Lors de la conception de systèmes embarqués, un des erreurs les plus courantes est de prendre des décisions prématurées concernant des choix matériels, des structures de données ou des algorithmes, avant d'avoir une compréhension complète des besoins fonctionnels du produit. Un produit doit fonctionner dans des situations bien plus complexes que celles initialement envisagées. Prenons l'exemple du système de gestion d'un pont, qui doit non seulement gérer l'arrivée d'un bateau, mais aussi anticiper des scénarios multiples, comme l’arrivée simultanée de plusieurs bateaux, des véhicules ou piétons qui ne quittent pas le pont à temps, ou encore des défaillances de composants. Négliger certaines exigences en amont peut entraîner des coûts considérables et rendre les modifications ultérieures difficiles, voire impossibles.

Dans cette optique, il est essentiel de débuter la conception par une modélisation détaillée de l'interaction entre le système en développement et son environnement. L’objectif initial n'est pas de déterminer comment le système fonctionnera techniquement, mais de comprendre ce qu'il doit accomplir et comment il interagira avec son environnement.

La première étape consiste donc à identifier toutes les façons dont le produit interagira avec ses utilisateurs et son environnement. Cette analyse permet de cerner les exigences et les restrictions du système. En effet, une compréhension superficielle de ces interactions peut entraîner des choix technologiques inappropriés qui ne conviennent pas aux exigences réelles du produit, rendant ainsi le processus de conception plus coûteux et complexe.

Les premières étapes d'analyse se concentrent sur l’étude du comportement externe du système, en ignorant, pour l’instant, la manière dont ces comportements seront réalisés par le biais de matériels ou de logiciels spécifiques. Une telle approche permet de mieux comprendre les besoins réels du produit et de s’assurer que l’ingénierie commence sur une base solide, avant de se lancer dans les décisions détaillées sur le matériel ou les algorithmes.

Cette analyse initiale se fait généralement en collaboration avec une équipe multidisciplinaire. Les ingénieurs en systèmes embarqués sont souvent accompagnés de représentants du client, qui ont une idée générale du produit attendu, bien qu'il soit courant que cette phase mette en lumière des exigences que le client n'avait pas anticipées, modifiant ainsi la direction du projet. D'autres acteurs comme le personnel marketing, des sociologues, ou des agents des régulations peuvent aussi être impliqués afin d'apporter leurs perspectives, respectivement sur la compétitivité du produit sur le marché, les réactions possibles des utilisateurs, ou les normes légales et réglementaires à respecter.

Les systèmes formels, tels que le langage de modélisation unifié (UML), peuvent être utilisés pour spécifier les informations collectées à cette phase. Toutefois, une documentation préliminaire est souvent réalisée sous forme de diagrammes et de langage naturel, permettant ainsi à des non-ingénieurs de participer activement au processus. Cette approche permet aux parties prenantes qui ne maîtrisent pas le vocabulaire technique de l’ingénierie de mieux comprendre le produit à concevoir, et ainsi de contribuer de manière plus efficace aux discussions.

Le but de cette première phase est également d’esquisser la structure du système. Bien que cette structure soit encore vague, elle peut inclure des éléments comme l'interface utilisateur ou des composants spécifiques à certaines fonctionnalités. Un pont, par exemple, pourrait être composé d'un module contrôlant le levage du tablier, d'un autre détectant l'approche des bateaux, etc. Au fur et à mesure des analyses des cas d’usage et des scénarios, cette structure sera ajustée pour s’assurer qu’elle réponde aux exigences réelles du produit.

Il est crucial à cette étape de ne pas négliger les situations non-standard. Si un système n’est conçu que pour gérer des cas dits "normaux", il échouera inévitablement lorsqu’il sera confronté à des scénarios imprévus. Par exemple, dans le cadre d’un système téléphonique, bien au-delà de l’appel simple entre deux correspondants, il existe une multitude de situations qui doivent être anticipées : que se passe-t-il si l'appelant raccroche avant d’avoir composé un numéro, ou si un appel échoue parce que le numéro composé est incorrect ? Le système doit pouvoir gérer ces cas, ainsi que d'autres comme des pannes ou des déconnexions accidentelles.

Une des erreurs majeures dans la conception de systèmes complexes est de ne pas intégrer ces divers cas d'usage dès le début. Parfois, certains utilisateurs ou clients ne se rendent pas compte de la variété de situations dans lesquelles un produit peut être utilisé. Un pont, par exemple, doit fonctionner correctement non seulement lors de son usage "normal", mais aussi en présence de vents violents, d’un nombre exceptionnellement élevé de véhicules ou dans des conditions extrêmes de température ou d'humidité. Cela impose une modélisation approfondie de l’interaction avec l’environnement, permettant ainsi d’anticiper des cas aussi divers que variés.

L’intégration d’une telle vision dès le début du projet permet non seulement de définir des exigences plus précises, mais aussi d’éviter des erreurs coûteuses dans la phase de conception. Cela permet également de garantir que le produit final sera robuste, capable de s'adapter à une large gamme de situations et répondra à une multitude de besoins.

En résumé, la modélisation de l’interaction entre un système et son environnement est la première étape cruciale de la conception d’un système embarqué. Elle permet d’identifier les exigences essentielles et d'éviter des choix mal orientés qui pourraient compromettre la réussite du projet. Un travail de collaboration étroite entre ingénieurs, clients, experts en marketing, sociologues et autres acteurs est indispensable pour garantir que le produit final réponde à des attentes réalistes et non à une vision restreinte ou erronée de son utilisation.

Quel est le rôle des machines à états finis dans la modélisation du comportement des systèmes embarqués ?

Les systèmes embarqués affichent souvent un comportement de type état, comme en témoigne l'exemple des diagrammes de séquence évoqué dans le chapitre précédent. Un état, dans ce contexte, désigne une situation où le système attend qu'un événement se produise : une entrée utilisateur, un signal extérieur, ou encore l'écoulement d'un certain laps de temps. Prenons l'exemple d'un distributeur automatique de billets (DAB). La majorité du temps, celui-ci reste dans un état d'attente, ou "état inactif", où il attend qu'un utilisateur initie une transaction. Ce dernier déclenche un changement d'état lorsque le bouton de démarrage est pressé, forçant le DAB à passer dans un état où il attend une identification utilisateur (par saisie du numéro client ou passage d'une carte bancaire). Une fois cette étape réalisée, le système passe à un troisième état où il attend que l'utilisateur saisisse son code PIN.

Dans chaque état, des entrées spécifiques déclenchent des réponses particulières du système, qui peuvent également entraîner une transition vers un autre état. Cependant, des actions inattendues de l'utilisateur, comme la pression sur une touche incorrecte pendant l'état d'attente, peuvent faire en sorte que le DAB n'agisse pas, restant dans son état inactif sans retour d'information. Un autre exemple classique de comportement basé sur des états est celui d’un système de pont, tel qu’une passerelle pour les bateaux. Lorsqu'aucun bateau n'est détecté, le système est dans un état "de trafic terrestre", où les barrières sont levées, et les piétons et véhicules peuvent traverser le pont sans restrictions. Si un bateau est détecté, le système transite vers un autre état, attendant la confirmation que les piétons et les véhicules ont quitté le pont. Une fois cette vérification effectuée, le système passe à un état final où il attend la confirmation du déploiement des barrières de circulation.

Ces deux exemples, bien qu'issus de systèmes physiques, illustrent la manière dont les machines à états finis (FSM) régissent le comportement des systèmes embarqués, dans lequel un système ne cesse de changer d’état en fonction des événements reçus, en effectuant des actions et répondant à des stimuli internes ou externes.

Ce modèle peut être contrasté avec celui des programmes classiques, comme les applications informatiques résolvant des équations différentielles ou lisant un fichier vidéo. Ces systèmes ne nécessitent pas une interaction continue avec l'utilisateur. Une fois que le programme a commencé à exécuter ses calculs, il continue son processus sans interruption jusqu'à ce que les équations soient résolues ou que le fichier vidéo soit entièrement lu. Dans ces contextes, le système ne cesse pas d’exécuter des tâches pour attendre un événement extérieur. C'est là toute la différence fondamentale avec les FSM, où le système reste en attente d’événements qui déclencheront des transitions d’état.

Le concept de machine à états finis trouve son utilité principale dans la modélisation du comportement interne des systèmes. Alors que le chapitre précédent se concentrait sur les comportements externes (interaction avec l’utilisateur, par exemple), celui-ci s'intéresse davantage à la manière dont les systèmes réagissent aux différents événements et changent d’état en réponse à ceux-ci. Il est essentiel de comprendre que les FSM ne sont qu’un des nombreux outils disponibles pour la modélisation du comportement. D’autres techniques, telles que la modélisation du temps, des dépendances entre tâches, ou des ressources partagées, peuvent également être employées pour compléter cette approche et répondre aux exigences d’un système complexe.

Les FSM peuvent être représentées sous forme d'une notation formelle ou d'un graphique dirigé. Bien que la notation formelle soit plus précise et théorique, la forme graphique est plus intuitive et souvent plus facile à analyser pour un humain. De nombreux outils de développement de FSM permettent de générer automatiquement du code à partir de ces modèles graphiques, ce qui peut être utile lorsque l’équipe de conception est prête à implémenter le système dans un contexte de test ou de déploiement final.

Les FSM ont vu le jour dans les années 1960, principalement utilisées dans l'étude des langages formels et la définition des grammaires de langages de programmation. Leur objectif initial était de donner une interprétation procédurale à la lecture de chaînes de symboles, afin de déterminer si elles correspondaient à un mot valide selon une grammaire donnée. Par exemple, dans le cadre d’un langage de programmation, une FSM pourrait vérifier si une chaîne de symboles correspond à une séquence syntaxiquement correcte.

Dans la définition formelle d'une FSM, plusieurs éléments essentiels sont définis : un ensemble fini de symboles d’entrée (Σ), un ensemble d’états (S), un état initial (s0), et une fonction de transition δ qui décrit le passage d’un état à un autre en fonction de l’entrée. L'acceptation ou le rejet d'une chaîne d'entrée se fait en fonction de l'atteinte d'un état spécifique, dit "d'acceptation". Cette structure permet de modéliser efficacement des processus où le système réagit aux événements et change d’état en fonction des entrées reçues.

Un exemple classique de FSM est celui qui reconnaît une chaîne binaire contenant un nombre impair de "1". Dans cet exemple, l’état initial correspond à un nombre pair de "1", et chaque entrée de "1" fait basculer l’état d’un nombre pair à un nombre impair de "1", ou inversement. Un autre exemple plus avancé est celui des transducteurs FSM, qui, au-delà de l’acceptation de chaînes d’entrée, génèrent des sorties associées à chaque transition d’état. Ces modèles augmentent la puissance expressive des FSM et permettent de les utiliser dans des applications plus complexes, où les systèmes ne se contentent pas seulement d’accepter ou de rejeter des entrées, mais produisent également des résultats ou déclenchent des actions.

Il est crucial de comprendre que les FSM sont un outil fondamental dans la conception de systèmes interactifs et embarqués, mais elles ne couvrent pas tous les aspects de la modélisation d’un système complexe. Elles sont spécifiquement adaptées pour gérer les transitions entre états en réponse à des événements, mais ne traitent pas directement des autres dimensions telles que la gestion des ressources partagées ou la distribution des tâches. C’est pourquoi, dans le cadre de la conception de systèmes complexes, les FSM doivent être combinées avec d’autres techniques de modélisation pour offrir une vision complète du comportement du système.

Comment les systèmes embarqués utilisent-ils la communication série et les capteurs pour les applications modernes ?

La communication série joue un rôle fondamental dans les systèmes embarqués, bien qu’elle ne soit généralement pas utilisée pour connecter plusieurs ordinateurs entre eux. Elle est plutôt essentielle pour l’échange de données entre les processeurs et les dispositifs qu'ils lisent ou contrôlent. Bien que la communication série soit utilisée depuis les années 1950, ses applications et son développement dans les systèmes embarqués ont profondément évolué au fil des décennies.

Le protocole RS232, introduit dans les années 1960, était principalement utilisé pour connecter des ordinateurs centraux à des périphériques comme des imprimantes. Dans ce protocole, la taille de "l'unité de données" est un octet, et l'interprétation des octets dépend entièrement des appareils situés aux deux extrémités de la connexion. De plus, les connexions RS232 sont limitées à un seul pair de dispositifs connectés, ce qui signifie que seules deux machines peuvent être reliées par un câble ou un bus. Ces restrictions n’étaient pas problématiques pour des applications simples, telles que la connexion entre un ordinateur et une imprimante, où l'imprimante recevait et imprimait les octets un par un. Cependant, au fur et à mesure que des applications plus complexes émergèrent dans les années 1980, ce protocole est devenu obsolète.

Au cours de cette période, plusieurs nouveaux protocoles de communication série ont été introduits pour mieux répondre aux besoins des systèmes embarqués. Le protocole IIC, lancé en 1982, était destiné à connecter les circuits sur une carte de circuit imprimé avec un minimum de traces en cuivre. Le protocole CAN, introduit en 1986, a été conçu pour structurer les messages envoyés entre les dispositifs, chaque octet ayant une signification ou une fonction spécifique dans le message. D'autres protocoles comme le SPI, apparu à la fin des années 1980, ont permis d’élargir les possibilités, en particulier en n’étant pas limité à un format de mot de 8 bits. Des protocoles plus modernes, comme l'USB, ont été développés pour des applications plus complexes, avec des spécifications tantôt générales, tantôt dédiées à des usages particuliers.

L’une des caractéristiques les plus marquantes des systèmes embarqués modernes réside dans l’utilisation des capteurs et des actionneurs. Depuis des siècles, les humains ont utilisé divers dispositifs pour mesurer et interagir avec leur environnement. Par exemple, les boussoles étaient déjà utilisées avant l’époque romaine, et les Égyptiens employaient des systèmes complexes de canalisations pour le nivellement lors de la construction des pyramides. Cependant, dans les systèmes embarqués modernes, les capteurs et actionneurs doivent répondre à des critères spécifiques : ils doivent être compacts, fonctionner à faible tension et à faible consommation d’énergie.

Les capteurs actuels peuvent mesurer une vaste gamme de phénomènes physiques. Des technologies comme les photodiodes, les transistors et les microphones permettent de détecter des signaux dans des domaines allant des courants électriques aux radiations électromagnétiques. Les réseaux de capteurs sans fil (WSN), par exemple, exploitent des nœuds miniatures intégrant des capteurs, des éléments de traitement, et des circuits de communication sans fil, ouvrant la voie à des applications de l'Internet des objets (IoT). Ces réseaux, qui sont généralement alimentés par des sources d’énergie faibles, permettent de collecter et transmettre des données depuis des endroits inaccessibles ou distants.

Les actionneurs, qui sont responsables du contrôle de l’environnement, ont évolué grâce aux transistors. Ces derniers, inventés dans les années 1920 et commercialisés dans les années 1950, permettent de commuter des courants ou tensions élevés avec des signaux de contrôle de très faible puissance. Cela permet à des microcontrôleurs fonctionnant à des tensions aussi faibles que 3,3 ou 5V de contrôler des dispositifs allant des circuits électroniques simples aux moteurs industriels. Les actionneurs peuvent aussi être utilisés dans des applications de plus petite échelle, par exemple dans des systèmes microélectroniques appelés MEMS (Micro Electro Mechanical Systems), qui sont des systèmes miniaturisés combinant des éléments mécaniques et électroniques. Les MEMS permettent de développer des dispositifs de taille réduite, fonctionnant à des tensions et énergies extrêmement faibles, créant ainsi de nouvelles possibilités pour l’intégration des systèmes embarqués et l’IoT dans des applications de haute précision.

Dans ce contexte, le processus de développement des systèmes embarqués est également essentiel pour garantir l’efficacité et la fiabilité des produits finaux. Un processus de développement structuré permet de diviser les étapes du projet en tâches plus petites et plus gérables, facilitant ainsi la coordination entre les équipes de conception, de gestion et de production. Que ce soit pour des dispositifs simples comme un thermostat ou pour des systèmes complexes comme un avion, chaque étape du développement nécessite une planification soignée des ressources, une vérification systématique de la conformité des résultats et une gestion rigoureuse des risques.

Le processus de développement d’un produit ou d’un système embarqué implique non seulement des étapes techniques de conception et de programmation, mais aussi une gestion attentive de la collaboration entre les différentes équipes. Chaque groupe, qu’il s’agisse des ingénieurs en électronique, des développeurs logiciels, ou des responsables de la production, joue un rôle crucial dans la réussite du projet. C’est à travers ce processus rigoureux qu’il devient possible de transformer une idée abstraite en un produit fonctionnel, fiable et performant.

Comment coordonner le temps dans un système embarqué : défis et solutions

Les systèmes embarqués, qui ne sont souvent pas installés sur des PC ou des ordinateurs portables, nécessitent une approche particulière pour gérer le temps. En l'absence d'une horloge système universelle comme celle qui est disponible sur un PC, ces systèmes doivent recourir à d'autres méthodes, telles que l'accès aux systèmes de temps mondiaux. L'une des principales questions à résoudre lors de la conception de tels systèmes est la manière de coordonner le temps avec une précision suffisante, tout en prenant en compte les délais de transmission et les sources externes de données temporelles.

Les systèmes mondiaux de mesure du temps, comme le Temps Universel (UT) et le Temps Atomique International (TAI), sont souvent utilisés pour fournir des références temporelles. Cependant, ces systèmes ne sont pas exempts de défis. Par exemple, le Temps Universel (UT) est basé sur la rotation de la Terre, qui n’est pas constante en raison de phénomènes comme les marées. Cela signifie que les mesures de l’UT peuvent avoir des écarts par rapport au "temps réel" et nécessitent parfois des ajustements. Le Temps Universel Coordonné (UTC) vise à maintenir la synchronisation avec l’UT en ajoutant des "secondes intercalaires" pour compenser les irrégularités dans la rotation de la Terre. Néanmoins, cela crée des discontinuités régulières, environ tous les 19 mois.

Le principal problème réside dans le fait que ces différents systèmes de temps, bien qu’extrêmement précis, peuvent diverger légèrement, en particulier lorsqu'il s'agit de leur ajustement pour prendre en compte la rotation de la Terre. Par exemple, les horloges atomiques qui alimentent le TAI sont plus stables, mais nécessitent également des ajustements locaux pour tenir compte de l'influence de la gravité. De plus, un autre défi important est la latence de transmission des signaux temporels. Par exemple, un paquet GPS, qui contient un horodatage précis, met un certain temps avant d'atteindre un récepteur GPS dans un système embarqué. Cette latence, bien que souvent de l'ordre de la microseconde, peut être fatale pour des applications nécessitant une synchronisation de haute précision. Par conséquent, l'implémentation d'une solution de synchronisation dans un système embarqué nécessite de prendre en compte cette latence et d’ajuster le calcul du temps réel en conséquence.

Certains systèmes ont la capacité de calculer le temps réel à partir des paquets GPS en utilisant des dispositifs GPS externes. Cependant, ces dispositifs doivent être connectés via une interface rapide, comme un port série ou USB. Si l'interface est trop lente, l'effet de la latence devient exponentiellement plus important, compromettant ainsi la précision requise. De plus, si la notification du processeur par l'interruption présente un retard, cela peut affecter la synchronisation de l’ensemble du système. Cela montre que dans les systèmes nécessitant une précision extrême, il est primordial d’optimiser chaque étape du processus de collecte et de traitement des informations temporelles.

Le niveau de résolution du temps nécessaire pour un système embarqué dépend largement de l’application qu’il sert. Par exemple, pour des systèmes qui ne nécessitent pas une précision extrême, comme la gestion de feux de circulation qui changent selon l’heure de la journée, une précision à la seconde est suffisante. En revanche, des systèmes comme ceux utilisés pour ajuster le trajet d’un vaisseau spatial nécessitent des synchronisations à l’échelle de la microseconde. Dans ces cas-là, la moindre erreur peut entraîner des conséquences dramatiques. La clé réside donc dans l’évaluation de la résolution temporelle requise et la sélection des protocoles adaptés à l’application en question.

Un autre facteur essentiel à prendre en compte est le choix du cristal ou de l’oscillateur pour les différents modules du système. Les cristaux ont des tolérances de précision variables, et lorsqu'un système embarqué implique plusieurs processeurs utilisant des oscillateurs différents, des déviations de synchronisation peuvent se produire. Même lorsque les modules utilisent des sources de fréquence communes, des erreurs mineures peuvent s'accumuler au fil du temps. Pour pallier cela, il est possible d’utiliser des solutions où un module central diffuse périodiquement l’heure à l’ensemble du système, permettant ainsi à tous les autres modules de se synchroniser. Ce mécanisme est utile dans des applications où la précision à l'échelle de la seconde est suffisante.

Enfin, il est crucial de comprendre que les systèmes qui nécessitent une grande précision temporelle doivent prendre en compte non seulement la source du temps, mais également la manière dont ce temps est distribué à travers l’ensemble du système. Chaque module doit être capable de calculer et de compenser les éventuels retards liés aux communications et aux calculs internes. Des protocoles comme le GPS et le UTC permettent des résolutions très fines, allant jusqu'à 100 nanosecondes, mais cela ne signifie pas que tous les systèmes peuvent en bénéficier sans une conception soigneuse de l’architecture logicielle et matérielle. Le calcul des délais de transmission et la prise en charge de la gestion des interruptions deviennent alors des éléments cruciaux dans la conception des systèmes embarqués à haute précision.

Les applications en temps réel, dans lesquelles la gestion de la précision temporelle est vitale, se déclinent en différentes catégories. Les systèmes doivent être conçus en fonction des exigences spécifiques de chaque application, en tenant compte de la précision temporelle nécessaire, des éventuelles erreurs dues aux différences dans les oscillateurs, et des délais de communication inhérents aux technologies de transmission de données. Le respect de ces principes garantit la réussite de la synchronisation dans des environnements complexes et dynamiques.