À l'avant des ailes, la zone laminaire est particulièrement importante près du point de stagnation. Elle représente une partie significative des zones anti-givrage, où les parois sont relativement lisses et où la transition laminaire-turbulente ne se déclenche pas trop tôt. De plus, la condition de température imposée est compatible avec le processus couplé mentionné précédemment. En supposant que (Te - Tw)δ1T et la variable de la couche limite dynamique CD soient connus, la dérivation de la relation de fermeture pour les deux inconnues (Te - Tw)δ2T et Φw de la troisième équation du système (120) se fait en utilisant un profil de température supposé. La forme du profil de température est définie comme suit (en cohérence avec la forme du profil de vitesse de l’Équation (127)) :

Θ(ξ)=(TeTξ)(1(Teξ))=(+ATTξ)(11ξ)q\Theta(\xi) = (Te - T\xi)(1 - (Te - ξ)) = (+ A T Tξ)(1 - 1ξ)q

où ξ = y/δT. Mathématiquement, ce profil est défini entre 0 et δT, plutôt qu'entre 0 et l'infini, δT étant l'épaisseur de la couche limite thermique, une inconnue du problème. Ce profil respecte les conditions suivantes : la température de la paroi est Tw (Θ(0) = 1), la température au bord est Te (Θ(1) = 0) et les dérivées de la température s'annulent à l'extérieur de la couche limite (jusqu’à l’ordre q - 2).

Deux conditions supplémentaires sont définies pour déterminer AT et δT :

1δ1T=δTΘdξ1 δ1T = δT Θ dξ

La première de ces conditions relie directement les coefficients du profil de température (135) à la variable résolue (Te - Tw)δ1T, faisant de ce profil une relation de fermeture appropriée. La deuxième condition provient de la conservation locale de l'énergie pour ξ = 0 avec μ/ρ uniformes dans la couche limite. L’Équation (136b) est alors déduite par la notation des flux thermiques et cinétiques. Le système de relations (136a), (136b) fournit un ensemble d'équations avec deux inconnues, AT et δT, car l'introduction de l’Équation (135) dans les Équations (136a) et (136b) implique :

AT=4(q1)(q2)λμe/ρe(TeTw)ρeu2eC2fδ2T8(q1)λμe/ρe(TeTw)AT = 4(q - 1)(q - 2)λμe/ρe(Te - Tw) - ρeu²eC²f δ²T 8(q - 1)λμe/ρe(Te - Tw)

Pour résoudre ce système, AT est inféré à partir de δT une fois que δT a été trouvé en solution de l’équation suivante pour un δ1T et q donnés :

δ1T=12q(q1)λμe/ρe(TeTw)δTρeueC2fδT8q(q1)(q+1)λμe/ρe(TeTw)δ1T = 12q(q - 1)λμe/ρe(Te - Tw)δT - ρeueC²f δT 8q(q - 1)(q + 1)λμe/ρe(Te - Tw)

Le paramètre q, qui a été pris sous une forme linéaire en fonction du facteur de forme H, est utilisé pour tenir compte des effets du gradient de pression :

q(H)=max[(1.181319H+6.313094),2]q(H) = \max[(−1.181319H + 6.313094), 2]

L’Équation (140) provient de la résolution du système (120) avec le solveur BLIM2D, utilisé pour différentes valeurs de q, dans des cas de flux en coin avec température de paroi imposée. Les flux en coin produisent des solutions théoriques de Falkner-Skan en régime laminaire pour la couche limite dynamique. Des valeurs théoriques sont aussi disponibles pour des vitesses très faibles, dans lesquelles la dissipation visqueuse dans la couche limite peut être négligée.

La résolution numérique de ce problème thermique peut être effectuée par une approche ségréguée : la couche limite dynamique est d'abord résolue, puis la couche limite thermique. Cette approche permet de décomposer les deux systèmes d'équations, facilitant la résolution. En termes de discrétisation, un schéma de premier ordre basé sur la méthode des volumes finis est utilisé pour la spatialisation, tandis qu'un schéma semi-implicite est employé pour la discrétisation temporelle. Un critère de stabilité basé sur le nombre de Courant est appliqué pour assurer la convergence du modèle.

Un défi majeur dans la méthode réside dans le traitement des régions proches du point de stagnation, ce qui nécessite une attention particulière pour la discrétisation fine autour de ces points. Les approches de type "time-stepping local" sont employées pour accélérer la convergence vers la solution stationnaire, tout en évitant de spécifier explicitement la position du point de stagnation.

Dans les simulations effectuées, il a été observé que les valeurs de q, telles que celles définies dans le tableau 4, correspondent aux meilleures correspondances avec les résultats théoriques dans les conditions de stagnation et de plaque plate. Ces résultats confirment que l’approche numérique utilisée est fiable pour la modélisation thermique de systèmes d'anti-givrage électrothermiques.

Il est important de souligner que la méthode repose sur l'hypothèse de densité constante, ce qui peut introduire des erreurs dans les calculs lorsqu'il y a des changements importants de température, comme dans les systèmes de chauffage de parois. Ainsi, les calculs pour des gradients thermiques élevés doivent être interprétés avec prudence, en particulier lorsque la différence de température entre la paroi et l'air est significative.

Comment optimiser la méthode Lagrangienne pour la simulation de l'impact des gouttes d'eau : Défis et solutions

Les erreurs numériques dans le processus d'interpolation peuvent entraîner une singularité dans la matrice RBF (Radial Basis Function) du maillage, notamment lorsque la longueur de l’arête près du mur est relativement grande. Afin de résoudre ce problème, il est nécessaire de normaliser le maillage. La méthode de projection du gradient du champ consiste à approximer une valeur par son augmentation le long du vecteur reliant le centre de la cellule à la position cible. Le paramètre du champ d’écoulement en un point d’interpolation, noté qiq_i, est obtenu en résolvant l'équation (24), illustrée par la figure 6, qui décrit la normalisation dans l'interpolation RBF. Cette méthode est à la fois simple et efficace, mais elle présente l’inconvénient de ne pas garantir une forte connectivité entre les maillages, en raison des discontinuités entre les points de données.

Dans le calcul des trajectoires des particules utilisé dans la méthode Lagrangienne, il est essentiel d'obtenir l'information des cellules du maillage dans lesquelles se trouvent les gouttes d'eau à chaque instant. Habituellement, un algorithme de recherche globale est utilisé pour localiser les gouttes d'eau en vérifiant la relation de position entre les gouttes et chaque cellule du maillage. Toutefois, cette méthode peut être trop gourmande en temps de calcul, notamment dans les cas tridimensionnels avec des maillages volumineux. Une alternative efficace consiste en l'algorithme de recherche directionnelle pour le suivi des particules. Ce procédé permet de déterminer la cellule cible à partir de la position initiale de la goutte et de son déplacement, en résolvant les équations de mouvement de la goutte. Ce procédé est particulièrement avantageux dans des configurations complexes telles que les maillages polyédriques, car il ne nécessite pas de traitement spécial lorsque la particule traverse une paroi, étant donné que cette information est déjà contenue dans les données du maillage.

Lorsque l’on passe à des géométries plus complexes, comme celles des avions ou des moteurs, la méthode Lagrangienne rencontre des difficultés pour capturer précisément les informations d'impact des gouttes d’eau sur l’ensemble des éléments de surface des parois. Pour remédier à ces limitations, plusieurs techniques avancées ont été développées. Parmi celles-ci, la méthode de calcul des limites d'impact basée sur des matrices de gouttes d’eau adaptatives est particulièrement prometteuse. Dans cette approche, une matrice de gouttes d'eau est d'abord définie devant le modèle, et la trajectoire de chaque goutte est suivie pour déterminer si elle touche ou non la paroi. Si certaines gouttes échouent, une distance minimale de la paroi est utilisée pour raffiner la matrice de gouttes d'eau et optimiser ainsi le calcul de la limite d'impact.

La méthode de l’algorithme de descente de gradient pour l'optimisation des positions de lancement des gouttes d'eau permet également d'améliorer le calcul du coefficient de collecte d'eau. Elle consiste à ajuster les positions de lancement des gouttes d'eau de manière itérative pour s'assurer que chaque "tube de flux" touche bien la position cible sur la surface solide. Ce processus est particulièrement utile pour les configurations complexes où les zones ombragées doivent être prises en compte avant d'optimiser la distribution des gouttes.

Les applications de la méthode Lagrangienne sont nombreuses, notamment dans la simulation des conditions de givrage en vol. Cependant, même si ces méthodes avancées apportent une solution plus précise pour des géométries complexes, elles demeurent coûteuses en termes de calcul et nécessitent des optimisations constantes pour garantir leur efficacité dans des modèles tridimensionnels à grande échelle.

Les lecteurs doivent bien comprendre qu'une des limitations majeures de ces méthodes repose sur la gestion des erreurs numériques, qui peuvent affecter la précision des résultats, en particulier dans les modèles de grande taille. La normalisation du maillage et l'optimisation des algorithmes de recherche directionnelle sont des étapes clés pour améliorer la fiabilité des simulations. De plus, bien que des méthodes avancées comme l’algorithme de descente de gradient permettent de traiter des géométries plus complexes, leur implémentation reste un défi et implique souvent des compromis entre précision et temps de calcul. Il est crucial de tenir compte des spécificités des géométries traitées et des ressources disponibles pour déterminer la meilleure approche pour chaque type de modèle.