Les individus jugent la véracité d'une information selon divers critères. Selon la théorie de la correspondance, une information est jugée vraie si elle correspond aux faits observés ou connus (Hammond, 1996). Une prédiction météorologique qui se réalise est considérée comme véridique, tandis que si elle échoue, elle est perçue comme fausse. Toutefois, cette approche, bien que logique, a été remise en question par des courants philosophiques, notamment les pragmatistes et les idéalisateurs du XIXe siècle, qui critiquaient la notion même de "fait". Cette remise en question a conduit au développement de la théorie de la cohérence, selon laquelle la vérité se détermine par la cohérence des croyances. Autrement dit, une idée est vraie si elle s'insère de manière logique et cohérente dans un ensemble de croyances déjà établies.
Cependant, ces deux théories — la correspondance et la cohérence — ne peuvent pas à elles seules expliquer les processus cognitifs réels qui sous-tendent nos jugements. En effet, dans la vie quotidienne, les individus ne disposent pas toujours d'une mémoire exhaustive des faits, ce qui rend les jugements basés sur la plausibilité plus fréquents. Lorsqu'une personne reçoit une information, elle se demande dans quelle mesure cette information est cohérente avec ses croyances et son expérience. Si l'information semble logique et plausible, elle est plus susceptible d'être jugée vraie.
Dans le cadre de ces jugements de plausibilité, trois éléments peuvent influencer la perception de la véracité : la source de l'information, le contexte dans lequel elle est présentée, et les attributs de l'information elle-même. Par exemple, la compétence perçue de la source peut renforcer ou affaiblir la crédibilité d'un message. Un expert dans son domaine aura une plus grande influence sur la manière dont nous recevons une information, même si nous n'avons pas une connaissance approfondie du sujet. Le contexte, comme une conférence scientifique, peut également jouer un rôle important dans notre jugement de la véracité.
Un autre aspect crucial de l'information est son cadre conceptuel, c'est-à-dire la manière dont elle est formulée. La recherche sur le biais de négativité montre que la manière dont une information est présentée — notamment si elle est formulée de manière négative ou positive — a un impact considérable sur sa perception. Par exemple, lorsqu'on parle du mariage, une formulation telle que « le pourcentage de mariages durables pendant plus de dix ans » suscite une réaction différente de celle de « le pourcentage de mariages qui échouent avant dix ans ». Ce biais est particulièrement marqué lorsque l'information est formulée de manière négative. Les individus sont plus enclins à percevoir l'information négativement formulée comme plus véridique que l'information formulée positivement, même si les deux portent sur le même sujet.
Le biais de négativité dans les jugements de vérité découle d'une tendance générale selon laquelle les informations négatives ont un impact plus fort que les informations positives. Cette tendance se manifeste dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, des événements personnels aux interactions sociales, et même dans les processus d'apprentissage. Les informations négatives sont souvent perçues comme plus menaçantes, plus rares et, par conséquent, plus significatives. Elles attirent davantage l'attention et sont jugées plus diagnostiques que les informations positives. En raison de cette attention accrue, les informations négatives sont traitées plus en profondeur, ce qui peut accroître leur persuasivité.
L'un des éléments clés dans la perception de la véracité est la fluidité du traitement de l'information. Lorsqu'un message est formulé négativement, il génère souvent une activation plus forte et une récupération plus fluide d'informations pertinentes en mémoire. Ce processus de traitement fluide suggère que l'information est perçue comme plus vraie, car il est plus facile de se souvenir ou de générer des preuves qui la soutiennent. En d'autres termes, la manière dont nous traitons une information peut, paradoxalement, être utilisée comme un indice de sa véracité.
Ainsi, le biais de négativité est un phénomène cognitif qui joue un rôle majeur dans la manière dont nous jugeons la vérité. Les individus, en raison de leur tendance naturelle à prêter plus d'attention aux informations négatives, ont tendance à juger ces informations comme plus véridiques. Ce biais n'est pas seulement un aspect de la psychologie humaine, mais il peut également avoir des conséquences profondes dans le monde moderne, où les fausses informations sont souvent formulées de manière négative pour augmenter leur impact.
Il est crucial pour le lecteur de comprendre que ce biais peut être exploité de manière stratégique dans les médias et la politique pour influencer les opinions publiques. De plus, il est important de souligner que la perception de la vérité n'est pas simplement une question de logique ou de faits objectifs. Nos émotions, notre expérience personnelle, et les informations qui nous sont présentées jouent un rôle crucial dans la manière dont nous construisons notre vision du monde.
Comment corriger les croyances erronées liées aux fausses informations : une analyse des mécanismes cognitifs et des stratégies efficaces
Les fausses informations, qu'elles concernent des faits politiques ou des questions de santé publique, ont des conséquences profondes sur nos croyances et nos comportements. Une étude menée par Stanley et ses collègues (2019) révèle un phénomène surprenant : même lorsqu'une affirmation est clairement qualifiée comme étant improbable, improbable ou impossible, les participants, après avoir pris connaissance de ces qualifications, ont été plus enclins à considérer ces affirmations comme vraies lors d'une évaluation ultérieure. Ce résultat souligne la puissance du contexte dans lequel l'information est présentée. Ainsi, même les informations qui devraient être rejetées en raison de leur faible probabilité sont susceptibles d’être perçues comme vraies si elles sont associées à des éléments de crédibilité ou à des affirmations qui résonnent avec nos croyances préexistantes.
Ce phénomène a des implications directes pour la compréhension et la gestion des fausses informations. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les interventions visant à évaluer la crédibilité des sources d’information – comme celles des vérificateurs de faits ou des algorithmes de modération des contenus – ne sont pas nécessairement les solutions les plus efficaces. En effet, si ces mécanismes peuvent empêcher certaines personnes de lire un contenu trompeur, une fois l’information assimilée, la simple indication de sa fausse origine ne suffit pas à corriger l’erreur de perception. Ce constat s’illustre par le fait que les corrections apportées aux fausses informations circulent souvent de manière limitée, et celles qui sont partagées sont fréquemment celles qui renforcent les opinions déjà existantes des individus (Shin, Jian, Driscoll, & Bar, 2017).
Ainsi, une partie du défi réside dans la difficulté à parvenir à une correction véritablement efficace de ces croyances erronées. Les recherches montrent que même lorsque des corrections sont apportées, elles n'ont pas toujours l'impact escompté. Par exemple, bien que les corrections sur les armes de destruction massive en Irak aient été largement diffusées dans les médias, une proportion importante de la population américaine persistait à croire en l'existence de ces armes, malgré les démentis (Lewandowsky et al., 2005). De même, une étude sur les rumeurs politiques a démontré qu'une proportion très faible de tweets rejette une fausse rumeur (moins de 4%) et que, lorsqu’ils sont partagés, ce sont souvent ceux qui confirment les croyances politiques préexistantes des utilisateurs (Shin & Thorson, 2017).
Le défi réside également dans la manière dont les corrections sont présentées. Une méthode d'approche efficace, issue des travaux de Lewandowsky et ses collaborateurs (2012), consiste à éviter de répéter l'affirmation fausse dans le processus de correction. Chaque mention de l'affirmation incorrecte, même dans le cadre de sa réfutation, augmente la familiarité avec celle-ci et, paradoxalement, rend l'idée plus susceptible d’être considérée comme vraie. En outre, l’utilisation de photos pour accompagner les corrections a montré un effet intéressant : les gens tendent à juger des informations accompagnées d’images comme plus crédibles que celles qui sont uniquement textuelles (Newman, Garry, Bernstein, Kantner, & Lindsay, 2012). Cela s'explique probablement par le fait que les photos offrent un "preuve visuelle" qui augmente la sensation de véracité de l'affirmation.
Dans une optique plus cognitive, il est également plus facile de corriger une croyance fausse lorsqu'on remplace une affirmation erronée par une nouvelle information positive plutôt que de simplement nier une croyance existante. Par exemple, les gens réagissent plus favorablement à la correction « Un poème écrit pour une mariée est un épithalame » plutôt que « Un poème pour une mariée n'est pas un épithalame ». Cette approche semble plus prometteuse pour combattre les croyances erronées que les stratégies de négation, qui se révèlent souvent moins efficaces. L’utilisation de cette méthode a d’ailleurs donné des résultats positifs dans des études sur les vaccinations, où la promotion d’une prise de conscience des risques réels des maladies (telles que la rougeole ou les oreillons) a plus efficacement modifié les croyances erronées que de nier simplement le lien supposé entre les vaccins et l’autisme (Horne et al., 2015).
Il est donc essentiel de comprendre que la correction des fausses informations ne se résume pas à une simple confrontation avec des faits contraires. Il s'agit d'un processus plus subtil et plus complexe qui implique de comprendre les biais cognitifs, les mécanismes de persuasion, et la manière dont l’information est reçue et interprétée par les individus. Par ailleurs, une correction efficace doit s'accompagner d'une stratégie visant à renforcer la crédibilité et la cohérence de la nouvelle information, tout en évitant de renforcer l'idée fausse à travers des mécanismes comme la répétition ou la présentation d’éléments visuels peu pertinents. Le combat contre la désinformation passe donc par une gestion minutieuse des croyances et des perceptions, avec un souci constant de la façon dont l’information est présentée et perçue.
Pourquoi avons-nous tendance à croire des informations fausses ?
Les humains, dans leur quotidien, font face à un flot constant d'informations, et il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. Cela est d'autant plus problématique à une époque où les nouvelles se propagent instantanément grâce aux réseaux sociaux. La psychologie cognitive offre des perspectives fascinantes sur les mécanismes qui sous-tendent cette croyance en des informations erronées, en particulier l'effet de "vérité illusoire", où la répétition d'une information, même fausse, la rend plus crédible simplement par le biais de la familiarité.
Le phénomène est bien documenté par des chercheurs tels que Fazio et al. (2015), qui ont démontré que l'exposition répétée à des énoncés faussement plausibles augmente leur perception de vérité. Ce biais, souvent inconscient, peut amener même les individus les plus instruits à croire des affirmations erronées. Par exemple, l'idée selon laquelle nous avalons des araignées pendant notre sommeil, une croyance largement répandue mais fausse, persiste à travers les générations malgré l'absence de preuve scientifique.
L'une des raisons principales pour lesquelles nous tombons dans ce piège réside dans la manière dont notre cerveau traite l'information. L'activation de mécanismes mentaux de validation d'information ne fait pas la distinction entre les faits réels et les informations fausses. Ainsi, même des personnes ayant une connaissance étendue dans un domaine donné peuvent être sujettes à ce biais. Les travaux de Gilbert et al. (1990) soulignent que notre esprit est constamment à la recherche de la simplicité cognitive, et dans cette quête, il a tendance à accepter les informations qui ne créent pas de dissonance cognitive, même si ces informations sont incorrectes.
La crédibilité de la source est également un facteur déterminant dans l'acceptation des informations. Si une information provient d'une source perçue comme fiable, elle est souvent acceptée sans remise en question, même si l'information elle-même est erronée. Le travail de Henkel et Mattson (2011) montre que la croyance en une information est renforcée par la confiance accordée à la source, et que cette dynamique peut entraîner une persistance d'idées fausses même après la correction de l'information.
La situation devient encore plus complexe avec la diffusion des fake news, où des informations délibérément fausses sont partagées à grande échelle. Une étude menée par Pennycook et Rand (2018) a révélé que la répétition de fausses informations, même lorsque ces informations sont clairement identifiées comme fausses, finit par modifier les perceptions et rendre ces informations plus convaincantes, simplement par leur fréquence. Ce phénomène a des implications profondes pour la manière dont les individus forment leurs croyances, en particulier dans le contexte de débats politiques ou sociaux.
Il est aussi important de noter que l'illusion de vérité peut être alimentée par des biais cognitifs plus complexes, comme les heuristiques de disponibilité. Par exemple, une information qui semble fréquemment répétée dans l'espace public, même si elle est incorrecte, peut être jugée plus fiable en raison de la simple fréquence de son apparition. Le phénomène de "vérité par la simple exposition", où la familiarité augmente la croyance en l'exactitude d'une information, est un mécanisme psychologique qui renforce cette tendance.
Cela explique pourquoi, dans l'ère des réseaux sociaux et des nouvelles instantanées, les individus sont plus enclins à croire des informations fausses, même en l'absence de preuves tangibles. La recherche de confort cognitif, la confiance accordée à des sources perçues comme crédibles et la simple répétition sont des forces puissantes qui influencent la manière dont nous assimilons et acceptons l'information. C'est là un défi majeur pour l'éducation à l'information et la lutte contre la désinformation. La capacité à discerner la véracité d'une information, à analyser sa source et à prendre en compte son contexte sont des compétences essentielles pour naviguer dans le monde numérique d'aujourd'hui.
Comment les campagnes de désinformation exploitent l’identité culturelle : le cas du Brexit
Le Brexit a été un tournant majeur dans l’histoire politique et sociale du Royaume-Uni, une décision prise par référendum en 2016 où une majorité a voté pour quitter l’Union Européenne. Ce résultat a suscité une multitude de débats, notamment sur les motivations profondes qui ont conduit les électeurs à choisir cette option. Au-delà des enjeux économiques, sécuritaires et sociaux évidents, une autre question se pose : pourquoi tant de gens ont-ils opté pour une décision dont les implications étaient si complexes, sans prendre en compte toutes les données disponibles ? Pourquoi des jeunes générations, plus concernées par l'avenir à long terme, ont-elles massivement voté contre le Brexit, tout en étant largement sous-représentées aux urnes par rapport à des électeurs plus âgés qui ont largement soutenu la sortie ? Une des réponses réside dans la manière dont les informations ont été traitées, non pas de manière rationnelle et basée sur des faits, mais selon une logique identitaire.
Le concept fondamental ici est le reframing, ou recadrage. En termes simples, ce phénomène décrit un changement de perspective qui ne se concentre plus sur les données factuelles complexes, mais plutôt sur une question plus simple, celle de l’identité. Lorsque la question du Brexit a été formulée, elle ne portait pas seulement sur les avantages et les inconvénients d’appartenir ou non à l’UE, mais elle a été framée comme une question identitaire : quelle serait la meilleure option pour l’identité britannique ? Ce passage du raisonnement fondé sur l’information à un raisonnement fondé sur l’identité a été favorisé par des campagnes de désinformation et par un ensemble de stratégies persuasives bien pensées.
Les campagnes de désinformation ont utilisé ce changement de cadre pour manipuler les électeurs en exploitant leur expertise culturelle et leur sensibilité aux enjeux identitaires. Une première étape a consisté à présenter des questions qui semblaient légitimes sur le plan culturel, mais qui étaient en réalité ambiguës ou fausses. Par exemple, la question de la souveraineté et de la liberté retrouvée après un départ de l’UE a été souvent formulée de manière à susciter un sentiment de perte d’identité britannique, voire d’invasion culturelle. Ce sentiment a été renforcé par des messages présentant l’Union Européenne comme une entité étrangère et menaçant l’authenticité du Royaume-Uni.
Cette manipulation s’est intensifiée au fur et à mesure que des symboles culturels et des références familières ont été utilisés pour renforcer ce message. La campagne pro-Brexit a mis en avant des images et des slogans qui faisaient appel à une « pureté » et une « unicité » britanniques, associées à des valeurs perçues comme traditionnelles et locales. L’enjeu n’était pas seulement économique ou politique, mais aussi culturel, et l’implication d’un tel choix semblait toucher l’identité même de l’électeur : « Si vous ne votez pas pour quitter l’UE, vous laissez votre culture se dissoudre ». Cela a permis de transformer la question complexe de l’adhésion à l’UE en une décision simplifiée, presque instinctive, sur l’avenir de ce que signifie être britannique.
Il est important de noter que ce changement de raisonnement n’a pas seulement affecté les partisans du Brexit, mais aussi les opposants. En effet, ceux qui soutenaient le maintien dans l’UE ont également été invités à repenser leur choix en termes d’identité, bien que de manière différente. Mais la différence résidait dans le fait que, pour ceux qui ont soutenu le Brexit, l’appel à l’identité nationale a été bien plus puissant et plus universellement partagé. L'idée de « quitter l’UE » est devenue un symbole de résistance et de réaffirmation d’une identité perçue comme menacée, tandis que l’option « rester » a été dépeinte comme une compromission avec une identité en déclin.
Pour comprendre les répercussions de ce phénomène, il faut aller au-delà de l’analyse des faits, de la rationalité des choix économiques et politiques, et se tourner vers l’étude des processus cognitifs et sociaux qui conduisent les individus à s’identifier plus fortement à des groupes culturels. Les compétences culturelles jouent un rôle crucial dans ce processus. Une personne, un groupe, une société, sont tous façonnés par des pratiques culturelles qui, bien qu’adaptées aux besoins sociaux immédiats, deviennent des cadres « collants », c'est-à-dire des normes et des valeurs qui imprègnent la manière de penser, de ressentir et de se comporter au sein de la société. Ces normes ne sont pas toujours optimales ou même rationnelles, mais elles sont efficaces pour assurer la cohésion sociale et la survie du groupe dans un environnement complexe.
L’utilisation de la désinformation en politique n’est donc pas seulement une question de propagation de fausses informations, mais plutôt une stratégie systématique pour manipuler les processus cognitifs des électeurs, afin de les amener à juger des situations complexes en termes d’identité plutôt qu’en termes d’analyses rationnelles des coûts et des bénéfices. En réorientant le raisonnement des individus de l’analyse factuelle vers des considérations identitaires, ces campagnes ont exploité des canaux émotionnels et psychologiques puissants, permettant à des arguments complexes de devenir facilement compréhensibles, mais aussi manipulables.
Il est également crucial de comprendre que ces processus ne concernent pas uniquement le Brexit ou même la politique européenne. Ce modèle de manipulation identitaire par la désinformation peut s’appliquer à de nombreux autres contextes politiques, sociaux et même économiques. Ce phénomène met en lumière la puissance des identités collectives et leur capacité à masquer ou à simplifier des décisions complexes, qu’il s’agisse de choisir un candidat, une politique ou de répondre à un défi social. Le recours à l’identité pour influencer les choix individuels et collectifs n’est pas une nouveauté, mais avec l’essor des médias numériques et des campagnes de désinformation à grande échelle, ces stratégies ont pris une nouvelle ampleur.
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