La gestion du trafic routier et l’étude des schémas de conduite exigent une approche nuancée, surtout lorsqu'il s'agit de comprendre les comportements des véhicules dans des zones à réseaux routiers complexes, comme c'est souvent le cas en Amérique latine (LATAM). En LATAM, la diversité des véhicules et des infrastructures fait que les études sur les schémas de conduite nécessitent une méthodologie rigoureuse et adaptée. En effet, dans cette région, la plupart des véhicules légers sont alimentés à l'essence, avec des variantes utilisant du bioéthanol, tandis que les véhicules lourds sont généralement diesel et utilisés pour le transport collectif de passagers et de fret. Ce mélange complexe de types de véhicules impose des choix méthodologiques diversifiés pour collecter des données pertinentes.

Le flux de circulation, comme défini dans l’étude des schémas de conduite, s’étend au-delà des simples limites de capacité des routes. En effet, la capacité des routes est souvent submergée par une demande excédentaire, créant des embouteillages fréquents, où chaque véhicule se déplace en suivant de près celui qui le précède, ce qui entraîne une réduction de la vitesse et de la prévisibilité des trajets. Cependant, le concept de "niveau de service" (LoS) utilisé pour décrire l’efficacité des routes néglige certains aspects essentiels, comme la surface de la route et la pente, qui sont d’une importance capitale pour les pays de LATAM.

Un autre aspect crucial est la manière dont les véhicules sont sélectionnés pour l’étude. La méthodologie employée varie selon l’objectif de l’étude. Dans certains cas, on suit le comportement d'un seul véhicule ou d'un sous-ensemble de véhicules, alors que dans d'autres, on utilise un échantillon beaucoup plus large. L'échantillon choisi doit être représentatif de la population, c'est-à-dire refléter la diversité des véhicules en termes de caractéristiques technologiques, afin de garantir que les conclusions tirées peuvent être généralisées à la population dans son ensemble. Ce processus est d’autant plus pertinent dans des études qui cherchent à comprendre des indicateurs comme la consommation de carburant ou les émissions de gaz d’échappement, où la variabilité des caractéristiques des véhicules joue un rôle fondamental.

Les campagnes de suivi des comportements de conduite, qui incluent la collecte de données provenant de véhicules de tailles et de types variés, permettent de mieux comprendre les schémas de conduite dans une zone donnée. Il est essentiel que ces données soient collectées sur une période étendue et à partir d’un large éventail de véhicules, pour obtenir une image fidèle de la circulation sur un réseau routier complexe. Ces échantillons doivent refléter les différences non seulement dans les types de véhicules mais aussi dans les comportements de conduite eux-mêmes, tels que la vitesse, les accélérations positives et les périodes d’immobilité. De plus, les échantillons doivent être analysés pour s’assurer qu’ils sont représentatifs, et ce, indépendamment de la méthode de collecte, qu’il s’agisse d’une méthode probabiliste (par exemple, un échantillonnage aléatoire) ou non probabiliste.

La question de la taille de l'échantillon est également d'une importance capitale pour garantir la fiabilité des conclusions. La dispersion des résultats est un indicateur clé de la précision des estimations. Plus la dispersion est faible, plus les résultats sont représentatifs. Cela se mesure par l’erreur pourcentage, qui doit être aussi proche de zéro que possible pour atteindre un haut niveau de représentativité. Cela s’avère crucial lorsqu'on travaille avec des véhicules à haute variabilité comme ceux que l'on trouve dans les zones urbaines denses.

Il est important de souligner que les échantillons doivent être représentatifs non seulement en termes de types de véhicules, mais aussi en fonction de variables influençant les comportements de conduite, comme les conditions de la route et l’environnement urbain. Cette prise en compte de la diversité des contextes locaux permet de faire des études plus complètes et d’obtenir des conclusions plus robustes. De même, les différences dans l’infrastructure routière, telles que les pentes et l'état de la chaussée, jouent un rôle significatif, mais ces aspects sont souvent ignorés dans des méthodes standards d’évaluation de la circulation.

Enfin, l’échantillonnage doit non seulement suivre une méthode rigoureuse, mais également intégrer des outils modernes de télémétrie, qui permettent de suivre les véhicules en temps réel, offrant ainsi une opportunité de recueillir des données de manière continue et précise. L’émergence de ces systèmes de suivi a transformé les études de trafic en permettant une collecte de données à une échelle et une précision inaccessibles par les méthodes traditionnelles.

Dans le cadre de ces études, la compréhension de l’échantillon et de la méthode d’échantillonnage est essentielle pour établir des conclusions fiables et extrapolables. Le simple choix d’un type de véhicule ou d’une taille d’échantillon peut radicalement modifier les résultats obtenus, ce qui rend impératif de bien définir la méthodologie avant de lancer des campagnes de suivi. Le type de véhicules, la diversité des caractéristiques locales et la durée de l’étude sont des éléments essentiels à prendre en compte pour garantir la qualité des données recueillies.

Comment traiter les données expérimentales aberrantes et les problèmes de synchronisation temporelle ?

Dans le domaine des tests expérimentaux et des campagnes de surveillance, un problème récurrent réside dans l'interpolation des données manquantes ou erronées. L'une des solutions les plus courantes pour combler ces lacunes est l'interpolation, méthode mathématique permettant d'estimer une valeur inconnue à partir de valeurs connues proches. Par exemple, les équations linéaires et quadratiques, comme celles données par les équations (4.7) et (4.8), sont utilisées pour interpoler des données dans des séries temporelles ou des ensembles de données expérimentales.

Ces équations sont définies comme suit :

  • Interpolation linéaire :

    y=a0+a1(xx0)y = a_0 + a_1(x - x_0)
    yy est la valeur interpolée au point xx, et (x0,y0)(x_0, y_0), (x1,y1)(x_1, y_1), (x2,y2)(x_2, y_2) sont des points de données connus.

  • Interpolation quadratique :

    y=a0+a1(xx0)+a2(xx0)(xx1)y = a_0 + a_1(x - x_0) + a_2(x - x_0)(x - x_1)
    Cette formule permet une approximation plus précise lorsqu'une simple linéarité ne suffit pas.

Ces méthodes sont utiles lorsqu'il s'agit de combler des lacunes dans les données, mais elles ne sont pas à l'abri de certaines erreurs qui peuvent fausser les résultats, comme le montre la présence de données irréalistes ou anormales.

Les données aberrantes sont des observations qui se trouvent à une distance anormale par rapport aux autres valeurs de l'échantillon. Celles-ci peuvent résulter de nombreux facteurs, tels que la saturation des capteurs, les bruits électriques, ou des erreurs mécaniques. Par exemple, des accélérations supérieures à un certain seuil de 2,5 m/s² dans les véhicules terrestres ou des concentrations d'oxygène dépassant 21% dans les gaz d'échappement des véhicules peuvent être considérées comme irréalistes. Ces valeurs doivent être soit supprimées, soit corrigées par des méthodes d'interpolation.

Les tests statistiques jouent également un rôle clé dans l'identification des valeurs aberrantes. Le test de Grubbs, par exemple, est recommandé pour des échantillons relativement grands (n > 30), tandis que le test de Dixon est plus adapté aux petits échantillons. Ces tests permettent de détecter des valeurs isolées qui, dans le cadre de distributions normales, sont considérées comme hors norme.

Une autre méthode consiste à identifier les valeurs extrêmes à l'aide des percentiles. Par exemple, les valeurs en dehors des percentiles 1 et 99 peuvent être classées comme aberrantes. Il est également fréquent que des valeurs irréalistes apparaissent lorsqu'elles sont dérivées de données discrètes, telles que l'accélération calculée à partir des vitesses mesurées. Dans ce cas, l'utilisation d'une approximation d'ordre supérieur pour dériver l'accélération, comme l'approximation d'ordre quatre, permet de réduire la probabilité d'erreurs dues aux dérivées discrètes.

Les problèmes de données aberrantes surviennent aussi avec des variables obtenues comme rapports entre plusieurs autres variables. Par exemple, la consommation spécifique de carburant (SFC) exprimée en litres par kilomètre parcouru peut générer des valeurs irréalistes si les intervalles de temps entre les données sont trop courts, ou si le véhicule est au ralenti. Une approche plus fiable consiste à calculer la consommation de carburant totale sur l'ensemble du trajet et à en faire le rapport avec la distance totale parcourue, plutôt que de s'appuyer sur la moyenne des valeurs instantanées de la SFC.

Les données synchronisées représentent un autre défi majeur dans le cadre des mesures expérimentales effectuées par différents capteurs. Même si les horloges des capteurs sont initialement synchronisées, des différences de localisation physique, de réponse temporelle des capteurs, de diffusivité des polluants, et de principes de fonctionnement peuvent entraîner un décalage dans les données. Par exemple, lors de la mesure des émissions des gaz d'échappement, l'instrument de mesure sur le moteur et celui installé sur le tuyau d'échappement peuvent enregistrer des données non synchronisées.

Des méthodes de synchronisation ont été développées pour résoudre ce problème. L'alignement des enregistreurs de données (dataloggers) est une approche qui consiste à vérifier que les enregistreurs de chaque capteur enregistrent les données à des moments correspondants. Bien que ce processus soit nécessaire, il n'assure pas toujours une synchronisation parfaite. Une autre méthode courante repose sur l'utilisation d'événements significatifs dans les données, tels que les pics ou les changements brusques, pour synchroniser les signaux. Cela peut être particulièrement utile dans les tests routiers où des changements de régime moteur, par exemple, servent de points de référence pour l'alignement des données.

Une méthode plus avancée consiste à maximiser le coefficient de corrélation R2R^2 entre deux variables physiquement liées, comme les émissions de CO2 et la consommation de carburant. En ajustant le décalage temporel de l'une des variables, cette méthode permet d'optimiser la correspondance entre les signaux et d'assurer leur synchronisation.

Enfin, il est essentiel de comprendre que la qualité des données expérimentales, notamment en ce qui concerne les valeurs aberrantes et la synchronisation, peut grandement influencer la précision des analyses et des conclusions tirées des tests. Une gestion rigoureuse de ces problèmes est indispensable pour obtenir des résultats fiables et significatifs, en particulier dans les études sur les performances des véhicules et les émissions polluantes.

Quel est l'impact des variations de l'altitude et des habitudes de conduite sur la consommation énergétique des véhicules?

Les variations de l'altitude jouent un rôle crucial dans la consommation d'énergie des véhicules, en particulier lors de trajets longs. Ces changements d'altitude peuvent augmenter considérablement la consommation d'énergie, ce qui est particulièrement visible lors des montées en altitude. À mesure qu'un véhicule monte, il accumule de l'énergie potentielle, mais cette énergie est souvent perdue lorsque le véhicule redescend, transformée en énergie cinétique et en chaleur dans le système de freinage du véhicule. L'intégration de systèmes de freinage régénératif pourrait permettre de récupérer une partie de cette énergie pour alimenter les systèmes périphériques du véhicule, tels que la climatisation, l'éclairage ou d'autres équipements comme la radio et la télévision, ce qui permettrait d'optimiser l'efficacité énergétique globale du véhicule.

Les infrastructures routières jouent également un rôle déterminant dans l'efficacité énergétique. Les routes avec des pentes constantes sont préférables car elles réduisent les variations d'altitude et, par conséquent, la consommation énergétique liée à ces variations. En outre, il peut être pertinent d'explorer des itinéraires alternatifs, même s'ils sont plus longs, mais présentant moins de variations de hauteur. Une telle approche permettrait de minimiser l'impact des changements d'altitude sur la consommation de carburant.

En analysant les habitudes de conduite, on remarque que des facteurs tels que les accélérations soudaines et les variations rapides de vitesse affectent également la consommation d'énergie. Les comportements de conduite agressifs, comme les accélérations brutales ou les freinages excessifs, augmentent la consommation de carburant de manière significative. Pour cette raison, l'adoption de programmes de conduite écologique, ou « eco-driving », devient essentielle pour optimiser la consommation énergétique. L'évaluation des habitudes de conduite, notamment en quantifiant l'agressivité des conducteurs, permet de mieux comprendre comment les comportements humains influent sur l'efficacité énergétique et d'adopter des stratégies adaptées pour réduire la consommation de carburant.

L'étude des « Patterns de Vitesse et de Consommation » (VSP) et de leur distribution est également cruciale pour comprendre les liens entre la consommation de carburant et les différents types de conduite. Une analyse dimensionnelle de ces paramètres permet de mieux cerner les forces de résistance (comme la résistance au roulement, la traînée aérodynamique, l'inertie, la gravité et l'idling) qui contribuent à la consommation énergétique. Les données recueillies par télémétrie, sur des véhicules utilisés dans des trajets de longue distance dans des pays comme le Mexique, l'Équateur et la Colombie, ont permis de quantifier ces facteurs et d'élaborer des stratégies spécifiques pour réduire la consommation d'énergie dans chaque région.

En se concentrant sur la compréhension des facteurs externes, technologiques et humains, il devient possible de mettre en place des stratégies visant à optimiser l'efficacité énergétique des flottes de véhicules. L'utilisation de données télémétriques et de modèles d'analyse des habitudes de conduite permet d'identifier les principales sources de consommation d'énergie et de développer des solutions adaptées à chaque contexte spécifique. L'objectif final étant de réduire la dépendance aux énergies fossiles et de favoriser une transition vers des systèmes de transport plus durables et moins polluants.

Dans ce cadre, les données collectées par télémétrie permettent de déterminer de manière plus précise les sources de consommation d'énergie des véhicules. L'exemple de la flotte de bus diesel au Chili démontre qu'une analyse approfondie des variables telles que les accélérations, les variations d'altitude, et même le temps de ralenti, est essentielle pour une gestion optimale de l'énergie. Une telle approche permet de mieux comprendre les différents facteurs influençant la consommation de carburant et, à terme, de proposer des solutions d'amélioration adaptées à chaque type d'opération.

Comment évaluer les systèmes de mobilité durable dans les villes latino-américaines : Le cas de Saltillo, Mexique

L'évaluation des systèmes de mobilité dans les villes latino-américaines implique l'intégration des avancées technologiques récentes, notamment l'utilisation des services de cartographie web, des tests d'émissions à faible coût et des données télématiques. Un aspect clé de cette évaluation est la détermination des comportements de conduite, qui se traduit par des paramètres caractéristiques tels que la distribution de fréquence vitesse-accélération (SAFD), la puissance spécifique des véhicules et les cycles de conduite typiques. Ces indicateurs sont cruciaux pour évaluer les performances des systèmes de mobilité durable dans ces régions, comme le montre l'étude de cas de Saltillo, une ville située au nord-est du Mexique.

Saltillo est une ville marquée par un climat semi-aride chaud, avec des saisons bien définies et une altitude moyenne de 1 592 mètres au-dessus du niveau de la mer. L'urbanisation de cette région couvre environ 240 km², avec une densité de population de 3 600 habitants par km², représentant plus de 864 000 habitants. Cette zone, l'une des plus industrialisées du Mexique, abrite l'un des plus grands clusters automobiles du pays. C’est donc dans ce contexte que l’étude des comportements de conduite prend toute son importance.

Dans cette ville, un total de 308 700 véhicules étaient recensés en 2020, ce qui correspond à un taux de motorisation de 0,31 véhicule par habitant. Un des défis de l’étude de mobilité urbaine est de pouvoir analyser un maximum de véhicules pour obtenir un cycle de conduite typique, ce qui a été réalisé en surveillant 10 véhicules pendant 16 mois. Ces véhicules comprenaient des voitures particulières, des camions légers et des poids lourds circulant entre les zones urbaines et industrielles de Saltillo.

Les véhicules ont été équipés de dispositifs télématiques fournis par Metrica Movil Inc. Corp, utilisant la plateforme Geotab. Ce système collecte des données sur la vitesse et la position des véhicules à une fréquence variable, permettant ainsi d’analyser les habitudes de conduite en détail. En tout, plus d'un million de données ont été collectées et analysées pour établir les cycles de conduite représentatifs de la ville. Cette méthode repose sur l'analyse des différences relatives entre les paramètres caractéristiques des véhicules, tels que le pourcentage de temps au ralenti, la vitesse moyenne, l'accélération positive moyenne, et la consommation spécifique de carburant.

Les résultats obtenus ont permis de caractériser les conditions de circulation de Saltillo, allant de la congestion élevée, due à un pourcentage important de temps passé au ralenti (plus de 25 %), à une circulation fluide dans certaines zones où la vitesse dépasse les 50 km/h autorisés en zone urbaine. Ces paramètres sont essentiels pour évaluer les performances des systèmes de mobilité urbaine en termes d'efficacité énergétique et d'émissions de gaz d'échappement.

L'application de la méthode Energy-Based Micro-Trips (EBMT) a permis de définir un cycle de conduite représentatif, basé sur des différences absolues entre les paramètres caractéristiques. Ce cycle est déterminé comme étant celui ayant les plus faibles différences relatives par rapport aux données collectées sur le terrain, confirmant ainsi sa représentativité pour la ville de Saltillo. Il s'est avéré que les paramètres les plus influents pour la sélection du cycle de conduite étaient ceux mentionnés précédemment, ce qui correspond aux critères utilisés dans d'autres études similaires.

Les analyses ont montré que le cycle de conduite représentatif de Saltillo est caractérisé par une vitesse maximale d’environ 85 km/h, avec un pourcentage de temps passé au ralenti significatif. Ces résultats sont importants non seulement pour évaluer la mobilité dans la ville mais aussi pour estimer les performances énergétiques et les émissions des véhicules. En effet, les systèmes de mobilité durables dépendent largement de la capacité à comprendre et à optimiser ces comportements de conduite.

Il est donc essentiel de prendre en compte non seulement les infrastructures et les politiques de gestion de la circulation, mais également les habitudes de conduite des usagers afin d’améliorer l’efficacité énergétique et de réduire l’impact environnemental des véhicules. Les indicateurs de performance clés (KPI) ainsi définis peuvent servir de base pour élaborer des stratégies visant à rendre les systèmes de mobilité plus durables, notamment en réduisant la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, l'analyse des données télématiques devient un outil indispensable pour affiner les stratégies de mobilité durable. Il est également crucial de continuer à affiner les méthodes de collecte de données et d'analyse des comportements de conduite, afin de garantir que les cycles de conduite reflètent véritablement les conditions de circulation locales.