La théorie fonctionnelle de la densité (DFT), qui découle des théorèmes de Hohenberg-Kohn (HK), a introduit une approche fondamentalement nouvelle pour la compréhension des systèmes électroniques réels. Ces théorèmes ont établi une correspondance bijective entre la densité électronique fondamentale ρ₀(r) et le potentiel externe, transformant ainsi la complexe équation de Schrödinger couplée pour N électrons en une équation découpée de type Kohn–Sham (KS) pour une particule. Le but de la méthode de Kohn–Sham est de trouver un potentiel effectif veff(r) tel que la densité électronique exacte ρ₀(r) d’un système d’électrons en interaction soit équivalente à la densité correspondante à ce potentiel effectif. Ce processus permet ainsi de réduire un système de N électrons en un système simplifié, soumis à un potentiel effectif moyen, transformant l’équation couplée du système d’électrons en une équation de particules indépendantes.

Malgré cette avancée, l’application de la DFT dans le domaine des semi-conducteurs et des isolants a fait face à des défis majeurs, notamment en ce qui concerne la sous-estimation des bandes de gap, un phénomène crucial pour expliquer les propriétés optiques et électroniques de ces matériaux. Cela découle principalement de la manière dont les effets d’échange et de corrélation entre électrons sont abordés dans les approximations de la méthode Kohn–Sham. En conséquence, dès les premiers jours de l’introduction de la DFT, la sous-estimation du gap des bandes dans les schémas primitifs de KS a complexifié les travaux théoriques.

Les chercheurs ont alors proposé des méthodes alternatives, telles que l’introduction d'opérateurs de ciseaux, afin de décaler rigidement les bandes pour correspondre aux gaps expérimentaux. Cependant, cette approche manque de fondement physique et est inefficace pour les matériaux pour lesquels les données expérimentales sur le gap de bande ne sont pas disponibles. L’objectif de ces développements théoriques ne se limite pas simplement à ajuster les résultats aux données expérimentales, mais vise à découvrir les raisons physiques sous-jacentes des résultats expérimentaux, tout en cherchant à proposer de nouveaux matériaux avec des propriétés fondamentales excellentes.

Le problème du gap de bande a été largement exploré par Perdew et al. ainsi que Sham et Schlüter, qui ont fourni une compréhension du problème à travers la discontinuité de la dérivée fonctionnelle de l’énergie d’échange-corrélation par rapport à la densité électronique. Harbola et Sahni ont approfondi la théorie quantique fondamentale et ont proposé une interprétation physique de cette discontinuité. Néanmoins, la recherche d’une approximation adéquate pour surmonter cet obstacle reste une tâche complexe.

De nombreuses propositions d’échange-corrélation fonctionnelles ont été formulées, mais ces méthodes augmentent souvent de manière exponentielle les coûts computationnels avec une meilleure précision. Ces fonctionnelles sont systématiquement classées selon un « échelle de Jacob » qui comprend des approches telles que l'Approximation de Densité Locale (LDA), l'Approximation de Gradient Généralisé (GGA), et des méthodes plus avancées comme les Fonctionnels Hybrides et l'Approximation de Phase Aléatoire (RPA). Bien que les propriétés structurales des matériaux puissent être correctement prédites avec des approximations semi-locales non empiriques, le gap de bande reste une estimation insuffisante.

Les fonctionnels semi-empiriques tels que ceux de van Leeuwen-Baerends (vLB), Becke-Johnson (BJ), et Tran-Blaha-modifié BJ (TBmBJ) apportent des corrections potentielles, mais ne sont pas issus de la dérivée fonctionnelle de l’énergie d’échange-corrélation. Par ailleurs, les méthodes hybrides, comme celle de Heyd–Scuseria–Ernzerhof (HSE), se sont avérées très efficaces, particulièrement pour le calcul des gaps de bande. Ces approches ont permis de fournir une estimation presque exacte de la structure de bandes, ce qui les rend particulièrement adaptées aux études sur les propriétés optiques des semi-conducteurs.

Les défauts dans les matériaux sont également omniprésents et influencent de manière décisive leurs propriétés. Les calculs de la formation des défauts, ainsi que de l'énergie de Fermi (EF), sont essentiels pour la compréhension des propriétés électroniques et du fonctionnement des matériaux, en particulier en ce qui concerne leur activité photocatalytique. La détermination exacte de l'énergie de Fermi est aussi cruciale pour les prévisions des fonctions de travail des semi-conducteurs et des jonctions hétéroélectroniques ou Schottky dans les dispositifs électroniques. Le succès des recherches sur les matériaux à base de semi-conducteurs verts, par exemple, dépend largement de la précision du calcul de l'alignement des bandes.

En ce qui concerne le choix de la base fonctionnelle, les résultats peuvent varier considérablement en fonction de la méthode de calcul adoptée, que ce soit des méthodes basées sur des pseudopotentiels utilisant des bases planaires ou des méthodes plus localisées. Le traitement de l’asymptote des potentiels d’échange-corrélation, qui est particulièrement problématique dans les fonctionnels semi-localisés, a été résolu grâce à l’utilisation de méthodes basées sur des bases atomiques localisées.

Les progrès dans ce domaine continuent d'évoluer, avec des méthodes comme les fonctionnels vLB appliqués à des bases auto-cohérentes de type NMTO (Non-Muffin-Tin Orbital) ayant permis de réaliser des calculs plus précis pour les matériaux traditionnels du groupe IV et des semi-conducteurs III-V. Ce développement a même été utilisé pour étudier des polymorphes du nitrure de carbone (C3N4), un matériau prometteur pour la photocatalyse.

Pour aborder les défis de la DFT, il est essentiel de comprendre les bases de la théorie de Hartree-Fock, qui permet de mieux appréhender les difficultés liées aux approximations dans les méthodes de DFT. Il devient alors évident que les limitations actuelles de la DFT ne sont pas simplement des questions techniques, mais qu’elles touchent aux principes fondamentaux de la mécanique quantique et à l’interprétation des phénomènes physiques à l'échelle atomique.

Comment les dopants modifient les propriétés électroniques et de transport des nanotubes de phosphore noir

La structure électronique des nanotubes de phosphore noir, en particulier ceux à configuration armchair, se révèle extrêmement sensible aux modifications induites par le dopage atomique. Les nanotubes A24 de phosphore noir non dopés présentent un comportement semiconducteur à gap direct, avec un gap énergétique mesuré à 0,72 eV — une caractéristique essentielle pour les applications en transistors à effet de champ. Ce gap, bien que légèrement inférieur à celui des nanotubes A20 (0,74 eV), conserve une nature directe, les bandes de valence et de conduction étant toutes deux localisées au point Γ de l’espace réciproque. Cette nature électronique directe rend ces nanotubes particulièrement prometteurs pour les dispositifs électroniques à haute mobilité.

L’introduction d’atomes de carbone aux sites de substitution dans la structure A24 modifie radicalement cette configuration. Selon la concentration de carbone — dans les configurations A24-C12, A24-C6 et A24-C1 — le matériau subit une transition nette du comportement semiconducteur vers une nature métallique. Ce basculement est directement lié à la contribution électronique du carbone : chaque atome de carbone introduit trois électrons dans les liaisons avec le phosphore environnant, laissant un électron non engagé qui participe à la formation de bandes d’énergie délocalisées et à demi remplies. Ces bandes franchissent le niveau de Fermi, annihilant le gap électronique et induisant un comportement métallique.

Plus la concentration de carbone est élevée, plus les électrons se délocalisent à travers la surface du nanotube, comme l’illustrent les états de Bloch correspondants. Inversement, une faible concentration de carbone (comme dans A24-C1) favorise la localisation électronique autour des zones dopées, ce qui traduit une montée en importance des interactions de type localisé. Ce phénomène de localisation croissante s’accompagne d’un affinement des bandes énergétiques et d’une réduction progressive des différences structurelles dans la densité d’états.

Le remplacement des atomes de carbone par de l’oxygène induit également une transition vers un comportement métallique, tant dans les nanotubes armchair que zigzag. Cependant, dans le cas des configurations zigzag, cette transition n’apparaît qu’à partir d’un seuil critique de dopage — observé à partir de huit atomes d’oxygène. En dessous de ce seuil, de faibles gaps électroniques persistent, témoignant d’une transition incomplète.

Les analyses de densité d’états (TDOS et PDOS) confirment le rôle dominant des orbitales p du phosphore dans la structure électronique des nanotubes non dopés. Les pics observés dans la région comprise entre −2 et −0,35 eV proviennent principalement des orbitales P-p, tandis que la région allant de 0,37 à 2 eV résulte d’une hybridation des orbitales P-p et P-d. Une forte hybridation entre les orbitales s du phosphore et les orbitales 2p du carbone est également observée dans les nanotubes dopés, bien que les contributions orbitales directes du carbone restent marginales.

Les courbes courant-tension (I–V) permettent de visualiser les conséquences pratiques de ces modifications électroniques. Les nanotubes A24 non dopés présentent un courant quasi nul jusqu’à 1,1 V, ce qui reflète leur comportement semiconducteur. En revanche, les dispositifs dopés au carbone manifestent une conduction significative dès de faibles tensions, avec un courant atteignant 120 μA pour A24-C36 à 0,2 V. Ce comportement métallique est accompagné d’une signature remarquable : une réponse sinusoïdale du courant à faible tension, caractéristique rare qui a été modélisée mathématiquement pour différentes concentrations de dopants. Ce comportement, couplé à des effets de résistance différentielle négative (NDR), offre des perspectives intéressantes pour les dispositifs logiques ou oscillateurs à base de nanotubes dopés.

Les comparaisons entre dopages carbone et oxygène révèlent des effets analogues, bien que l’intensité maximale du courant diffère : le dispositif A24-O36 atteint un pic de 50 μA à 0,1 V, nettement inférieur au pic de 120 μA du dispositif A24-C36. Les différences de structure atomique et de réactivité chimique entre l’oxygène et le carbone influencent la mobilité électronique et la densité d’états autour du niveau de Fermi, impactant directement la capacité de transport.

Ce qui est crucial à comprendre, c’est que le dopage ne modifie pas uniquement le niveau de Fermi ou l’apparition de bandes supplémentaires : il transforme entièrement le paysage électronique du nanotube. La nature des orbitales hybrides, la délocalisation des électrons, la symétrie du système, ainsi que la densité atomique liée à la chiralité (armchair vs zigzag) sont tous des facteurs qui déterminent les propriétés émergentes du matériau.

Un autre point fondamental est l’importance de la concentration critique du dopant, notamment pour les nanotubes de type zigzag, où le comportement métallique n’émerge qu’au-delà d’un certain seuil. Cela implique une possibilité fine de réglage des propriétés électroniques selon l’application visée — capteurs, transistors, conducteurs à courant contrôlé — simplement en modulant le nombre et le type d’atomes dopants.

Enfin, l’architecture cristalline et la topologie des états électroniques influencent directement la réponse aux champs électriques externes, notamment dans le régime basse tension. La manifestation de courbes I–V sinusoïdales et d’effets NDR constitue un indicateur clair que ces nanotubes dopés ne sont pas simplement des matériaux conducteurs, mais des structures électroniques complexes, capables d’être ajustées avec précision pour répondre à des fonctions électroniques spécifiques.

Les effets de l'excitation photothermique et du champ magnétique sur la diffusion de masse dans un milieu semi-conducteur

L'utilisation de sources laser pour l'excitation photothermique dans des matériaux semi-conducteurs a permis d'approfondir la compréhension de la diffusion de masse, des effets thermiques et des interactions de plasma. Dans ce contexte, le comportement des ondes thermoélastiques a été analysé sous l'influence de différents paramètres physiques, tels que le champ magnétique, la rotation du milieu et la densité de charge des porteurs.

L'une des théories les plus significatives dans ce domaine est la théorie thermoélastique, développée récemment par Lotfy [7], qui explore la propagation des ondes thermoélastiques et plasmiques dans un matériau semi-conducteur. Lotfy et ses collègues ont également étudié les effets d’un champ magnétique extérieur sur le processus transitoire photothermique. Dans ces recherches, un champ magnétique constant était appliqué à un milieu semi-conducteur en rotation, où des ondes thermomécaniques étaient générées par une source de chaleur interne mobile.

Le processus de diffusion de chaleur et de masse joue un rôle crucial dans la détermination des propriétés physiques des matériaux, telles que la conductivité thermique et la diffusion des porteurs de charge. Dans des matériaux comme le silicium, la densité du plasma peut être ajustée en contrôlant le flux thermique à travers le processus de diffusion. La diffusion photothermique dans une plaque circulaire mince a été étudiée en utilisant des nanocomposites polymères semi-conducteurs. Lotfy a également abordé la variation de la conductivité thermique en fonction de la température dans un milieu semi-conducteur lors de la diffusion photothermique, contribuant ainsi à une meilleure compréhension des propriétés thermiques des matériaux à l'échelle nanométrique.

Le phénomène de diffusion de masse se produit lorsque les particules se déplacent d’une zone de haute concentration vers une zone de faible concentration. Ce phénomène est particulièrement pertinent dans les semi-conducteurs où la répartition de la densité des porteurs de charge, contrôlée par la diffusion thermique, a un impact direct sur les caractéristiques électriques et thermiques du matériau. L'ajout d'un champ magnétique à ces systèmes modifie non seulement la dynamique des particules chargées, mais introduit également des courants induits en réponse à l'interaction entre le champ magnétique et le mouvement des électrons et des ions.

En explorant l'effet du champ magnétique sur la diffusion de masse et les ondes élastiques, il est essentiel de comprendre les interactions complexes entre les ondes de plasma, les vagues thermiques, les processus de diffusion et les ondes élastiques. Ces interactions peuvent être modélisées par des équations différentielles qui tiennent compte des accélérations centripètes et de Coriolis dues à la rotation du milieu semi-conducteur, créant ainsi un cadre dynamique où les différentes variables influencent la propagation des ondes.

Dans cette dynamique complexe, les densités de charge des porteurs, la température du matériau, la concentration des particules et les déplacements élastiques doivent être considérés comme des variables interdépendantes. La rotation du milieu ajoute de nouvelles forces, comme l'accélération de Coriolis, qui modifient les équations du mouvement en y introduisant des termes supplémentaires liés à la rotation du matériau autour de l'axe vertical. La réponse thermomécanique du système, influencée par l'interaction entre la diffusion thermique et la diffusion de masse, est donc cruciale pour comprendre le comportement des matériaux semi-conducteurs dans des conditions complexes de champ magnétique et de chaleur.

Les effets du champ magnétique sur les propriétés de réflexion des ondes incidentes ont également été étudiés à travers l’utilisation de coefficients de réflexion, qui quantifient l'amplitude des ondes réfléchies par rapport aux ondes incidentes et rotatives. Ces coefficients sont essentiels pour la modélisation des réponses du matériau à une excitation photothermique dans des conditions de rotation et de champ magnétique. Les résultats obtenus permettent de visualiser graphiquement les variations des paramètres influençant les coefficients de réflexion, mettant en lumière l'impact significatif de la rotation et du champ magnétique sur les propriétés de réflexion des ondes thermiques et élastiques.

L’impact des champs électromagnétiques, en particulier le champ magnétique de Maxwell, sur la déformation des matériaux solides, a des applications dans divers domaines, notamment la géophysique, l'optique et l'acoustique. Ce phénomène est crucial pour comprendre comment les matériaux conducteurs réagissent à des phénomènes géophysiques comme les variations du champ magnétique terrestre, et comment ces phénomènes influencent la propagation des ondes à travers différents milieux.

Enfin, il est essentiel de souligner que la théorie de la thermoélastique et la diffusion de masse ne se limitent pas seulement à la modélisation des matériaux semi-conducteurs, mais ont des implications plus larges pour la conception de dispositifs optoélectroniques et la compréhension des mécanismes de transport thermique dans des matériaux à l’échelle nanométrique. Ces recherches ouvrent la voie à de nouvelles applications dans des domaines tels que la détection thermique, les matériaux à changement de phase et l'optimisation des systèmes semi-conducteurs dans des conditions extrêmes de champ magnétique et de chaleur.