L’étude de la transgression des règles, notamment à travers la figure de Donald Trump, offre un éclairage sur les dynamiques de pouvoir et d’admiration dans la culture contemporaine des célébrités. Jim McGuigan, philosophe et critique social, s’intéresse particulièrement aux effets de la culture des célébrités, notamment à la manière dont les figures publiques influencent le comportement de leurs adeptes. Selon lui, ces célébrités servent de modèles dans un monde où la compétition est implacable et les inégalités omniprésentes, offrant ainsi des repères pour la conduite à adopter dans ce contexte impitoyable. Donald Trump, à travers son ascension médiatique et politique, illustre cette notion de "modèle" qui rompt avec les normes conventionnelles et impose une forme de pouvoir débridé, exempt de toute conséquence.

Il est intéressant de noter que cette mentalité de transgression s’ancre dans l’histoire familiale de Trump. Selon Mary Trump, la nièce du président, c’est son père Fred Trump qui a inculqué à Donald une vision brutale du monde, où l'humiliation des autres et le rejet des règles de conduite honorables deviennent des outils de pouvoir. Cette vision n’a pas manqué de séduire une partie importante du public. Comme le souligne Mary Trump, beaucoup continuent de confondre l’arrogance de son oncle avec la force, le faux bravado avec l’accomplissement, et son intérêt superficiel pour les autres avec le charisme.

En examinant le phénomène sous un autre angle, Nidesh Lawtoo, critique littéraire, apporte un éclairage supplémentaire en explorant la notion de mimétisme. Selon Lawtoo, le mimétisme—le phénomène par lequel les individus imitent ceux qui détiennent le pouvoir—est un vecteur puissant de la montée de nouvelles formes de fascisme, notamment à travers l'influence des médias sociaux et de masse. Trump, en cela, incarne cette logique de mimésis, où l’imitation de son comportement, ses discours et ses gestes provoquent une contagion affective qui dépasse la simple admiration pour une célébrité. Ce processus, loin d’être anodin, crée un climat de dépendance psychologique et émotionnelle, où la frontière entre le pouvoir et l’irréalité se brouille.

Dans cette perspective, la relation entre célébrité et pouvoir prend une dimension presque irrationnelle. Ce phénomène est également lié à la culture de l'excès et de la richesse, où l’idée de se jouer des règles devient une forme de légitimité en soi. Ainsi, Trump, à travers ses manifestations publiques, notamment lors de ses rassemblements politiques, a su incarner cette figure du transgresseur. Ses discours et ses gestes se sont souvent traduits par des moments de critique acerbe, d’humiliation publique et de dérision envers ses rivaux politiques, transcendant les limites de ce qui était considéré comme acceptable dans les campagnes politiques précédentes.

Les rassemblements politiques de Trump, souvent marqués par des scènes où il insulte ses adversaires et ridiculise ses ennemis politiques, ont offert un terrain fertile pour l’élaboration de ce que l’on pourrait appeler une "politique de flatterie sycophantique". Lors de ces événements, Trump n’hésitait pas à humilier publiquement ses opposants, comme l’a montré l’incident avec un reporter handicapé ou ses commentaires sur les migrants mexicains. Par ailleurs, l’ironie des gestes qu’il exécutait, comme la simulation d’un peloton d'exécution pour dénoncer un soldat accusé de désertion, ne faisait que renforcer son image de leader au-dessus des lois, capable de braver les règles pour rétablir une forme de justice qu’il se donnait lui-même.

Cette atmosphère de transgression était renforcée par la dynamique même des rassemblements, où ses partisans étaient invités à applaudir et à célébrer ce comportement insouciant des règles. À travers ces scènes, Trump a su fédérer une base fidèle, prête à imiter ses actes, qu’il s’agisse du refus de porter un masque pendant la pandémie de COVID-19 ou de la participation à l'assaut du Capitole en janvier 2021. Un autre aspect important de ces événements réside dans la flatterie manifeste des figures politiques présentes, qui se soumettaient aux désirs du leader. L'épisode décrit par Susan B. Glasser dans The New Yorker est révélateur de cette dynamique, où des sénateurs et des représentants républicains multiplient les éloges, certains allant jusqu'à exprimer leur admiration sans retenue, dans une sorte de compétition pour prouver leur loyauté à Trump.

Ces rassemblements ne se limitaient pas à des spectacles de flatterie. Ils jouaient un rôle essentiel dans la consolidation d’une image de Trump comme étant au-dessus des conventions sociales et politiques. La sycophantie devenait ainsi un élément structurant de son pouvoir, où l’éloge inconditionnel des partisans contribuait à légitimer les transgressions multiples du leader. Ce phénomène s’inscrivait dans une logique de renversement des hiérarchies traditionnelles, où la valeur morale des actions politiques était relativisée au profit d’une admiration aveugle pour un leader charismatique.

Il est donc primordial de comprendre que ce processus de mimétisme et d’admiration n’est pas un simple phénomène de manipulation, mais une dynamique culturelle complexe, où les règles de la société civile sont constamment remises en question, voire transgressées. L’impact de cette culture de la célébrité, couplée avec des phénomènes de masse, ne se limite pas à la politique. Il s’étend à de nombreux domaines de la société, où les comportements anti-sociaux et transgressifs sont parfois perçus comme des actes de rébellion ou de courage, tandis que la conformité et la civilité sont vues comme des faiblesses ou des signes de soumission.

Qu'est-ce qui caractérise les "élites de l'ombre" et comment influencent-elles le monde moderne ?

Les "élites de l'ombre" ne sont pas définies par leur origine familiale, leur classe sociale, leur richesse ou leur position institutionnelle, mais par leur mode opératoire et leur organisation (Wedel 2009, 2016, 2017). L'émergence de ce nouveau type d'élite découle d'une série de transformations sans précédent au cours des dernières décennies (Carroll 2008; Davis et Walsh 2016; Davis et Williams 2017; Wedel 2009 : 23–45, 2017). Parmi ces changements, on trouve la privatisation, la déréglementation et la vague de « réformes » gouvernementales entamées au début des années 1980 ; la fin de la guerre froide, survenue une décennie plus tard, qui a dispersé l’autorité mondiale et ouvert des zones peu gouvernées ; l’ascension de l’Internet qui a suivi, favorisée par le développement préalable des technologies numériques ; ainsi que la financiarisation, qui a multiplié les positions lucratives d'intermédiaires dans la finance tout en affaiblissant le rôle des élites managériales (Carroll 2008; Savage et Williams 2008). Ces évolutions majeures ont redessiné le paysage organisationnel, ouvrant ainsi la voie à des acteurs aussi variés que des réseaux transnationaux blanchissant de l'argent ou promouvant les droits de l'homme, des traders de devises opérant des transactions mondiales quasi instantanées, ou des consultants accomplissant des tâches jadis dévolues aux employés gouvernementaux.

Les élites de l'ombre, tout en n'étant pas strictement synonymes de ces acteurs, utilisent des pratiques et des modes d'organisation spécifiques qui diffèrent radicalement de ceux des "élites du pouvoir" telles que décrites par C. Wright Mills il y a plus de soixante ans. Mills définissait ces élites du pouvoir comme un ensemble interconnecté de responsables gouvernementaux, de dirigeants militaires et de cadres d'entreprises contrôlant de manière effective les grandes décisions politiques et sociales aux États-Unis (Mills 1956). À l'époque de Mills, la force des élites reposait sur un modèle bureaucratique classique, où des structures hiérarchiques distinctes conféraient un pouvoir exécutif aux bureaucrates. Bien que ces formes de pouvoir institutionnel reposant sur une position formelle existent toujours, elles sont désormais concurrencées par des formes de pouvoir basées sur les réseaux sociaux. Ces dernières sont ancrées dans les liens informels que tissent les acteurs et les organisations, qui, plus qu’auparavant, connectent des élites à l'échelle mondiale. Ce pouvoir, fondé sur les réseaux, permet à des acteurs d’exercer leur influence à partir de plusieurs points d’ancrage, à la fois dans des organisations officielles et privées. Ainsi, la puissance des élites contemporaines réside en grande partie dans leur rôle de connecteurs, capables de faire avancer des agendas privés ou communs avec peu de transparence et de responsabilité, ce qui les rend plus efficaces que leurs prédécesseurs tout en restant largement invisibles.

Les pratiques des élites de l'ombre sont particulièrement marquées par leur informalité. Ces pratiques, bien que n'étant pas nouvelles, se sont intensifiées au cours des dernières décennies, et se retrouvent notamment dans des phénomènes comme le « lobbying de l’ombre ». Ce type de lobbying fait référence à des influenceurs non enregistrés qui tentent de convaincre les législateurs et les responsables gouvernementaux de soutenir des politiques favorables à certains intérêts privés, sans pour autant s’enregistrer officiellement en tant que lobbyistes. Cela leur permet d’échapper à la réglementation stricte imposée aux lobbyistes traditionnels tout en continuant à exercer une influence importante sur des questions telles que les soins de santé, les prêts hypothécaires, les télécommunications, la finance et la politique étrangère. Ce phénomène a été particulièrement exacerbé après l’adoption de la loi sur la transparence du lobbying en 2007, qui a provoqué une réaction sous forme de lobbying informel. Un nombre croissant d'acteurs ont anticipé une application laxiste de cette loi et ont déplacé leurs activités dans des sphères moins transparentes. Cette évolution du lobbying a conduit certains à revendiquer des rôles plus subtils, comme consultants ou spécialistes des relations gouvernementales, tout en exerçant une influence de manière discrète.

Une autre caractéristique des élites de l'ombre réside dans leur flexibilité organisationnelle. Contrairement aux structures rigides des hiérarchies bureaucratiques traditionnelles, les élites de l'ombre se caractérisent par des rôles qui se chevauchent et des affiliations fluctuantes. Elles n'ont pas d'attachement fixe à un secteur ou une organisation particulière. Cela leur permet de se mouvoir librement d'une organisation à l'autre, de collaborer avec des think tanks, des ONG ou même des institutions gouvernementales, toujours dans le but de défendre leurs intérêts stratégiques. De plus, leur capacité à établir des liens entre différents secteurs—public, privé et non gouvernemental—renforce leur pouvoir. Ces connexions permettent de coordonner des actions et de promouvoir des politiques dans des domaines où l'intérêt public est souvent obscurci par des priorités privées ou étrangères.

La mobilisation de ces acteurs transnationaux et leur manière de manipuler les structures formelles à leur avantage rendent la détection de leur influence particulièrement complexe. Contrairement aux anciennes formes de pouvoir hiérarchiques, ces élites de l'ombre échappent souvent à la visibilité du public, leur rendant la tâche d’être tenues responsables particulièrement difficile. En conséquence, la perception générale est que les élites politiques actuelles privilégient souvent leurs propres intérêts privés au détriment du bien public, un phénomène difficile à combattre tant que l’influence des élites de l’ombre reste aussi insaisissable.

Il est essentiel de comprendre que ce phénomène n’est pas un simple cas de corruption nouvelle, mais plutôt une transformation du paysage politique et économique. Les élites de l'ombre sont capables d’opérer avec une grande efficacité, mais aussi une dissimulation qui rend leur influence difficile à contrôler. Les structures de pouvoir de ces nouvelles élites ne se contentent pas de détourner les normes démocratiques, elles redéfinissent même la manière dont le pouvoir est exercé au niveau global, rendant les enjeux de transparence et de responsabilité particulièrement complexes dans ce contexte.

Comment les partis anti-système transforment la politique contemporaine

Aujourd'hui, la montée des partis dits "anti-système" s'inscrit dans une opposition croissante au statu quo économique, politique et culturel. Ces partis ne se contentent pas de critiquer les politiques existantes ; ils aspirent à un remplacement complet des élites en place et du système qui les soutient. Cette dynamique politique est alimentée par un ensemble de facteurs, parmi lesquels l'insécurité économique grandissante, l'augmentation des inégalités sociales, et la réduction du pouvoir populaire sur les politiques économiques. Ces phénomènes sont les symptômes d'un malaise social et politique profond, qui se traduit par une demande de transformation radicale du paysage politique.

Les partis anti-système, selon l'analyse de certains chercheurs, naissent d'une perception de l'inefficacité des structures gouvernementales traditionnelles. Les citoyens, face à la concentration des pouvoirs économiques et politiques, sont de plus en plus tentés par des alternatives qui promettent de casser les structures dominantes. À mesure que le fossé entre les élites et les masses s'élargit, le terrain est préparé pour l'émergence de mouvements politiques qui se positionnent en dehors du cadre conventionnel, souvent sous forme de partis populistes. Leur discours s'articule autour de la lutte contre les inégalités, de la réorganisation des priorités économiques et de l'appel à un contrôle démocratique plus direct des politiques publiques.

L'essor des contractuels dans les administrations publiques est un exemple frappant de cette transformation. En 2015, il y avait ainsi 2,6 travailleurs sous contrat pour chaque fonctionnaire dans de nombreux pays. Les entreprises de sous-traitance, qui ont longtemps joué un rôle clé dans la définition des priorités publiques, ont désormais une influence de plus en plus grande sur les décisions politiques. Ces entreprises gèrent des opérations sensibles comme les services de renseignement, contrôlent des bases de données essentielles et supervisent d'autres sous-traitants, souvent sans une surveillance adéquate de la part des employés publics. Cette privatisation progressive de la gouvernance soulève des questions sur la transparence, l'efficacité et la véritable indépendance des décisions politiques.

En parallèle, l'augmentation de l'influence des think tanks et des conseils consultatifs quasi-officiels constitue une autre dimension de cette mutation. Ces entités, souvent financées par des intérêts privés, influencent largement la définition des politiques publiques. Dans certains cas, des réseaux d'intérêts se forment autour de ces acteurs, brouillant les frontières entre le secteur public et le secteur privé, ce qui nourrit la méfiance à l'égard des institutions traditionnelles.

Le phénomène ne se limite pas aux États-Unis. La montée des partis anti-système est une tendance mondiale, reflétée par des partis populistes en Europe, des mouvements de protestation en Asie, et des manifestations sociales au Moyen-Orient. Dans ce contexte, la question de la gouvernance et du rôle des élites se trouve au cœur du débat. Le constat est clair : une partie de la population considère que l'élite dirigeante est déconnectée de ses préoccupations quotidiennes, et les partis anti-système cherchent à exploiter cette fracture pour proposer un modèle alternatif.

Pour comprendre la portée de ce phénomène, il est essentiel de se pencher sur les mécanismes sous-jacents qui l'alimentent. La privatisation de l'État, le renforcement des lobbys et la multiplication des intérêts privés dans la gestion des affaires publiques sont des facteurs qui contribuent à l'affaiblissement de l'autorité étatique traditionnelle. Le contraste entre une gouvernance de plus en plus externalisée et la demande populaire d'une politique plus directe et transparente est au cœur des tensions qui traversent les sociétés modernes.

En outre, un élément crucial à prendre en compte est l'impact de la financiarisation des économies modernes. Les élites économiques, souvent liées à des réseaux internationaux complexes, jouent un rôle déterminant dans la direction des politiques économiques. L'interconnexion entre les grandes entreprises, les institutions financières et les acteurs politiques rend le système de plus en plus opaque et difficile à comprendre pour le citoyen moyen. Cette concentration de pouvoir économique et politique nourrit le sentiment d'injustice et d'inefficacité, qui est l'une des principales causes de l'ascension des partis anti-système.

Les conséquences de ces transformations sont multiples. D'un côté, la promesse de changement portée par les partis anti-système séduit de nombreux électeurs déçus par les institutions traditionnelles. De l'autre, la difficulté de ces partis à mettre en œuvre des réformes durables dans des systèmes politiques profondément enracinés montre les limites de leur approche. Le danger, comme le soulignent certains analystes, est que ces mouvements, en remettant en question l'ensemble du système sans proposer de solutions concrètes, risquent de renforcer la polarisation sociale et politique, plutôt que d'apporter un véritable progrès démocratique.

Enfin, il est essentiel de noter que la montée des partis anti-système ne se limite pas à une opposition idéologique au statu quo, mais implique également une remise en question de l'intégrité des processus politiques eux-mêmes. La corruption, les conflits d'intérêts et la collusion entre les élites politiques et économiques sont des problèmes persistants qui alimentent le cynisme à l'égard des institutions. Dans ce contexte, les partis anti-système offrent une alternative séduisante à ceux qui se sentent exclus du processus décisionnel.

La corruption sous la présidence de Trump : Une transformation des pratiques politiques et sociales

Les images indélébiles de la présidence de Trump resteront celles de policiers et de forces de l'ordre utilisées pour infliger la cruauté envers les communautés racisées à travers les États-Unis. Ces images, frappantes et violentes, témoignent de l'administration de Trump qui a instrumentalement mobilisé la loi et les forces de l'ordre pour mener une politique d'oppression systémique. Pourtant, d'autres actions, moins spectaculaires mais non moins cruelles, ont marqué cette période, notamment la gestion catastrophique de la pandémie de COVID-19. Au-delà de la simple négligence, l'administration Trump a fait passer la protection de son image personnelle avant la prévention de la propagation du virus, une attitude particulièrement dommageable lorsque l'on sait que la pandémie a frappé de manière disproportionnée les communautés de couleur.

Un des aspects les plus choquants de cette gestion de la pandémie réside dans l'instrumentalisation des gestes de refus de mesures sanitaires comme un acte de résistance politique. Le port du masque, au lieu d'être une mesure de santé publique, est devenu un symbole de la suprématie blanche, défendu par des partisans en quête d’une identité politique et d’un pouvoir accru, incarné par la révolte contre les directives sanitaires. L’absurdité de cette position, qui mêle négligence et idéologie, n’a cessé de croître au fur et à mesure que le mouvement, nourri par la droite radicale, se consolidait autour de l’idée qu’en refusant de se protéger, on défendait une forme de liberté face à l'autorité. Dans ce contexte, le déni des réalités sanitaires a pris une dimension idéologique inquiétante, nourrissant un courant de pensée qui défendait, en fin de compte, une vision du monde marquée par la hiérarchie raciale et la violence systémique.

Dans cette même logique de renforcement des discriminations raciales, l'administration Trump a par ailleurs accordé une forme d’impunité aux individus ayant infligé violence et préjudice aux communautés racisées. L’exemple de l’ex-shérif Joe Arpaio, qui a été gracié par Trump après avoir été reconnu coupable de mépris de cour pour son rôle dans le profilage racial et la détention illégale de personnes, est emblématique. Ce geste de grâce officialisait une logique où la violence d'État était justifiée sous prétexte de maintenir l'ordre, tout en absolvant ceux qui incarnaient cette brutalité.

Le soutien de Trump à des groupes politiques d'extrême droite et la manière dont il a systématiquement cherché à leur fournir une légitimité a également été un facteur clé de son impact sur la scène politique. Les groupes de suprématie blanche, encouragés par des discours populistes et nationalistes, ont trouvé dans sa présidence une tribune de choix. Le soulèvement du 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Trump ont pris d'assaut le Capitole, s'inscrivait dans cette dynamique. Cet événement a révélé non seulement une tentative de coup d’État, mais aussi l’ampleur de la dégradation des valeurs démocratiques au sein même du parti républicain, dont de nombreux membres ont dénié la violence de l’attaque, affirmant que les manifestants étaient simplement des patriotes en action.

La corruption sous Trump ne s'est pas seulement exprimée par des pratiques visibles, mais aussi par la manipulation subtile des médias et des réseaux sociaux. Trump a magistralement utilisé ces plateformes pour contourner la presse traditionnelle et s’adresser directement à ses partisans, leur offrant l’illusion d’un contact sans filtre avec le pouvoir. Cette stratégie, qui a fait d’une figure populiste une sorte de superstar numérique, a permis à Trump de renforcer sa base tout en échappant à une véritable analyse critique. En outre, son usage effréné des fake news et des mensonges flagrants pour discréditer ses adversaires ou justifier ses actions a brouillé les lignes entre la vérité et la fiction, une situation qui a exacerbé la polarisation politique aux États-Unis.

Une dimension importante de la présidence Trump est l’extrême opacité de la gestion des affaires publiques, notamment en ce qui concerne les actions de ses proches, comme son gendre Jared Kushner, qui a pris des décisions relatives à la gestion de la pandémie sans compétence médicale. De même, la nomination de personnes sans qualifications appropriées à des postes stratégiques, comme l’assignation de Kushner aux achats de respirateurs, reflète une forme de népotisme qui va bien au-delà des simples réseaux de pouvoir traditionnels. Ce phénomène a été particulièrement visible dans le secteur des affaires publiques et des affaires, où la frontière entre l'intérêt privé et l'intérêt public est devenue de plus en plus floue.

Les scandales qui ont marqué la présidence de Trump, qu'ils soient financiers, politiques ou éthiques, ont attiré une attention particulière sur un phénomène plus large de corruption. Il est nécessaire de repenser la corruption, en ne la limitant pas aux simples pots-de-vin ou aux actes de fraude flagrants. La corruption sous Trump a pris des formes subtiles : le népotisme, la concentration du pouvoir, la déréglementation et l'inaction délibérée. Tout cela a renforcé un système où les intérêts privés ont pris le pas sur l'intérêt général.

Ce que cette période a révélé, c’est aussi la fragilité de la démocratie américaine face à une gouvernance autocratique. La relation entre la corruption et l'incompétence dans la gestion des crises, comme la pandémie, a illustré à quel point une mauvaise gestion pouvait nuire aux institutions et à la population. Cela soulève des questions sur l’avenir de la politique américaine et les dynamiques sociales qui en découlent. La présidence de Trump a modifié le paysage politique de manière durable, et les impacts de cette transformation, tant sur le plan national qu'international, continueront de se faire sentir pendant de nombreuses années.