Si une courbe régulière est paramétrée par l’arc, on peut examiner sa structure géométrique à travers le système de Frenet, qui relie les dérivées successives de la position au long de la courbe à trois vecteurs orthonormés : le vecteur tangent, le vecteur normal, et le vecteur binormal. La courbure (κ) mesure combien la courbe s'écarte de la ligne droite, tandis que la torsion (τ) exprime comment elle quitte son plan osculateur — c’est-à-dire le plan instantané défini par les deux premières dérivées.

Si la torsion τ est nulle, alors le vecteur binormal e₃(s) reste constant le long de la courbe. Puisque le binormal est orthogonal au plan osculateur, la constance de e₃ implique que tous les plans osculateurs sont parallèles entre eux, et plus encore, qu'ils sont identiques. Il en résulte que la courbe elle-même reste entièrement contenue dans un seul plan, celui orthogonal à e₃.

Cette implication peut se démontrer en considérant les propriétés des dérivées successives de la courbe. Si l'on suppose que η(s) est une courbe paramétrée par l’arc, et qu’elle reste dans un plan, alors ses dérivées η̇(s), η̈(s) restent également dans ce plan. Le déterminant formé par ces trois vecteurs est alors nul, ce qui implique que τ = det[η̇, η̈, η] / κ² = 0. Ce raisonnement utilise la propriété fondamentale selon laquelle un triplet de vecteurs coplanaires a un déterminant nul.

La réciproque est également vraie. Si la torsion est nulle, alors le vecteur binormal e₃(s) ne change pas. Le produit scalaire ⟨η(s), e₃(α)⟩ reste constant, ce qui signifie que la projection orthogonale de la courbe sur la direction e₃ est constante. La courbe vit donc dans un plan orthogonal à e₃(α). Ainsi, τ = 0 ⇔ la courbe est plane.

Le lien entre courbure, torsion et planéité s'illustre aussi dans les formes canoniques de courbes en dimension trois. Les hélices, par exemple, possèdent une torsion constante non nulle et ne sont pas planes ; au contraire, les cercles ou les spirales logarithmiques (dans le plan) ont une t

Quelle est l'intégrale de Cauchy-Riemann et comment elle est définie pour les fonctions continues par sauts ?

L'intégrale de Cauchy-Riemann d'une fonction ff définie sur un intervalle I=[α,β]I = [\alpha, \beta], avec des valeurs dans un espace EE, est une généralisation des méthodes classiques d'intégration. Ce type d'intégrale est particulièrement adapté pour les fonctions qui présentent des discontinuités en saut, c'est-à-dire où la fonction saute brusquement d'une valeur à une autre, mais où ces sauts sont limités et gérables. L'intégrale de Cauchy-Riemann se décompose ainsi en une somme pondérée d'aires de rectangles, où chaque rectangle correspond à une "portion" de l'intégrale.

Lorsque nous considérons une partition Z=(α0,α1,,αn)Z = (\alpha_0, \alpha_1, \dots, \alpha_n) de l'intervalle II, l'intégrale de ff sur cette partition est donnée par la somme j=1nej(αjαj1)\sum_{j=1}^{n} e_j (\alpha_j - \alpha_{j-1}), où eje_j est la valeur de ff sur l'intervalle (αj1,αj)(\alpha_{j-1}, \alpha_j). Ce processus nous permet de calculer l'intégrale même lorsque ff a des discontinuités en saut. En effet, la valeur de ff à ses discontinuités n'affecte pas l'intégrale, car la somme est effectuée sur les intervalles entre ces discontinuités.

Une interprétation géométrique de cette somme est que chaque terme ej(αjαj1)e_j (\alpha_j - \alpha_{j-1}) correspond à l'aire d'un rectangle. La hauteur de ce rectangle est donnée par ej|e_j|, et la largeur est αjαj1\alpha_j - \alpha_{j-1}. Les rectangles au-dessus de l'axe des xx-axis ont un signe positif, tandis que ceux en dessous ont un signe négatif.

Ce calcul d'intégrale ne dépend pas du choix de la partition ZZ, comme le montre le lemme 3.1. Même si la partition est affinée ou modifiée, l'intégrale reste inchangée, car les termes supplémentaires que l'on ajoute dans le processus d'affinement se compensent mutuellement.

Ce type d'intégrale est également linéaire et continue, comme l'indique le lemme 3.2, et possède des propriétés intéressantes lorsqu'on le définit sur des espaces de Banach, comme l'espace des fonctions continues par sauts S(I,E)S(I, E). Il est à noter que T(I,E)T(I, E), l'espace des fonctions intégrables dans ce cadre, est dense dans cet espace, ce qui signifie que l'intégrale de Cauchy-Riemann peut être étendue à un plus grand nombre de fonctions que celles qui sont simplement continues.

L'intégrale de Cauchy-Riemann est donc une extension des méthodes classiques d'intégration, comme l'intégrale de Riemann, mais adaptée aux fonctions qui présentent des discontinuités. Elle constitue un outil fondamental dans le cadre de l'analyse des fonctions ayant des discontinuités en saut et est souvent utilisée pour étudier des phénomènes physiques ou autres où de telles discontinuités sont présentes.

Un résultat important à comprendre est que, même pour des fonctions discontinues, il existe une approximation uniforme qui permet de calculer cette intégrale avec une précision arbitraire. En effet, comme le montre le théorème 3.4, pour toute fonction ff de S(I,E)S(I, E), et pour tout ϵ>0\epsilon > 0, il existe un δ>0\delta > 0 tel que l'intégrale de Riemann soit aussi proche que souhaité de l'intégrale de Cauchy-Riemann lorsque l'on affiner la partition ZZ.

Il est crucial de noter que, bien que cette intégrale permette de traiter un plus large éventail de fonctions, elle reste une simplification dans un cadre plus général. Par exemple, l'intégrale de Lebesgue, qui sera introduite dans un contexte ultérieur, est encore plus générale et répond à tous les besoins de l'analyse rigoureuse des fonctions.

Enfin, un point fondamental pour le lecteur est de comprendre que l'intégrale de Cauchy-Riemann permet non seulement de traiter les fonctions discontinues mais aussi de les intégrer de manière continue et linéaire. Cette continuité et linéarité sont essentielles pour des applications dans des contextes où la rigueur des calculs doit être préservée tout en manipulant des fonctions possédant des sauts ou des discontinuités nettes.

Singularités amovibles et fonctions méromorphes

Dans le cadre de la théorie des fonctions holomorphes, la notion de singularité amovible d'une fonction f:U{z0}Cf : U \setminus \{z_0\} \rightarrow \mathbb{C} revêt une importance particulière. Une singularité en un point z0z_0 est dite amovible si la fonction ff possède une extension holomorphe F:UCF : U \rightarrow \mathbb{C} qui est définie en z0z_0. Lorsque cela est possible, on réutilise souvent le symbole ff pour désigner cette extension, sans ambiguïté.

Prenons un exemple : supposons que f:UCf : U \rightarrow \mathbb{C} soit une fonction holomorphe. Alors z0z_0 est une singularité amovible de la fonction définie par g:U{z0}Cg : U \setminus \{z_0\} \rightarrow \mathbb{C}, où g(z)=f(z)f(z0)zz0g(z) = \frac{f(z) - f(z_0)}{z - z_0}. Cela illustre un cas où 00 est une singularité amovible de sin(z)z\frac{\sin(z)}{z}, de cos(z)1z\frac{\cos(z) - 1}{z}, ou encore de log(z+1)z\frac{\log(z+1)}{z}.

La caractérisation des singularités amovibles repose sur un théorème fondamental appelé théorème de Riemann sur l'amovibilité, qui stipule qu'un point z0z_0 est une singularité amovible si et seulement si la fonction ff est bornée dans un voisinage de z0z_0. Autrement dit, si une fonction f:U{z0}Cf : U \setminus \{z_0\} \rightarrow \mathbb{C} est holomorphe, la condition de bornitude dans un voisinage de z0z_0 implique que la singularité en z0z_0 peut être supprimée. Le théorème peut être démontré en utilisant la compacité des disques et la continuité de ff dans une telle région, et il est à la base de nombreuses techniques d'analyse dans le contexte des fonctions complexes.

Singularités isolées

En revanche, si la singularité n'est pas amovible, elle est dite isolée. Les singularités isolées se manifestent dans l'expansion de Laurent de ff, définie par n=cn(zz0)n\sum_{n=-\infty}^{\infty} c_n (z - z_0)^n pour zz dans un voisinage de z0z_0. Si le terme principal de cette série ne s'annule pas identiquement, z0z_0 est une singularité isolée. Parmi les singularités isolées, on distingue trois types principaux : les pôles, les singularités essentielles et les résidus.

Un pôle de ff en z0z_0 est caractérisé par l'existence d'un entier mm tel que les coefficients cnc_{ -n} pour n>mn > m soient nuls, et cm0c_{ -m} \neq 0. Le pôle est de degré mm, et sa caractéristique réside dans la divergence de la fonction à l'approche de z0z_0. Si, au contraire, les coefficients principaux de la série de Laurent ne sont pas nuls pour un nombre infini de termes, z0z_0 est une singularité essentielle. Cela signifie que la fonction présente un comportement beaucoup plus complexe autour de ce point, ce qui nécessite des outils mathématiques plus avancés pour en analyser la nature.

En outre, le résidu de ff en z0z_0 est défini comme Res(f,z0):=c1\text{Res}(f, z_0) := c_{ -1}, le coefficient du terme (zz0)1(z - z_0)^{ -1} dans l'expansion de Laurent. Ce résidu joue un rôle crucial dans le calcul des intégrales de contour, selon la formule des résidus, qui relie l'intégrale d'une fonction holomorphe autour d'un contour fermé à la somme de ses résidus à l'intérieur du contour.

Fonctions méromorphes

Une fonction ff est dite méromorphe sur un domaine UU si elle est holomorphe en UP(f)U \setminus P(f), où P(f)P(f) est un ensemble fermé de pôles de ff. Par définition, chaque pôle de ff est une singularité isolée et peut être de degré fini. Les fonctions rationnelles, les fonctions trigonométriques comme la tangente et la cotangente, ou encore des fonctions spéciales comme la fonction Gamma ou la fonction Zêta de Riemann, sont des exemples typiques de fonctions méromorphes. Par exemple, la cotangente, qui est définie par cot(z)=cos(z)sin(z)\cot(z) = \frac{\cos(z)}{\sin(z)}, possède des pôles en πk\pi k pour kZk \in \mathbb{Z}, tandis que la fonction Gamma, qui est définie comme une extension de la factorielle pour les réels et complexes, a des pôles en Z\mathbb{Z}^{ - }.

Une caractéristique essentielle des fonctions méromorphes est que leur ensemble de pôles est discret et comptable, et ces pôles n'ont pas de point d'accumulation dans UU. Cependant, il est possible que les pôles accumulent sur le bord de UU, mais ce phénomène ne remet pas en question la nature discrète de cet ensemble à l'intérieur de UU.

Conclusion sur la nature des singularités

La distinction entre singularités amovibles, isolées et essentielles est fondamentale pour l'étude des fonctions complexes. Les singularités amovibles sont les plus simples à traiter, car elles peuvent être "effacées" par une extension holomorphe. Les singularités isolées, quant à elles, donnent naissance à des comportements plus complexes, qui peuvent être analysés à l'aide des séries de Laurent et des résidus. Enfin, les fonctions méromorphes, qui sont holomorphes en dehors de leurs pôles, constituent une classe importante d'objets mathématiques, souvent utilisées pour modéliser des phénomènes physiques ou complexes dans divers domaines des mathématiques et de la physique théorique. La compréhension approfondie de ces concepts est essentielle pour toute analyse plus avancée des fonctions holomorphes et méromorphes.