La rationalité, dans son sens le plus large, dépasse souvent la compréhension réductrice à laquelle elle est souvent soumise. Elle ne peut être assimilée simplement au rationalisme, une approche qui réduit la raison à un ensemble de principes logiques et analytiques. Si l’on considère les assertions religieuses ou les réflexions éthiques, il est évident que celles-ci ne peuvent être automatiquement qualifiées d’irrationnelles. La théologie, bien que parfois mystique, s'exprime souvent dans un langage rationnel et utilise des arguments logiques pour construire une vision du monde cohérente. Les théologiens et les éthiciens développent leurs idées au moyen d'arguments rationnels. Cependant, ce qui est en question ici, c’est une forme particulière de rationalité qui, enfermée dans les présupposés d’une vision du monde séculière, exclut toute forme de discours religieux, comme le ferait la théorie de choix rationnel, qui repose sur l'idée d'un homo economicus, un individu conçu comme un agent purement rationnel motivé par l'intérêt personnel. De nombreux économistes semblent penser que ceux qui ne pensent pas et n'agissent pas selon la logique du marché sont déconnectés de la réalité.
Ce qui est encore plus crucial, c'est que les personnes religieuses, ou celles qui s’expriment dans leurs langages les plus significatifs, peuvent occasionnellement choisir délibérément de se conformer à la lingua franca de la rationalité séculière, mais cela ne doit pas les contraindre à se départir de leur propre vérité intérieure. Dire à ceux qui croient que leur voix doit se taire revient à faire de même avec d'autres groupes marginalisés dans la société. C’est une demande injuste qui revient à forcer les individus à apprendre une langue étrangère ou à adopter un style de discours particulier avant de pouvoir participer à la sphère publique. Ce phénomène de changement de code, où l’on alterne entre différents langages ou styles – religieux et séculier, rationnel et romantique, anglais standard et dialectal – n’est pas simplement un phénomène de surface. Il répond souvent à des besoins plus profonds, comme la nécessité d’évoquer des perspectives multiples ou de répondre à des questions existentielles par un vocabulaire plus riche et nuancé.
L’insistance à ce que tous s’expriment dans un style purement rationaliste peut réduire la diversité des débats publics, voire les rendre uniformes et inaccessibles. Une telle approche se heurte à l’histoire complexe de la rationalité moderne, notamment la rationalité de l’époque des Lumières, qui, bien qu’elle ait apporté de nombreux progrès, a également été utilisée pour justifier des pratiques coloniales et, plus tard, des formes de capitalisme avancées. Quand cette rationalité s’impose comme la seule norme dans le domaine public, elle élimine de manière systématique les voix indigènes et oblige tout le monde à se conformer à un modèle qui exclut toute sensibilité religieuse ou spirituelle. Ce n’est pas simplement la séparation de l’Église et de l’État qui est en jeu, mais aussi la question de la liberté d’expression religieuse dans l’espace public. La Constitution américaine, par exemple, a mis en place un système sans religion établie, mais elle n’a pas voulu effacer le discours religieux de l’espace public.
Dans certaines traditions philosophiques chrétiennes, ainsi que dans le romantisme, l’idée que l'humanité doit inclure à la fois la tête et le cœur, la matière et l’esprit, a été longuement débattue. Thomas d’Aquin, par exemple, avait une vision du cosmos dans laquelle celui qui connaît et ce qui est connu étaient réunis dans une étreinte effective. Sans le langage religieux, certains aspects de la réalité risquent de devenir inaccessibles, d’une certaine manière inqualifiables. Cette vision a des implications profondes dans notre époque postmoderne, marquée par la diversité et la multiplicité, mais aussi par un âge post-séculier, post-colonial et post-rationaliste. La séparation de la religion et de la raison ne signifie pas que nous avons été témoins d'une transition d’un monde chrétien vers un monde laïque. Ce n’est pas un simple déplacement d'un domaine de pensée vers un autre.
Dans ce contexte, il convient de reconnaître qu’une époque où la science est considérée comme la forme ultime de savoir pourrait devenir problématique. Richard Dawkins, célèbre biologiste évolutif et critique de la religion, a suggéré que l'univers tel qu’il est décrit par les scientifiques, dépourvu de sens ou de but, est exactement ce à quoi on pourrait s’attendre si la nature n’avait pas de finalité divine. La science, en tant que méthode et en tant que résultat, est perçue dans le monde occidental comme le plus grand héritage de la modernité. Cependant, la réussite incontestable de la science, et notre dépendance à ses réalisations, peuvent mener à une forme de monoculture où la seule vision valable de l'univers serait celle imposée par la méthodologie scientifique, excluant ainsi d’autres formes de connaissance.
Cette tendance n’est pas sans dangers. L’histoire de la science, comme celle de la religion et des autres formes culturelles humaines, est marquée par ses propres contradictions et échecs. La distinction opérée par Descartes entre le sujet pensant et le monde objet a non seulement permis des avancées scientifiques impressionnantes, mais a également préparé le terrain pour une exploitation systématique de la nature, et par extension, des êtres humains eux-mêmes. Quand la science devient la seule référence valable pour comprendre le monde, cela conduit à un appauvrissement de nos récits collectifs, qui sont essentiels à l’humanité pour répondre à ses interrogations profondes sur l’existence.
La question fondamentale qui se pose aujourd'hui est donc de savoir si la science, malgré ses réussites indéniables, peut vraiment répondre à toutes les questions existentielles de l’humanité. Si elle est considérée comme la seule voie légitime pour comprendre le monde, elle risque de rétrécir l’horizon des possibles et de nier toute forme d’expérience humaine qui échappe à son cadre. Dans un monde où l’évolution rapide de la science et de la technologie nous impose des défis nouveaux et complexes, il devient plus crucial que jamais de réintégrer les dimensions spirituelles, philosophiques et éthiques dans notre réflexion collective. C'est dans cette intersection entre science, religion et philosophie que réside, peut-être, la clé pour comprendre la pleine portée de notre existence et de nos capacités humaines.
Comment réinventer les biens communs et la place de l’humanité dans l’économie divine
Le débat autour des biens communs occupe une place centrale dans les réflexions contemporaines sur la justice sociale et économique. Dans le contexte américain, les tensions entre individualisme et solidarité sont particulièrement vives. Cette opposition se cristallise autour de la vision d’un monde divisé : d’une part, les riches, la minorité, et de l’autre, les démunis, la majorité. La notion de « biens communs » semble aujourd’hui une abstraction pour ceux qui défendent un modèle économique où chaque individu est responsable de son propre destin, au détriment de toute conscience collective. Cette vision ne prend guère en compte les structures sociales qui permettent la coexistence harmonieuse et l’entraide au sein d’une société.
Le modèle des biens communs, tel qu’il était incarné dans les petites communautés de Nouvelle-Angleterre, se distingue fondamentalement de l’approche néolibérale actuelle. À l’origine, le « commons » désignait un espace partagé, un bien collectif auquel chaque citoyen pouvait accéder. Il était le fondement de l’idée de « commonwealth », une entité civile dans laquelle chaque individu, sans distinction de richesse ou de statut, était considéré comme un acteur essentiel. Cette conception s’oppose directement aux inégalités creusées par une économie de marché où l’intérêt privé prime sur l’intérêt public.
Les critiques de cette situation, comme celles de John Kenneth Galbraith, soulignent que l’accumulation de la richesse par une petite élite conduit à la « misère publique ». L’idéologie conservatrice actuelle, en particulier, néglige souvent l’idée même de biens communs, cherchant à les réduire ou à les privatiser pour préserver l’autonomie individuelle. Dans cette optique, des institutions comme la sécurité sociale ou les soins de santé sont considérées comme des intrusions de l’État dans la liberté individuelle, des obligations imposées par un gouvernement que l’on préfère voir miné ou inexistant.
Ce phénomène ne concerne pas seulement les États-Unis. L’Europe, avec ses démocraties sociales, est un contre-modèle qui fait l’objet de critiques constantes de la part des conservateurs américains. Les Européens, à l’inverse, se considèrent comme étant eux-mêmes le gouvernement, une entité collective en charge de la gestion des biens communs, qu’il s’agisse de la santé publique, de l’éducation ou des services sociaux. L’idée de voir ces biens comme étant partagés, pour le bien commun, fait partie intégrante de leur identité politique.
Cependant, cette idée de l’interdépendance humaine et de la solidarité se heurte de plus en plus à une culture du « chacun pour soi ». Le capitalisme mondial, avec ses dérives, a créé un système dans lequel les inégalités économiques ne cessent de croître, et où la planète, ses ressources et ses habitants sont de plus en plus exploités. Le système capitaliste global, qui parvient à se cacher derrière un écran de « libertés individuelles », constitue un mal structurel qui dégrade la planète tout en concentrant les richesses. Cette dynamique s’accompagne d’un déni des réalités écologiques et sociales, la crise climatique étant souvent rejetée comme une invention de la gauche progressiste ou un prétexte pour imposer un gouvernement mondial autoritaire.
Les religions, notamment dans le monde chrétien, sont souvent silencieuses face à cette dérive, mais il existe une prise de conscience croissante parmi les chrétiens, même parmi les plus conservateurs. La question écologique commence à être perçue non pas comme une question secondaire, mais comme un impératif moral. De plus en plus de théologiens et d’éthiciens religieux, comme Sallie McFague ou Cynthia Moe-Lobeda, s’inspirent des Écritures pour réfléchir à un modèle d’éthique planétaire qui intègre les enjeux de justice sociale et environnementale. La création de Dieu, au lieu d’être vue comme un simple décor de l’humanité, devient le centre de cette réflexion.
Le lien entre l’économie, la société et l’environnement devient donc incontournable. Il ne s’agit pas simplement de protéger la planète pour elle-même, mais de reconfigurer un ordre social où les valeurs de solidarité et de partage prennent le pas sur l’individualisme. Ce processus nécessite une refonte radicale de l’éthique économique. L’appel à une économie centrée sur la dignité humaine et la préservation de la terre est désormais plus urgent que jamais.
Dans cette quête, il est crucial de remettre en question le paradigme dominant : celui qui considère que le marché, par sa main invisible, saura régler les problèmes sociaux et environnementaux. Cette vision est de plus en plus contestée par ceux qui, à travers les mouvements sociaux ou écologiques, cherchent à construire un monde plus juste. Le concept de « religion verte » (ou « dark green religion ») défendu par des chercheurs comme Bron Taylor nous invite à repenser notre rapport à la nature et à l’environnement. La nature n’est pas simplement un ensemble de ressources à exploiter ; elle est sacralisée, elle possède une valeur intrinsèque qui dépasse l’utilitarisme économique.
La transition vers un modèle respectueux des biens communs et de la planète nécessite une conscience collective accrue. Le défi consiste à penser au-delà de l’individualisme et à imaginer un avenir où l’on voit les autres — et la nature — non pas comme des objets à exploiter, mais comme des partenaires dans un grand projet commun.
Pourquoi la présence chrétienne dans l'espace public demeure-t-elle essentielle à la société moderne ?
Lorsque les conservateurs associent l'utopie uniquement à un paradis lointain, ils protègent ce monde de l'infection par le libéralisme divin. Cette position représente un échec de l'imagination religieuse. L'espoir chrétien, en effet, aspire au jour où le ciel franchira le seuil de la terre, comme le Nouveau Testament l'enseigne, à travers l'incarnation de Dieu en Jésus-Christ. Cependant, si le ciel est la matrice de toutes les métaphores, il convient de veiller à la capacité du langage contemporain à en maintenir l'horizon. L’espoir utopique tisse ce lien, et c’est en l’absence de cette vision que l’humanité se trouve à bout de souffle. Il nous faut résister à ceux qui cherchent à nous affranchir de la religion, de la poésie, des mots de mystère et de transcendance—mais aussi aux fondamentalistes qui veulent nous sauver par le littéralisme. Contre ceux qui prétendent nous libérer par la raison, nous devons suivre les poètes en quête des mots absents.
Qu'avons-nous gagné en niant l’existence de récits plus larges ? Comment pouvons-nous prétendre être meilleurs en échouant à écrire un Dieu libérateur dans le contrat social ? Le report indéfini de l’arrivée de Dieu, la protection de l’ADN capitaliste contre les mutations divines, le rattachement de Dieu à des ambitions modestes et des préjugés familiers—ces stratégies dissipent les libérations que le Dieu de la Bible nous offre. Les révélations saisissantes sont réduites à un avenir confortable. Pourtant, aucun bien ne découle de l'extraction du projet humain de son sol imaginaire et riche. Nous devenons simplement déconnectés de la vie de l'esprit, et aliénés de nos désirs les plus profonds. Lorsque tant de souffrances frappent le monde, ce n’est pas le moment pour l'iconoclasme qui interdit l’imagerie de Dieu au sein du projet humain. Croire, c'est voir. N'est-ce pas l’utopisme, cette tentative difficile d’imiter un Dieu libéral sur une terre non-liberale ?
Au début de la réception de l'Eucharistie, certains célébrants disent : "Voici ce que vous êtes ; devenez ce que vous recevez." Cette proclamation nous invite à une transfiguration, une transformation profonde, à l’image d’une société qui pourrait, elle aussi, être transfigurée par une compréhension plus audacieuse et inclusive du divin dans l’espace public.
Les laïcs se congratulent souvent eux-mêmes. Ils croient fermement que la victoire sur la religion est l'un des "résultats assurés" du rationalisme des Lumières, de la science et de la modernité. De la même manière que les fondamentalistes religieux, ils apportent une confiance irréfléchie dans l'espace public et revendiquent des droits exclusifs. Selon eux, le discours religieux devrait rester dans l’intimité des foyers ou des églises, voire disparaître totalement. Pour appuyer cette position, ils affirment que la clause d'établissement du Premier Amendement exige l'exclusion de la religion de presque tout l'espace public. Mais au fil du temps, la Cour suprême a amorcé un mouvement dans lequel la liberté de religion et, mieux encore, le droit à la liberté d'expression, sont perçus comme garantissant les droits de la religion au même titre que ceux des autres communautés de discours. Ce processus a récemment été renforcé par la décision de la Cour suprême en juin 2019, permettant à une grande croix commémorant les vétérans de demeurer sur un terrain public.
Dans ce contexte, il devient nécessaire de revendiquer une présence chrétienne et religieuse dans l’espace public. Cela ne signifie pas la prise de contrôle de cet espace, ni l’instauration d’une théocratie militante, mais une présence chrétienne assumée, porteuse de valeurs et d’une vision significative pour la société. La société, loin de se réduire à un terrain de confrontation entre idéologies, devrait accorder une place à toutes les voix, y compris celles des croyants. Ainsi, la religion doit être autorisée à participer au discours public et à reformuler les principes de la justice sociale.
Un exemple pertinent réside dans l’étude des cloches d’église en France. Pendant longtemps, elles ont marqué à la fois le temps religieux et séculier, appelant les citoyens à la prière ou à l'assemblée civique. Mais après la Révolution française, il devint nécessaire de les contrôler, de les "municipaliser", afin de les soumettre aux nouveaux intérêts nationaux. Ce processus visait à "désenchanter" le paysage sonore, à éloigner la religion de la vie civique. Mais, comme le montre cette histoire, la séparation totale entre le religieux et le public engendre non seulement une perte de sens collectif, mais aussi un appauvrissement de l’expérience spirituelle commune.
Le laïcisme, en tant que conception du monde moderne, se veut la vision dominante de la science, de l'élite sociale et de l’éducation. Il se manifeste par la diminution, voire l’élimination, du rôle de la religion dans l’interprétation des origines humaines et du destin. Il affirme que la foi n’a pas sa place dans l’élaboration des politiques publiques. Pour certains, un monde post-chrétien est le fruit de l'héritage des Lumières et de la modernité. Pourtant, pour d’autres, une religiosité authentique pourrait bien être la réponse aux maux qui frappent notre époque.
Charles Taylor, dans son ouvrage influent A Secular Age, soutient que nous vivons désormais dans un monde postmoderne où les concepts de laïcité et de religion sont plus fluides qu’auparavant. L’un n’équivaut pas nécessairement à l’absence de l’autre. En réalité, la laïcité pourrait même être perçue comme une nouvelle forme de religiosité, un désir d'absolu qui se substitue à celui porté par les religions traditionnelles.
Ainsi, loin de réduire la laïcité à une neutralité idéologique, il est essentiel de comprendre qu’elle constitue aussi une forme d’affirmation idéologique qui demande, tout autant que la religion, sa propre place dans le débat public.
La vocation de la chrétienté progressiste dans un monde en mutation
Les mouvements populaires jouent un rôle fondamental dans la transformation de nos sociétés. Ils ne se limitent pas à revendiquer des droits ou à organiser des manifestations, mais sont avant tout créateurs. Les peuples sont les poètes sociaux de notre époque : ils construisent, produisent, inventent, souvent au service de ceux laissés pour compte par un marché mondial qui oublie les plus vulnérables. Le véritable avenir de l’humanité n’est pas entre les mains des grandes puissances, des leaders mondiaux ou des élites économiques, mais bien entre celles des peuples. Leur capacité à s’organiser, à faire preuve d’humilité et de conviction, est ce qui guidera les processus de changement nécessaires. Il en va de même pour la religion, particulièrement du christianisme, qui, à travers ses diverses traditions historiques, pourrait répondre à l’appel du Dieu libérateur de la Bible.
Le christianisme progressiste, en particulier, se distingue par une critique radicale du "capitalisme tardif" et de son idôlatrie du marché libre, où la nature et les biens communs sont relégués au rang de simples externalités. Dans ce contexte, un christianisme réinventé pourrait émerger, capable de fusionner la vision sociale de la démocratie avec une approche religieuse postmoderne. Un christianisme rénové pourrait ainsi réunir des idées nouvelles tout en se libérant des carcans des institutions traditionnelles. Le mouvement chrétien de gauche pourrait alors s’impliquer dans une transformation plus large de la société, apportant avec lui des solutions à des crises à la fois économiques, politiques et sociales.
Diana Butler Bass, spécialiste du christianisme contemporain, plaide pour une réintégration de la théologie chrétienne dans le monde concret, loin des abstractions et des pensées qui ignorent la réalité quotidienne des individus. Son œuvre cherche à démontrer que, loin de mourir ou de s’effacer, la religion chrétienne se transforme, s’adapte, et peut même être un moteur de renouvellement spirituel et social. Elle met en avant une révolution spirituelle qui ne se trouve pas dans une quête d’une transcendance lointaine, mais dans un retour aux racines de la foi, qui doit se réaliser "de la terre vers le ciel", comme l’incarnation du Christ l’a démontré.
Cette transformation spirituelle ne correspond ni à un repli sur soi-même ni à un rejet complet des formes traditionnelles d’organisation religieuse. Au contraire, il s’agit de réancrer la foi dans les préoccupations terrestres, dans la souffrance humaine et dans la protection de la planète. Dans ce cadre, le rôle de l’Église et des leaders chrétiens est de se faire "conscience de l’État", comme l’avait souligné Martin Luther King Jr., et non de servir les intérêts politiques ou économiques. Le christianisme progressiste doit s’engager dans le monde réel, et c’est dans la dénonciation des injustices sociales, la promotion de la dignité humaine et le service des plus démunis qu’il peut se redéfinir.
Les périodes de crise ont souvent poussé l’Église à se remettre en question et à affirmer des déclarations publiques, des "confessions" ou des "déclarations de foi" en réponse à l’oppression. Ce type de confession publique devient essentiel lorsqu’il s’agit de défendre des valeurs de justice, de paix et d’équité face à des gouvernements qui se sont éloignés de l’idéal chrétien. C’est dans ces moments que les chrétiens doivent se demander quel est leur véritable engagement envers le Christ, et quel impact ce dernier doit avoir sur leur engagement dans la sphère publique.
Ainsi, au-delà de la simple critique des systèmes économiques et politiques, un christianisme progressiste doit être celui qui ose redéfinir sa loyauté à Christ dans le cadre des luttes sociales actuelles. Cette loyauté implique une réaffirmation des valeurs chrétiennes dans la politique, une politique qui protège les plus vulnérables et défend les droits humains. Un tel christianisme ne peut se contenter de suivre passivement les événements, mais doit activement participer à la construction d’un monde plus juste, incarnant ainsi l’appel de Dieu à la libération.
À travers ces actions, les chrétiens peuvent redéfinir leur place dans le monde moderne. L’objectif est de développer une théologie de l’action publique qui soit fidèle à l’enseignement de Jésus, un christianisme qui soit non seulement une affaire privée, mais aussi un projet collectif pour la société. Un tel engagement exige de faire des choix fermes et de dénoncer les pratiques politiques et sociales qui corrompent l’âme de la nation et portent atteinte à l’intégrité de la foi publique. En ces temps de crise, ce n’est pas l’indifférence qui est de mise, mais l’engagement actif envers les idéaux du royaume de Dieu.

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский