La diversité des croyances religieuses et des rituels n'est en soi pas une surprenante révélation, car elle découle des conditions historiques spécifiques des différents peuples et époques. En effet, chaque civilisation a élaboré ses pratiques religieuses en fonction de ses conditions matérielles, politiques, culturelles et des influences extérieures. Comprendre l'origine des différences entre les religions – par exemple, entre celles de l'Inde et de la Chine, de l'Égypte et de l'Iran, de la Grèce et de Rome, des Celtes et des Slaves – nécessite une étude approfondie des contextes particuliers de chaque pays et période.
Cette variabilité religieuse, si elle peut être vue comme un témoignage de la richesse de l'expérience humaine, doit cependant être abordée avec la reconnaissance de certains principes universels sous-jacents. En dépit de la diversité apparente, la religion reste fondamentalement l’expression de la vulnérabilité de l'homme face à son environnement. À travers les âges, l'homme a cherché à se relier à une force supérieure pour surmonter ses angoisses et incertitudes, que ce soit au sein d'une communauté organisée ou par une quête plus personnelle.
Un exemple révélateur de cette dualité réside dans l’histoire du christianisme. Les catholiques ont toujours mis l'accent sur la soumission inconditionnelle à l'Église, institution qui prend pleinement en charge la question du salut en offrant l'absolution. Cette conception se distingue nettement de celle des protestants, comme les calvinistes et les puritains, qui ont rompu avec l'Église catholique en mettant l'accent sur la relation individuelle de l'homme avec Dieu, indépendamment des rituels collectifs. Cette rupture a montré que l'accent était désormais mis sur la liberté individuelle, soulignant un des grands tournants dans la façon dont l'homme envisageait sa relation à la divinité.
De manière similaire, dans le monde musulman, les soufis ont été les défenseurs des principes individuels, mettant en avant l'importance de la communication personnelle avec Dieu plutôt que de se soumettre à une discipline collective rigide. Cette approche mystique a permis à certains individus de se libérer des formes strictes de pratique religieuse, en privilégiant l’expérience intérieure.
L'un des points les plus significatifs de cette diversité religieuse est qu'il ne faut pas seulement la voir à travers le prisme des rites et croyances, mais aussi en prenant en compte les aspects sociaux et politiques qui façonnent ces pratiques. L’étude des religions doit donc se faire de manière holistique, en tenant compte des contextes historiques, culturels, et sociaux qui influencent la création de rituels et de systèmes de croyance. C'est à travers cette compréhension que l'on peut mieux saisir pourquoi certaines pratiques religieuses se sont développées de manière spécifique dans des régions et époques particulières.
Ce phénomène de diversité peut également se voir dans la manière dont la religion s'articule autour du groupe versus l'individu. Les religions fondées sur des communautés organisées, comme l’islam ou le catholicisme, soulignent l’importance du groupe, de la hiérarchie et des rituels collectifs. En revanche, certaines pratiques religieuses mettent l'accent sur l’individu et sa quête de sens, ce qui est particulièrement manifeste dans les philosophies spirituelles orientales comme le bouddhisme ou le taoïsme, où le chemin de l'illumination se fait souvent seul, sans nécessiter une structure ecclésiastique.
Dans chaque religion, au-delà des différences apparentes, on retrouve un même besoin humain fondamental : celui de comprendre et de maîtriser l'invisible, de trouver des réponses aux grandes questions de la vie, de la mort, de la souffrance et de l'existence. L'homme, au travers de son histoire, a cherché à répondre à ces interrogations à travers des pratiques qui varient, mais qui partagent toutes un même but ultime : la quête de sens et de salut, dans ce monde ou l’au-delà.
Les influences extérieures, qu'elles soient culturelles, politiques ou économiques, jouent également un rôle majeur dans l'évolution des croyances religieuses. À titre d'exemple, l’introduction du christianisme en Europe a été influencée non seulement par les dynamiques internes du pouvoir religieux, mais aussi par des facteurs externes comme la montée du christianisme impérial romain, l’idéologie de l’Empire et la façon dont la religion se mêlait aux structures politiques. De même, l’expansion de l’islam a été façonnée par les conquêtes et les rencontres culturelles entre l’Empire arabe et les différentes civilisations. Les pratiques religieuses se transforment en fonction de l’interaction avec d'autres cultures, créant ainsi de nouvelles formes de croyances et de rituels qui sont ensuite adaptées aux spécificités locales.
Enfin, il est essentiel de souligner que la diversité religieuse, même si elle peut sembler déroutante, témoigne de l'ingéniosité et de la flexibilité humaines. Face à des environnements différents, les peuples ont créé des systèmes de croyance qui répondent à leurs besoins spécifiques tout en exprimant la même quête fondamentale de transcendance, de sécurité et de sens dans un monde souvent perçu comme hostile ou incompréhensible.
Quel est le rôle des sociétés secrètes en Afrique de l'Ouest et leur lien avec les cultes royaux ?
Les sociétés secrètes occupent une place centrale dans la culture de l'Afrique de l'Ouest, leur influence s’étendant bien au-delà des rites et croyances mystiques. Ces sociétés, parfois exclusivement masculines ou féminines, sont organisées sur des territoires vastes et variés. En plus de leur fonction sociale et rituelle, elles assument souvent des rôles de régulation et d'administration, comme le recouvrement des dettes et l'application de la loi. Cependant, ces sociétés ne se limitent pas à des fonctions "légales" et prennent parfois des aspects plus sombres, telles que l'extorsion et d'autres actes illégaux, souvent couverts sous le prétexte de rites religieux.
Leur dimension spirituelle est indéniable : les membres des sociétés secrètes se déguisent en esprits, arborent des masques effrayants, dansent et organisent des spectacles visant à terrifier la population. Ces rituels s’inscrivent dans des croyances animistes et magiques profondément enracinées dans la culture locale. Bien que nombreuses d'entre elles soient liées à des pratiques religieuses, toutes les sociétés secrètes ne sont pas nécessairement religieuses. Un expert sur le sujet a d'ailleurs tenté de classer ces sociétés en trois catégories : religieuses, patriotiques et démocratiques (comprenant des clubs militaires et sportifs), et criminelles et décadentes. Ces dernières incluent des groupes terroristes, comme les "Peoples-Leopards", qui, jusqu'aux années 1930, étaient responsables d'assassinats conspirateurs à travers l'Afrique de l'Ouest.
Le culte des chefs, qui est un aspect fondamental de la structure sociale dans de nombreuses sociétés africaines, vient renforcer cette dynamique. À l’origine, le chef représente la figure de proue d’une communauté, assurant son bien-être et son équilibre. Son pouvoir est parfois attribué à des capacités surnaturelles, notamment le contrôle des phénomènes naturels comme la pluie, essentielle à l’agriculture. Un chef perçu comme malade ou trop âgé perdait la crédibilité nécessaire à l’exercice de ces pouvoirs, ce qui pouvait entraîner son élimination. Parfois, lorsqu'un chef vieillissant reconnaissait sa déclin, il informait ses fils de sa volonté de mourir, ce qui serait souvent accompli par ses subordonnés.
Ce culte, qui trouve ses racines dans les traditions communautaires et démocratiques, se transforme au fur et à mesure que les sociétés évoluent vers des systèmes plus centralisés et despotiques. Dans les États despotiques, le culte du chef devient une forme de vénération presque divine. Le roi de Benin, par exemple, était vénéré non seulement comme le régent de Dieu sur Terre, mais comme un dieu lui-même. Ses sujets le vénéraient au point que des statues en bronze de lui et de son épouse étaient placées sur l’autel des ancêtres, objets de culte au même titre que les divinités.
Ce culte des ancêtres, qu’ils soient vivants ou décédés, joue un rôle fondamental dans la structuration des sociétés africaines. Dans certaines régions, les sacrifices humains étaient pratiqués pour honorer ces chefs défunts, en particulier pendant les repas rituels. Des esclaves ou des criminels condamnés étaient souvent les victimes de ces sacrifices. De plus, dans certains groupes ethniques de l’Afrique de l’Ouest, ces sacrifices étaient perçus comme une forme de messagerie spirituelle, où les âmes des sacrifiés allaient communiquer au chef décédé que tout allait bien dans le royaume.
Un autre aspect du culte royal et ancestral est la distinction qu'il y a entre les cultes des ancêtres et le culte des dieux. Presque toutes les sociétés africaines possédaient une divinité suprême, souvent associée à des phénomènes naturels comme la pluie, la foudre ou la création du monde. Toutefois, cette divinité n’était pas un objet de culte actif. Dans de nombreuses cultures, il existait une notion de "dieu inactif" (deus otiosus), une divinité créatrice mais qui n'interférait plus dans les affaires humaines, n’aidant ni ne nuisant à l’humanité. Ce dieu était rarement prié et souvent relégué à un rôle secondaire dans la vie quotidienne.
Dans certaines régions, cependant, cette figure divine était plus complexe. Par exemple, chez les Zoulous, le dieu créateur était également perçu comme un ancêtre fondateur du peuple. Ce lien entre divinité et ancêtres n'est pas universel, mais il se retrouve dans certaines sociétés d'Afrique de l'Est et du Sud, où la figure de Dieu s’entrelace parfois avec celle des ancêtres.
Il est essentiel de comprendre que le rôle des sociétés secrètes et des cultes royaux dans les sociétés africaines de l’Ouest va bien au-delà des simples croyances mystiques ou spirituelles. Ils façonnent les rapports de pouvoir, les relations sociales et les dynamiques politiques. Ces cultes et sociétés secrètes ont constitué, et continuent de constituer, des piliers sur lesquels reposent non seulement l’autorité politique, mais aussi la gestion des conflits et la cohésion sociale dans un monde où les traditions et la modernité s’affrontent et se réinventent constamment.
La place du chamanisme dans les religions de l'Asie du Nord
Les peuples du Nord de l'Asie, notamment la Sibérie et l'Extrême-Orient, ont longtemps conservé des structures sociales archaïques, ce qui a eu une incidence sur le développement de leurs croyances religieuses. Cette situation s'explique en partie par des conditions historiques particulièrement défavorables, marquées par une grande distance des centres de civilisation avancée, ce qui a permis aux formes de vie locales de rester stagnantes et souvent isolées. Ainsi, les peuples de l'Arctique et du Subarctique ont maintenu des pratiques religieuses profondément enracinées dans des traditions anciennes, qui, jusqu'à l’arrivée du christianisme, de l’islam et du bouddhisme entre les XVIe et XVIIIe siècles, se fondaient principalement sur des croyances animistes et chamaniques.
Le terme "chamanisme" recouvre une vaste variété de pratiques spirituelles, bien que toutes partagent des éléments communs. Le mot "chaman" provient du langage tungusique, désignant un individu "en transe" ou "frenétique". Le chaman, dans ses rituels, est considéré comme un médiateur entre le monde des hommes et celui des esprits. Pour entrer en contact avec ces entités surnaturelles, il se plonge dans un état de transe provoqué par des chants, des danses, ou l’utilisation d’un tambour. Cette pratique vise à communiquer directement avec les esprits, qu’ils soient protecteurs, malveillants ou esprits ancestraux.
Les esprits sont une composante essentielle du chamanisme. Chaque chaman est censé être accompagné d'un esprit protecteur qui le guide et l'inspire dans sa pratique. Cet esprit, souvent considéré comme un "époux divin" ou "épouse divine" selon le sexe du chaman, établit une relation intime avec lui, parfois dès l’adolescence, lorsque le futur chaman reçoit l’appel de l’esprit à travers une maladie ou une crise mystique. L'initiation à la fonction de chaman passe souvent par des épreuves difficiles, parfois proche de la mort, avant que la personne ne soit pleinement acceptée dans ce rôle spirituel.
Le chaman est vu comme un guérisseur, mais son rôle dépasse souvent ce cadre. Il peut être consulté pour prédire l'avenir, localiser des objets ou des animaux perdus, ou accomplir des rituels pour assurer une chasse réussie. Dans certaines sociétés, la stature du chaman est tellement élevée qu’elle engendre à la fois respect et crainte, souvent renforcés par des rituels spectaculaires. Le chaman, en plus de ses esprits gardiens et aides, doit aussi affronter des esprits malveillants, responsables des maladies et des malheurs. Cela se traduit par des sacrifices ou des actes de chamanisme thérapeutique pour apaiser ou éloigner ces entités nuisibles.
Il convient également de noter que le chamanisme présente des liens étroits avec certaines pathologies nerveuses, notamment des troubles comme l’hystérie arctique, très répandue chez les peuples du Nord. Les chamanes eux-mêmes étaient souvent perçus comme mentalement perturbés, avec une prédisposition marquée à la folie ou aux crises mystiques. Cependant, ces souffrances étaient parfois considérées comme une préparation nécessaire à leur rôle. Les capacités extraordinaires des chamanes, comme des sauts incroyables ou des performances en transe, alimentaient encore davantage le mystère et la peur qui les entouraient.
L’apparence vestimentaire et les accessoires du chaman sont aussi d’une grande importance symbolique. Chaque élément de son costume rituel, du tambour aux ornements métalliques, porte une signification mythologique et est lié à un esprit particulier. Ces objets sont des symboles de pouvoir et de statut. Dans certaines cultures, la profession de chaman se transmettait par hérédité, l’esprit d’un chaman ancêtre devenant parfois celui du successeur.
Bien que cette vision du chamanisme soit assez homogène à travers de nombreuses cultures sibériennes, il est essentiel de reconnaître la diversité des pratiques et croyances selon les groupes ethniques. Les peuples de la Sibérie méridionale, comme les Altaïens, les Khakasses, les Touvas et les Bouriates, ont développé des formes plus complexes d'organisation sociale et économique, intégrant parfois l'agriculture et l'élevage. Cependant, dans ces sociétés, le chamanisme a continué de jouer un rôle central, servant de lien entre les mondes matériel et spirituel, et préservant des croyances profondes sur la nature et les forces invisibles qui influencent la vie des individus et des communautés.
Le chamanisme n'est pas seulement une pratique religieuse, mais une façon de concevoir le monde, où chaque événement, chaque maladie ou succès est perçu à travers le prisme de l'interaction avec des esprits puissants. Cela impose une vision du monde totalement différente de celles des religions monothéistes dominantes, comme le christianisme ou l’islam. La croyance que les esprits influencent la vie quotidienne, en bien ou en mal, reste un élément fondamental pour comprendre le rôle du chaman dans ces sociétés.
L'influence du christianisme sur les croyances païennes des Slaves
Sous la pression immense du pouvoir féodal et monarchique, les Slaves ont adopté le christianisme, influencé par le catholicisme romain. À mesure que le christianisme se répandait, il fusionnait avec les anciennes croyances religieuses des peuples slaves. Cette fusion fut largement facilitée par le clergé chrétien, qui souhaitait rendre la nouvelle foi plus accessible et acceptable pour les masses. Ainsi, les festivités agricoles et d’autres fêtes traditionnelles ont été réorientées pour coïncider avec les fêtes chrétiennes. Les anciens dieux ont progressivement fusionné avec les saints chrétiens. Bien que de nombreux noms anciens aient disparu, les saints ont repris les fonctions et les attributs des divinités slaves. Par exemple, Peroun, le dieu du tonnerre, continua d’être vénéré, mais sous le nom d'Ilya le Prophète; Veles, le dieu des troupeaux, fut assimilé à Saint Vlasiya; Mokosh, déesse de la fertilité, était désormais appelée Sainte Paraskeva ou Sainte Vendredi.
Cette assimilation des anciens dieux dans le cadre chrétien ne s’est pas limitée à la sphère divine. Les héros mythologiques, quant à eux, ont survécu jusqu’à aujourd’hui, bien que leur origine exacte soit souvent difficile à discerner. La diversité des mythes s’est enrichie au fil des siècles, en particulier à travers l’influence chrétienne et des ajouts postérieurs. Les Slaves ont conservé une croyance profonde dans les esprits de la nature. Les esprits de la forêt, par exemple, étaient particulièrement vénérés dans les régions boisées, comme en Russie et en Pologne. Ces esprits personnifiaient la peur des forêts denses, des territoires difficiles à défricher, des bêtes sauvages et des dangers de perdre son chemin.
Les Slaves croyaient également aux esprits de l’eau, considérés comme encore plus redoutables que les esprits des forêts. Les esprits aquatiques, tels que les nymphettes ou "rusalki", étaient perçus comme des êtres dangereux, capables d’attirer les humains dans l’eau pour les noyer. Cette crainte de l’eau, renforcée par la symbolique des "rusalki", s’ancra dans les rituels agricoles du printemps et de l’été, comme en témoignent les festivités des "rusalia" ou "rusalnitsa", célébrées en Bulgarie et en Macédoine. Ces fêtes, souvent proches de la Pentecôte, célébraient la fertilité des champs et les récoltes à venir, tout en honorant les esprits liés à l’eau et à la nature.
L’image de la mermaid, ou "rusalka", telle qu’elle est aujourd’hui comprise, a évolué au XVIIIe siècle. Elle n’était plus simplement une représentation de l’eau, mais incarnait les peurs associées aux noyades, aux femmes mortes dans l’eau ou aux enfants morts non baptisés. De cette manière, une figure complexe s’est formée, amalgamant diverses croyances slaves anciennes et des influences chrétiennes récentes. Cette nouvelle conception des "rusalki" a progressivement remplacé les anciennes images des nymphettes aquatiques, intégrant les idées chrétiennes de purification et de damnation.
Les superstitions qui entouraient ces êtres surnaturels persistaient. Nombre de ces croyances se fondaient sur des peurs liées aux calamités naturelles ou aux conditions de vie difficiles des paysans. Certaines de ces figures mystiques étaient perçues comme des esprits maléfiques, une idée renforcée par l’Église. Ainsi, des croyances comme celles des petits esprits en Ukraine, représentant le destin malheureux des paysans pauvres, se sont vu attribuer une connotation négative, bien que leur origine fût plus ancienne et moins malveillante.
En parallèle, les rituels de culte familial et clanique ont persisté malgré l’adoption du christianisme. Les "mages", figures mystérieuses souvent associées à la sorcellerie, étaient les gardiens de ces pratiques anciennes. Ces mages, aux rôles multiples – guérisseurs, chamans, prêtres – ont joué un rôle clé dans la résistance à l’introduction du christianisme. En particulier, après l’adoption officielle du christianisme en Russie en 988-989, les mages ont continué à défendre les croyances païennes tout en dirigeant des rébellions contre les princes et les seigneurs féodaux, qui imposaient une religion perçue comme un outil du pouvoir. Cela s’explique facilement par le fait que le christianisme est arrivé en Russie comme une religion féodale et monarchique, liée directement aux structures de pouvoir de l’époque.
Dans le même temps, les guérisseurs populaires, pratiquant la médecine traditionnelle, se distinguaient des sorciers. Bien que ces guérisseurs revendiquaient souvent une pratique plus "divine" et moins liée aux forces maléfiques, leur statut demeurait ambigu, oscillant entre le respect populaire et la méfiance des autorités chrétiennes. Les Slaves croyaient que d’autres peuples, tels que les Finnois, les Kareliens ou les Mordviniens, possédaient des sorciers plus puissants, et cette croyance était partagée par de nombreux peuples d’Europe.
Les anciens Slaves avaient des lieux sacrés, parfois des sanctuaires véritables, où se déroulaient des rites de sacrifices en l'honneur de leurs dieux. Ces sites sacrés étaient souvent situés dans des lieux isolés, où la nature elle-même semblait imprégnée d’une spiritualité particulière, que ce soit des rochers sacrés, des forêts, ou encore des sources d’eau. Ces sanctuaires étaient des points de convergence entre le monde des vivants et celui des esprits, et l’on y rendait hommage à des divinités ou des forces invisibles, non seulement pour apaiser les puissances de la nature, mais aussi pour obtenir des bénédictions pour les récoltes, la santé ou la protection des communautés.
En définitive, le christianisme a modifié mais aussi enrichi le paysage mythologique slave, en assimilant et en réorientant des croyances anciennes tout en conservant une certaine continuité dans la manière de percevoir le monde spirituel. Cette transition, parfois violente, parfois subtile, a laissé des traces profondes dans les croyances et pratiques populaires des Slaves, dont beaucoup existent encore aujourd'hui sous des formes modernisées, témoignant de la complexité et de la résilience de la culture slave face aux influences extérieures.
Pourquoi la construction des temples ancestraux en Chine était-elle régie par des règles strictes ?
La construction des temples ancestraux (miao) en Chine était régie par des règles précises, qui variaient en fonction du statut social des individus. Les gens ordinaires n'étaient pas autorisés à édifier des temples spéciaux et devaient honorer leurs ancêtres à l'intérieur de leur propre domicile. Les fonctionnaires avaient le droit de construire un temple, les nobles pouvaient en ériger trois, les princes en avaient cinq, et l’empereur, quant à lui, pouvait entretenir jusqu'à sept temples. Cette hiérarchisation des rites témoigne de l'importance de la distinction sociale dans les pratiques religieuses chinoises.
Selon la légende, les premiers temples étaient des représentations symboliques des défunts, souvent sous forme de poupées ou de statues. À partir de la période Han, ces poupées étaient fabriquées à partir de longs morceaux de soie blanche, repliés et attachés en leur centre pour ressembler à une silhouette humaine. Par la suite, ces poupées ont été remplacées par des plaques de bois noir (zhu), sur lesquelles était inscrite une épitaphe. Ces plaques, devenues courantes sous la dynastie des Song (960-1260), étaient souvent conservées dans les temples. Après une série de rituels menés sur plusieurs années, la plaque et l’âme de l'ancêtre étaient considérées comme définitivement installées dans le temple.
Les plaques étaient placées sur des étagères spéciales, disposées sur une longue table contre le mur nord du temple, en face de l'entrée. Lors des rituels et des sacrifices, elles étaient retirées de leurs étagères, mises sur la table, et des offrandes de nourriture et de boisson leur étaient présentées. Ces rituels avaient lieu à des moments précis de l'année ou lors d'événements familiaux et communautaires : mariages, funérailles, naissances, départs des chefs de famille, etc.
Dans la vision religieuse chinoise, le devoir principal d'un fils est d'honorer ses parents et de vénérer ses ancêtres (xiao). Une composition confucéenne stipule qu'un homme doit toujours faire preuve de respect absolu envers ses parents ; leur offrir leurs plats préférés, pleurer leur maladie, les pleurer profondément à leur décès, et leur apporter des offrandes avec solennité. Ces cinq devoirs sont ceux qu'un fils doit accomplir pour ses parents. Sur le plan religieux, les Chinois considèrent qu'une des pires choses qui puisse arriver à une personne est de ne pas avoir de descendance masculine pour apporter des offrandes et veiller sur le bien-être de ses ancêtres. Il existe des rituels destinés à apaiser les esprits des défunts qui n'ont pas de descendants pour s'occuper d'eux. Régulièrement, des offrandes sont faites pour ces défunts oubliés.
Confucius, quant à lui, insistait sur le fait que ces rituels ne devaient pas être accomplis pour satisfaire les besoins des esprits ou pour obtenir leur faveur, mais exclusivement parce qu'ils avaient été établis depuis les temps anciens. Pour Confucius, l'importance des esprits résidait uniquement dans la forme des rites, et non dans leur pouvoir surnaturel. En réponse à la question « Qu'est-ce que la connaissance ? », il a dit : « Mettez toute votre énergie à faire ce qui est décent et juste ; honorez les esprits et les génies, mais maintenez une distance respectueuse à leur égard. Voilà ce qu'est la connaissance. » L'observance stricte des rites est donc perçue par la philosophie et la religion confucéennes comme la règle principale de la vie, la fondation de toute l'existence sociale et morale. Si ces rites étaient ignorés ou supprimés, les structures existantes s'effondreraient, et la société tomberait dans le chaos. Confucius affirmait que la destruction des rites de mariage entraînerait la disparition du véritable mariage, tandis que l'abolition des rites funéraires causerait un abandon des défunts, et par conséquent, un manque de respect des vivants envers leurs parents.
Le Li-ji, un ouvrage fondamental de la tradition confucéenne, illustre cette idée en disant qu'il est aussi impossible de gouverner un État sans observer le « li » que de chercher quelque chose dans une pièce obscure sans une bougie. Le « li » constitue la condition nécessaire pour l’existence du peuple et pour la stabilité du système.
L’idéologie confucéenne, basée sur la stabilité de l'ordre existant, a été à la base du système monarchique patriarcal chinois. Dans le « Zhong-yong » (Doctrine du juste milieu), la vie traditionnelle était résumée dans cinq relations fondamentales : celles entre le souverain et ses subordonnés, les parents et leurs enfants, le mari et la femme, les frères aînés et cadets, et entre amis. Ces relations hiérarchiques et patriarcales sont considérées comme la base de tout.
En Chine, il n'existait pas de clergé spécialisé. Un père enseignait généralement à son fils les règles des différents rites. Les rites étaient effectués par des fonctionnaires, des érudits des cérémonies, ou des officiers d'État, mais ces rôles ne constituaient pas un groupe distinct.
Un facteur important soutenant ce culte d’État était le système d'examen civil, qui était le seul moyen d'obtenir une fonction gouvernementale sous l'Empire. Pour pouvoir participer à ces examens, il était nécessaire d’avoir maîtrisé les classiques confucéens. L'un des principes non écrits de la constitution de la Chine ancienne était que l'empereur devait gouverner par des fonctionnaires formés selon les préceptes de Confucius.
Le taoïsme, développé parallèlement à la religion d'État, différait de manière significative du confucianisme. Le taoïsme possédait ses propres temples, écrits sacrés et prêtres, et il intégrait de nombreuses croyances religieuses populaires. Les prêtres taoïstes étaient divisés en deux groupes : les moines monastiques et les prêtres familiaux. À la tête de la hiérarchie taoïste se trouvait le Grand Maître Céleste (Tian-shi), dont la dynastie remontait au deuxième siècle de notre ère. Les prêtres taoïstes se consacraient à des rituels de magie, de divination et de danse religieuse extatique, contrastant avec les rituels confucéens axés sur l’hommage aux ancêtres.
Le bouddhisme, arrivé en Chine au premier siècle après J.-C., a également pris une place importante dans le paysage religieux chinois. Bien que peu de Chinois soient réellement bouddhistes, de nombreux pratiquants effectuent des rituels bouddhistes en complément des pratiques confucéennes et taoïstes. Paradoxalement, malgré cette coexistence, une lutte politique a opposé ces différentes religions, chaque groupe cherchant à acquérir plus de pouvoir et d’influence dans l’administration de l'État.
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