Soit UU un ensemble ouvert dans Rn\mathbb{R}^n et fC1(U,Rm)f \in C^1(U, \mathbb{R}^m) avec m>nm > n. Si NUN \subseteq U a une mesure de Lebesgue n-nulle, alors l'image f(N)f(N) aura une mesure de Lebesgue m-nulle. Cela découle directement du théorème 5.9 et de la remarque VII.8.12(b). Cette propriété, qui lie la mesure de Lebesgue à la continuité des fonctions, est essentielle pour comprendre l'impact des fonctions sur les sous-ensembles de Rn\mathbb{R}^n de mesure nulle. Cependant, cette conclusion ne tient que lorsque la fonction ff satisfait à des conditions de régularité précises, comme la différentiabilité de classe 1 et la condition m>nm > n.

Si nous supprimons la condition de différentiabilité et que nous nous contentons de la continuité, l'énoncé n'est plus nécessairement vrai. Par exemple, pour N:=[0,1]×{0}R2N := [0, 1] \times \{0\} \subset \mathbb{R}^2, l'ensemble A2(N)=0A^2(N) = 0 mais l'image d'une fonction continue YY peut engendrer un ensemble dont la mesure dépasse zéro, comme l'indique l'exemple du carré de Peano. Il devient ainsi évident que pour que la mesure de l'image d'un ensemble soit nulle, un contrôle plus strict sur la fonction est indispensable.

Le cas où m<nm < n est encore plus intéressant car dans ce scénario, la conclusion échoue également. Prenons par exemple N:=(0,1)×{0}R2N := (0, 1) \times \{0\} \subset \mathbb{R}^2 et une fonction ff telle que f:=pr1C1(N,R)f := \text{pr}_1 \in C^1(N, \mathbb{R}). Ici, bien que A2(N)=0A^2(N) = 0, l'image de NN sous ff, qui est l'intervalle (0,1)(0,1), a une mesure de Lebesgue positive dans R\mathbb{R}, contredisant ainsi l'énoncé initial.

En fait, les théorèmes précédents conduisent à des résultats plus généraux concernant la préservation de la mesurabilité de Lebesgue sous des transformations continues. Par exemple, si ff est une fonction localement Lipschitzienne et ARnA \subseteq \mathbb{R}^n appartient à L(n)L(n), l'ensemble f(A)f(A) appartient à L(m)L(m) avec m>nm > n. Cela découle directement du théorème 5.12, qui repose sur la compacité locale et les propriétés de la mesure de Lebesgue.

Il est aussi important de noter que la mesurabilité de Lebesgue est une propriété locale. En d'autres termes, un ensemble ARnA \subset \mathbb{R}^n est mesurable au sens de Lebesgue si et seulement si chaque point xAx \in A possède un voisinage ouvert UxU_x tel que l'intersection de AA avec UxU_x est également mesurable. Cela démontre que la mesurabilité n'est pas influencée par l'ensemble global, mais plutôt par les comportements locaux des ensembles.

Un autre aspect fondamental de la mesure de Lebesgue est son invariance sous translation. En effet, la mesure de Lebesgue d'un ensemble ne dépend pas de son emplacement dans l'espace. Plus précisément, si Ta:RnRnT_a : \mathbb{R}^n \to \mathbb{R}^n désigne une translation par un vecteur aRna \in \mathbb{R}^n, alors la mesure de Lebesgue d'un ensemble ARnA \subset \mathbb{R}^n reste inchangée après translation : m(Ta(A))=m(A)m(T_a(A)) = m(A). Cela est directement lié à la structure du groupe de translation, ce qui garantit l'invariance de la mesure de Lebesgue dans Rn\mathbb{R}^n.

Cette propriété s'avère utile lorsqu'on examine des ensembles de mesure positive, comme le montre le théorème de Steinhaus, qui affirme que pour tout ensemble AL(n)A \in L(n) tel que m(A)>0m(A) > 0, l'ensemble AAA - A est un voisinage de zéro. Ce résultat met en lumière l'idée que les ensembles de mesure positive ne sont jamais "trop minces" et qu'ils ont toujours une certaine étendue géométrique, même lorsqu'ils sont déplacés dans l'espace.

En conclusion, la mesure de Lebesgue, avec ses propriétés d'invariance par translation et de régularité, joue un rôle central dans la compréhension des fonctions continues et de leurs images. Ces résultats, qui peuvent sembler abstraits, sont fondamentaux pour analyser les comportements géométriques et topologiques des ensembles dans Rn\mathbb{R}^n, en particulier lorsqu'ils sont affectés par des transformations continues ou localement Lipschitziennes.

Comment définir les fonctions mesurables et simples : notions et extensions

Nous parlons de fonctions fEXf \in E^X comme étant pp-simples si f(X)f(X) est fini, si pour chaque eEe \in E, l'inverse de ff, f1(e)f^{ -1}(e), appartient à A\mathcal{A} et si p(f1(E{0}))<p(f^{ -1}(E \setminus \{0\})) < \infty. La notation 5(X,m,E)5(X, m, E) désigne l'ensemble de toutes les fonctions pp-simples de XX vers EE. Dans ce contexte, lorsque l'identité de l'espace de mesure est évidente, on se réfère simplement à ces fonctions comme étant simples plutôt que pp-simples. Il en va de même pour les fonctions pp-mesurables que nous allons introduire.

Une fonction fEXf \in E^X est dite M\mathcal{M}-mesurable si il existe une suite (fj)(f_j) de fonctions dans 5(X,m,E)5(X, m, E) telle que fjff_j \to f presque partout (m-almost everywhere) à mesure que jj tend vers l'infini. On définit alors L0(X,m,E):={fEX;f est m-mesurable}L_0(X, m, E) := \{ f \in E^X; \, f \text{ est } m\text{ -mesurable} \}. Cela nous permet d’étendre la notion de mesurabilité à un large ensemble de fonctions, permettant ainsi d’implémenter des calculs complexes dans un cadre mesurable.

Il existe des inclusions importantes entre les sous-espaces vectoriels 5(X,m,E)L0(X,m,E)EX5(X, m, E) \subset L_0(X, m, E) \subset E^X. La première inclusion reflète le fait que chaque fonction pp-simple est mesurable, et la seconde montre que l'ensemble des fonctions mesurables est plus large, englobant des fonctions qui ne sont pas nécessairement simples mais qui peuvent être approchées par des suites de fonctions simples.

Prenons maintenant un cas particulier. Soit fL0(X,m,E)f \in L_0(X, m, E). Si ff est mesurable, alors il existe un ensemble NN de mesure nulle et une suite (fn)(f_n) de fonctions simples qui converge vers ff presque partout. Pour chaque xNcx \in N^c, la convergence est uniforme. Cela montre que la mesurabilité d’une fonction est liée à sa capacité à être approximée par des fonctions simples, ce qui est fondamental pour de nombreux résultats dans les espaces de mesure.

Les fonctions simples ont une forme unique appelée forme normale. Si f5(X,m,E)f \in 5(X, m, E), elle peut être exprimée comme une somme finie f=j=1mejXAjf = \sum_{j=1}^{m} e_j X_{A_j}, où AjA_j est un ensemble mesurable de mesure finie, ej0e_j \neq 0 et les ensembles AjA_j sont disjoints. Cette forme permet de décrire explicitement des fonctions simples dans les espaces de mesure et est cruciale pour le calcul des intégrales de ces fonctions.

Pour une fonction fL0(X,m,E)f \in L_0(X, m, E), il est possible de trouver une suite de fonctions simples (fn)(f_n) convergeant vers ff presque partout. Cette approximation est essentielle dans l’analyse des fonctions mesurables, notamment dans l’intégration, où il est plus facile de travailler avec des fonctions simples. Il est important de noter que, si l’on souhaite obtenir des résultats de convergence ou des propriétés spécifiques, la notion de fonction mesurable ou simple est incontournable. En effet, les fonctions mesurables sont les seules qui permettent de définir des intégrales de manière cohérente et de garantir que les théorèmes de convergence dominée, par exemple, sont applicables.

Il est également crucial de comprendre qu’une fonction fL0(X,m,E)f \in L_0(X, m, E) peut être approchée par une suite de fonctions simples de manière précise, mais cette approximation dépend de la structure de l’espace de mesure (X,m)(X, m). Par exemple, si m(X)=m(X) = \infty, il peut être nécessaire de diviser XX en sous-ensembles disjoints (Xj)(X_j) tels que la mesure de chaque sous-ensemble soit finie, ce qui permet de garantir que l’intégrale de ff soit bien définie.

Il est essentiel de se rappeler qu’une fonction simple a une forme unique dans un espace de mesure, mais cette forme peut être dépendante de la manière dont les ensembles disjoints sont choisis. La structure des ensembles mesurables, et la façon dont ils sont divisés ou unifiés, joue un rôle fondamental dans la définition de fonctions simples et dans la compréhension de leur comportement sous l’intégration.

Les résultats de convergence pour des suites de fonctions mesurables et simples sont également au cœur des développements en analyse, notamment dans l’étude des limites des intégrales et des séries. La convergence presque partout de fjf_j vers ff, à savoir la convergence en mm-mesurabilité, est une notion clé pour les applications pratiques en analyse, comme l’évaluation des intégrales de Lebesgue.

Comment calculer le codifférentiel et comprendre le rôle de l'opérateur étoile sur les formes différentielles

Dans la géométrie différentielle, le codifférentiel et l'opérateur étoile jouent un rôle essentiel dans la compréhension des formes différentielles sur les variétés riemanniennes. Le calcul explicite des formes différentielles et de leurs relations peut sembler complexe, mais la clarté du processus repose sur l'utilisation de coordonnées appropriées et de propriétés fondamentales des opérateurs impliqués.

Considérons une variété riemannienne orientée (M,g)(M, g), où gg est une métrique riemannienne. Le codifférentiel est défini par l'opérateur δ\delta, qui relie les formes différentielles de degré rr aux formes de degré r1r-1. Il est défini à l’aide de l’opérateur étoile * et de l’opérateur extérieur dd, et il satisfait plusieurs propriétés remarquables. L'opérateur étoile, en particulier, est un outil puissant qui permet de relier des formes différentielles à leurs compléments, en échangeant les indices tout en conservant les propriétés géométriques essentielles de la variété.

Proposition sur le calcul de dxj*dx_j:

Soit (x1,,xm)(x_1, \dots, x_m) un système de coordonnées locales positivement orienté sur MM. Dans ce contexte, on peut calculer explicitement dxj*dx_j, la forme duale de dxjdx_j, comme suit :

dxj=(1)k+1gjkdx1dxj^dxm,*dx_j = (-1)^{k+1} g^{jk} dx_1 \wedge \dots \wedge \hat{dx_j} \wedge \dots \wedge dx_m,

gjkg^{jk} est l'inverse de la matrice de la métrique gg, et dxj^\hat{dx_j} signifie que le terme dxjdx_j est omis dans le produit extérieur. Cette formule démontre comment l'opérateur étoile agit sur une 1-forme pour obtenir une forme de degré m1m-1, à savoir une forme volume sur la variété.

Le codifférentiel:

Le codifférentiel est une opération qui agit sur des formes différentielles et permet de les "réduire" à un degré inférieur tout en préservant la structure géométrique de la variété. Il est défini par la formule :

δa=(1)m(r+1)da,\delta a = (-1)^{m(r+1)} *da,

pour aΩr(M)a \in \Omega^r(M), où rr est le degré de la forme différentielle aa et dada est le différentiel extérieur de aa. L'opérateur étoile joue un rôle central dans cette définition, en associant à chaque forme aa une forme dada, puis en "exécutant" l’opération étoile sur cette forme.

Propriétés importantes du codifférentiel:

  1. δδ=0\delta \delta = 0: Le codifférentiel appliqué deux fois sur une forme donne zéro. Cela découle de la relation entre dd et l’opérateur étoile.

  2. δd=dδ\delta d = d \delta: Le codifférentiel commute avec l’opérateur extérieur dd, une propriété importante pour les calculs complexes en géométrie différentielle.

  3. Le codifférentiel d'une forme de degré mm : Pour une forme volume sur une variété orientée, le codifférentiel est nul. Autrement dit, pour aΩm(M)a \in \Omega^m(M), on a δa=0\delta a = 0.

Exemples de calculs:

Prenons un exemple dans l’espace de Minkowski R1,3\mathbb{R}^{1,3} avec la métrique g=(dt)2(dx)2(dy)2(dz)2g = (dt)^2 - (dx)^2 - (dy)^2 - (dz)^2. Si (x1,x2,x3)(x_1, x_2, x_3) correspond aux coordonnées (x,y,z)(x, y, z), alors l'opérateur étoile agit sur les formes différentielles de manière suivante :

  • (dx1dt)=dx2dx3*(dx_1 \wedge dt) = dx_2 \wedge dx_3,

  • (dx1dx2)=dx3dt*(dx_1 \wedge dx_2) = -dx_3 \wedge dt.

Ce calcul montre comment les coordonnées et la métrique influencent les transformations des formes différentielles sous l’opérateur étoile.

Interprétation géométrique:

L'opérateur étoile, en particulier, peut être vu comme une opération de "dualisation" qui mappe une forme différentielle de degré rr à une forme volume de degré mrm-r, où mm est la dimension de la variété. Par exemple, dans un espace de dimension 4, dx1*dx_1 serait une forme de degré 3, et son calcul dépendra des coordonnées locales et de la métrique utilisée. Cela permet de relier les structures géométriques locales à des informations globales sur la variété, comme le volume et l'orientation.

Dans un espace pseudo-riemannien, comme celui de la relativité, l'opérateur étoile et le codifférentiel sont légèrement modifiés en raison de la signature de la métrique. Les signes de la matrice de la métrique jouent un rôle crucial dans l'ajustement de ces opérations, et ces modifications doivent être prises en compte lors du traitement des formes différentielles dans des variétés pseudo-riemanniennes.

En résumé, le codifférentiel et l’opérateur étoile sont des outils fondamentaux de la géométrie différentielle. Leur compréhension et leur manipulation correcte permettent d'analyser la structure profonde des variétés riemanniennes, tant dans des espaces classiques que dans des espaces pseudo-riemanniens. Les propriétés géométriques telles que la régularité, l’orientation et le volume sont étroitement liées à l’opérateur étoile et au codifférentiel, et leur maîtrise est essentielle pour toute étude avancée de la géométrie différentielle.