Dans les systèmes thermodynamiques modernes, l'utilisation de CO2 supercritique (sCO2) comme fluide de travail a démontré un potentiel significatif pour améliorer l'efficacité des centrales électriques, en particulier dans les applications nucléaires et solaires. Ce fluide présente des caractéristiques thermodynamiques uniques, offrant des avantages notables par rapport aux cycles traditionnels utilisant la vapeur saturée. Un exemple précis de son application dans un cycle de puissance a été analysé, avec des paramètres spécifiques qui mettent en évidence la performance des centrales utilisant le CO2 supercritique comme fluide de travail.

Dans le premier cas étudié, le CO2 supercritique entre dans l'échangeur thermique à 595°C et chauffe le fluide à 580°C. Le débit massique du fluide est de 2200 kg/s, et le système de rejet de chaleur utilise un refroidissement par eau en boucle ouverte. Dans ce scénario, l'efficacité nette de l'usine est de 44 % et la puissance nette produite est d'environ 250 MW. Bien que cette performance soit respectable, la puissance nette est inférieure à celle du cas du chauffage à combustion en raison de la température d'entrée plus basse du fluide (TIT, Temperature of Intake), ce qui entraîne une production d'énergie plus modeste. La puissance spécifique est également faible, avoisinant les 110 kJ/kg, alors que pour un cycle nucléaire traditionnel à vapeur saturée, cette valeur est environ six fois plus élevée (650 kJ/kg).

En revanche, dans un deuxième cas, une modification partielle du refroidissement est envisagée pour maintenir la sortie du générateur constante à 300 MWe. Cette optimisation du cycle génère une amélioration de l'efficacité de 0,7 point de pourcentage, accompagnée d'une augmentation de la production nette de 4,5 %. Cependant, si l'on maintient constant l'apport thermique au cycle, l'augmentation de la production nette reste modeste, atteignant seulement 1,6 % avec une puissance nette de 252 MWe.

Il est important de noter que les applications nucléaires utilisant le CO2 supercritique ne sont pas limitées aux centrales classiques. Le même principe est également valable pour les centrales solaires à concentration. En effet, dans les centrales solaires à sels fondus, le CO2 supercritique peut être utilisé pour maximiser l'efficacité thermique en associant les températures élevées générées par la concentration de l'énergie solaire à la technologie du fluide supercritique.

Une troisième configuration possible implique un ajustement des conditions de compression pour maintenir un rendement optimal tout en réduisant la consommation d'énergie auxiliaire. Ce cas inclut une modification du rapport de compression du pré-compresseur, qui est fixé à 1,3:1, entraînant des gains d'efficacité supplémentaires et des réductions de la consommation d'énergie auxiliaire, ce qui est particulièrement pertinent dans les installations à grande échelle.

L'analyse détaillée des différentes configurations de cycles avec CO2 supercritique montre que ce fluide est un excellent candidat pour des applications à la fois dans le domaine nucléaire et dans les systèmes solaires à concentration. L'optimisation des paramètres tels que le ratio de compression et la gestion du refroidissement, qu'il soit par air ou par eau, joue un rôle crucial dans l'augmentation de l'efficacité des cycles de puissance. Une étude approfondie des divers cas de performance révèle que les petites unités modulaires, comme celles utilisées dans le nucléaire ou les systèmes solaires à concentration, bénéficient particulièrement de cette technologie.

La performance d'un système de cycle avec sCO2 ne repose pas seulement sur le fluide lui-même, mais aussi sur l'ensemble du système. Les choix de conception, notamment les technologies de réchauffement et de refroidissement, influencent directement l'efficacité globale. Par exemple, la réduction de la puissance auxiliaire à travers des systèmes de compression plus efficaces et un meilleur refroidissement permet non seulement de réduire les coûts opérationnels mais aussi d'améliorer la rentabilité à long terme des installations.

Enfin, il est essentiel de considérer que la capacité d'un système utilisant du CO2 supercritique à maintenir des rendements élevés dépend largement de la gestion thermique et de l'optimisation de l'ensemble du cycle. La combinaison de ces facteurs avec des réacteurs nucléaires de petite taille ou des centrales solaires pourrait transformer le paysage énergétique de demain, en particulier en termes de réduction des émissions et d'amélioration de l'efficacité énergétique.

Quelles sont les étapes critiques du processus d'arrêt d'une installation de capture de CO2 et leurs impacts sur l'efficacité ?

Le processus d'arrêt d'une installation de capture de CO2 repose sur une série d'étapes précises qui visent à assurer une transition fluide tout en minimisant les risques opérationnels. Ce processus implique une série d'actions coordonnées qui doivent être exécutées avec une grande précision afin de protéger les équipements tout en maintenant une sécurité optimale. Les étapes de l'arrêt incluent la désactivation du contrôle principal du CO2, la réduction progressive du flux des gaz de combustion à zéro, puis l'arrêt de l'alimentation en vapeur LP vers le réchauffeur du déstratificateur, et en vapeur IP vers le récupérateur, si celui-ci est en fonctionnement. Une fois ces opérations effectuées, le flux est recirculé jusqu'à ce que la température du fond du déstratificateur soit inférieure à 65°C. Ensuite, la dépressurisation des colonnes absorbeuses et du tambour de reflux est réalisée de manière graduelle. À ce stade, l'arrêt des pompes d'amine pauvre et riche, ainsi que la pompe de lavage de l'absorbeur, marque une étape clé dans le processus.

Avant de permettre au gaz de combustion de s'écouler dans les colonnes d'absorption, certaines conditions doivent être remplies. Celles-ci incluent la mise en place d'un flux minimal d'amine pauvre et riche, l'atteinte d'une température adéquate dans le réchauffeur du déstratificateur et la mise en marche du système de lavage de l'absorbeur. Ce dernier doit rester en fonction tant que des niveaux de niveau d'absorbeur et de débit d'évacuation sont maintenus dans des limites spécifiques.

Les pompes d'amine pauvre et riche, ainsi que d'autres composants, possèdent des alarmes de sécurité propres, qui surveillent des conditions telles qu'une tête de succion nette positive trop faible pour les pompes. En cas d'événements d'urgence nécessitant un arrêt d'urgence (ESD) du système, plusieurs scénarios peuvent se produire. Ces événements comprennent la perte d'alimentation, une défaillance de l'air instrumenté, ou encore des niveaux trop élevés ou trop bas dans les réservoirs de reflux du déstratificateur ou de l'absorbeur. En fonction de la gravité de la situation, le système DCS (système de contrôle distribué) émet des alarmes et peut activer des actions de contrôle spécifiques. Par exemple, en cas de niveau élevé dans la colonne d'absorbeur, une vanne de retour de solvant s'ouvrira pour évacuer l'excédent, et en cas de niveau bas, une vanne d'appoint sera ouverte pour ajouter du solvant.

Lorsqu'une défaillance du système se produit, et que l'ESD est activé, un certain nombre d'actions sont entreprises de manière automatique. L'alimentation en gaz de combustion et en amine pauvre est immédiatement interrompue, de même que le flux d'amine riche vers le déstratificateur et la vapeur LP vers le réchauffeur. Toutes les pompes sont également arrêtées, sauf pour celle du circuit de refroidissement. De plus, les registres de gaz d'échappement HRSG (Heat Recovery Steam Generator) sont activés pour rediriger le flux complet de gaz d'échappement vers la cheminée HRSG. Dans ce contexte, le système de capture de CO2 est progressivement mis à l'arrêt de manière sécurisée, tout en maintenant une pression dans la colonne de déstratification.

Les opérations de mise à l'arrêt doivent également prendre en compte la protection des équipements contre la corrosion. Par exemple, en cas de perte de la vapeur LP vers le réchauffeur, le niveau de CO2 dans l'amine pauvre augmentera, ce qui augmentera la corrosivité de cette dernière. Bien que cette situation ne constitue pas un déclencheur immédiat d'arrêt d'urgence, il est recommandé de procéder à l'arrêt de l'installation de capture si ce problème n'est pas résolu rapidement, afin de prévenir des dommages à long terme.

Des études récentes ont permis d'étudier et d'optimiser les durées de démarrage et d'arrêt des installations de capture de CO2 dans des centrales électriques à cycle combiné (GTCC) avec PCC. Ces recherches ont révélé des dynamiques importantes des processus, notamment lors de l’utilisation d'amine (MEA) à 35%. Des données spécifiques de l'installation telles que la circulation de l'amine pauvre, le taux de captation du CO2, la température du réchauffeur et la consommation d'énergie auxiliaire ont été analysées pour améliorer l'efficacité du processus et réduire les pertes d'énergie associées.

Les défis liés aux temps de mise à l'arrêt et au démarrage des installations de capture de CO2 sont au cœur des préoccupations techniques. Par exemple, la répartition de la charge thermique et la gestion des fluctuations de pression et de température sont cruciales pour maintenir une opération stable. Lors du démarrage, des stratégies sont mises en place pour éviter des transitions trop rapides ou des surcharges thermiques qui pourraient endommager les composants métalliques. Il est également essentiel de minimiser les périodes d’instabilité thermodynamique pendant le processus, en particulier pour les composants de grande masse métallique qui nécessitent un temps de réchauffage ou de refroidissement plus long.

Enfin, les évolutions récentes sur le sujet révèlent que des améliorations significatives peuvent être apportées aux durées d'arrêt et de redémarrage des installations, ce qui permettrait non seulement d'améliorer l'efficacité énergétique mais aussi de réduire l'impact environnemental global de ces systèmes. Ces innovations se concentrent sur une gestion optimisée de la consommation d'énergie, en particulier en ce qui concerne la récupération thermique et la compression du CO2, qui représentent des aspects clés de la performance des systèmes de capture de carbone dans les centrales électriques modernes.

Comment la performance des turbines à gaz est influencée par les variations de température et d'humidité

Dans les turbines à gaz industrielles lourdes, telles que celles de la classe G et J de Mitsubishi, le refroidissement des composants est assuré par des systèmes à boucle ouverte. Cela signifie que l'air refroidissant extrait des étapes intermédiaires du compresseur est utilisé pour dissiper la chaleur des pièces et, après avoir rempli sa fonction, il est rejeté dans les gaz chauds circulant à travers la turbine, ce qui entraîne une dilution de ces gaz. Cette approche est couramment utilisée dans les turbines modernes, mais elle varie en fonction des types et des classes de turbines, ainsi que des spécifications du fabricant.

Les techniques modernes de refroidissement, qui sont basées sur des principes physiques fondamentaux, sont appliquées aux composants fixes comme les stators (aubes fixes). Ces composants présentent une structure interne composée de canaux de refroidissement internes, souvent en forme de serpentin, équipés d'éléments appelés "turbulateurs à ailettes" (blades). Ces ailettes augmentent la surface de transfert de chaleur et améliorent l'efficacité du refroidissement en favorisant le mélange de l'air refroidissant, ce qui permet de réduire la température de surface des pièces métalliques. Les composants tournants, tels que les pales de turbine, bénéficient de systèmes similaires, mais leur efficacité est influencée par la rotation, qui modifie l'écoulement de l'air à l'intérieur des canaux de refroidissement. Cette rotation modifie les processus de transfert thermique internes, nécessitant une prise en compte spécifique de cet effet dynamique dans les modèles de refroidissement.

L'efficacité d'une turbine à gaz, cependant, n'est pas seulement influencée par les techniques de refroidissement ou la structure de ses composants. La performance hors conception, c'est-à-dire celle qui s'écarte des conditions idéales de fonctionnement, peut être estimée grâce à l'utilisation de courbes de correction fournies par les fabricants. Ces courbes permettent d'adapter les performances aux conditions environnementales changeantes. En effet, à vitesse de rotation constante, la capacité d'aspiration de la turbine reste stable, mais la densité de l'air, et donc le débit massique, varie en fonction de la température et de l'humidité ambiantes.

Les turbines à gaz peuvent fonctionner à des températures d'entrée de turbine (TIT) différentes selon qu'elles fonctionnent en mode simple ou en cycle combiné. Dans ce dernier cas, l'objectif est de maintenir une haute efficacité du cycle de fond tout en minimisant la consommation de carburant, ce qui dépend fortement de la température des gaz d'échappement (TEXH). Lorsque la température de la turbine est constante, une réduction progressive du débit d'air, via la fermeture des volets d'admission (IGVs), entraînera une réduction de la pression du cycle et une augmentation de la température d'échappement. Cela permet de générer une puissance plus faible tout en maintenant une efficacité thermique optimale. Il est à noter que cette température de turbine n'est pas mesurée directement, mais déduite à partir d'autres paramètres comme TEXH et la pression du cycle (PR).

Les conditions ambiantes jouent également un rôle crucial dans la performance de la turbine. À des altitudes élevées, où la densité de l'air diminue, la perte de performance devient significative. Par exemple, à une altitude de 6 000 pieds, la pression ambiante chute d'environ 20 % par rapport au niveau de la mer, entraînant une diminution de la capacité de production de la turbine, de la consommation de carburant et du débit des gaz d'échappement. De même, l'humidité a un impact modeste mais réel sur la densité de l'air et donc sur la performance. L'augmentation de l'humidité réduit légèrement la densité de l'air, ce qui conduit à une perte d'efficacité de la turbine, car il faut brûler plus de carburant pour vaporiser l'humidité ajoutée.

L'influence de la pression à l'admission et à l'échappement sur les performances est également notable. Chaque perte de pression de 4 pouces d'eau (10 mbar) à l'entrée de la turbine réduit la production d'énergie de 1,42 %, augmente la chaleur par unité de production (HR) de 0,45 % et fait monter la température des gaz d'échappement de 1,1 °C. À la sortie, une perte similaire de pression entraînera une baisse de la production de 0,42 % et une augmentation de la température des gaz d'échappement de la même manière. Ces pertes de pression, bien que souvent considérées comme secondaires, ont des effets importants sur la performance globale, surtout dans des conditions de charge partielle.

Le rapport de pression du cycle joue également un rôle crucial. En effet, à mesure que la pression du cycle diminue, la perte d'efficacité devient plus marquée, en particulier à bas régime, où une plus grande partie de l'énergie de la turbine est utilisée pour entraîner le compresseur, réduisant ainsi l'efficacité globale. Le suivi des variations de température et d'humidité dans l'air d'admission est donc essentiel pour ajuster les performances de manière optimale et éviter des pertes d'efficacité inutiles.

Comment le système de stockage d'énergie par air comprimé (CAES) gère-t-il la transition entre les modes de compression et de génération ?

Dans les systèmes de stockage d'énergie par air comprimé (CAES), l'une des problématiques les plus complexes réside dans la gestion des transitions entre les différents modes d'opération, à savoir le mode génération (décharge/retrait) et le mode compression (charge/injection). Ce processus est crucial pour assurer l'efficacité du système tout en maximisant la performance des turbines et des compresseurs.

Lorsqu'un système CAES fonctionne en mode compression, l'air est injecté dans un réservoir souterrain à haute pression. L'air comprimé peut ensuite être libéré pour entraîner une turbine afin de générer de l'électricité lorsqu'une demande de puissance survient. Cependant, ce passage entre les modes n'est pas instantané et nécessite un contrôle précis des vitesses et des charges mécaniques des machines. Un des aspects les plus critiques d'une telle transition est la gestion de l'engagement et du débrayage des accouplements, notamment ceux des générateurs synchrones.

Lorsque le système passe du mode génération au mode compression, le couple fourni par la turbine doit être équivalent à la charge du compresseur pour permettre une bascule fluide entre les modes. Cela implique l'utilisation de régulateurs, comme les volets directs et variables, pour ajuster le flux d'air et contrôler la charge sur les turbines. Dans les installations comme Huntorf ou McIntosh, où un seul générateur synchrone est utilisé, un ajustement précis de la vitesse et du couple est indispensable pour éviter des déséquilibres de puissance.

En mode génération, lorsque le compresseur est hors ligne, le générateur doit d'abord être arrêté, et la turbine doit s'arrêter également. Une fois que la vitesse du rotor atteint un niveau suffisamment bas, le compresseur peut être réengagé pour se synchroniser avec la turbine. Ce processus peut être relativement long, nécessitant parfois jusqu'à une heure pour que le compresseur atteigne une vitesse adéquate. Ce type de gestion est particulièrement pertinent dans des installations où une mise en service rapide est cruciale, comme dans les cas d'opérations d'urgence, où une partie de la capacité est consacrée à la compression tout en maintenant un certain niveau de puissance injectée dans le réseau.

Un autre mode moins fréquemment utilisé, mais néanmoins important, est celui où la compression et la génération se produisent simultanément. Dans ce mode, la production nette d'énergie pour le réseau est réduite par la consommation d'énergie du compresseur. Par exemple, dans la centrale CAES de Huntorf, même avec 30 MW dédiés à la compression, l'usine peut encore fournir jusqu'à 260 MW au réseau. Ce mode permet ainsi de maintenir une production d'énergie même en situation de charge partielle.

Les défis techniques associés à ce type de gestion des transitions entre les modes sont d'autant plus importants que le système doit également prendre en compte des variables externes telles que la température de l'air comprimé et l'efficacité de la turbine. L'implémentation d'un système de régulation de la température, comme l'utilisation de récupérateurs, peut jouer un rôle majeur dans l'amélioration de l'efficacité thermique, notamment lors de la génération. Ce processus consiste à extraire de la chaleur des gaz d'échappement des turbines pour préchauffer l'air comprimé avant son injection dans les compresseurs. Cependant, des défis majeurs se posent, notamment en ce qui concerne la corrosion des matériaux au contact de l'air humide et acide. Pour contrer ce phénomène, les systèmes CAES modernes emploient des matériaux résistants à la corrosion ou des conceptions innovantes permettant de maintenir la température des tubes au-dessus du point de rosée des gaz d'échappement, minimisant ainsi le risque de corrosion.

Ainsi, la gestion des modes de compression et de génération, en particulier la transition entre ces deux états, exige non seulement des technologies avancées pour réguler la vitesse et le couple, mais aussi une attention particulière à la conception du système afin d'assurer une longévité et une efficacité maximales. L'expérience des installations comme celles de Huntorf et McIntosh montre que la maîtrise de ces processus est cruciale pour optimiser le rendement énergétique tout en minimisant les risques techniques, notamment ceux liés à la corrosion et à l’usure des composants.

Quelle est la performance des systèmes hybrides avec moteurs à combustion interne et leurs applications ?

Les systèmes hybrides combinant moteurs à combustion interne (RICE) et batteries de stockage d’énergie (BESS), souvent associés à des panneaux solaires photovoltaïques (PV), représentent une solution innovante pour répondre aux demandes de charge électriques en temps réel tout en réduisant l'empreinte carbone. Les performances de ces systèmes, en particulier la rapidité de démarrage et les caractéristiques de charge, sont cruciales pour leur efficacité et leur compétitivité dans des environnements industriels exigeants.

Les moteurs à combustion interne RICE alimentés au gaz et les systèmes hybrides BESS sont proposés par des fabricants comme Wartsila sous le nom de "Engine + Hybrid Energy". Ces systèmes peuvent inclure une composante solaire PV pour optimiser la production d'énergie et minimiser la consommation de carburant. La configuration d'un tel système est conceptualisée de manière à intégrer ces trois technologies pour répondre à la demande énergétique spécifique d'un client, comme cela est montré dans les diagrammes illustrant l’opération des systèmes hybrides. En mode autonome, l'utilisation d'un système hybride permet de gérer la production et la distribution de l'énergie de manière flexible et réactive, en s'adaptant rapidement aux variations de la demande et de la production.

Dans un système hybride, la principale source de génération est constituée par le moteur à combustion interne, souvent un moteur à gaz. En pleine journée, lorsque la demande d’énergie et l'irradiation solaire sont les plus fortes, les panneaux solaires PV peuvent fournir une grande partie de la demande, permettant ainsi de réduire la consommation de carburant en désactivant les moteurs lorsque cela est possible. Une partie de l'énergie solaire excédentaire est utilisée pour charger les batteries de stockage d’énergie (BESS), qui jouent un rôle clé en assurant une continuité de l’approvisionnement énergétique. En cas de perte soudaine de production d’énergie solaire en raison d’événements météorologiques, comme l'apparition de nuages, les BESS réagissent rapidement pour compenser la perte en mégawatts jusqu'à ce que les moteurs soient redémarrés et mis en ligne.

Il convient de souligner que cette réponse rapide pourrait également être fournie uniquement par les moteurs RICE sans avoir besoin des BESS. Toutefois, cela nécessiterait une configuration N+1 ou N+2, en fonction de la taille de la demande de charge et des besoins supplémentaires. Par exemple, pour une installation industrielle de 300 MW alimentée par une centrale RICE en cycle simple, chaque moteur peut délivrer 20 MW à pleine charge. Pour atteindre la demande totale de 300 MW, 15 moteurs seraient nécessaires. Toutefois, étant donné que la maintenance entraîne souvent l'arrêt d'un moteur, 16 unités seraient installées pour garantir une disponibilité continue. En intégrant une capacité solaire de 100 MW en période de pic d'irradiation, la centrale pourrait fonctionner avec seulement 10 moteurs à pleine charge. Cependant, comme les irradiations solaires peuvent fluctuer, il est impératif d’avoir une réserve en rotation pour pallier une perte soudaine de 20 MW, ce qui pourrait être accompli en faisant fonctionner 11 moteurs à 90,9% de leur capacité, soit 18,2 MW chacun. En cas de perte de 20 MW de la production solaire, ces moteurs augmenteraient rapidement leur puissance à 100% pour maintenir la production totale de 300 MW.

La capacité de ces systèmes hybrides à réagir rapidement aux changements de production est essentielle pour assurer une stabilité dans des conditions de demande dynamique. L'intégration de BESS dans ces systèmes, bien qu'efficace, n'est pas toujours indispensable si les moteurs à combustion interne sont configurés de manière à fournir une réponse suffisante en cas de perte de production solaire. Néanmoins, les BESS permettent de réduire la complexité et d'améliorer la flexibilité des systèmes, offrant une solution plus robuste, notamment dans des situations de demande fluctuante ou de prévisions météorologiques incertaines.

Parallèlement, l'intégration d'hydrogène comme carburant alternatif dans ces systèmes hybrides est une option de plus en plus envisagée. L'hydrogène, en tant que vecteur énergétique, peut être utilisé dans les moteurs à combustion interne, y compris les turbines à gaz, sans produire de dioxyde de carbone lors de sa combustion. Cependant, bien que l'hydrogène présente de nombreux avantages, sa production et son stockage restent des défis considérables. L'hydrogène n'est pas une source d'énergie primaire, mais un transporteur d'énergie. Il doit être produit à partir d'autres ressources énergétiques, souvent par électrolyse ou par reformage du méthane, avec une consommation énergétique considérable. Par exemple, la production de 1 MWh d'hydrogène par électrolyse nécessite environ 4,5 MWh d’électricité, ce qui soulève des questions sur la viabilité économique et environnementale de l'hydrogène à grande échelle.

Il est important de comprendre que l'hydrogène, bien qu'il soit une solution prometteuse en matière de décarbonation, comporte des défis logistiques et économiques. Sa production à grande échelle, particulièrement à partir de sources renouvelables, reste une entreprise coûteuse. En outre, la combustion de l'hydrogène génère des oxydes d'azote (NOx), des polluants atmosphériques, ce qui complique son utilisation comme solution totalement propre. L’intégration de l’hydrogène dans les systèmes hybrides doit donc être envisagée avec une compréhension claire de ces contraintes, notamment en termes de coûts de production et de défis techniques liés au stockage et au transport.

Ainsi, bien que l'intégration de systèmes hybrides RICE, BESS et photovoltaïques offre une réponse flexible aux besoins énergétiques fluctuants, l’utilisation de l'hydrogène comme carburant alternatif nécessite une approche pragmatique qui prenne en compte à la fois les avantages et les limitations techniques et économiques de cette technologie.