Dans le domaine de l'informatique haute performance, les exigences relatives aux systèmes de pointe augmentent, notamment en ce qui concerne l'innovation et l'évaluation de la fiabilité des matériaux de substrats et des cartes PCB. L'une des préoccupations majeures dans ces environnements extrêmes, tels que les conditions cryogéniques, est la déformation au niveau de la carte, un phénomène qui peut résulter de plusieurs facteurs. En particulier, l'ensemble des matériaux utilisés, comme les substrats et les encapsulants, doit présenter une compatibilité parfaite avec les exigences thermiques et mécaniques imposées par des températures aussi basses que celles du liquide azote ou de l'hélium liquide.

La déformation des cartes PCB dans des environnements cryogéniques peut être attribuée à plusieurs phénomènes, principalement au taux de rétrécissement des matériaux du substrat et à leur coefficient de dilatation thermique (CTE). Le taux de rétrécissement de la couche de noyau doit être choisi avec soin afin de s'assurer qu'il soit compatible avec l'ensemble du module et du package SSD. Cela permet de réduire la densité d'énergie de contrainte excessive, ce qui pourrait causer des tensions supplémentaires sur les joints de soudure en présence de températures extrêmement basses. Cette approche vise à éviter des défaillances prématurées des connexions.

Pour atténuer les effets de la déformation au niveau du PCB, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. Une des méthodes consiste à optimiser le profil de refusion des SSD avec un temps plus long au-dessus du point de fusion, ce qui permet d’assurer une meilleure homogeneity thermique pendant le processus de soudure. L'utilisation de pâte à souder LTS (Low Temperature Solder) est également une solution intéressante, permettant de réduire la température de refusion, de 260°C à environ 180°C, tout en maintenant une fiabilité optimale des joints de soudure. Cette réduction de température est cruciale pour limiter la déformation des matériaux au niveau des cartes et garantir la stabilité des circuits.

Une autre approche consiste à utiliser des PCB plus épais et à appliquer un traitement de surface Cu-OSP (Copper-Organic Solderability Preservative), particulièrement utile pour les applications automobiles. Ce traitement améliore la résistance des joints de soudure dans des conditions de température extrêmes. De plus, la sélection du bon substrat, avec un faible CTE et un faible module, est essentielle pour minimiser la déformation sous des températures élevées. En effet, un substrat avec des propriétés thermomécaniques adaptées pourra réduire la déformation de la carte lors des processus de soudure à haute température, et ainsi augmenter la résistance des joints de soudure.

Les modules de mémoire et les SSD doivent répondre à des exigences strictes en matière de fiabilité, telles qu'établies par les normes IPC et JEDEC. Ces normes sont essentielles non seulement pour la validation des processus de fabrication, mais également pour garantir la performance des dispositifs dans des environnements thermiquement et mécaniquement exigeants. Avant la production en série, il est crucial de se conformer à ces standards pour éviter des défaillances dans des applications critiques, notamment celles qui utilisent des systèmes de refroidissement par immersion ou dans des technologies comme l'informatique quantique, qui nécessitent des environnements cryogéniques.

En parallèle, l'innovation dans la fiabilité matérielle des modules de mémoire et des SSD est devenue plus cruciale que jamais. Les exigences actuelles du marché, notamment pour des applications telles que le refroidissement par immersion et les calculs en intelligence artificielle ou en informatique quantique, imposent une attention particulière à la robustesse des dispositifs dans des conditions extrêmes. L'évolution rapide de ces technologies de pointe ouvre la voie à de nouvelles méthodes de conception, qui devront répondre aux défis inédits posés par ces environnements à des températures ultra-basses.

Un autre aspect à considérer est l'évolution des matériaux de câblage et des interconnexions utilisées dans l'emballage des dispositifs de mémoire. Les matériaux de première et deuxième génération doivent être soigneusement sélectionnés pour garantir la fiabilité et la performance des dispositifs dans des conditions de température extrêmes. Par exemple, les fils de connexion en or, bien qu'étant un standard dans de nombreuses applications, peuvent ne pas offrir la même durabilité dans des environnements cryogéniques. Les nouvelles générations de matériaux et de processus de fabrication doivent être explorées pour répondre à ces nouvelles exigences.

Le processus de test et de simulation est également un facteur clé pour garantir la fiabilité des dispositifs sous des températures cryogéniques. Les simulations thermomécaniques peuvent permettre de prédire avec précision les comportements des cartes PCB dans des conditions extrêmes, permettant ainsi de mieux préparer les prototypes avant la production en série. Cette démarche de validation est essentielle, car elle permet d'identifier les points faibles de la conception avant que le produit n'atteigne les étagères du marché.

Quelles sont les solutions avancées pour la gestion thermique dans les emballages 2.5D et HPC ?

La gestion thermique constitue un enjeu crucial dans les emballages électroniques avancés, particulièrement dans les dispositifs à haute performance de calcul (HPC) et les architectures 2.5D. Les avancées récentes mettent en lumière des solutions innovantes tant au niveau des matériaux que des architectures, afin de limiter les défaillances dues à la surchauffe et d’optimiser la dissipation thermique.

Parmi les matériaux les plus prometteurs pour améliorer la conductivité thermique des composites époxy, les charges à base de carbone occupent une place prépondérante. Les poudres de graphène, obtenues par oxydation assistée au micro-ondes, affichent des conductivités thermiques atteignant jusqu’à 8,7 W/m·K pour seulement 1,8 % en poids, sans nécessité de traitement postérieur de réduction grâce à leur pureté élevée et leur faible teneur en oxygène. La dispersion homogène du graphène entre les particules d’alumine est un facteur clé pour maximiser la conductivité thermique des composites. De manière similaire, les nanotubes de carbone et les nanodiamants, notamment lorsqu’ils sont orientés verticalement, représentent des alternatives supérieures aux matériaux thermiques classiques grâce à leurs propriétés exceptionnelles de conduction.

Les céramiques telles que l’alumine (Al2O3) et l’oxyde de magnésium (MgO) apportent également des solutions viables. L’alumine peut être chargée jusqu’à 90 % en poids dans les composites, augmentant ainsi la conductivité thermique jusqu’à environ 3 W/m·K. Le MgO, utilisé à des fractions volumiques autour de 56 %, permet d’atteindre des conductivités thermiques comparables tout en conservant un contrôle rhéologique satisfaisant. Le choix de la granulométrie des poudres influe aussi sur l’efficacité du remplissage et, par conséquent, sur la performance thermique.

Les charges hybrides combinant diamant et argent, préparées via un procédé sans solvant « ball milling-heating », donnent lieu à des composites à conductivité thermique élevée (4,65 W/m·K pour 80 % en poids de charge). Leur intégration dans des résines époxy à cristaux liquides via un pressage à chaud permet d’optimiser la dissipation de chaleur, notamment dans les applications HPC où la gestion thermique est critique.

Sur le plan de l’architecture d’assemblage, la réduction de la résistance thermique aux interfaces entre puces est essentielle. Le comblement des espaces entre dies HBM (High Bandwidth Memory) par des matériaux encapsulants à haute conductivité thermique diminue les pertes thermiques. Les techniques telles que le thermo-compression bonding réduisent l’épaisseur des joints, minimisant la résistance thermique interfaciale. L’utilisation d’interconnexions hybrides cuivre/oxyde offre également des avantages notables en limitant la longueur des interconnexions et donc la dissipation thermique.

Une densification accrue des bumps de cuivre améliore la conduction thermique au sein du package, grâce à une plus grande surface de contact entre les puces. De plus, des dispositifs innovants comme les plaques thermo-mécaniques (TMP) insérées entre la mémoire HBM et le GPU contribuent à créer des chemins thermiques supplémentaires, éloignant la chaleur des sources critiques. Ces TMP, placés stratégiquement, offrent un contact direct avec des dissipateurs de chaleur, optimisant la gestion thermique dans les modules intégrés.

Enfin, l’implantation de microcanaux dans les interposeurs silicium en 2.5D ouvre la voie à un refroidissement liquide interne, révolutionnant la capacité de dissipation thermique par la circulation active de fluides à l’intérieur même du packaging. Cette approche microfluidique apporte une réponse aux besoins thermiques croissants des systèmes embarqués à haute densité.

Il convient de souligner que la sélection des matériaux ne doit pas se limiter à la conductivité thermique. Les propriétés diélectriques, la stabilité chimique, la résistance mécanique, ainsi que la capacité thermique jouent un rôle primordial dans la durabilité des emballages, surtout dans des environnements sévères. Par ailleurs, la maîtrise des interfaces entre matériaux reste un défi majeur pour éviter les dégradations liées aux cycles thermiques et aux contraintes mécaniques.

La compréhension fine des mécanismes de transfert thermique, des modes de défaillance induits par la température et des contraintes mécaniques associées à l’architecture des packages est indispensable pour concevoir des solutions durables et performantes. L’intégration de charges à haute conductivité thermique, combinée à des architectures optimisées pour minimiser les distances de conduction, garantit une meilleure fiabilité et une efficacité énergétique accrue dans les systèmes HPC.