La surveillance de la consommation énergétique et des habitudes de conduite dans le transport de fret représente un défi majeur, tant du point de vue technologique qu’économique. Le poids transporté, qui peut varier de manière considérable (0-35 tonnes), influence directement les performances des véhicules et, par conséquent, leur consommation énergétique. Les réglementations locales, notamment dans les pays d'Amérique Latine (LATAM), exigent que les entreprises déclarent le poids et le type de charge qu’elles transportent pour chaque trajet. Cependant, un besoin persiste en ce qui concerne l’accès aux données précises relatives à la charge utile pour chaque trajet, une donnée essentielle pour une gestion optimale des performances énergétiques.

La fréquence de collecte des données, souvent fixée à 1 Hz, permet de suivre l’évolution de la consommation énergétique des véhicules. Bien que des fréquences plus élevées (2–10 Hz) soient recommandées pour une meilleure description de la dynamique du véhicule, une fréquence de 1 Hz reste suffisante pour les estimations globales de la consommation d’énergie. Dans certains cas, des systèmes d’acquisition de données peuvent collecter des informations à des fréquences plus élevées, telles que 4 Hz, 5 Hz ou même 10 Hz. Cependant, même à cette fréquence, les données collectées sont généralement envoyées à un serveur à la fin de la journée ou après une période de collecte, ce qui introduit un délai qui peut affecter l’analyse en temps réel.

La mise en place de campagnes de surveillance pour recueillir des informations sur les habitudes de conduite nécessite des ressources considérables, tant en termes de financement que de temps. L’objectif principal est de collecter des données représentatives des trajets effectués dans une région donnée, en utilisant une gamme variée de technologies de véhicules et de profils de conducteurs tout au long de l’année pour prendre en compte l'influence saisonnière. Cela rend les campagnes de surveillance longues et coûteuses, et la faible disponibilité de véhicules instrumentés complique encore les choses. Les stratégies classiques de collecte de données incluent les trajets programmés à heures fixes, les véhicules-pièges (chase cars), les conducteurs professionnels et l’utilisation normale des véhicules par leurs conducteurs habituels.

Parmi ces méthodes, la méthode de la voiture-piège (chase car) s'est révélée particulièrement populaire en raison de son faible coût. Le principe est simple : un véhicule instrumenté suit un véhicule cible sélectionné au hasard, en maintenant une distance constante et en enregistrant les données. Cependant, cette méthode présente plusieurs limites, telles que les comportements de conduite imprévisibles, la gestion du trafic dense ou la nécessité de maintenir une distance constante, ce qui peut introduire des écarts dans les données collectées, notamment en cas d’accélérations ou de freinages brusques. De plus, les différences de vitesse et de comportement entre le véhicule cible et le véhicule-piège peuvent interférer avec l'analyse des habitudes de conduite.

L’utilisation des véhicules dans leur contexte normal, sans intervention extérieure, semble être la méthode la plus fiable pour recueillir des données sur les habitudes de conduite réelles. L'essor des systèmes de télémétrie à faible coût, tels que les dispositifs OBD (On-Board Diagnostics), a permis de collecter des données sans perturber l’usage quotidien des véhicules. Ces systèmes permettent une collecte de données autonome et en temps réel, avec une transmission des informations vers le cloud à faible coût. Bien que ces technologies aient facilité l'extension des campagnes de surveillance à un grand nombre de véhicules, elles présentent un inconvénient majeur : leur capacité à capturer des données de conduite à des fréquences trop faibles (<1 Hz), ce qui limite leur précision pour l’analyse des comportements de conduite fins.

La durée des campagnes de surveillance est un autre facteur déterminant. Il est nécessaire que ces campagnes couvrent une période suffisamment longue pour prendre en compte la variabilité des facteurs influençant les comportements de conduite locaux, tels que la saisonnalité, la composition des trajets, l'utilisation des routes et le comportement du trafic. Les durées des campagnes peuvent varier considérablement, allant de quelques jours à plusieurs années, en fonction des ressources disponibles et des objectifs de la recherche. Cependant, la durée de la collecte des données est souvent influencée par des facteurs extérieurs et par les décisions subjectives des chercheurs, sans que des analyses statistiques robustes ne déterminent la période optimale pour obtenir des données représentatives.

Une fois les données collectées, elles doivent être prétraitées pour garantir leur qualité, leur intégrité et leur complétude. L’une des principales difficultés rencontrées est la discontinuité des données, en particulier dans le cas de l’utilisation des GPS, qui peuvent perdre le signal lorsque les véhicules traversent des tunnels ou des zones isolées. Les données manquantes peuvent être traitées en éliminant les trajets dont la perte de données dépasse un certain seuil (généralement 5 à 10 %) ou en comblant les lacunes à l'aide de techniques d'interpolation. Il est également essentiel de synchroniser les différents ensembles de données pour garantir leur cohérence et leur fiabilité avant toute analyse.

Il est impératif de comprendre que l'efficacité des campagnes de surveillance dépend non seulement de la qualité et de la fréquence des données collectées, mais aussi de la capacité à interpréter correctement les comportements de conduite, qui peuvent varier considérablement en fonction des conditions de trafic, des types de routes, des saisons et des caractéristiques des conducteurs. Les données, même lorsqu'elles sont collectées à une fréquence adéquate, nécessitent une analyse approfondie pour en extraire des informations utiles sur les habitudes de conduite et la consommation énergétique.

Comment concevoir une campagne de surveillance efficace des cycles de conduite urbains?

La mise en place d'une campagne de surveillance des cycles de conduite doit viser à recueillir un maximum de données, en tenant compte des contraintes économiques et temporelles. Le nombre de véhicules participant à cette étude est un facteur clé, étant donné qu'il influence directement la représentativité des données collectées. Plus les véhicules sont nombreux et variés en termes de modèles, de types de conduite et de conditions de route, plus l'analyse des cycles de conduite sera précise et utile pour les futures applications, telles que la conception de cycles de conduite représentatifs ou l'optimisation des stratégies de contrôle pour les véhicules électriques et hybrides.

Lors de l'exploitation des données recueillies, il est essentiel de repérer les erreurs ou anomalies dans les ensembles de données. Parmi les méthodes courantes utilisées pour cela, on trouve l’analyse statistique pour détecter des valeurs aberrantes, ainsi que des techniques de nettoyage de données pour éliminer les observations erronées ou peu fiables. Ces outils sont d'autant plus cruciaux dans le cadre d'une analyse des habitudes de conduite, où la précision des données est primordiale pour garantir la qualité des résultats finaux. L'usage de méthodes comme les réseaux neuronaux ou les algorithmes de clustering peut aussi être envisagé pour améliorer la classification et l'interprétation des différents types de comportements de conduite, qu’il s’agisse de conduite urbaine, interurbaine ou de conduite sur autoroute.

Les ensembles de données collectés lors de ces campagnes sont les éléments de base pour l'élaboration des cycles de conduite. Dans ce contexte, les données de conduite réelles sont utilisées pour modéliser des cycles de conduite, qui représentent les habitudes de conduite typiques dans un environnement urbain spécifique. Ces cycles sont cruciaux non seulement pour la conception de véhicules plus adaptés à ces conditions de conduite, mais aussi pour les simulations énergétiques et les évaluations environnementales des véhicules, qu’ils soient électriques, hybrides ou à combustion interne.

Les cycles de conduite, une fois conçus, servent à l'élaboration de méthodes permettant de prédire les performances énergétiques des véhicules dans différents scénarios. Ils permettent également de modéliser les émissions de gaz à effet de serre et d'analyser l'impact environnemental des véhicules sur les zones urbaines. Pour les véhicules électriques, par exemple, un cycle de conduite représente un ensemble de vitesses et d’accélérations utilisées pour calculer la consommation d’énergie et les besoins en recharge des batteries dans un contexte urbain donné.

En parallèle, ces cycles servent à définir des stratégies de gestion de l’énergie et de contrôle des systèmes de propulsion. Un véhicule équipé d'un moteur hybride ou électrique doit adapter son comportement de manière dynamique en fonction du type de conduite et des variations de la demande en énergie. L’utilisation de cycles de conduite spécifiques permet ainsi d’optimiser la consommation d’énergie et de prolonger la durée de vie de la batterie, tout en minimisant les émissions de CO2.

Une autre dimension importante de ces données est leur capacité à offrir des informations sur les styles de conduite individuels. L'analyse des données permet de catégoriser des conducteurs en fonction de leurs comportements sur la route : conducteurs agressifs, économes, ou encore ceux qui adoptent un style de conduite mixte. Ces informations sont précieuses pour ajuster les systèmes de gestion de l'énergie et de la batterie des véhicules hybrides ou électriques, et pour développer des solutions de conduite plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement.

En plus de la collecte des données en temps réel, il est essentiel d'adopter des méthodes robustes pour garantir que les données recueillies sont fiables et complètes. Des techniques comme l'échantillonnage stratifié, la gestion des erreurs de mesure et l'optimisation des protocoles de collecte sont nécessaires pour maximiser la qualité des ensembles de données. L’utilisation de GPS et d'autres capteurs embarqués permet d'obtenir une image plus précise des conditions réelles de conduite.

Une autre aspect à ne pas négliger est le contexte spécifique de chaque campagne de surveillance. Les conditions de circulation, la densité du trafic, le climat, et même les infrastructures routières varient d’une ville à l’autre, et ces facteurs doivent être pris en compte lors de la conception des cycles de conduite. Par exemple, un cycle de conduite pour une ville comme Paris, avec son réseau complexe et son trafic dense, sera très différent de celui conçu pour une ville à faible densité de circulation comme Toulouse. Cette variabilité doit être intégrée dans les modèles de conduite pour éviter des généralisations erronées.