La culture Jorwe, découverte pour la première fois sur le site de Jorwe, s'est rapidement étendue à une vaste région du Deccan, couvrant presque la totalité du Maharashtra moderne, à l'exception du district côtier de Konkan. Les vallées Pravara et Godavari semblent avoir constitué la zone nucléaire de cette culture, tandis que la zone périphérique s'étendait jusqu'aux rivières Tapi au nord et Krishna au sud. Les principaux sites fouillés, tels que Daimabad, Inamgaon, Theur, Songaon, Chandoli, Bahal, Prakash, Jorwe et Nevasa, témoignent de l'envergure de cette civilisation. Parmi ces sites, Inamgaon, Daimabad et Prakash se distinguent par leur taille, chacun couvrant plus de 20 hectares, ce qui indique la présence de villages agricoles permanents. Les autres sites, comme Jorwe et Bahal, sont de taille moyenne, tandis que des lieux comme Walki et Gotkhil étaient probablement occupés de manière saisonnière, associant agriculture et pastoralisme. Garmals, quant à lui, semble avoir été un camp temporaire situé près d'une source de chalcédoine.
Les fouilles effectuées à Inamgaon et ailleurs ont permis de dater la culture Jorwe entre 1400 et 700 avant notre ère. Ces dates ont révélé une évolution notable, avec une phase précoce de la culture Jorwe, puis une phase tardive qui marque un tournant dans les pratiques économiques et sociales.
La poterie Jorwe est particulièrement raffinée, bien cuite et riche en formes et en décorations. Les pots présentent une surface mate rouge ou orange, sur laquelle des motifs géométriques sont peints en noir. Les formes incluent des bols à côtés concaves, des jarres à bec verseur et des pots à col haut à profil globulaire. Outre ces pièces fines, des poteries plus grossières, faites à la main, ainsi que des lampes ovales en céramique rouge et grise, ont également été découvertes. Un four à poterie a été mis en évidence à Inamgaon, ce qui témoigne de l'importance de l'artisanat dans la vie quotidienne de ces sociétés.
Les artefacts en cuivre découverts à Inamgaon et sur d'autres sites incluent des couteaux, des ciseaux, des hameçons, des haches et des ornements tels que des bracelets et des perles. Ces objets étaient fabriqués à partir de matériaux divers tels que la terracotta, le jaspe, l'ivoire, la cornaline, ainsi que des coquilles, de la stéatite, de la faïence, du verre de pâte, de l'amazonite, du serpentine, du cuivre, de l'or et du calcite. Les perles en coquillage trouvées à Inamgaon sont particulièrement intéressantes, car ce site était situé à environ 200 km de la mer, ce qui suggère des échanges commerciaux significatifs entre les régions intérieures et côtières. Parmi les pierres semi-précieuses, le jaspe et la cornaline, qui étaient disponibles localement, étaient utilisés plus fréquemment que ceux provenant de sources plus lointaines.
Les fouilles d'Inamgaon ont également révélé des figurines en terre cuite, humaines et animales, retrouvées à tous les niveaux stratigraphiques. Les figurines féminines semblent avoir eu une signification cultuelle potentielle, et la grande quantité de figurines de taureaux suggère que cet animal pourrait avoir été vénéré. Les tombes retrouvées à Inamgaon sont principalement des sépultures d'enfants, enterrés dans des fosses avec deux urnes placées horizontalement, tête à tête.
Les découvertes à Daimabad, en particulier celles de la période V, ont permis de mettre en lumière l'organisation de la société Jorwe. La croissance de l'occupation du site, atteignant 30 hectares à cette époque, est accompagnée de traces de murs fortifiés en boue avec des bastions. Les maisons de divers artisans tels que le boucher, le potier, le fabricant de perles et le commerçant ont été identifiées. Une structure elliptique avec des chemins d'accès enduits de bouse de vache a été retrouvée, entourée de pots contenant des offrandes, y compris des objets en cuivre, des pierres sculptées et des manches d'outils en os de bétail.
Les recherches sur l'alimentation et la santé des habitants d'Inamgaon révèlent une évolution intéressante de leur régime alimentaire. Les analyses d'éléments trace sur des échantillons d'os humains ont permis de dégager plusieurs conclusions importantes. Pendant la phase précoce de la culture Jorwe, les habitants consommaient une alimentation principalement basée sur l'agriculture, comprenant des produits végétaux, des aliments d'origine animale et des produits laitiers. La période tardive, en revanche, montre une alimentation plus riche en produits animaux, en poissons et en plantes récoltées localement. La différence de régime alimentaire entre les habitants des maisons centrales et périphériques suggère l'existence de distinctions sociales marquées. L'analyse des os a également révélé des maladies dégénératives des articulations, des fractures et des carences, telles que le scorbut infantile, qui témoignent des conditions de vie difficiles.
L'organisation sociale et politique semble être hiérarchique, comme en témoignent la disposition des habitations, les structures de gestion de l'eau et les travaux publics collectifs, tels que des murs de protection contre les inondations et des canaux d'irrigation. Les fouilles à Inamgaon ont également mis en lumière une organisation planifiée des habitations, avec des maisons disposées en rangées et des espaces ouverts entre elles, suggérant un certain degré de planification urbaine. Les maisons des artisans se situaient principalement à la périphérie, tandis que celles des agriculteurs et des individus plus privilégiés étaient situées au centre du village, avec des structures communes pour le stockage des récoltes et des rituels communautaires.
Les changements sociaux et politiques dans le nord de l'Inde au VIe siècle avant J.-C. : un tournant historique
La vallée du Gange, au VIe siècle avant J.-C., a été le théâtre de bouleversements philosophiques et politiques qui ont marqué un tournant dans l’histoire de l’Inde antique. Si 600 avant J.-C. est souvent pris comme le point de départ de l’époque historique dans le nord de l’Inde, il faut comprendre cette date comme une indication approximative, dans le cadre d’un processus historique s’étendant sur plusieurs siècles. Cette période est marquée par une transformation radicale de la structure sociale, politique et économique, fruit de dynamiques longues et complexes.
L’apparition des premières grandes cités dans la vallée du Gange est l’un des principaux signes de ce changement. La fin de la période védique et l’émergence des grandes cités, comme Rajagaha, Savatthi, et Varanasi, témoignent d’une urbanisation rapide et d’une concentration du pouvoir politique et économique. Ces cités n’étaient pas seulement des centres politiques, mais aussi des lieux où s’épanouissaient des échanges commerciaux intenses, des pratiques artisanales diversifiées, et des structures sociales plus complexes. Les métiers, les guildes et les occupations urbaines contribuaient à la dynamique de ces cités qui étaient des pôles d’attraction pour les marchands et les artisans.
En parallèle, la société indienne connaissait une mutation significative dans ses fondements sociaux et religieux. La structure rigide de la caste, ou varna, qui avait émergé durant la période védique, commençait à se diversifier et à se complexifier. À côté des grands royaumes se formaient des républiques, les ganas ou sanghas, fondées sur une organisation politique plus égalitaire, où les décisions étaient prises collectivement, contrairement aux monarchies autoritaires des grands royaumes. Les conflits politiques étaient fréquents et la compétition pour le contrôle du territoire et des ressources était intense, comme en témoignent les expansions successives de l’empire Magadhan.
Les invasions perses et macédoniennes, aux alentours de 500 avant J.-C., ont ajouté une dimension étrangère à ce contexte, accélérant encore la transformation de la région. Les échanges avec le monde extérieur, particulièrement avec la Perse et la Grèce, ont non seulement renforcé les structures économiques mais ont également permis une introduction de nouveaux concepts politiques et sociaux. L’arrivée d’Alexandre le Grand et la fondation des dynasties grecques dans le nord-ouest de l’Inde ont, par exemple, introduit de nouveaux modèles administratifs et de gouvernance.
Dans le domaine social, la période fut marquée par l'émergence de nouvelles élites, telles que les gahapati et les setthi, des notables riches et influents qui possédaient des terres et des commerces florissants. Ce groupe a progressivement remplacé les anciens aristocrates royaux comme forces motrices du changement économique et social. L'essor de ces nouveaux acteurs économiques a contribué à la recomposition du tissu social, avec des hiérarchies moins rigides et plus fluides que celles dictées par les anciennes structures varna.
Les bouleversements religieux ont également été fondamentaux pendant cette époque. La tradition renonciatrice, incarnée par des mouvements comme le bouddhisme et le jaïnisme, a pris son essor. Des figures comme le Bouddha et Mahavira ont contesté l’ordre social établi, en prônant des voies alternatives de libération spirituelle qui rejetaient la hiérarchie rigide de la société védique. Le Bouddha, par exemple, en s’adressant à son disciple Ananda dans le Mahaparinibbana Sutta, évoque l'ancien éclat de la ville de Kusinara, soulignant ainsi la nature éphémère des grandeurs matérielles et le caractère transitoire des structures sociales. La révolution philosophique qui s’est déroulée en Inde à cette époque a ouvert la voie à une révision fondamentale des notions de caste, de karma et de réincarnation.
Par ailleurs, les changements liés à l’agriculture et à l’expansion des terres cultivables ont joué un rôle essentiel dans l’évolution des sociétés nord-indiennes. L’introduction de nouvelles techniques agricoles, couplée à une croissance démographique, a permis une augmentation significative de la production alimentaire, soutenant ainsi la croissance urbaine. Les nouvelles villes, loin de se limiter à des fonctions politiques et religieuses, devenaient des centres d’intense activité économique et commerciale. Le commerce, facilité par la circulation des biens à travers le sous-continent et au-delà, est devenu un facteur clé du développement social.
Les premiers vestiges de l’écriture en pierre, apparaissant à partir de la période Maurya, ainsi que les découvertes archéologiques récentes à Lumbini, notamment les excavations menées en 2011–12, apportent de nouveaux éclairages sur cette période. Ces fouilles ont révélé la présence d’un sanctuaire pré-Ashokan et des structures en bois datant de périodes antérieures, suggérant que l’Inde du VIe siècle avant J.-C. possédait déjà des formes de délimitation et de sacralisation de l’espace qui anticipaient les constructions religieuses et les systèmes de croyances qui marqueront les siècles suivants.
Enfin, il est essentiel de noter que cette période, marquée par des conflits politiques, des changements sociaux et des débats philosophiques intenses, a servi de fondation pour de nombreux aspects de la culture indienne qui se développeront au cours des siècles suivants. La confrontation entre les traditions védiques et les nouvelles écoles philosophiques comme le bouddhisme et le jaïnisme, ainsi que la montée en puissance des grandes dynasties comme celle des Mauryas, ont façonné un modèle de société et de gouvernance qui perdure encore dans de nombreuses structures sociales et politiques de l’Inde contemporaine.
Quelle est la signification historique de la dynastie Pushyabhuti et du rôle de Xuanzang dans sa compréhension ?
Les informations concernant la dynastie Pushyabhuti proviennent de deux sources principales : Harshacharita, une biographie en prose écrite par Banabhatta, poète de la cour du roi Harshavardhana, et les récits du moine chinois Xuanzang. Cette dynastie, fondée par les Pushyabhutis, avait son centre dans la région de Sthanishvara (actuel Thanesar, dans le district d'Ambala, au Punjab). Bien que peu de choses soient connues sur les trois premiers rois de la dynastie, le quatrième roi, Prabhakaravardhana, est décrit dans le Harshacharita comme un général prestigieux, ayant remporté de nombreuses victoires militaires.
Le mariage de la princesse Rajyashri avec Grahavarman, le souverain de Maukhari, a scellé une alliance stratégique entre les Pushyabhutis et les Maukhari de Kanyakubja (Kannauj), voisins à l'est. L’histoire tragique qui suivit est détaillée par Banabhatta : après la mort de Prabhakaravardhana, son fils Rajyavardhana monta sur le trône en 605 de notre ère. Cependant, le roi Malava tua Grahavarman, et Rajyashri fut capturée. Rajyavardhana, menant une expédition pour libérer sa sœur, se battit contre l'armée de Malava et, peu après, contre l’armée de Shashanka, roi de Gauda (Bengale). Selon le Harshacharita, Rajyavardhana mourut par une ruse de Shashanka. Harshavardhana, son frère cadet, devint roi. Parmi ses premières actions, il libéra sa sœur qui était sur le point de commettre le sati à Kannauj, que les Pushyabhutis finirent par annexer.
L’ascension de Harsha marqua le début de son règne, lequel fut marqué par des confrontations militaires. Bien qu’il défît Shashanka, ce dernier parvint à regagner ses territoires. Harsha imposa sa domination sur les royaumes de Sindh, Valabhi et le Cachemire, tout en étant confronté à une défaite écrasante contre Pulakeshin II, roi des Chalukyas, comme l’indique l'inscription d'Aihole. Cependant, les détails de cette bataille, ainsi que l'ampleur de la défaite, sont sujets à des interprétations divergentes. Les frontières de l'empire d'Harsha étaient vastes, incluant l’Haryana, une partie du Punjab méridional et de l'est du Rajasthan, et l'annexion du royaume Maukhari apporta une extension en Uttar Pradesh et dans certaines parties du Bihar.
Harsha jouit également d'une influence politique considérable, allant au-delà des territoires sous son contrôle direct, des royaumes comme Kamarupa, le Cachemire, Valabhi et Malava lui rendant allégeance. L’ère de Harsha est aussi marquée par des échanges diplomatiques avec la Chine, notamment par l’envoi de trois ambassades de part et d’autre. Les récits de Xuanzang, qui a visité l'Inde sous Harsha, apportent des informations précieuses sur la splendeur de Kannauj, la capitale impériale, et sur la gestion minutieuse du royaume par Harsha. Selon Xuanzang, Harsha divisait sa journée en trois parties : l'une consacrée aux affaires administratives, et les deux autres aux œuvres religieuses. Harsha parcourait fréquemment son royaume et organisait des assemblées périodiques auxquelles assistaient les rois subordonnés, renforçant ainsi la hiérarchie politique.
Harsha est aussi reconnu pour ses largesses religieuses, notamment en offrant des terres à des fins religieuses. Il est possible que ses ministres et officiers aient été rémunérés de cette manière. Xuanzang, dans ses écrits, décrit le roi comme un souverain vertueux, courageux et bienveillant envers le bouddhisme. Il enregistre également ses audiences avec Harsha, établissant ainsi des relations diplomatiques entre Kannauj et la cour Tang en Chine.
Cependant, l’œuvre de Xuanzang, tout en étant une source précieuse pour comprendre l'Inde du VIIe siècle, doit être lue avec un esprit critique. Il est essentiel de prendre en compte la perspective de Xuanzang, qui était un moine bouddhiste en mission, et de comprendre le contexte dans lequel il a écrit. Ses observations sont parfois idéalisées et peuvent ne pas toujours refléter une réalité factuelle. Par exemple, il fait l'éloge de l’observance de la piété filiale en Inde, en soulignant que ceux qui transgressaient cette vertu étaient punis sévèrement, une vision très marquée par ses propres croyances culturelles chinoises. De plus, Xuanzang, bien qu'il ait décrit avec minutie des lieux qu'il n’a peut-être pas visités lui-même, s'appuyait parfois sur les récits d'autres voyageurs, comme le moine Faxian.
Xuanzang et ses récits sont donc un produit d'une époque et d'une tradition. Son travail, en tant que chroniqueur, a eu un rôle clé dans la transmission de connaissances sur l'Inde, mais aussi sur la diplomatie et les échanges religieux entre la Chine et l'Inde au VIIe siècle. Ces échanges ont renforcé non seulement les relations entre les deux nations, mais ont également favorisé une circulation intellectuelle et religieuse qui a laissé des traces durables dans les deux civilisations.
Quel rôle les concepts philosophiques et religieux ont-ils joué dans l'organisation sociale et culturelle du sous-continent indien ?
La complexité de la société indienne pré-moderne repose sur des principes philosophiques et religieux qui ont façonné ses structures sociales et culturelles. Ces systèmes de pensée, en particulier ceux qui proviennent de l'hindouisme, du bouddhisme et du jaïnisme, ont influencé non seulement la cosmologie et les croyances, mais aussi les pratiques sociales et les systèmes politiques.
Le Samkhya, une des écoles philosophiques les plus anciennes de l'Inde, offre une vue du monde en termes de dualité entre purusha (le principe spirituel) et prakriti (la matière ou la nature). Cette division fondamentale reflète la vision du monde de nombreux textes védiques et est devenue la base de diverses pratiques spirituelles, y compris les pratiques de méditation et de renonciation. La conception de la nature comme un ensemble de principes matériels et spirituels a eu un impact direct sur la manière dont la société était organisée, avec une distinction nette entre les activités spirituelles et matérielles, souvent incarnées dans des institutions monastiques comme la sangha bouddhiste ou jaïna, et dans les pratiques des ashramas, les stades de la vie humaine.
La notion de samskaras, ces rituels marquant les étapes importantes de la vie, met en lumière un aspect essentiel de la culture indienne ancienne : le rôle central des rites de passage. De la naissance à la mort, chaque individu était immergé dans une série de rites qui non seulement structuraient son existence spirituelle, mais aussi marquaient son statut social. Les samskaras ne se limitaient pas à la sphère religieuse ; elles renforçaient et maintenaient les hiérarchies sociales, à travers des actions et des traditions spécifiques qui différaient selon les castes.
Un autre concept central est celui de la varna, le système des quatre grandes catégories sociales : Brahmanes, Kshatriyas, Vaishyas et Shudras. Cette hiérarchisation sociale est intimement liée aux pratiques de Sanskritization, un phénomène où les groupes sociaux de rang inférieur cherchaient à imiter les comportements et les pratiques des castes supérieures afin d'améliorer leur statut social. Ce processus montre comment les systèmes de croyances religieuses ont structuré les relations sociales et économiques, renforçant la division et la stratification au sein de la société.
L'impact des traditions religieuses et philosophiques s'étendait aussi à la politique. Le concept de state society, ou société d'État, s'est manifesté dans des structures politiques et administratives stratifiées, souvent sous forme de royaumes ou d'ordres monastiques influents. Ces structures n'étaient pas simplement la conséquence d'un pouvoir politique, mais étaient aussi ancrées dans une cosmologie religieuse qui justifiait et maintenait l'ordre social. Par exemple, la sannyasa, l'étape de la complète renonciation, et la vanaprastha, la retraite partielle dans la forêt, étaient vues comme des stades nécessaires de la vie pour ceux qui désiraient se détacher des affaires mondaines et se consacrer uniquement à la spiritualité. Ces pratiques n'étaient pas uniquement des choix spirituels mais aussi des gestes qui renforçaient l'idée que l'harmonie sociale et individuelle était atteinte par le respect des ordres divins et des rituels associés.
De plus, les pratiques de yajna, ou de sacrifices rituels, étaient également au cœur des sociétés anciennes, marquant un lien entre la dimension cosmologique et la vie quotidienne. Le yajamaṇa, celui pour qui le sacrifice était effectué, était non seulement un acteur religieux, mais aussi un acteur social et politique, souvent un roi ou un chef. Ces rituels symbolisaient l'ordre cosmique et les relations entre les hommes et les dieux, mais ils étaient aussi des instruments de pouvoir et de légitimation.
Le concept de dharma, ou devoir moral, est également crucial pour comprendre les interactions entre les individus et la société dans le contexte indien. Les règles de dharma variaient en fonction de la caste, du genre et du statut social, et elles étaient souvent enseignées à travers des textes comme les Smriti, qui incluaient des ouvrages comme les Dharmashastras. Ces textes guidaient non seulement la conduite personnelle mais aussi l'organisation sociale, en détaillant les obligations des individus et des groupes dans la société, et en régulant des pratiques telles que le mariage, l'héritage, et la purification.
Le rôle de l'écriture, notamment à travers des scripts anciens comme le Tamil–Brahmi ou le Siddhamatrika, a aussi facilité la transmission de ces idées philosophiques et religieuses. L'écriture était un moyen de préserver et de diffuser les concepts religieux et philosophiques qui structuraient la vie sociale, tout en servant d'outil de gestion pour les états et les communautés.
L'importance de ces concepts dans le sous-continent indien ne doit pas être sous-estimée. Le modèle de la state society, qu'il soit unitaire ou segmenté, tel que décrit par des chercheurs comme Southall et Stein, montre comment la politique et la culture étaient intimement liées à la structure religieuse. Par exemple, les segmentary states, comme ceux des royaumes du sud de l'Inde au Moyen Âge, où le pouvoir était fragmenté entre différentes unités locales, étaient à la fois des entités politiques et religieuses. La dimension religieuse de ces sociétés était essentielle à leur cohésion et à leur fonctionnement.
Ce phénomène de mélange entre spiritualité et organisation sociale se manifestait également à travers les temples, qui étaient non seulement des lieux de culte mais aussi des centres de pouvoir économique et politique. L'architecture des temples, comme le style sandhara avec son passage entourant le sanctuaire pour les dévotions, illustre cette symbiose entre espace religieux et organisation sociale. La place du temple dans la société ancienne est emblématique de la manière dont le sacré et le profane étaient indissociables.
Ainsi, les traditions philosophiques et religieuses du sous-continent indien ne se limitaient pas à des enseignements spirituels abstraits. Elles formaient un socle sur lequel étaient construites des institutions sociales, politiques et économiques, influençant profondément la structure de la société et la conduite des individus. Comprendre ces systèmes de pensée est essentiel pour appréhender la complexité de l'Inde ancienne, où chaque aspect de la vie, qu'il soit politique, social ou personnel, était enchevêtré dans une trame de croyances et de pratiques religieuses.
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