La théorie de l'intersection est essentielle pour l'étude des courbes sur des variétés projectives lisses. Dans ce contexte, l'intersection entre une courbe et un diviseur nous permet de comprendre les propriétés géométriques et topologiques de la variété. Par exemple, considérons un diviseur H=V(x24y3)A2H = V(x^2 - 4y^3) \subset A^2 et deux courbes définies par C=V(xy)C = V(xy) et C=V((x2y3)(y2x3))C' = V((x^2 - y^3)(y^2 - x^3)). Nous cherchons à déterminer la multiplicité d'intersection en un point donné oA2o \in A^2. Dans le premier cas, HH coupe les deux branches de CC avec des multiplicités 2 et 3 respectivement. Le calcul de l'intersection nous donne i(C,H;o)=5i(C,H; o) = 5, ce qui correspond à la somme des multiplicités des branches, conformément au corollaire A.4.2.

Dans le deuxième cas, nous utilisons des paramétrisations pour les deux composants de la courbe CC', obtenant ainsi les équations g1=t44t6g_1 = t^4 - 4t^6 et g2=t64t6=3t6g_2 = t^6 - 4t^6 = -3t^6. Le calcul de la multiplicité d'intersection donne une valeur de 10, égale à la somme des multiplicités, ce qui confirme la prévisibilité de la théorie. Ces résultats illustrent la façon dont la théorie de l'intersection peut être utilisée pour déterminer des informations géométriques profondes sur les courbes et leurs intersections.

Il est également important de souligner que le concept d'intersection entre une courbe CC et un diviseur DD peut être généralisé à des variétés projectives lisses de dimension supérieure. En effet, pour une courbe CXC \subset X, où XX est une surface projective lisse et DD est un diviseur quelconque, le nombre d'intersection est bien défini. Ce nombre peut être calculé comme une somme sur les points de l'intersection, en prenant en compte les multiplicités locales et les propriétés géométriques des diviseurs.

Le corollaire A.4.4 montre que si H1H_1 et H2H_2 sont deux diviseurs effectifs sur une variété lisse, et si H1H2H_1 \sim H_2, alors la somme des multiplicités d'intersection avec la courbe CC est la même pour H1H_1 et H2H_2. Cela découle du fait que les diviseurs H1H_1 et H2H_2 sont linéairement équivalents, ce qui implique qu'ils induisent la même contribution à la multiplicité d'intersection.

Lorsqu'on analyse les intersections sur des surfaces projectives lisses, un concept central est celui du diviseur canonique. Pour une variété projective lisse XX, le diviseur canonique KXK_X est défini comme la différence entre le diviseur des zéros d'une section de l'espace de sections H0(X,ωX(aH))H^0(X, \omega_X(aH)) et un multiple du diviseur hyperplanaire HH. Cette notion est cruciale pour l'étude des classes de diviseurs et de la géométrie des variétés projectives lisses.

Le processus de soufflage d'une surface projective, comme décrit dans la proposition A.4.6, est un autre aspect fondamental de la géométrie des courbes sur ces variétés. Lorsqu'une surface projective XX est soufflée à un point pp, le diviseur exceptionnel EE associé à ce point a une intersection négative avec lui-même, c'est-à-dire EE=1E \cdot E = -1. Ce phénomène est d'une grande importance pour l'analyse des singularités et des courbes qui se rencontrent en ces points.

De plus, dans le cadre des surfaces projectives, la formule de Riemann-Roch fournit des informations cruciales sur les caractéristiques des courbes et des diviseurs. Le théorème A.4.12, qui exprime la caractéristique d'Euler d'un diviseur DD sur une surface projective XX, établit une relation entre le degré du diviseur et son intersection avec le diviseur canonique KXK_X, ce qui permet de calculer la caractéristique d'Euler pour des diviseurs plus complexes.

Ces résultats sont essentiels pour l'étude des courbes et de leurs intersections dans des contextes géométriques et topologiques plus larges. La théorie des intersections permet de donner des réponses précises à des questions sur les propriétés géométriques des courbes, en utilisant des outils comme les diviseurs, la multiplicité d'intersection et les suites exactes en cohomologie.

Il est crucial de noter que la compréhension des intersections, en particulier des intersections multiples, joue un rôle déterminant dans l'analyse des singularités et dans la classification des variétés projectives. L'étude de ces intersections, combinée à des concepts tels que le soufflage et la théorie de la dualité de Serre, ouvre des perspectives profondes pour la géométrie algébrique moderne et l'étude des singularités des variétés.

Comment calculer une base de Gröbner pour un module de polynômes et les propriétés associées

Lorsqu'il s'agit de travailler avec des idéaux et des sous-modules dans le contexte des modules de polynômes, un outil fondamental qui permet de simplifier les calculs et d'analyser les relations algébriques est la base de Gröbner. Le théorème central qui est souvent utilisé pour déterminer les bases de Gröbner est celui de la division avec reste, un algorithme crucial dans le cadre des algèbres de polynômes.

Soit F=SmF = S^m un module libre sur un anneau SS, et supposons que nous disposons d'un ordre monomial global >> sur FF. Pour un ensemble de vecteurs polynomiaux f1,f2,,frf_1, f_2, \dots, f_r non nuls dans FF, le théorème de la division avec reste nous garantit qu'il existe une décomposition unique d'un vecteur polynômial fFf \in F sous la forme :

f=g1f1+g2f2++grfr+h,f = g_1 f_1 + g_2 f_2 + \cdots + g_r f_r + h,

hh est un reste, et les termes g1,g2,,grg_1, g_2, \dots, g_r sont les coefficients dans cette combinaison linéaire. La division avec reste doit respecter certaines conditions concernant les termes principaux des polynômes impliqués. En particulier, aucun terme de gjg_j ne doit être un multiple d'un terme principal Lt(fi)\text{Lt}(f_i) pour i<ji < j, et aucun terme du reste hh ne doit être un multiple d'un terme principal Lt(fj)\text{Lt}(f_j). Cette propriété est essentielle pour garantir la terminabilité de l'algorithme, ainsi que la validité de la division.

L'algorithme de division avec reste est basé sur l'idée que l'ordre monomial global >> assure que les chaînes décroissantes de monomiaux dans FF sont finies. Cela signifie que le processus de division ne peut pas continuer indéfiniment et qu'il est garanti de se terminer après un nombre fini d'étapes. De plus, cet algorithme ne nécessite pas une connaissance exacte de l'ordre monomial complet, mais seulement des termes principaux des polynômes impliqués. Cela simplifie grandement le calcul, car il suffit de connaître la structure des termes principaux Lt(fj)\text{Lt}(f_j).

Un élément clé de cette approche est le fait que les sous-modules de FF sont finis générés, ce qui permet de démontrer que chaque sous-module a une base de Gröbner. Ainsi, pour un sous-module IFI \subset F, la base de Gröbner de II peut être obtenue en appliquant l'algorithme de division avec reste, et la base de Gröbner constitue un ensemble générateur pour II.

Dans le cadre de cette théorie, on peut aussi définir des idéaux monomiaux comme étant des idéaux formés par des termes principaux d'un ensemble de vecteurs polynomiaux. Si les vecteurs f1,f2,,frf_1, f_2, \dots, f_r forment une base de Gröbner pour un idéal II, alors les termes principaux de ces vecteurs génèrent un idéal principal associé, et tout polynôme dans l'idéal peut être exprimé comme une combinaison linéaire de ces vecteurs avec un reste nul. Cela permet de déterminer si un polynôme ff appartient ou non à l'idéal généré par f1,f2,,frf_1, f_2, \dots, f_r en effectuant une division avec reste.

En ce qui concerne les syzygies, celles-ci jouent un rôle essentiel dans la théorie des bases de Gröbner. Une syzygie est une relation linéaire entre les générateurs d'un module qui est particulièrement utile pour résoudre des systèmes d'équations polynomiales. Si f1,f2,,frf_1, f_2, \dots, f_r forment une base de Gröbner pour un idéal, les syzygies associées à ces générateurs sont des éléments du noyau du morphisme φ:F1F\varphi: F_1 \rightarrow F défini par φ(ei)=fi\varphi(e_i) = f_i. Ces syzygies permettent d'analyser les relations entre les polynômes et de simplifier les calculs dans le cadre des algèbres de polynômes.

Une méthode pour vérifier si un ensemble de polynômes forme une base de Gröbner est le critère de Buchberger. Selon ce critère, un ensemble f1,f2,,frf_1, f_2, \dots, f_r est une base de Gröbner de l'idéal généré par ces polynômes si, pour chaque jj, il existe une décomposition de la division de chaque terme minimal xαfjx_\alpha f_j par le reste de l'ensemble f1,f2,,frf_1, f_2, \dots, f_r avec un reste nul. Ce critère est essentiel dans la pratique, car il permet de tester systématiquement si un ensemble donné de polynômes forme une base de Gröbner.

Pour appliquer ce critère et trouver une base de Gröbner, on peut utiliser des algorithmes comme celui de Buchberger. Ce dernier permet de générer une base de Gröbner en itérant sur les relations syzygiques et en utilisant la division avec reste pour ajuster les polynômes générateurs jusqu'à ce que les conditions de la base de Gröbner soient satisfaites. Une fois que l'on a trouvé une base de Gröbner pour un idéal, il est possible de simplifier de nombreux calculs dans le cadre de la géométrie algébrique et des systèmes d'équations polynomiales.

En résumé, la division avec reste et les bases de Gröbner sont des outils puissants pour étudier les sous-modules de modules de polynômes. Ces concepts sont liés à des algorithmes efficaces qui permettent de résoudre des systèmes d'équations polynomiales, de simplifier les calculs dans le contexte des idéaux et d'analyser les structures algébriques sous-jacentes. Le critère de Buchberger, qui repose sur la division avec reste, permet de vérifier si un ensemble de générateurs forme une base de Gröbner, ce qui en fait un outil indispensable pour les mathématiques computationnelles.