, mais certains étaient sacrifiés à un âge plus avancé, jusqu'à 8 ans, ce qui suggère qu’ils étaient également utilisés pour leurs produits secondaires, comme le lait ou comme bêtes de trait. Les moutons et les chèvres étaient tués plus jeunes, généralement entre 6 mois et 2 ans, ce qui indique qu’ils étaient principalement élevés pour leur viande. Vers la fin de la phase mature à Shikarpur, l’exploitation des animaux sauvages semble avoir augmenté, bien qu'il soit difficile de déterminer si cette tendance était le résultat de facteurs comme une baisse de la production agricole, une défaillance des récoltes dues à des conditions climatiques défavorables, une pression démographique ou une combinaison de plusieurs facteurs.

Les traditions artisanales de la civilisation Harappéenne étaient également remarquables. À l’opposé de l’idée initiale d’une culture austère, les artefacts Harappéens révèlent une sophistication technologique avancée. Les fouilles ont mis au jour une grande variété d’objets artisanaux produits en masse, bien souvent standardisés, mais présentant une finesse technique plus grande que celle observée dans les phases culturelles antérieures. Les artisans Harappéens excellaient dans la fabrication de céramiques, d'objets en terre cuite, de faïence, et d'objets métalliques. Les poteries, fabriquées à grande échelle, étaient principalement cuites dans des fours à forme conique, mais l’on suspecte également l’utilisation de fours ouverts. Ces poteries comprenaient des articles décorés avec des motifs géométriques simples, mais aussi des motifs picturaux tels que des écailles de poisson, des feuilles de pipal et des cercles entrecroisés. Certains pots, peints de façon élaborée, semblaient avoir une fonction cérémonielle ou étaient réservés aux élites.

Les figurines en terre cuite retrouvées dans les sites Harappéens, représentant des animaux comme des taureaux, des buffles, des singes et des chiens, ainsi que des figures humaines, témoignent de l’importance de l’artisanat dans la vie quotidienne. Ces objets étaient souvent utilisés à des fins rituelles ou symboliques. Les artisans Harappéens fabriquaient aussi des bracelets et des anneaux en faïence, une pâte à base de quartz broyé colorée avec des minéraux, et leurs méthodes de glaçage étaient parmi les plus avancées de l'époque. Par ailleurs, les bangles en faïence et en pierre dure, très polies et souvent marquées de petits signes, étaient des éléments de parure très prisés.

La fabrication de bijoux et de petites figurines en faïence est un autre exemple de leur habileté artisanale, tout comme les objets métalliques réalisés en alliages divers, souvent utilisés dans la vie quotidienne, voire dans des contextes plus solennels. Il existe aussi une grande variété d'objets en pierre fabriqués, comme des lames en silex, qui étaient probablement utilisées comme couteaux ou faucilles. Ces outils étaient produits dans des carrières identifiées, comme celles des collines de Rohri dans le Sindh, et parfois, des outils en pierre étaient même fabriqués à domicile, ce qui témoigne d’un degré d'autosuffisance au sein de la société Harappéenne.

La production artisanale à grande échelle et l’usage des produits manufacturés dans le quotidien montrent à quel point les sociétés Harappéennes étaient interconnectées et spécialisées. La maîtrise de ces différentes techniques était non seulement un moyen d'assurer la subsistance, mais aussi un signe distinctif du niveau de développement de cette civilisation, largement intégré dans l'économie et la culture.