Les méthodes de quantification des protéines sont essentielles dans de nombreux domaines de la biologie moléculaire et de la biochimie. L’une des approches les plus courantes repose sur des mesures de l'absorbance directe des protéines dans la gamme des UV–Vis. Cette technique repose sur le fait que de nombreuses protéines absorbent la lumière dans la région visible et proche UV. L’absorption est principalement attribuée aux liaisons peptidiques des protéines, responsables de la transition p→p*, qui engendre des bandes d’absorption caractéristiques, généralement autour de 190 nm et 215 nm. Cependant, cette absorbance varie selon les protéines et les groupes prosthétiques présents, ce qui influence la précision des mesures.

Il existe de nombreux autres composés dans les protéines qui contribuent à l’absorption de la lumière dans différentes gammes de longueurs d'onde, comme les flavonoïdes, les caroténoïdes et les tétrapyrroles. Par exemple, les flavonoïdes, ces molécules fascinantes aux couleurs vives, sont capables d’absorber la lumière dans la gamme visible et sont impliqués dans divers processus biologiques. Les tétrapyrroles, tels que l’hémoglobine et la chlorophylle, absorbent fortement dans les gammes 450-650 nm et permettent des analyses spectrales très sensibles. De même, les caroténoïdes, responsables des couleurs vives des fruits et légumes, absorbent dans la gamme de 400 à 550 nm. Cette diversité d’absorption rend l’analyse spectroscopique très puissante mais également complexe, car les spectres d’absorption ne correspondent pas seulement aux protéines elles-mêmes, mais aussi à leurs composés associés.

Le calcul de la concentration protéique par spectrophotométrie nécessite parfois des ajustements en fonction des composés spécifiques présents dans l'échantillon. Par exemple, la méthode la plus couramment utilisée pour mesurer les protéines par absorbance directe est l'approche Warburg-Christian, qui repose sur la mesure de l'absorbance à 280 nm. À cette longueur d'onde, la tryptophane et la tyrosine absorbent la lumière, et leur quantité dans l'échantillon peut être utilisée pour déterminer la concentration en protéines. Cependant, cette méthode peut être perturbée par la présence d’acides nucléiques qui absorbent à 260 nm, d’où la nécessité d'appliquer un facteur de correction pour tenir compte de cette interférence.

En cas de faible absorbance ou de non-spécificité des protéines, une dérivatisation peut être nécessaire. Parmi les méthodes classiques de dérivatisation, la méthode Biuret est l’une des plus anciennes et reste un moyen efficace pour déterminer la concentration des protéines. Cette méthode repose sur la formation d’un complexe coloré entre le cuivre et les liaisons peptidiques des protéines. Lorsque le réactif Biuret est ajouté à un échantillon contenant des protéines, un complexe violet se forme, dont l’intensité de la couleur est directement liée à la concentration en protéines. Cette méthode est utilisée de manière qualitative pour détecter des liens peptidi

Quels sont les principes et les applications des systèmes massiques multi-analyseurs et des techniques chromatographiques en métabolomique ?

Les systèmes à analyseurs multiples ont été développés afin de dépasser la simple identification de la masse moléculaire, en permettant la détermination détaillée de la structure moléculaire. Ces dispositifs comprennent des combinaisons d’analyseurs identiques ou hybrides, réunissant différents types d’analyseurs de masse. Parmi eux, le triple quadripôle (QQQ) couplé à des pièges ioniques linéaires est un instrument très sélectif utilisé pour la quantification sensible d’un ou de quelques analytes spécifiques au sein d’un mélange complexe. Dans une expérience dite de suivi multiple de réactions (MRM), les ions analytes sont d’abord sélectionnés par le premier quadripôle, puis transférés dans un second quadripôle servant de cellule de collision où ils sont fragmentés grâce à un gaz collisionnel. Les fragments sélectionnés traversent ensuite le troisième quadripôle jusqu’au détecteur. L’analyse des fragments ioniques générés permet ainsi d’élucider la structure des molécules étudiées.

Les spectromètres à temps de vol avec quadripôle (Q-ToF) combinent la filtration de masse par quadripôle avec l’analyse à haute résolution basée sur le temps de vol des ions. Ces instruments sont particulièrement adaptés aux analyses non ciblées ou à la quantification de nombreux analytes simultanément, bien que leur sensibilité soit généralement moindre que celle des QQQ. Des améliorations sont possibles en piégeant les ions dans le second quadripôle avant leur libération en paquets dans le tube ToF, augmentant ainsi la sensibilité.

Les instruments hybrides, notamment ceux de la famille Orbitrap, marquent une avancée technologique majeure en combinant différents analyseurs de masse pour une résolution et une sensibilité élevées. Le spectromètre LIT-Orbitrap, par exemple, intègre une source d’ions, deux quadripôles, un piège ionique linéaire, des lentilles de transfert et un électrode Orbitrap. Les quadripôles assurent la sélection, la collision et le stockage des ions, qui sont ensuite libérés vers l’analyseur Orbitrap. Les variantes telles que le LTQ-Orbitrap, combinant piège ionique linéaire, quadripôle et analyseur Orbitrap, permettent la collecte simultanée de plusieurs paquets ioniques, y compris des ions de calibration, optimisant la précision des mesures. Des développements récents comme l’instrument Orbitrap Astral offrent des performances accrues en termes de vitesse et de qualité quantitative sur une large gamme dynamique, facilitant l’analyse rapide de peptides et protéines plasmatiques.

L’hyphenation des spectromètres de masse avec des techniques chromatographiques constitue une étape essentielle pour séparer les métabolites avant leur analyse massique. La chromatographie en phase gazeuse (GC), la première technique hyphenée développée, est utilisée depuis les années 1970 pour l’identification et la quantification de métabolites de faible masse. Les colonnes capillaires, apparues dans les années 1980, permettent une meilleure séparation dans un four thermostatique qui module la température pour contrôler la volatilité des composés. La GC-MS est adaptée aux petites molécules volatiles ; les composés polaires doivent souvent être dérivatisés pour augmenter leur volatilité, par exemple par silylation. Malgré des temps d’analyse historiquement longs, l’amélioration des colonnes a permis de réduire ces durées de plusieurs dizaines de minutes à quelques minutes.

Le couplage LC-MS, rendu possible par l’électrospray (ESI), permet l’analyse de molécules polaires non volatiles, thermiquement labiles. Les extraits sont injectés dans des colonnes chromatographiques à haute ou ultra-haute pression, généralement constituées d’une phase stationnaire à base de silice avec des propriétés hydrophobes (phase inversée) ou hydrophiles (HILIC). Le gradient de solvants organiques (méthanol, acétonitrile) avec des modificateurs ioniques volatils (acétate, formiate) favorise la séparation selon l’affinité des analytes. Les ions désolvatés et ionisés passent alors dans des analyseurs QQQ, Q-ToF, ToF ou Orbitrap. Le QQQ reste l’outil privilégié pour la quantification ciblée grâce à sa sélectivité et sa sensibilité. Les instruments à haute résolution comme le Q-ToF et l’Orbitrap sont privilégiés pour les analyses non ciblées, avec une possibilité de quantification sélective en utilisant la filtration quadripolaire.

La chromatographie capillaire électrophorétique (CE), moins courante, exploite le déplacement différentiel des ions polaires sous l’effet d’un champ électrique appliqué dans une colonne remplie d’un gel. Cette technique est également compatible avec les analyseurs de masse mentionnés, souvent via une interface ESI.

Il est essentiel de considérer que la qualité des données métabolomiques dépend fortement de la nature du système analytique choisi. La sélection entre analyseurs multiples, résolution et sensibilité doit être adaptée aux objectifs spécifiques de l’étude, qu’il s’agisse de quantification ciblée ou d’exploration non ciblée. Par ailleurs, la préparation des échantillons, notamment la dérivatisation pour la GC-MS ou la purification pour éviter les contaminants dans LC-MS, joue un rôle crucial dans la fiabilité des résultats. La compréhension des principes fondamentaux de séparation chromatographique et de fragmentation ionique enrichit l’interprétation des données et ouvre la voie à des applications cliniques et biologiques avancées.