Les médicaments sensibles à la température présentent un défi particulier lors de l'impression 3D, notamment avec la technique de dépôt de filament fondu (FDM), où des températures élevées peuvent entraîner une dégradation de la substance active. Une étude menée par Goyanes et al. a révélé que des comprimés de 5-ASA et 4-ASA imprimés en 3D à différentes températures d'insertion ont montré une dégradation à des températures plus élevées (Fig. 15.22). Ces résultats mettent en évidence l'importance de contrôler la température de l'impression pour éviter la perte d'efficacité des médicaments.

Dans une autre recherche menée par Goyanes et al. [30], des comprimés de différentes géométries ont été imprimés à une température de 180°C pour analyser leur profil de libération de médicament. La formulation de ces comprimés est rendue complexe par la production en masse, et l'utilisation d'un filament à base de PVA contenant 4% de paracétamol a permis d'étudier l'impact de la géométrie des comprimés. Les résultats ont montré que la libération du médicament ne dépend pas de la surface elle-même, mais du ratio surface/volume, ce qui ouvre la voie à une personnalisation de la libération des principes actifs en fonction de la forme géométrique des comprimés (Fig. 15.23).

D'autres travaux ont également démontré la flexibilité de la fabrication de comprimés dos

Comment la nanotechnologie révolutionne-t-elle l’industrie du cuir vers une production durable ?

L’essor de la nanotechnologie marque une rupture significative dans les pratiques traditionnelles de fabrication du cuir. Là où l'industrie était autrefois associée à des procédés énergivores, polluants et gourmands en produits chimiques, elle entre désormais dans une ère où l'optimisation des ressources et la durabilité environnementale deviennent des impératifs structurants. L’intégration des nanomatériaux et des systèmes de capteurs intelligents dans la chaîne de production transforme non seulement l'efficacité opérationnelle, mais redéfinit aussi les normes de qualité et de responsabilité écologique.

La mise en place de capteurs à l’échelle nanométrique permet aujourd’hui un contrôle en temps réel de la qualité, étape par étape, tout au long du processus de fabrication. Ces dispositifs offrent une précision sans précédent dans le suivi des paramètres critiques, détectant les écarts de qualité dès leur apparition. Cette capacité de réaction instantanée limite non seulement le gaspillage de matières premières, mais réduit également les rebuts, tout en permettant une traçabilité rigoureuse conforme aux exigences croissantes du marché mondial.

La contribution de la nanotechnologie à l’objectif de neutralité carbone de l’industrie du cuir s’avère déterminante. En réduisant la consommation d’eau, en minimisant l’usage de produits chimiques dangereux et en améliorant la durabilité des matériaux, les nanotechnologies soutiennent activement la transition vers une économie circulaire. Par exemple, l’usage de nanoparticules de dioxyde de titane ou d’oxyde de fer permet non seulement d’optimiser les propriétés mécaniques du cuir, mais introduit aussi des fonctionnalités nouvelles, telles que des effets antibactériens ou une meilleure résistance aux UV.

Au-delà de la réduction de l’empreinte environnementale, la nanotechnologie confère au cuir des qualités fonctionnelles qui étaient jusqu’ici inaccessibles sans altérer la texture ou l'apparence du matériau. Des cuirs intelligents, autonettoyants, plus résistants au vieillissement et dotés de propriétés techniques avancées ouvrent de nouveaux champs d’application dans les secteurs de la mode, de l’automobile et de l’ameublement.

Ce basculement technologique transforme le paradigme de production. L’industrie du cuir cesse progressivement d’être perçue comme une filière polluante pour devenir un acteur de l’innovation durable. Le recours à des agents de tannage à base de nano-bioaldéhydes ou à des systèmes de revêtement nanostructurés illustre la capacité du secteur à répondre aux défis environnementaux tout en augmentant sa compétitivité. La performance ne s’oppose plus à l’éthique environnementale – elles deviennent convergentes.

Cette révolution silencieuse, amorcée par la recherche interdisciplinaire en science des matériaux, chimie verte et ingénierie des procédés, crée un nouvel équilibre entre innovation industrielle et écologie. Il ne s’agit plus seulement d’une amélioration incrémentale des pratiques existantes, mais bien d’une réinvention des fondamentaux de la production du cuir.

Les lecteurs doivent également prendre en compte que cette transition impose une refonte des modèles économiques, des chaînes logistiques et des normes de certification. L’adoption des nanotechnologies ne peut être pleinement efficace sans un investissement parallèle dans la formation des acteurs de la filière, dans la normalisation des processus de fabrication à l’échelle mondiale, ainsi que dans l’évaluation approfondie des impacts à long terme sur la santé humaine et les écosystèmes. La vigilance réglementaire doit accompagner cette évolution pour éviter les dérives technologiques, tout en soutenant l'innovation responsable.

Comment caractériser les nanoparticules et leurs profils en suspension liquide ?

Les techniques de caractérisation des nanoparticules, en particulier dans le contexte de leur suspension liquide, ont un impact considérable sur de nombreux secteurs, de la recherche biomédicale à l’industrie des matériaux. Par exemple, l’utilisation d’un système laser Yb:KGW avec une longueur d’impulsion de 300 fs, suivi d’un traitement thermique de 60 minutes, permet de mesurer la topographie des nanoparticules d’argent déposées sur un substrat d’oxyde d’aluminium. La transmission relative de la lumière, mesurée à 458 nm, offre une perspective supplémentaire sur les profils des nanoparticules tout en révélant des caractéristiques de topographie qui, autrement, seraient difficiles à observer par des méthodes conventionnelles. Cette méthode de caractérisation, bien qu’encore en développement, promet des capacités innovantes pour l’étude des nanoparticules directement sur leurs substrats.

Le phénomène observé dans la transmission et la diffusion de la lumière dépend de plusieurs facteurs, y compris l’interaction de la lumière avec les particules à l’échelle nanométrique. Cette approche ne se limite pas à l’observation des propriétés de surface, mais permet également de mieux comprendre la distribution et la dynamique des particules, notamment leur diffusion dans des suspensions liquides. De plus, en comparant l'intensité mesurée avec une intensité de fond, la technique permet de suivre l'évolution de la lumière transmise en fonction des caractéristiques spécifiques des nanoparticules.

La Diffusion Dynamique de la Lumière (DLS) constitue une autre méthode de pointe largement utilisée dans le domaine de la caractérisation des nanoparticules. Celle-ci est particulièrement utile pour mesurer la distribution de taille des nanoparticules dans des suspensions liquides. Grâce à sa capacité à effectuer des mesures in situ, la DLS est une technique privilégiée pour des processus industriels où la rapidité et la précision sont essentielles. Elle est utilisée dans des domaines aussi variés que l’industrie pharmaceutique, la fabrication de peintures et d’encres, et les diagnostics médicaux. Contrairement à des méthodes comme la microscopie électronique à transmission (TEM) ou à balayage (SEM), la DLS évalue la taille hydrodynamique des particules dans leur état naturel, suspendues dans un solvant, et tient donc compte des effets des stabilisateurs de fluides, des surfactants et de l’épaisseur de la couche double électrique autour des particules.

La DLS repose sur le principe que le coefficient de diffusion des particules est fonction de leur taille. Selon l’équation de Stokes–Einstein, plus une particule est grande, plus sa vitesse de diffusion est lente, ce qui influence directement la manière dont la lumière est dispersée. Un faisceau laser monochromatique et polarisé est projeté sur l’échantillon, et la lumière diffusée est détectée à un angle précis. La mesure de l'intensité de cette lumière diffuse permet de déterminer la taille des particules par la relation entre l’intensité fluctuante et les mouvements brownien des particules. Ce processus est répété à intervalles réguliers, offrant ainsi une vue dynamique de l’évolution de la taille des nanoparticules au fil du temps.

Des études de cas, comme celle de Tomaszewska et al. (2013), illustrent les défis liés à l’utilisation de la DLS pour les colloïdes nanoparticulaires polydisperses. L’agrégation de particules plus grandes peut masquer la détection des particules plus petites, ce qui soulève des questions sur l’exactitude de la DLS dans ces contextes. Toutefois, cette limitation peut être contournée en effectuant des mesures à partir d’échantillons plus homogènes ou en combinant la DLS avec d’autres techniques de caractérisation pour obtenir un profil plus complet. En dépit de ces défis, la DLS reste une méthode précieuse pour l’étude en temps réel des nanoparticules, comme l’a démontré Horechyy et al. en suivant la croissance de coquilles de silice sur des copolymères en utilisant des cuvettes DLS jetables. Cette approche a permis d'observer les différentes étapes de formation de la coquille et de mieux comprendre la dynamique des particules dans un milieu liquide.

Il est crucial de souligner que l’interprétation des résultats de DLS peut être complexe, en particulier pour des systèmes où les nanoparticules subissent des interactions ou des changements dans leur environnement. Les mesures de taille des particules obtenues par DLS peuvent différer des observations réalisées par TEM ou SEM en raison de la perte des propriétés hydrodynamiques lors du séchage des échantillons pour les techniques de microscopie. De plus, la taille apparente des particules peut varier en fonction de la viscosité du solvant et de la concentration des particules dans la suspension.

Les méthodes de caractérisation des nanoparticules doivent toujours être choisies en fonction des objectifs spécifiques de l’étude. Tandis que la DLS offre des informations globales sur la distribution de taille dans un liquide, des techniques plus locales comme la microscopie électronique fournissent des détails à l’échelle nanométrique sur la structure des particules et leur morphologie. En combinant ces différentes approches, il devient possible d’obtenir une image plus complète et précise des nanoparticules, tout en tenant compte des spécificités de chaque méthode et de leurs limites respectives.

Comment la dynamique moléculaire permet-elle de comprendre et concevoir les nanomatériaux ?

Depuis la célèbre conférence de R. Feynman en 1959, l'idée d'observer et manipuler la matière à l’échelle atomique est passée d’une spéculation visionnaire à une réalité méthodologique. Ce tournant a inauguré une ère où la simulation numérique, et en particulier la dynamique moléculaire (MD), est devenue un outil incontournable pour explorer les propriétés des nanomatériaux. Cette méthode s’est imposée comme une lentille computationnelle capable de percer les profondeurs du monde atomique, révélant avec une précision inégalée les dynamiques complexes de la matière condensée.

La dynamique moléculaire, en tant que technique de modélisation multi-échelle, permet de suivre en temps réel l’évolution des systèmes moléculaires. À partir des lois fondamentales de la mécanique classique, elle simule le mouvement de chaque atome dans un système donné, en tenant compte des interactions interatomiques définies par des potentiels empiriques. Cela offre une fenêtre spatio-temporelle sur les mécanismes microscopiques qui gouvernent les propriétés macroscopiques des nanomatériaux, comme la conductivité, la stabilité structurale ou encore les processus de transfert d’électrons.

La reconnaissance de l’importance fondamentale de cette approche s’est matérialisée par le prix Nobel de Chimie 2013, attribué à Karplus, Levitt et Warshel pour leurs travaux sur les modèles multi-échelles de systèmes chimiques complexes. Ces modèles, intégrant à la fois les descriptions quantiques et classiques, ont ouvert la voie à une compréhension systémique de la matière à différentes échelles de complexité. Le raffinement progressif de ces modèles permet aujourd’hui d’intégrer des effets électroniques de façon approximative mais significative, tout en conservant une efficacité computationnelle compatible avec l’étude de systèmes étendus.

L’application de la dynamique moléculaire à la conception de photocatalyseurs à base de TiO₂, notamment dans le cadre de composites avec le graphène ou ses dérivés, illustre le potentiel de cette méthode. En simulant l’incorporation de dopants (azote, soufre, bore, etc.) ou de structures hybrides (aérogels, nanorubans, feuilles réduites), il est possible de prédire les modifications dans la bande interdite, les effets de surface, et les mécanismes d’adsorption ou de désorption qui affectent directement l’efficacité catalytique sous irradiation visible. Ces résultats, bien que souvent validés par l’expérience, trouvent leur origine dans une compréhension profonde obtenue par simulation.

Le cas des photocatalyseurs à base de TiO₂ modifié, associé à des structures en graphène, constitue un exemple paradigmatique. En simulant l’interface entre les couches de graphène et les nanoparticules de TiO₂, il est possible de comprendre les transferts de charges photoinduits, les phénomènes de piégeage d’électrons, ou encore l’augmentation de la mobilité des porteurs. De telles informations, souvent inaccessibles par des méthodes expérimentales directes, deviennent des leviers essentiels pour la conception rationnelle de matériaux à haute performance énergétique.

De plus, les simulations permettent de comparer différents protocoles de synthèse de nanomatériaux, en évaluant leurs impacts sur la structuration à l’échelle atomique et sur la réactivité de surface. L’interprétation des résultats expérimentaux devient ainsi plus fine, plus robuste, et mieux ancrée dans une modélisation physicochimique cohérente. La MD sert ici de pont entre la chimie théorique et la réalité expérimentale, renforçant la validité des modèles et guidant l’innovation.

Il est aussi crucial de souligner que la simulation ne se substitue pas à l’expérience, mais en prolonge la portée. Elle permet de formuler des hypothèses testables, de filtrer des combinaisons peu prometteuses, et d’économiser ainsi du temps et des ressources en laboratoire. Par ailleurs, les environnements simulés peuvent intégrer des conditions extrêmes difficilement réalisables dans la pratique, offrant ainsi un aperçu sur les limites intrinsèques des matériaux.

Dans l’étude des nanomatériaux, l’approche dynamique s’avère également essentielle pour appréhender les désordres structuraux, les défauts cristallins, ou les transitions de phase induites par des sollicitations externes (température, pression, irradiation). Ces phénomènes, déterminants pour la stabilité et la durabilité des matériaux, sont finement accessibles par l’analyse statistique des trajectoires atomiques issues des simulations.

Ce que le lecteur doit aussi comprendre, c’est que la dynamique moléculaire est aujourd’hui étroitement liée à la qualité des potentiels d’interaction utilisés. Le développement de potentiels de force toujours plus réalistes, souvent issus de l’apprentissage machine et de bases de données issues de calculs ab initio, est un domaine en forte expansion. Ces avancées garantissent une précision accrue tout en permettant la modélisation de systèmes de plus en plus complexes, comme les interfaces solides-liquides ou les assemblages auto-organisés.

Enfin, la capacité de coupler la dynamique moléculaire avec d’autres approches, telles que la mécanique quantique, les méthodes de Monte Carlo ou encore la modélisation mésoscopique, ouvre une nouvelle ère pour la science des matériaux. Cette hybridation des méthodes computationnelles permet de traiter des phénomènes à plusieurs échelles simultanément, des réarrangements électroniques locaux aux comportements collectifs d’assemblages nanométriques.