Après la mort de Ménandre, une dispute éclata sur les cendres du roi, un épisode qui marqua la fin de la domination grecque en Asie centrale. En effet, au milieu du IIe siècle avant J.-C., la tribu des Yuezhi, également connue sous le nom de Yueh Chi, parvint à s'emparer de la Bactriane, un territoire autrefois dominé par les Grecs. Ce renversement met fin à la domination des Grecs en Gandhara, une région stratégique du sous-continent indien, en raison de multiples conflits avec les Indo-Parthes (Pahlavas) et les Indo-Scythes (Shakas). La chute de l'empire gréco-bactrien se matérialise au début du Ier siècle de notre ère, lorsqu'un roi Shaka, Rajuvula, renversa le dernier souverain gréco-bactrien, Strato III, et captura Sagala, aujourd'hui Sialkot.
L'impact de la domination gréco-bactrienne sur le plan culturel est indéniable, en particulier par l'émergence de l'école artistique du Gandhara, qui fusionna des influences grecques et bouddhiques. Cependant, l'histoire politique de la région ne se résume pas à cette influence grecque, car la domination des Shakas et des Parthes marqua un tournant majeur.
Les Shakas, ou Scythes, étaient un peuple nomade originaire des steppes eurasiennes. Leur territoire s'étendait sur une vaste zone de prairies tempérées, allant des plaines hongroises à la Mandchourie. Bien que les sources grecques les dépeignent comme des barbares, les fouilles archéologiques dans leurs tombes (les kurgans) révèlent une culture matérielle riche et des échanges constants avec les civilisations grecques et perses sédentaires. Dans les années 140 avant J.-C., après avoir été déplacés par la tribu des Yuezhi, les Shakas s'installèrent dans le territoire afghan avant de progresser vers le nord-ouest de l'Inde. Cette migration se fit au gré des tribus et des alliances politiques, notamment au travers de séries de pièces de monnaie et d'inscriptions retrouvées dans les sites antiques comme Taxila.
Le premier grand souverain Shaka de cette région fut Maues, qui conquit Taxila vers 85 avant J.-C. Son nom apparaît sur des pièces de monnaie en argent et cuivre, sur lesquelles il est représenté de manière similaire aux souverains gréco-bactriens, et parfois avec l’image de Zeus et de la déesse de la victoire, Niké. Toutefois, sous l'égide de certains rois comme Apollodote II, les Grecs parvinrent à reconquérir certaines terres perdues, mais leur domination ne fut que temporaire. Peu après, en 55 avant J.-C., un autre roi Shaka, Axes I, détrôna les derniers rois gréco-bactriens, mettant un terme à la domination grecque en Inde du Nord.
La suite de la domination des Shakas est marquée par des règnes successifs de souverains comme Azes I et Azes II, dont l'ère Vikrama (58/57 avant J.-C.) est encore utilisée en Inde pour marquer le début de leur règne. Les Shakas régnaient principalement par l’intermédiaire de gouverneurs appelés "kshatrapas", un terme qui remonte à l’Iran antique et désignait des dirigeants provinciaux sous les Achémonides. Au fil du temps, ces gouverneurs devinrent de plus en plus indépendants, ce qui donna naissance à une série de royaumes autonomes, notamment dans la région du Mathura, comme celui de Rajuvula et de son successeur, son fils Sodasha.
À côté des Shakas, un autre groupe ethnique, les Parthes, joua également un rôle crucial dans l’histoire de la région. Originaires de la région de l’actuel Khorassan, les Parthes s’imposèrent dans la région après avoir évincé les Séleucides au IIIe siècle avant J.-C. Leur empire, qui s'étendait de l’Asie mineure à l'Afghanistan, fut marqué par une opposition constante avec Rome. En ce début du Ier siècle de notre ère, un roi parthe, Gondophares, se fit une place dans le Gandhara et finit par vaincre les Shakas, établissant ainsi le royaume indo-parthe. L’empreinte de Gondophares est notamment retrouvée sur les pièces de monnaie où il arbore des titres grecs, se présentant comme "Grand Roi des Rois".
Le royaume indo-parthe de Gondophares dura jusqu’en 50 après J.-C., avant d'être supplanté par les Kouchans. Les Kouchans, une tribu des Yuezhi, étaient une autre branche des nomades du Centre-Asie, et leur ascension représente une nouvelle phase dans l’histoire du Gandhara. Avec le chef Kouchan Kujula Kadphises (ou Kadphises I), l’unification des cinq principautés Yuezhi marqua le début d’une nouvelle ère. Les Kouchans devinrent rapidement les maîtres de vastes territoires en Asie centrale et du sous-continent indien, favorisant les échanges culturels et commerciaux entre l'Inde, la Chine et la Méditerranée.
Ainsi, à travers la chute des Grecs, l’expansion des Shakas et des Parthes, et l'ascension des Kouchans, la région de Gandhara devint un carrefour incontournable de civilisations et de cultures. Ces changements marquèrent un bouleversement profond dans la configuration politique et culturelle de l’Asie centrale et de l’Inde du Nord. Leur impact se fit ressentir à travers des artefacts, des inscriptions et des monnaies, témoignant de la diversité et de la richesse de cette époque.
Il est important de comprendre que ces dynamiques de pouvoir, même si elles sont souvent décrites comme des conquêtes militaires, étaient également des processus de fusion culturelle. Chaque nouvelle vague d'invasion ou de migration apportait avec elle de nouvelles influences artistiques, religieuses et commerciales, ce qui favorisa la naissance de courants artistiques comme l'école de Gandhara. Ce phénomène n'était pas isolé mais faisait partie d'un processus plus large d'interaction entre l'Est et l'Ouest, qui allait préparer le terrain pour des transformations profondes dans la région, notamment au travers de la propagation du bouddhisme et des échanges avec l'empire romain.
Quelles transformations ont marqué la transition entre la phase Harappéenne précoce et mature dans la vallée de l'Indus ?
La transition entre la phase Harappéenne précoce et la phase mature a été marquée par une série de changements significatifs dans les modes de vie, les pratiques artisanales, et l'urbanisme, bien que les liens entre les différentes cultures et phases restent complexes et ne permettent pas de parler d’une influence homogène ou systématique de la culture Harappéenne. Les exemples de sites comme Nausharo et Mehrgarh montrent bien cette transition, avec des styles de poterie similaires, comme ceux de la période VIIC de Mehrgarh, qui correspondent aux premières phases de Nausharo, datées autour de 2600-2550 avant notre ère. Ce phénomène est intéressant à observer non seulement dans la vallée de l'Indus, mais aussi dans ses zones périphériques, où l’on trouve des traces de cette évolution progressive vers des formes plus élaborées d'habitat et de technologie.
Les sites de la vallée de Gomal, comme Gumla, illustrent également cette évolution. Au début de la période II, de nouveaux styles de poterie, proches de ceux de Kot Dijian, ont commencé à émerger, notamment dans la période III, marquée par des formes de poteries très caractéristiques, comme celle du « dieu cornue ». Dans la vallée de Bannu, les sites comme Lewan et Rehman Dheri révèlent des installations de plus en plus complexes, associées à des artefacts variés tels que des outils en pierre, des figurines en terre cuite et des perles en lapis-lazuli et en turquoise, indiquant des échanges avec l'Afghanistan et l'Asie centrale. Ces découvertes confirment l’intensification des réseaux commerciaux pendant cette période.
L’évolution de la poterie, qui constitue un élément clé de cette transformation, se distingue par une diversité croissante des formes et des décorations. La poterie de la période I à Kalibangan, par exemple, présente des dessins distinctifs, dont certains ressemblent à ceux de la phase mature, préfigurant les motifs plus complexes et plus uniformes de la phase Harappéenne. Ce changement se reflète également dans l’architecture. Les maisons en briques de boue standardisées, comme celles retrouvées à Kunal ou à Banawali, sont plus régulières et plus élaborées que celles des phases précédentes, ce qui témoigne de l’émergence de pratiques urbanistiques plus avancées et de l’organisation sociale qui y est liée.
L’industrie des perles et des bijoux en semi-précieux, omniprésente dans les sites de la période Harappéenne précoce, révèle à la fois un haut degré de spécialisation et une interconnexion avec des régions lointaines. À Kunal, par exemple, des perles de semi-précieux ont été découvertes en grand nombre, et l'un des foyers a révélé une importante collection de bijoux en argent et or, y compris des diadèmes et des colliers de perles. Ces trouvailles attestent de la richesse culturelle et des compétences artisanales de la société de l'époque, mais aussi de son ouverture sur d’autres civilisations et de son rôle dans le commerce régional.
Il convient également de noter que cette période voit un passage progressif d’une économie principalement fondée sur la chasse et la cueillette à une économie agricole plus marquée, comme en témoignent les découvertes de grains de blé et d’orge dans des sites comme Tarakai Qila. Les outils agricoles, notamment les faucilles, en pierre, utilisées pour la récolte, montrent que la culture du blé et de l’orge était déjà bien implantée à cette époque. De plus, les vestiges fauniques trouvés sur de nombreux sites (bétail, moutons, chèvres) attestent de l’importance de l’élevage dans la vie quotidienne des communautés de l'Indus.
La forte concentration de sites de la phase Kot Dijian dans la région de Cholistan indique un changement radical dans les modes de vie, avec une réduction significative des sites nomades au profit de la création de villages plus permanents. Cette évolution peut être vue comme une réponse à la demande croissante de ressources et à la nécessité de soutenir une population de plus en plus dense, nécessitant une organisation sociale plus complexe et des infrastructures adaptées, comme en témoignent les fouilles récentes qui ont mis au jour des ateliers de production de poterie et de fabrication d’outils.
Au final, bien que de nombreuses questions subsistent encore sur les liens exacts entre les différentes cultures et la nature des échanges entre elles, il est clair que la transition vers la phase mature de la civilisation Harappéenne a impliqué des changements profonds dans les structures sociales, économiques et culturelles. Les découvertes récentes montrent l'émergence d'une société complexe et interconnectée, marquée par des innovations technologiques, une croissance démographique soutenue, et des échanges étendus, ouvrant ainsi la voie à l'une des civilisations les plus remarquables de l'Antiquité.
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