Les anciennes conceptions du passé indien, tissées de récits mythologiques et de géographies sacrées, ont longtemps influencé la manière dont l'histoire de l'Inde a été écrite et interprétée. Dans les Puranas, une vision unique de l'univers émerge, décrivant un monde en forme d'œuf, divisé verticalement en mondes célestes, terrestres et souterrains. Cette cosmographie se mêle à la géographie terrestre, avec des conceptions du monde qui mêlent le sacré et le matériel. À cet égard, le Bharatavarsha, un territoire mythologique, représente bien plus qu'une simple division géographique. Il constitue un point de rencontre entre les croyances religieuses et l'interprétation des lieux physiques, ancrant l'Inde ancienne dans une tradition complexe de symbolisme et de culture.
Les Puranas, ces textes mythologiques et historiques, présentent une Terre plate, composée de sept terres (varshas) disposées en cercles concentriques, séparées par des mers de sel, de miel, de vin, de lait et de beurre. Au centre de cette structure cosmique se trouve le Jambudvipa, un continent mythologique, où se situe le Bharatavarsha. Ce territoire est parfois interprété comme étant celui des Bharata, descendants du roi légendaire Bharata, fils de Dushyanta et de Shakuntala. Le rôle de ces récits dans l'élaboration des premières notions géographiques et historiques de l'Inde est incontestable, car ils ont façonné la manière dont les anciens peuples comprenaient leur monde, non seulement en termes de localisation physique, mais aussi de valeur spirituelle et culturelle.
Ce mélange de géographie et de cosmologie est essentiel pour comprendre comment les anciens Indiens percevaient l'organisation de leur monde. La mention des montagnes sacrées, des rivières divines et des lieux de pèlerinage dans les textes témoigne de la connaissance des auteurs des Puranas sur diverses régions géographiques, et la manière dont ces lieux étaient perçus à travers le prisme du divin. Par exemple, la chaîne des montagnes Meru, considérée comme le centre du monde dans cette cosmographie, a joué un rôle primordial dans l'imaginaire collectif indien, symbolisant à la fois la source de toute vie et un axe sacré reliant le ciel et la Terre.
La conception des divinités et des royaumes dans les récits de la préhistoire indienne repose sur une vision cyclique du temps et de l'espace, où les frontières entre le réel et le mythologique sont floues. Les divisions géographiques dans les Puranas sont souvent associées à des événements cosmiques et à des batailles entre dieux et démons, offrant ainsi une interprétation profondément religieuse de la géographie terrestre. Ces récits ont traversé les âges et continuent d’influencer l'imaginaire indien, tout en alimentant une vision romantique et idéalisée de l'Inde ancienne, où la terre est considérée comme sacrée et chaque montagne, rivière, ou village revêt une importance spirituelle.
Il est également crucial de souligner que ces conceptions géographiques et mythologiques ne sont pas simplement des constructions fictives. Elles ont été influencées par les connaissances empiriques des anciens habitants de l'Inde, bien que filtrées à travers le prisme des croyances religieuses et philosophiques. Les descriptions des divers lieux, parfois vérifiables, nous offrent un aperçu fascinant de l’interconnexion entre la géographie réelle et la géographie idéologique de l’Inde ancienne.
Les premières tentatives de division de l’histoire indienne, quant à elles, ont souvent privilégié des distinctions géographiques telles que les « varshas » et les « khandas ». Ces unités de division territoriale, également évoquées dans les Puranas, ont fourni un cadre pour les récits historiques des royaumes, des dynasties et des invasions. Elles ont servi de bases pour la compréhension des différents peuples et cultures qui peuplaient la péninsule indienne, donnant un sens aux migrations, aux échanges et aux influences extérieures, mais toujours dans un contexte mythologique et spirituel.
Il est aussi nécessaire de comprendre que cette approche, bien que profondément enracinée dans les croyances religieuses, a laissé une empreinte indélébile sur l'organisation du temps et de l'espace dans l’historiographie de l’Inde. Les premières chronologies historiques de l'Inde se sont souvent heurtées à cette vision cosmologique, rendant difficile une compréhension strictement objective de l’histoire à travers la géographie. Cependant, ce n’est que lorsque les historiens modernes ont commencé à combiner les méthodes archéologiques avec les traditions scripturaires que l’on a pu déconstruire cette approche et proposer des interprétations plus nuancées de l’histoire ancienne de l’Inde.
Les débats contemporains sur l'interprétation de ces textes anciens soulignent l'importance de ne pas réduire ces récits à de simples fictions. Au contraire, ils devraient être considérés comme des éléments intégrants d’une vision complexe du monde, qui mélange le spirituel et le matériel, et qui forme une partie essentielle de l'identité culturelle indienne. Les découvertes récentes et les nouvelles méthodes de recherche, en particulier dans le domaine de l'archéologie et de l'anthropologie, ont contribué à modifier notre compréhension des premiers siècles de l'Inde, révélant ainsi une relation plus dynamique et moins figée entre l'histoire mythologique et l'histoire empirique.
Ainsi, ce cadre initial de la géographie sacrée et des divisions mythologiques a permis d’introduire une dimension spirituelle dans l’interprétation des événements historiques, tout en facilitant une compréhension profonde du monde naturel et humain à travers le prisme de la religion et de la cosmologie. Cela permet aux historiens modernes non seulement de retracer les contours géographiques de l'Inde ancienne, mais aussi d’appréhender comment les peuples de cette époque interprétaient leur environnement, tissant ainsi une histoire qui mêle les domaines du sacré et du profane, de la réalité et du mythe.
Comment le Mahayana a redéfini le Bouddhisme à travers le concept de Bodhisattva et la pratique dévotionnelle
Le Mahayana, courant majeur du bouddhisme, a modifié profondément la vision traditionnelle du chemin spirituel et des buts à atteindre. Si, dans le bouddhisme ancien, l'objectif suprême était l'atteinte du nirvana et la réalisation en tant qu'arhat, le Mahayana élargit cette perspective en mettant en avant la voie du bodhisattva. Ce dernier ne cherche pas uniquement la libération personnelle mais choisit de différer son entrée dans le nirvana pour aider tous les êtres sensibles à franchir le même seuil. L'idée du bodhisattva n'est pas uniquement une réinterprétation de l'archétype bouddhique, mais un changement radical dans la manière de concevoir la pratique spirituelle. Le bodhisattva est celui qui, ayant atteint une sagesse immense, choisit de vivre pour aider les autres dans leur chemin vers l'éveil, en s'engageant dans des vies successives pour apporter la délivrance.
Les Mahayana Sutras, dont les célèbres Prajnaparamita Sutras, en particulier l'Ashtasahasrika, sont parmi les textes clés qui ont permis la diffusion de cette idée. Bien que le concept de bodhisattva puisse être retrouvé dans le bouddhisme ancien — le Bouddha lui-même aurait fait le vœu de suivre cette voie dans une vie antérieure — il prend ici une importance capitale. Le Bouddha, dans la vision du Mahayana, n’est pas un être unique et irréellement distant, mais un modèle de compassion infinie, une figure qui continue à intervenir pour la libération de l’humanité. Plusieurs Bouddhas et bodhisattvas sont désormais vus comme présents simultanément dans différents Buddha-kshetras, ou domaines bouddhistes, parmi lesquels Maitreya, Avalokiteshvara, et Manjushri, chacun d’eux intervenant activement dans la rédemption des êtres sensibles.
Les stages du chemin du bodhisattva sont jalonnés de perfections, connues sous le nom de paramitas, dont les six premières se sont peu à peu étendues à dix. Ces perfections comprennent la générosité (dana), la conduite morale (shila), la patience (kshanti), la force mentale (virya), la méditation (dhyana), la sagesse (prajna), mais aussi la compétence dans les moyens (upaya-kaushalya), la détermination (pranidhana), la puissance (bala), et la connaissance (jnana). Ces qualités, une fois cultivées, permettent de progresser vers la pleine réalisation de l’éveil, mais de manière altruiste, avec une attention constante portée à l'égard des autres.
Le Mahayana se distingue aussi par une divergence sur la notion de Bouddha lui-même. Tandis que dans le bouddhisme ancien, le Bouddha est perçu comme un homme exceptionnel mais fini, dont la fonction se limite à l'enseignement du chemin vers l'éveil, le Mahayana va plus loin. Il affirme l’existence de Bouddhas transcendants, dont l’éveil est hors du temps et dont les actions sont destinées à apporter la libération à tous les êtres sensibles. Le Bouddha, loin de disparaître après sa mort comme dans le bouddhisme ancien, continue d’interagir avec le monde dans un cycle sans fin.
L'école Madhyamaka, fondée par Nagarjuna au IIe siècle, est l'une des deux principales écoles philosophiques qui ont intégré et développé les idées du Mahayana. La notion de shunyata, ou vacuité, en est un des concepts centraux. Selon Nagarjuna, la vacuité ne signifie pas que rien n'existe, mais plutôt que toutes les choses sont dénuées de substance propre et que leurs apparences ne sont que des constructions mentales. Ce raisonnement radical sur la vacuité rejette toute conception essentialiste et expose l'interdépendance de toutes choses. En parallèle, l'école Yogachara, qui accorde une place prééminente à la méditation, met l'accent sur la conscience. Elle soutient que le monde phénoménal est en réalité une projection de l’esprit, et que, pour atteindre l’éveil, il est nécessaire de purifier la conscience, en surmontant les illusions et les déformations mentales.
L'aspect dévotionnel dans le Mahayana s'est développé à travers la vénération non seulement des reliques, comme c'était le cas dans le bouddhisme ancien, mais également par l'adoration des images des Bouddhas et des bodhisattvas. Ce changement reflète l'idée que la dévotion, ou bhakti, est une voie importante dans la pratique bouddhiste, au même titre que la méditation et l’étude des textes. Les sanctuaires bouddhistes, à la fois dans les monastères et dans les espaces laïcs, se sont transformés pour inclure des représentations d’une multiplicité de Bouddhas et de bodhisattvas, accentuant l’idée que ces figures spirituelles sont actives et présentes dans le monde.
Les vestiges archéologiques des sites monastiques, comme celui de Thotlakonda en Andhra Pradesh, révèlent une société bouddhiste profondément intégrée à son environnement social. Les inscriptions sur les stèles, les espaces de culte public et les petites stupas témoignent de la place importante qu’occupait la communauté laïque, qui soutenait matériellement et spirituellement les monastères. L'étude des monuments bouddhistes met en lumière la nature dynamique des interactions entre le clergé et les laïcs, soulignant l'implication de ces derniers dans les pratiques dévotionnelles et leur rôle dans la propagation du Mahayana.
Quant à la question du rôle des femmes dans le bouddhisme Mahayana, il reste ambivalent. Si certaines représentations de la féminité dans les textes sont négatives, associant la femme à des dangers ou à des faiblesses physiques et mentales, d’autres soulignent des qualités positives, telles que la sagesse, la compassion, et la maternité. La position des femmes dans cette tradition bouddhiste n’est donc pas univoque et nécessite une réflexion approfondie sur les rôles sociaux et spirituels attribués aux femmes à cette époque.
L'adhésion au Mahayana n'implique pas seulement l'adhésion à un ensemble de doctrines ou de pratiques, mais un véritable engagement dans une vision du monde où la compassion, l’aide à autrui, et la quête de l'éveil deviennent des buts collectifs et individuels à la fois.
Quelle est la signification de l'évolution des cultes Shaiva et de la déesse dans le contexte de l'Inde médiévale ?
Les rituels prescrits pour les pratiques domestiques et en temple sont principalement exécutés avec des mantras Shaiva, bien qu'ils incluent aussi certains mantras védiques. Ces textes abordent également la fabrication d'images religieuses et la construction de temples. Le Shaiva Siddhanta, une école philosophique majeure du Shaivisme en Inde du Sud, reconnaît trois principes éternels : Dieu (Shiva), l'univers et les âmes. Shiva est considéré comme l'architecte de l'univers, ayant créé le monde par sa volonté et son énergie (shakti). Le Shaiva Siddhanta accepte l'autorité des Védas, des Agamas et des hymnes des saints, mais interprète la tradition védique sous l'angle de la bhakti shaivite.
L'école de Kashmiri Shaivisme, influente dans la région, est associée à une philosophie monistique ou non-dualiste, selon laquelle l'atman (l'âme individuelle) et l'univers sont identiques à Shiva. L'univers est perçu comme une manifestation créée par Shiva grâce à sa puissance créative, semblable à un reflet dans un miroir d'une ville ou d'un village. La shakti, considérée comme l'aspect féminin de Shiva, joue également un rôle fondamental dans cette philosophie. Les idées de cette école sont contenues dans les Shivasutras, qui, selon la tradition, ont été révélées par Shiva lui-même à un sage nommé Vasugupta, au 8e-9e siècle. Ses disciples, Kallata et Somananda, ont ensuite élaboré ces doctrines philosophiques, avec d'autres figures importantes comme Abhinavagupta, Utpala et Ramakantha.
Les Kapalikas et les Kalamukhas étaient deux sectes importantes du Shaivisme. Bien qu'aucun texte de ces sectes n'ait survécu, leur histoire peut être reconstruite grâce aux inscriptions et aux références négatives à leur égard dans les textes de leurs adversaires. Ces sectes possédaient des monastères (mathas) et des prêtres organisés. L'étude de Lorenzen (1972, 1991) sur ces ordres montre que, bien que ces sectes aient eu des groupes monastiques distincts, elles n'avaient pas de laïcs séparés. Les Kapalikas étaient des ascètes tantriques Shaivites vivant dans la forêt. Ils portaient un bol fait de crâne pour mendier et étaient associés à un grand vœu (mahavrata). Leur pratique incluait des pénitences, des sacrifices d'animaux et parfois d'humains, ainsi que des mutilations corporelles. Les Kalamukhas, quant à eux, étaient un sous-groupe des Pashupatas, surtout actifs entre les 11e et 14e siècles dans la région du Karnataka. De nombreuses inscriptions enregistrent des dons faits aux temples et mathas de cette secte.
La bhakti shaiva est devenue extrêmement populaire dans le sud de l'Inde grâce aux enseignements et aux actions des saints Nayanmar, qui seront abordés plus en détail plus tard. Les sculptures et l'architecture liées à cette pratique seront également analysées dans une autre section de ce chapitre. La dévotion à la Grande Déesse, mentionnée dans le chapitre 8 à propos du Devi-Mahatmya, a été intégrée dans le Markandeya Purana vers le VIIe siècle. Ce texte célèbre les exploits de la Déesse, notamment sa victoire sur le démon Mahishasura. Les vers du Devi-Mahatmya sont accompagnés de louanges divines à la Déesse, dans lesquelles elle est décrite sous diverses formes, telles que Lakshmi, Sarasvati, Narayani, Katyayani, Durga, Bhadrakali et Ambika.
La figure de la déesse Mahishasuramardini (Durga, la tueuse de Mahisha), est l'une des plus représentées dans l'art sculptural. Cette forme de la déesse incarne la lutte contre le mal, et la sculpture de Mahishasuramardini a été fixée dans les premiers siècles de notre ère. Cependant, au sein des grands paramètres iconographiques, les artisans ont exercé une liberté créative qui confère une empreinte unique à chaque représentation. Certaines sculptures capturent la force et la vigueur de la déesse, tandis que d'autres la représentent avec grâce et féminité. L'une des représentations les plus impressionnantes de Durga Mahishasuramardini se trouve dans une niche du temple Virupaksha à Aihole. Ce bas-relief extrêmement profond et presque en ronde-bosse montre le démon Mahisha sous une forme humaine avec des cornes de buffle, son corps étant écrasé par le pied de la déesse, tandis que l'épée de Durga perce son corps avec une fluidité qui témoigne d'une immense puissance, mais aussi d'une étonnante grâce.
Les temples et sculptures du sud de l'Inde, notamment ceux du Tamil Nadu, présentent des images multibras de Durga, souvent associée à un cerf, ce qui est une particularité de cette région. Les cultes de la Déesse, des Matrikas et des Yoginis, qui étaient vénérées comme des manifestations de Durga dans ses combats contre les démons, ont également connu une grande popularité en Inde orientale. Les Matrikas, souvent considérées comme sept ou huit en nombre, sont identifiées dans les textes comme les aides ou manifestations de Durga, et les Yoginis, qui furent plus tard comptées à 64, sont représentées comme ses acolytes. Des temples hypaethraux (sans toit) dédiés aux Yoginis ont été retrouvés dans des régions comme Ranipur Jharial et Hirapur en Odisha.
Les inscriptions des premières périodes médiévales de l'Inde mentionnent de nombreuses déesses locales, comme Viraja et Stambheshvari en Odisha, ou Kamakhya en Assam. La tradition Puranique tisse ces cultes locaux en une seule déité suprême, la Grande Déesse, ou Devi, unifiant ainsi des pratiques régionales sous un même principe divin. Ce processus de fusion culturelle est particulièrement évident dans des régions comme le Bengale, où la rencontre entre le Brahmanisme et une forte tradition de dévotion envers les déesses autonomes a conduit à un syncrétisme régional qui plaçait la déesse au centre du culte religieux. Le Matsya Purana répertorie 108 noms de la Grande Déesse, tandis que le Kurma Purana l'invoque sous 1 000 noms différents.
La préhistoire du Baloutchistan : Des découvertes qui révèlent les débuts de la civilisation
Les fouilles archéologiques à Mehrgarh ont révélé des traces d'occupation humaine datant de milliers d'années, offrant un aperçu fascinant des premières sociétés humaines. Situé dans le Baloutchistan, dans l'actuel Pakistan, Mehrgarh s'est avéré être l'un des sites les plus importants pour comprendre la transition entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs et les sociétés agricoles. Les vestiges découverts couvrent une large période, allant du Néolithique jusqu'à l'époque chalcolithique, et révèlent non seulement l’évolution des modes de vie, mais aussi une continuité culturelle remarquable sur plusieurs millénaires.
Les premières couches du site, les périodes I et II, sont datées d'environ 6000 à 5500 avant notre ère. Ces périodes sont principalement néolithiques, bien que quelques traces de cuivre soient présentes. Les habitations, faites de briques de boue fabriquées à la main, étaient simples, avec de petites pièces rectangulaires. Les fouilles ont révélé des outils en pierre et en os, des meules pour le broyage des grains, ainsi que des objets décoratifs en os et en coquillage. Les corps des défunts étaient enterrés dans des fosses ovale, souvent recouverts de terre rouge, ce qui suggère une forme de croyances liées à la fertilité. De plus, des offrandes, telles que des colliers en perles de coquillage ou de pierre et des perles de turquoise et de lapis-lazuli, indiquent que les habitants de Mehrgarh pratiquaient des échanges à longue distance, probablement avec les régions avoisinantes de l'Afghanistan, de l'Iran et même du bassin de la mer d'Oman.
La période II, qui couvre environ 6000 à 4500 avant notre ère, marque une évolution importante des modes de vie. Le site de Mehrgarh s'est agrandi, et de nouvelles structures en briques de boue ont vu le jour, certaines semblant être des maisons, d'autres peut-être utilisées pour le stockage de grains. La présence de pots en céramique, encore rudimentaires, signale l'apparition de la poterie, un élément fondamental pour les sociétés sédentaires. Le cuivre commence également à être utilisé, avec la découverte de bagues et de perles, tandis que des outils en os témoignent de l’évolution des techniques artisanales.
C'est à cette époque que les premières preuves d'une production à grande échelle de céramique apparaissent, avec des motifs peints. Les traces de fabrication de bijoux, comme des colliers faits de perles de stéatite et d'autres pierres semi-précieuses, révèlent la spécialisation des artisans. La métallurgie fait ses premiers pas avec la découverte de crucibles en terre cuite contenant des traces de cuivre. De même, des figurines en terre cuite, des taureaux bossus, et des objets décoratifs témoignent de la créativité et des croyances des habitants de la région.
L'une des avancées les plus notables de la période III, qui couvre la seconde moitié du 5e millénaire avant notre ère, est l'essor de l'agriculture et de l'élevage. Des milliers de spécimens végétaux ont été retrouvés, dont des grains carbonisés et des empreintes de céréales sur les briques. Le principal produit agricole semble être l'orge, à la fois sauvage et domestiquée. Ce passage à l'agriculture marque un tournant majeur dans l'histoire des sociétés humaines, révélant les premiers signes d'une économie sédentaire fondée sur l'agriculture et l'élevage, qui allait transformer les sociétés du sous-continent indien.
Les fouilles de Mehrgarh ne se limitent pas à la découverte de vestiges matériels. Elles offrent une compréhension profonde des pratiques funéraires, de la vie quotidienne, des échanges et des croyances spirituelles des premiers habitants du Baloutchistan. Les nombreuses variations dans les pratiques d’inhumation au cours des périodes témoignent de l'évolution des croyances et des structures sociales au fil du temps. Les corps retrouvés dans des positions flexées, parfois accompagnés d'animaux ou de biens personnels, illustrent un lien profond entre les vivants et les défunts, dans une société qui commençait à structurer ses rituels autour de la mort et de la mémoire.
À travers les découvertes de Mehrgarh, on peut suivre l'évolution progressive d'une civilisation ancienne, passant d'une société précaire de chasseurs-cueilleurs à une société sédentaire et structurée, fondée sur l'agriculture et le commerce. Ces traces de vie quotidienne, de croyances et de savoir-faire témoignent de la capacité des premiers humains à s'adapter et à transformer leur environnement. La présence de matières premières provenant de régions éloignées, telles que la turquoise de l'Iran ou les coquillages de la côte de Makran, atteste également de l'étendue de leurs réseaux commerciaux, qui s'étendaient bien au-delà des frontières locales.
La période de Mehrgarh, donc, n’est pas seulement un témoignage de la préhistoire du Baloutchistan, mais elle incarne un tournant fondamental dans l'histoire de l'humanité, marquant la transition vers une forme de civilisation sédentaire qui allait fonder les bases des grandes civilisations de l'Asie du Sud.
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