L’industrie sidérurgique chinoise, après une phase de croissance rapide, se trouve aujourd’hui à un tournant crucial de son développement. Face à une demande croissante pour des produits de haute performance et innovants, les capacités actuelles de production et d’innovation ne sont plus suffisantes pour répondre aux exigences du marché mondial. Cette situation impose une réforme structurelle profonde, centrée sur la qualité et l’efficacité, ainsi que sur une transformation vers un modèle de production et de service plus intégré.

La priorité est désormais donnée à l’amélioration de la qualité de l’offre, avec une volonté claire de construire une industrie sidérurgique orientée vers le service, capable de fournir des produits de haute valeur ajoutée tout en adoptant des technologies vertes et intelligentes. Cette ambition implique de repenser le modèle économique traditionnel et de favoriser une croissance tirée par l’innovation technologique indépendante, renforçant ainsi la compétitivité globale du secteur chinois sur la scène internationale.

L’établissement du Centre d’innovation collaborative en technologie sidérurgique en 2014, rassemblant universités, instituts de recherche et entreprises, illustre cette démarche. Ce centre s’est concentré sur les processus clés et équipements communs, et a obtenu des avancées majeures dans des domaines essentiels tels que la fusion, le laminage à chaud et à froid, l’informatisation et l’intellectualisation. Ces innovations, issues des travaux de chercheurs chinois, ont permis la mise en place de technologies de pointe à l’échelle nationale, propulsant l’industrie vers un leadership technologique.

Parmi les résultats concrets, on trouve de nouvelles techniques de raffinage par pulvérisation au fond de la poche, des procédés de coulée continue de haute qualité, des technologies avancées de traitement thermique et de contrôle de la planéité des produits laminés, ainsi que des procédés verts pour la préparation des matières premières. Ces innovations ont non seulement renforcé la compétitivité des entreprises sidérurgiques chinoises, mais ont aussi contribué à leur transition vers un développement plus durable.

Cette évolution technologique s’inscrit dans la vision stratégique de faire de la Chine un leader mondial de la sidérurgie, non seulement en termes de volume, mais aussi en qualité et en durabilité. L’importance accordée à la synergie entre industrie, université et recherche traduit une approche systémique où la collaboration et l’innovation continue sont les clés pour surmonter les défis actuels.

Les efforts fournis pour l’industrialisation et la mise en œuvre des technologies innovantes ont un impact direct sur la transformation écologique de l’industrie, indispensable à l’heure où les préoccupations environnementales deviennent centrales. En parallèle, la montée en compétence des travailleurs et la modernisation des équipements participent à une meilleure productivité globale, favorisant une croissance économique plus saine et pérenne.

Au-delà de ces avancées technologiques, il est crucial de comprendre que cette mutation est également une révolution culturelle pour l’industrie sidérurgique chinoise. La valorisation de la recherche fondamentale, le passage d’une logique de reproduction à une logique de création, et l’adoption d’un modèle économique axé sur la qualité et le service exigent une adaptation profonde des mentalités, des structures organisationnelles et des stratégies d’entreprise.

Par ailleurs, la structuration d’un écosystème d’innovation robuste, intégrant aussi bien les acteurs publics que privés, facilite l’accélération des transferts technologiques et la diffusion des meilleures pratiques. Cette dynamique collaborative est un facteur déterminant pour maintenir la compétitivité face aux mutations rapides du marché mondial et aux défis environnementaux.

Enfin, il convient de noter que cette démarche d’innovation et de modernisation est soutenue par une volonté politique forte, reflétée dans les discours et les plans stratégiques nationaux. L’objectif est d’assurer que l’industrie sidérurgique chinoise devienne non seulement un pilier économique, mais aussi un modèle exemplaire en matière de développement industriel responsable et durable.

Comment modéliser la solidification multiphasique dans la coulée continue des brames ?

Le processus de solidification dans la coulée continue est modélisé par un système à cinq phases distinctes : la phase liquide, la phase liquide inter-dendritique des grains équiaxes, la phase solide des grains équiaxes, la phase liquide inter-dendritique des dendrites colonnaires, et la phase solide des dendrites colonnaires. La dynamique de croissance des structures de solidification, en particulier la progression de la pointe des dendrites colonnaires et la nucléation des grains équiaxes, y est explicitement prise en compte. Ce modèle considère les transitions microscopiques entre les phases, ce qui en fait un système de couplage computationnellement intensif.

Afin de rendre les calculs plus tractables, plusieurs hypothèses sont posées. L’évolution des fractions volumiques des différentes phases est soumise aux équations de conservation suivantes :
fl + fe + fc = 1,
fe = fie + fse,
fc = fic + fsc,
fece = fiecie + fsecse,
fccc = ficcic + fsc csc.

Ici, fl est la fraction volumique de la phase liquide ; fe, celle des grains équiaxes ; fc, celle des dendrites colonnaires. Les indices ie et ic désignent les parties inter-dendritiques, tandis que se et sc indiquent les phases solides respectives. Les concentrations en soluté ce et cc varient en fonction de la microstructure.

La géométrie du domaine de coulée est discrétisée afin de permettre l’identification des zones de phase spécifiques par le calculateur. Les morphologies dendritiques sont décrites à l’aide d’indices élémentaires : 0 pour le tronc de la dendrite, 1 pour sa pointe, 2 pour la coexistence des phases liquide et équiaxe. Cette indexation facilite l’évolution dynamique des structures dendritiques dans la simulation.

Dans le modèle, les grains équiaxes sont supposés sphériques, tandis que les dendrites colonnaires sont modélisées comme des structures cylindriques, ce qui permet de simplifier la représentation géométrique sans compromettre la précision des calculs. Cette simplification est cruciale pour la mise en œuvre des équations de transfert de masse à travers les interfaces entre phases.

Le transfert de masse net entre les phases est exprimé à travers des équations différentielles temporelles prenant en compte la densité de chaque phase (ρ), la vitesse d’interface (v), la densité de nucléation (n), et le rayon des structures dendritiques (R). Ces équations gouvernent l’échange de matière entre liquide et solide, entre les phases équiaxes et colonnaires, et entre les zones inter-dendritiques et solides.

Pour les grains équiaxes, la vitesse de croissance interfaciale est dérivée du modèle de Lipton-Glicksman-Kurz (LGK), qui prend en compte la surfusion locale et la courbure de l'interface. Le taux de transfert de masse à l'interface est alors proportionnel à la surface interfaciale disponible et à la densité de nucléation. Des coefficients empiriques tels que Ies et Ics traduisent l’influence géométrique sur le développement dendritique, avec des valeurs respectives de 0,68 et 0,7979.

La morphologie dendritique est également influencée par la distance entre bras primaires et secondaires (λ1, λ2), éléments clés pour modéliser la surface interfaciale effective dans les zones inter-dendritiques. Le taux de croissance interfacial dans ces régions est lié au degré de sursaturation en soluté, exprimé par le paramètre sans dimension Ω.

En parallèle, le modèle de transfert de quantité de mouvement repose sur les équations de Navier-Stokes adaptées aux milieux multiphasiques. Seules les phases liquide et équiaxe sont considérées pour le transport de la quantité de mouvement, en raison de la mobilité relative des grains équiaxes dans la phase liquide. Le modèle de turbulence k–ε mixte est intégré pour mieux représenter l’écoulement tourbillonnaire, et la résistance due à la solidification est modélisée via la loi de Kozeny-Carman.

Le couplage entre les équations de conservation de la masse, de l’énergie, du soluté et de la quantité de mouvement est central dans cette modélisation. La structure modulaire du modèle permet d’intégrer les effets de la déformation du lingot, des champs électromagnétiques (modèles M-EMS et F-EMS), et de l’agitation électromagnétique sur la croissance dendritique et la distribution du soluté.

Ce type de modélisation multiphysique permet d’anticiper la structure de solidification finale, qui conditionne les propriétés mécaniques et métallurgiques du produit fini. Une meilleure compréhension des mécanismes microscopiques permet une optimisation plus fine des paramètres de procédé, réduisant ainsi les défauts de ségrégation, de porosité ou de fissuration.

L’interprétation correcte de ces modèles suppose une connaissance avancée des phénomènes de croissance dendritique, de la thermodynamique des alliages, ainsi que des phénomènes de transport couplés dans un milieu en