L’apparition de la supraconductivité dans des matériaux métalliques classiques (Al, Sn, Pb, Nb, ...) ainsi que dans des composés céramiques à haute température critique (YBa₂Cu₃O₇-x, La₂-xSrₓCuO₄, Bi₂Sr₂CaCu₂O₈+x, HgBa₂Ca₂Cu₃O₈+x, ...) révèle un phénomène fondamental : la cohérence macroscopique. Cette cohérence est la conséquence de l’état quantique collectif des paires d’électrons, dites paires de Cooper, qui, sous la température critique Tc, adoptent une fonction d’onde commune. Cette fonction d’onde rend compte du comportement ondulatoire cohérent des paires, sujettes à des perturbations vectorielles (courants injectés, champ magnétique) ou scalaires (température), tant que ces perturbations restent sous des seuils critiques. Dans ce régime, la mémoire de phase des électrons est conservée, faisant des supraconducteurs un terrain privilégié pour l’observation de phénomènes d’interférence quantique.

Les expériences de transport dans des structures en forme d’anneau, ou circuits multiples, s’avèrent être les plus appropriées pour explorer ces phénomènes. En effet, un anneau supraconducteur se comporte pour les électrons cohérents comme une double fente pour des ondes électromagnétiques, un analogue parfait aux expériences historiques d’Ehrenberg et Siday, puis d’Aharonov et Bohm, démontrant que le passage d’électrons à travers des chemins multiples permet leur interférence quantique, modulée par un champ magnétique externe même s’il n’agit pas directement sur les particules. Ce qu’on appelle l’effet Aharonov-Bohm a inauguré une vaste recherche sur les manifestations d’interférences à l’échelle mésoscopique, confirmées depuis sur des nanorings métalliques et semi-conducteurs.

La quantification du flux magnétique (fluxoid) est au cœur de la compréhension des oscillations de résistance mesurées dans ces anneaux supraconducteurs. Depuis les travaux de London et London en 1935, la réponse macroscopique d’un supraconducteur soumis à un champ électrique ou magnétique s’exprime par deux équations fondamentales, décrivant respectivement l’effet du champ électrique sur le courant supraconducteur et le développement de courants persistants pour expulser le champ magnétique (effet Meissner). La profondeur de pénétration du champ magnétique dans le matériau est caractérisée par une longueur λ très petite, ce qui entraîne que le flux magnétique à l’intérieur d’un supraconducteur percé est limité à la surface du trou et à une faible région d’environ λ autour.

La grandeur appelée fluxoid est définie comme la différence entre le flux magnétique total à travers le trou et le flux associé aux courants persistants circulant sur la surface interne. Ce fluxoid, quantifié en unités naturelles, relie les propriétés microscopiques du supraconducteur (telles que la densité et la masse effective des paires de Cooper) à ses manifestations macroscopiques, en particulier à la manière dont le supraconducteur conserve sa phase cohérente dans une structure annulaire.

La théorie thermodynamique développée par Ginzburg et Landau offre un cadre puissant pour modéliser l’état supraconducteur. Leur fonction d’énergie libre dépend d’un paramètre d’ordre complexe, proportionnel à la densité des paires de Cooper et à leur phase collective. Les équations résultantes permettent de prédire la quantification du fluxoid ainsi que l’évolution de la fonction d’onde supraconductrice dans des géométries complexes, et expliquent la forme sinusoidale des oscillations de résistance observées expérimentalement dans les structures annulaires, comme démontré notamment dans les expériences de Little et Parks dans les années 1960.

Cependant, la théorie classique ne rend pas compte de l’ampleur des oscillations de résistance observées dans les matériaux à haute température critique (HTC), où la complexité des phénomènes de vortex et la dynamique non triviale des courants supraconducteurs introduisent des mécanismes supplémentaires d’interférence. Ces phénomènes nécessitent des modèles alternatifs intégrant la modulation du mouvement des vortex ou l’interférence des courants supraconducteurs eux-mêmes, dépassant ainsi le cadre initial des oscillations dues uniquement à la quantification du fluxoid.

Comprendre ces phénomènes implique aussi de saisir l’importance des longueurs caractéristiques de la supraconductivité, telles que la profondeur de pénétration magnétique λ et la longueur de cohérence ξ, qui contrôlent la réponse locale et globale du matériau. De plus, la relation entre la phase de la fonction d’onde supraconductrice et les perturbations externes est un concept fondamental, car elle conditionne la persistance des états quantiques cohérents et la nature ondulatoire des électrons supraconducteurs. Enfin, l’expérimentation dans des structures mésoscopiques, où la taille du système est comparable aux ces longueurs caractéristiques, est cruciale pour révéler et étudier ces phénomènes quantiques, qui sont au cœur du développement des technologies quantiques modernes.

Comment interagissent les phonons et les électrons dans les nanostructures à double connexion ?

L’interaction électron-phonon dans les nanostructures à double connexion, telles que les nanofils à cœur-coquille, révèle une complexité remarquable issue de la coexistence et du couplage des modes vibratoires acoustiques, optiques polaires et non polaires. Ces systèmes requièrent une approche détaillée fondée sur des équations différentielles couplées, où la fréquence des

Comment la géométrie topologique et les effets quantiques façonnent les anneaux quantiques dans les matériaux nanostructurés

Les anneaux quantiques (QR) ont émergé comme des objets idéaux pour l’étude expérimentale des effets quantiques, notamment l’effet Aharonov-Bohm, en raison de leurs caractéristiques géométriques uniques et des propriétés électroniques des matériaux dans lesquels ils sont réalisés. La capacité de fabriquer des nanostructures de manière contrôlée, en combinant des hétérostructures binaires radiales avec des structures quantiques en phase cristalline axiale, permet de réaliser des anneaux quasi-idéaux, tout en minimisant les désordres qui pourraient affecter la cohérence de la phase excitonique. L'absence de désordre allié et des interfaces atomiquement plates assurent la préservation de cette cohérence dans des anneaux dont les circonférences peuvent atteindre 200 nm.

Les techniques de fabrication des nanostructures ont permis de créer des variétés topologiquement non triviales à l'échelle micro- et nanométrique. Par exemple, l’enroulement d’un ruban cristallin NbSe3 sur une gouttelette de sélénium produit une tension de surface qui induit une torsion du ruban, donnant naissance à un anneau de Möbius unilatéral. Les méthodes de géométrie différentielle ont été développées pour examiner les fonctions propres des particules quantiques dans ces structures courbées et contraintes. Les effets de courbure et de tension dans des structures de faible rayon de courbure modifient profondément les symétries des états propres et l'énergie des particules quantiques. Cependant, ces effets deviennent négligeables lorsque les rayons de courbure dépassent environ 50 nm.

L’étude détaillée de l’équation de Schrödinger dans des coordonnées courbées offre un cadre rigoureux pour l’analyse des états propres dans les anneaux quantiques, qu’ils soient ouverts ou fermés. Ces résultats permettent de mieux comprendre comment les propriétés géométriques, telles que la torsion de la ligne centrale et la géométrie du plan normal, influencent les énergies des états quantiques. Les effets topologiques, en particulier dans les anneaux de Möbius microscopiques, révèlent un phénomène fascinant : la transition de délocalisation à localisation de l’état fondamental des électrons. Cette transition peut être mesurée expérimentalement à travers l’effet Aharonov-Bohm, qui se manifeste par une oscillation du courant persistant en fonction du flux magnétique traversant l’anneau de Möbius.

Les effets de topologie et de géométrie deviennent particulièrement intéressants dans les structures nanométriques où l’interaction entre les électrons joue un rôle crucial. Par exemple, dans les anneaux quantiques ZnO, l’effet Aharonov-Bohm est fortement dépendant du nombre d’électrons présents dans l’anneau, ce qui permet un contrôle précis des oscillations en fonction de la taille de l’anneau et du champ magnétique. Dans ces systèmes, le contrôle du nombre d’électrons dans l’anneau offre une grande flexibilité pour moduler les phénomènes quantiques à l’échelle nanométrique.

L’interférence quantique dans ces anneaux permet également un contrôle fin des spins à l’échelle mésoscopique, avec des implications intéressantes pour le domaine de la spintronique. Par exemple, des anneaux quantiques InAs, soumis à une forte interaction spin-orbite (SOI) et couplés à un superconduitteur à onde s, ont montré la possibilité de réaliser des phases superconductrices topologiques et des fermions de Majorana confinés. De plus, les modulations de conductance dues à la phase géométrique Aharonov-Anandan dans un anneau quantique ont ouvert la voie à des dispositifs spintroniques capables de contrôler les spins à une échelle plus petite et plus précise.

Les effets topologiques dans les anneaux quantiques sont également explorés dans le contexte de nouveaux matériaux comme le MoS2 et le graphène. Dans les systèmes MoS2, par exemple, les états de bord dans le gap de systèmes finis, soumis à un champ magnétique, ont révélé des oscillations similaires à celles de l’effet Aharonov-Bohm, mais avec des caractéristiques qui varient en fonction des potentiels externes appliqués. Ces observations ont montré que des caractéristiques semblables à celles des anneaux quantiques traditionnels peuvent apparaître dans des matériaux bidimensionnels comme le MoS2.

Les anneaux quantiques à base de graphène sont particulièrement prometteurs pour étudier l’interaction entre les effets de confinement et le flux magnétique. Des oscillations de magnétoconductance ont été observées dans des anneaux quantiques en graphène, offrant une fenêtre expérimentale unique pour explorer la dépendance de l’effet Aharonov-Bohm à la topologie de ces structures. L'interaction entre la polarisation de vallée et l’interaction de Coulomb dans ces systèmes peut également conduire à des oscillations fractionnaires de l’effet Aharonov-Bohm, avec des implications profondes pour la manipulation des états quantiques dans des dispositifs à base de graphène.

Les phénomènes topologiques dans ces anneaux quantiques, qu'ils soient réalisés dans des matériaux traditionnels ou nouveaux comme le graphène et le MoS2, ouvrent des perspectives passionnantes pour la recherche sur les systèmes quantiques à petite échelle et pour le développement de dispositifs spintroniques à haute performance.