La modélisation des grandes échelles dans les fluides turbulents repose souvent sur des approximations et des fermetures qui permettent de gérer les termes non résolus ou de petite échelle. L'un des objectifs principaux dans cette démarche est de développer des équations qui régissent les composants à grande échelle tout en intégrant les effets des petites échelles. La vorticité, qui représente la rotation d'un fluide, devient un outil central dans cette approche, surtout lorsque l’on veut comprendre et prédire les effets de ces petites structures tourbillonnaires dans un système à grande échelle.

Le concept de séparation des échelles repose sur une décomposition de la vorticité totale en une composante à grande échelle (ωₑ) et une composante à petite échelle (ω′ₑ), ce qui conduit à une nouvelle formulation des équations de Navier-Stokes pour chaque composant. La vorticité totale ω est donc décomposée comme suit :

ω=ωε+ωε.\omega = \omega_{\varepsilon} + \omega_{\varepsilon}'.

Ainsi, pour chaque composant, les équations peuvent être écrites sous la forme suivante :

tωε+uεωεωεuενΔωε=rε,\partial_t \omega_{\varepsilon} + u_{\varepsilon} \cdot \nabla \omega_{\varepsilon} - \omega_{\varepsilon} \cdot \nabla u_{\varepsilon} - \nu \Delta \omega_{\varepsilon} = r_{\varepsilon},
tωε+uεωεωεuενΔωε=rε.\partial_t \omega_{\varepsilon}' + u_{\varepsilon}' \cdot \nabla \omega_{\varepsilon}' - \omega_{\varepsilon}' \cdot \nabla u_{\varepsilon}' - \nu \Delta \omega_{\varepsilon}' = r_{\varepsilon}'.

Les termes rεr_{\varepsilon} et rεr_{\varepsilon}' représentent les restes, c’est-à-dire les effets non résolus dans le modèle de turbulence à grande échelle. Ces restes peuvent être réécrits de différentes manières, soit en utilisant des commutateurs, soit de manière plus classique via le tenseur de contraintes de Reynolds. Cependant, l'un des principaux défis de cette approche est de gérer ces termes résiduels, dont le calcul exact est souvent complexe.

Le modèle des grandes échelles (LES), qui est souvent utilisé dans la simulation numérique de la turbulence, est un exemple typique d'une équation fermée pour les grandes échelles. Cette formulation est de la forme :

tωε+uεωεωεuενΔωε=Fε(ωε),\partial_t \omega_{\varepsilon} + u_{\varepsilon} \cdot \nabla \omega_{\varepsilon} - \omega_{\varepsilon} \cdot \nabla u_{\varepsilon} - \nu \Delta \omega_{\varepsilon} = F_{\varepsilon}(\omega_{\varepsilon}),

Fε(ωε)F_{\varepsilon}(\omega_{\varepsilon}) est une transformation de ωε\omega_{\varepsilon}, souvent associée à des modèles supplémentaires comme le modèle kεk-\varepsilon. Ce modèle est efficace lorsque la solution de ωε\omega_{\varepsilon} reste proche de la composante à grande échelle de l'équation originale, ce qui permet de simuler de manière simplifiée les effets des petites échelles.

Cependant, la difficulté réside dans le choix d'une fermeture appropriée pour les termes de reste rεr_{\varepsilon}, qui sont essentiels pour une modélisation précise de la turbulence. Pour surmonter cette difficulté, une alternative est proposée, où la vorticité initiale est décomposée en deux composantes : ω0L\omega_0^L et ω0S\omega_0^S, représentant respectivement les grandes et petites échelles. Cette décomposition permet de reformuler les équations comme suit :

tωL+uωLωLuνΔωL=0,\partial_t \omega_L + u \cdot \nabla \omega_L - \omega_L \cdot \nabla u - \nu \Delta \omega_L = 0,
tωS+uωSωSuνΔωS=0,\partial_t \omega_S + u \cdot \nabla \omega_S - \omega_S \cdot \nabla u - \nu \Delta \omega_S = 0,

avec des conditions initiales spécifiques pour chaque composante. Cette approche, bien que locale dans le temps, présente l'avantage de simplifier les restes par rapport à la méthode classique de Reynolds.

La décomposition en grandes et petites échelles mène à une nouvelle compréhension des termes résiduels, qui deviennent plus facilement manipulables dans cette approche. Ces nouveaux restes, par exemple uSωL+ωLuS-u_S \cdot \nabla \omega_L + \omega_L \cdot \nabla u_S, sont considérés comme des termes plus simples à gérer que ceux issus de la méthode classique.

Toutefois, un des principaux inconvénients de cette décomposition est qu'il est difficile de déterminer avec précision combien de temps ωL\omega_L et ωS\omega_S restent strictement liées aux grandes et petites échelles respectivement. Au fil du temps, les échelles peuvent se mélanger, ce qui fait que ωL\omega_L pourrait développer des petites échelles à cause de l’instabilité, ou ωS\omega_S pourrait se regrouper en échelles plus grandes, ce qui est notamment observé dans les systèmes bidimensionnels. Ainsi, tandis que l'approche de Reynolds est globale dans le temps, la décomposition des échelles doit être comprise comme une méthode locale, valable principalement sur de courtes périodes.

En ce qui concerne la modélisation des petites échelles, une autre manière de les traiter est d’introduire une vue système de particules, où les petites structures tourbillonnaires sont représentées par des « particules » distinctes interagissant avec le champ de vorticité à grande échelle. Cela permet d’interpréter certains résultats comme des effets de champ moyen, où l’interaction des petites particules pourrait se maintenir avec un certain degré d’individualité, ou, à l’inverse, pourrait entraîner une moyenne des effets de ces particules sur le champ de grande échelle ωL\omega_L.

Une approche intéressante pour comprendre les petites échelles est l'introduction du dérivé de Lie, qui permet de mieux saisir l’interaction entre les différentes composantes de la vorticité. Cette formalisation des termes résiduels mène à une équation de la forme :

tωL+LuωLνΔωL=fluctuations+champ moyen+reste.\partial_t \omega_L + L_u \omega_L - \nu \Delta \omega_L = \text{fluctuations} + \text{champ moyen} + \text{reste}.

Cette approche permet de modéliser les interactions entre les échelles avec un meilleur contrôle sur les termes résiduels et d’obtenir une description plus précise de la turbulence en fonction de la dynamique des échelles.

Il est essentiel de noter que, bien que ces modèles apportent des simplifications, leur précision dépend fortement de la qualité de la fermeture des termes résiduels. De plus, la relation entre les petites et grandes échelles, bien que mieux comprise grâce à ces décompositions, reste complexe et nécessite une analyse continue pour améliorer les prévisions de la turbulence dans les fluides.

Les solutions fortes des équations primitives stochastiques et l’estimation intermédiaire principale

Nous examinons ici θ̂, en prenant l’opérateur de moyenne pondérée ·̂ = ffl 0 − · ζdζ dans la deuxième équation de (6.51). Nous obtenons ainsi que (θ̂ , τ) est une solution forte locale dans L² des équations primitives stochastiques. Plus précisément, nous obtenons l’équation suivante :

dθ^=Hθ^(v~H)θ(vH)θ^R(v,θ)+fθ^dt+(ψn,HH)θ+ψ^3n3θ+g^nθndβt,d\hat{\theta} = H\hat{\theta} - (\tilde{v} \cdot \nabla H)\theta - (v \cdot \nabla H)\hat{\theta} - R(v, \theta) + f\hat{\theta} \, dt + (\psi_n, H \cdot \nabla H)\theta + \hat{\psi}_3 \, n\partial^3\theta + \hat{g}_n \, \theta_n \, d\beta_t,

RR est défini par :

R(v,θ)=divHv~+θdivHv~ζdζ.R(v, \theta) = - \operatorname{div} H\tilde{v} + \theta \, \operatorname{div} H\tilde{v} \, \zeta \, d\zeta.

En prenant la condition initiale, nous avons :

θ^(,0)=θ^0=θ0(,ζ)ζdζ.\hat{\theta}(\cdot, 0) = \hat{\theta}_0 = \theta_0(\cdot, \zeta) \, \zeta \, d\zeta.

Les termes impliquant θ^\hat{\theta} sont fondamentaux pour comprendre les dynamiques dans le cadre des équations primitives stochastiques. Il est important de noter que, contrairement aux cas isothermiques, les termes liés à la pression turbulente non isothermique jouent un rôle crucial dans l’évolution de θ^\hat{\theta} et nécessitent une attention particulière dans les estimations.

Dans ce contexte, l'estimation de la probabilité du "tail" (6.59) n'était pas présente dans les travaux antérieurs, mais elle devient essentielle ici. Elle se base sur une approche détaillée qui implique des solutions maximales fortes et sur les fonctions d'énergie spécifiques qui sont définies par des termes comme vH12\|v\|^2_{H^1} et θH22\|\theta\|^2_{H^2}, où ces quantités sont contrôlées par des techniques d'estimation stochastiques.

Le principal résultat dans cette section est l’extension des résultats connus pour les systèmes de pression turbulente isothermiques vers les systèmes non isothermiques, où les termes liés à la température θ\theta deviennent significatifs. Le travail d’Hieber et Kashiwabara, dans leur approche [94], a permis de démontrer des estimations séparées pour les variables vv et v~, ainsi que pour les dérivées d’ordre supérieur 3v\partial^3v. En multipliant ces estimations par des constantes appropriées et en les additionnant, on parvient à une estimation fermée qui nous permet d'obtenir des informations sur la régularité et l'existence des solutions fortes.

Pour les besoins de la théorie des équations primitives stochastiques, une estimation de l’ordre supérieur de θ^\hat{\theta} est nécessaire, ce qui implique de considérer simultanément les équations pour vv et θ\theta. Cela crée de nouveaux termes dans les équations et conduit à l’apparition de quantités nouvelles qu’il convient de maîtriser dans les calculs.

Les résultats obtenus à ce stade nécessitent un contrôle fin du produit des fonctions θ^\hat{\theta} et de leurs dérivées, en particulier dans les espaces L2L^2 et H1H^1, ce qui est essentiel pour garantir la régularité des solutions. L'application de la formule d'Itô aux fonctionnelles de ces produits permet de vérifier l’hypothèse de régularité maximale pour les systèmes stochastiques sous l’action de termes non linéaires.

Détails complémentaires pour le lecteur :

Il est fondamental pour le lecteur de comprendre que, dans les modèles de pression turbulente non isothermique, la température θ\theta ne joue plus un rôle négligeable, comme dans le cas isothermique, mais devient un acteur clé dans l’évolution de la dynamique du fluide. En particulier, la température influence directement les termes de pression turbulente et leur interaction avec le champ de vitesse vv. Ces interactions peuvent devenir complexes et nécessitent un contrôle rigoureux des produits entre la température et ses dérivées, ainsi que des termes stochastiques associés.

Le contrôle des équations pour vv et θ\theta dans leur forme conjointe, avec les intégrales stochastiques sur les variables de pression, est un aspect crucial de l’analyse. Sans une gestion adéquate de ces termes, il serait impossible de garanti

Comment comprendre les opérateurs de Stokes hydrostatiques et leurs extensions dans les espaces fonctionnels

L'étude des opérateurs dans les espaces fonctionnels vectoriels et leur extension à des espaces de valeurs vectorielles ou matricielles (comme HH-valued spaces) est fondamentale pour les équations aux dérivées partielles (EDP) et, en particulier, pour la modélisation des phénomènes de fluides dans un cadre probabiliste ou stochastique. Ce texte explore certaines propriétés des opérateurs associés à des équations primitives stochastiques, en particulier les opérateurs de Stokes hydrostatiques, et comment ces derniers s'étendent dans des espaces fonctionnels plus généraux, notamment les espaces de Sobolev.

Extension des opérateurs de scalaires à des espaces de valeurs vectorielles

Un point important à noter est que les opérateurs bornés définis sur les espaces fonctionnels de type Lσr(O)L^r_\sigma(O) peuvent être étendus à des espaces comme Lσr(O;H)L^r_\sigma(O;H), où HH est un espace de Banach ou de Hilbert, et ce, tout en conservant la norme de l'opérateur. Ce type d'extension est crucial dans les théories des espaces de Sobolev et des espaces de Fourier, permettant de traiter les équations différentielles dans des cadres plus généraux. Une telle extension garantit la cohérence des calculs opérant dans ces différents espaces et facilite l'analyse des propriétés des solutions.

Les opérateurs de Stokes hydrostatiques et leur formulation

L'un des éléments clés est l'extension des opérateurs de Stokes, en particulier l'opérateur zv=zv\mathbf{zv} = \partial_z v et Hv=(x2+y2)v\mathbf{H} v = (\partial_x^2 + \partial_y^2)v, qui sont définis par des multiplicateurs de Fourier discrets sur des fonctions périodiques. Cela permet d'étudier ces opérateurs dans des espaces plus complexes comme s,pHN(h,0;Hm,p(T;H))s,p H^N(-h, 0; H^m,p(T;H)). La structure périodique de ces opérateurs joue un rôle important car elle permet de simplifier l'analyse en réduisant le problème à un cadre plus maniable, celui des séries de Fourier, et c'est ainsi que l'on peut traiter les équations de Stokes en régime hydrodynamique. Ces opérateurs sont compatibles avec les extensions et les restrictions d'opérateurs, facilitant leur analyse dans des espaces vectoriels.

Projection de Helmholtz et propriétés de l'opérateur de Stokes

L'opérateur de Stokes hydrostatique est lié à la projection de Helmholtz, et les opérateurs z,N\mathbf{z,N} et H,N\mathbf{H,N} sont résolvent-commutants. Cela signifie que ces opérateurs peuvent être traités ensemble dans un cadre commutatif, ce qui simplifie leur manipulation. Ce type de commutativité est essentiel pour la validité des résultats, car il permet d'appliquer des théorèmes fondamentaux comme le théorème de Kalton-Weis sur la somme d'opérateurs commutants. Cependant, cette propriété ne s'applique pas lorsque des conditions de frontière autres que les conditions de Neumann sont imposées, comme cela est mentionné dans certaines références spécifiques.

La régularité maximale et les espaces d'interpolation

Pour la solution du problème de Cauchy pour l'équation (t+A)v=f(\partial_t + A)v = f, on utilise des espaces fonctionnels régularisés en temps, comme les espaces LμqL^q_\mu et les espaces de Sobolev Hμ1,qH^{1,q}_\mu. Ces espaces permettent de traiter la régularité maximale en termes de solutions déterministes et stochastiques. Les espaces d'interpolation entre ces deux types d'espaces fournissent une manière d'analyser la régularité et les propriétés des solutions dans un cadre plus large, rendant la théorie applicable à une variété de problèmes en mécanique des fluides et en dynamique des systèmes stochastiques.

Propriétés du Neumann map hydrostatique

Le problème de Neumann pour l'équation de Stokes hydrostatique permet de trouver une solution VV dans un espace fonctionnel donné, avec des conditions de bord sur des ensembles comme zV=g\partial_z V = g sur u\partial u. Cette approche utilise des espaces de Sobolev de type Wpers,r(u;H)W^{s,r}_\text{per}(\partial u; H) pour décrire le comportement des solutions. Le théorème du Neumann Map garantit l'existence et l'unicité des solutions sous certaines hypothèses de régularité sur les données de frontière, avec la propriété que ce mappage est continu. L'inclusion dans un espace de type (s,m)Ap,H(s,m)A_{p,H} pour certains indices ss et mm fournit une analyse approfondie des solutions possibles du problème.

Conclusion sur les aspects pratiques de l'analyse

Il est essentiel de comprendre que l'extension des opérateurs aux espaces de valeurs vectorielles permet une généralisation de la théorie des équations aux dérivées partielles, notamment dans des cadres stochastiques. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour la modélisation de phénomènes physiques complexes, comme la dynamique des fluides dans des systèmes ouverts. La capacité d’étudier ces opérateurs dans des espaces d’interpolation et d’analyses périodiques aide à structurer des méthodes efficaces de résolution, rendant possibles des simulations et des analyses théoriques avancées.

Quelle est l'importance des équations primitives stochastiques dans la dynamique océanique et atmosphérique ?

Les équations primitives stochastiques (SPE) sont au cœur des recherches modernes en dynamique des fluides géophysiques, particulièrement dans le contexte des océans et de l'atmosphère. Ces équations modélisent la circulation océanique et atmosphérique en prenant en compte les perturbations aléatoires, telles que le bruit multiplicatif, qui joue un rôle essentiel dans la description des phénomènes géophysiques réels. L'introduction du bruit stochastique dans ces systèmes permet de mieux comprendre la variabilité des conditions météorologiques et climatiques à grande échelle, tout en apportant une meilleure modélisation des processus turbulents qui ne peuvent pas être capturés par des modèles déterministes classiques.

L'intérêt de ces modèles stochastiques repose sur leur capacité à traiter la complexité inhérente aux équations gouvernant la dynamique des fluides dans des milieux comme les océans et l'atmosphère, où des perturbations de petite échelle influencent de manière significative les comportements à grande échelle. De plus, ces modèles permettent de traiter des phénomènes comme les vents générés par les mouvements océaniques, les interactions entre les couches profondes et superficielles de l'atmosphère et de l'océan, ainsi que les changements climatiques sous l'effet du bruit.

L’une des grandes avancées des SPE réside dans la mise en évidence des propriétés ergodiques de ces systèmes. En effet, pour des systèmes de grande dimension, telles que celles des océans et de l'atmosphère, l'ergodicité permet de prouver que les solutions de ces systèmes stochastiques se stabilisent sur le long terme, même si elles sont influencées par des perturbations aléatoires. Ces résultats théoriques ont des applications pratiques dans la prévision météorologique et la modélisation des événements climatiques extrêmes. Dans ce cadre, des approches comme celles de Flandoli et Pappalettera (2020), qui modélisent les petites perturbations des systèmes, permettent d'obtenir des approximations fiables du comportement des fluides sous l'influence de bruit stochastique.

Il est également essentiel de noter l’importance de l’étude des solutions martingales et des solutions de chemins dans les modèles stochastiques. Ces approches offrent des garanties mathématiques pour la régularité et l’existence des solutions des équations primitives stochastiques dans des espaces fonctionnels spécifiques. Ces solutions sont cruciales pour comprendre le comportement à long terme des systèmes géophysiques et pour obtenir des résultats fiables dans des situations extrêmes où les méthodes déterministes échouent à produire des prévisions précises.

Les applications pratiques de ces théories sont nombreuses, en particulier dans la modélisation des courants océaniques, des phénomènes de turbulence en atmosphère et des impacts climatiques dus aux changements de conditions de vent. Par exemple, les travaux de Dong et Zhang (2017) sur les équations primitives stochastiques à trois dimensions ont permis de développer des principes de grandes déviations qui permettent de prédire les comportements extrêmes dans des systèmes océaniques complexes, ce qui est essentiel pour la planification des ressources maritimes et la gestion des risques climatiques.

Au-delà de l’aspect purement mathématique, il est impératif de comprendre que la stochastique dans ces équations ne sert pas uniquement à modéliser les aléas externes mais aussi à capturer les effets internes à grande échelle, comme la turbulence, qui se propagent à travers différents régimes de turbulence géophysique. Des études récentes ont mis en lumière la manière dont le bruit stochastique peut être utilisé pour améliorer la dissipation dans des modèles turbulents à petite échelle, une approche qui pourrait révolutionner la manière dont nous modélisons et comprenons les phénomènes océaniques et atmosphériques.

La régularité des solutions dans ces systèmes, qui reste un sujet de recherche actif, nécessite de prendre en compte des effets subtils comme la dynamique de la salinité et de la température dans les océans, ou encore les couplages entre les équations primitives et les processus de convection dans l'atmosphère. Par ailleurs, les chercheurs continuent de démontrer l'importance des techniques d'approximation temporelle et spatiale, telles que les méthodes de temps discret pour les équations de fluides géophysiques, pour garantir la stabilité numérique et l'accuracité des simulations.

Les dernières avancées permettent de mieux comprendre les phénomènes de petites échelles, mais l’extension des résultats à des domaines plus larges reste un défi majeur, notamment en ce qui concerne la modélisation des fluctuations dans les zones océaniques profondes et les effets de la variabilité climatique à long terme. Le bruit stochastique, loin d'être un simple outil mathématique, devient un facteur clé pour la gestion du changement climatique et la modélisation de l'avenir des systèmes géophysiques.

Comment les équations primitives stochastiques peuvent-elles décrire les dynamiques géométriques des fluides ?

Les équations primitives stochastiques représentent une extension des modèles classiques de la dynamique des fluides en introduisant des termes de bruit stochastique. En partant des équations d'Euler-Poincaré stochastiques, il est possible de dériver un ensemble d'équations qui intègrent à la fois des effets déterministes et des fluctuations aléatoires. Ces modèles sont essentiels pour comprendre des phénomènes où l’incertitude et les perturbations externes jouent un rôle significatif, comme dans les systèmes climatiques ou l’océanographie.

Les équations primitives stochastiques résultent de l’application du théorème d'Euler-Poincaré à un Lagrangien spécifique, qui permet de formaliser la dynamique de systèmes fluides en présence de bruit. Cela nécessite de choisir quel type de bruit intégrer, c'est-à-dire, quel type de champs vectoriels stochastiques introduire dans le modèle. Dans le cas des équations primitives, le bruit doit être ajouté dans les conditions aux frontières. Cette décision est liée à la manière dont les conditions aux frontières se manifestent en tant qu'invariants lagrangiens dans un fluide stochastique.

Les champs de bruit, représentés par ξ3 (champs vectoriels tridimensionnels) et ξ (champs vectoriels bidimensionnels horizontaux), modélisent les perturbations aléatoires qui affectent la dynamique du fluide. Les conditions aux frontières pour les équations primitives sont particulièrement sensibles à la présence de ces champs. Par exemple, la condition aux frontières pour la surface libre devient une équation différentielle stochastique partielle qui prend en compte à la fois le terme de dérive (drift) et le terme de diffusion lié au bruit. Cette structure permet d’étudier des phénomènes de surface tels que les vagues en présence de bruit stochastique.

Lorsque l'on considère le bas de la topographie, les conditions aux frontières sont également affectées par le bruit. Cependant, contrairement à la surface libre, elles impliquent une relation plus directe entre la composante horizontale et verticale des champs de bruit. En effet, pour ces équations, il n'est pas possible d'ajouter uniquement des champs de bruit horizontaux sans affecter la dynamique verticale. Ce couplage entre les directions horizontale et verticale est crucial pour comprendre les phénomènes qui dépendent des interactions à la surface et en profondeur d’un fluide.

En ce qui concerne l'équilibre de la masse et la contrainte d'incompressibilité, un autre aspect important est l'introduction de multiplicateurs de Lagrange pour garantir que la partie diffusion de l'équation de continuité reste incompressible. Cela signifie que la pression dans le modèle stochastique possède deux composantes : une partie dérivée (drift) et une partie de diffusion. Ces ajustements permettent de décrire correctement la dynamique du fluide tout en maintenant la consistance des lois physiques, notamment dans le cadre des équations de Navier-Stokes stochastiques.

L'application du principe variationnel stochastique permet d'intégrer ces ajustements dans un cadre cohérent. Ce principe repose sur la formulation d'une action stochastique, qui inclut les termes de pression et de diffusion liés aux champs de bruit. En effectuant des dérivées variationnelles, on obtient les équations qui régissent l’évolution du champ de vitesse horizontal et vertical, et du champ de pression dans un milieu fluide stochastique.

L'une des conséquences importantes de cette formulation est la préservation d'un théorème de circulation stochastique, analogue au théorème de Kelvin dans le cas déterministe. Ce théorème stipule que la circulation dans un fluide stochastique est générée par la désalignement du gradient de la buoyance avec la direction verticale. Cette désynchronisation crée des tourbillons, ce qui peut être formalisé à l'aide de la notion de vorticité potentielle, qui est également conservée par les équations primitives stochastiques. Ainsi, cette approche stochastique conserve des quantités intégrales analogues aux modèles classiques, ce qui renforce leur pertinence pour des applications pratiques dans la modélisation des fluides réels.

Enfin, l'impact des dissipation visqueuse dans ce cadre stochastique a des implications sur la validité des solutions. Bien que sans dissipation visqueuse, les solutions puissent être mal posées, l'inclusion de termes de dissipation conduit à des résultats analytiques prometteurs, notamment pour la stabilité et la prévisibilité des systèmes étudiés.

Le modèle stochastique des équations primitives ne se limite pas à un simple ajout de bruit à des équations classiques ; il redéfinit de manière subtile les conditions aux frontières, l’évolution des champs de vitesse, la pression et la vorticité dans un cadre dynamique et incertain. Cela ouvre de nouvelles perspectives pour la modélisation de phénomènes complexes, notamment en géophysique et en océanographie, où les fluctuations aléatoires sont omniprésentes et où la compréhension des interactions entre les échelles de temps et d’espace est essentielle pour des prévisions plus précises.