La politique de la post-vérité n'est ni une nouveauté, ni une tendance passagère. En réalité, elle s'inscrit dans un contexte historique de division et de méfiance croissante envers les institutions. Cette dynamique se manifeste dans de nombreux secteurs de la société, mais elle trouve une illustration frappante dans le déroulement du référendum sur le Brexit de 2016. Alors que la montée en puissance du terme « fake news » et des accusations de manipulation par des « acteurs de crise » dominait les débats politiques, il est essentiel de se demander : pourquoi un tel climat d'incertitude et de méfiance a-t-il envahi la scène publique britannique, et quel rôle a joué la politique de la post-vérité dans ce phénomène ?

Le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, qui a eu lieu le 23 juin 2016, constitue un tournant majeur dans l'histoire politique du pays. Ce vote, qui semblait simple en apparence – rester ou quitter l'UE – a été le théâtre d'une bataille idéologique et médiatique d'une ampleur sans précédent. Les deux camps, celui du maintien et celui du départ, ont usé de stratégies discursives qui ont polarisé la population. La campagne pour le départ, menée principalement par les groupes Vote Leave et Leave.EU, a vu l’émergence de slogans et de messages frappants, comme l'illustre la fameuse affiche sur un bus affirmant que le Royaume-Uni envoyait « 350 millions de livres par semaine à l'UE, utilisons cet argent pour notre NHS ». Cette phrase, volontairement simplifiée et décontextualisée, a eu un impact considérable sur l'opinion publique, malgré sa falsification évidente. Le chiffre de 350 millions ne tenait pas compte des réductions et des rabais dont bénéficiait le Royaume-Uni, mais l'effet de ce message a été d'autant plus fort qu'il a su toucher les préoccupations quotidiennes des citoyens : le financement du système de santé.

Les techniques de manipulation de l'information, telles que l'utilisation d'affiches mensongères ou d'accusations infondées, ont non seulement façonné les débats publics, mais ont aussi cristallisé une méfiance systématique envers les institutions et la vérité elle-même. Cela soulève une question essentielle : comment des éléments manifestement faux ont-ils pu convaincre une partie importante de la population ? La réponse réside dans l'affaiblissement progressif de la crédibilité des institutions médiatiques et politiques traditionnelles. Face à un afflux constant d'informations contradictoires et d'accusations de partialité, nombreux sont ceux qui ont cessé de distinguer le vrai du faux, succombant ainsi à la facilité d'une information simplifiée et émotionnellement chargée.

Un autre facteur clé de cette situation est le phénomène de l'augmentation de l'abstentionnisme et de la « déconnexion » des citoyens vis-à-vis de la politique conventionnelle. Le référendum de 2016 a connu un taux de participation exceptionnellement élevé de 71,8%, largement supérieur à celui des élections générales précédentes. Cependant, ce taux de participation est en grande partie dû à l'engagement d'une part de la population qui, habituellement, ne participait pas aux élections. Ces électeurs ont trouvé dans la campagne du Leave un message qui résonnait plus avec leurs préoccupations immédiates que celui du Remain. Les promesses simplistes d'un avenir meilleur, exempte de contraintes imposées par l'UE, ont donc largement séduit une population désillusionnée par les politiques traditionnelles.

Dans ce contexte, la politique de la post-vérité s'est parfaitement inscrite dans un discours où l'émotion l'a emporté sur la raison. Les deux principaux arguments de la campagne Leave – le financement de l'UE et l'immigration – ont été largement médiatisés, non seulement par des affiches et des slogans, mais aussi par des discours politiques qui ont fait de ces sujets des enjeux vitaux pour la survie du Royaume-Uni. L'influence de ces messages sur l'opinion publique a été si forte que, même après que des études aient prouvé leur caractère erroné, la perception du public demeurait largement influencée par eux. Par exemple, l'affirmation selon laquelle l'UE coûtait 350 millions de livres par semaine a été jugée fausse, mais une partie significative des électeurs y a cru. Cela met en lumière la puissance de la narration et la manière dont les informations peuvent être manipulées pour correspondre à un récit préexistant, malgré les faits.

Le cas du Brexit nous enseigne ainsi une vérité difficile à accepter : dans une époque dominée par les technologies de l'information et la rapidité des échanges, les faits objectifs et vérifiables ne suffisent plus à convaincre. Ce qui compte, c'est la manière dont l'information est présentée et l'émotion qu'elle suscite. Cela nous invite à réfléchir sur l'évolution du rôle des médias, des politiciens et des citoyens dans un monde où la vérité est de plus en plus relativisée et où la polarisation devient la norme. Il est nécessaire de se demander si la démocratie elle-même peut survivre dans un climat où les faits ne pèsent plus autant que les récits.

Comment comprendre la manipulation de la réalité dans le régime de Vladimir Poutine et son impact sur l'information mondiale ?

Dans un monde où l’information circule à une vitesse effrénée, il est difficile de distinguer la vérité de la fiction, surtout lorsque la manipulation de la réalité devient une fonction vitale pour les régimes politiques. Le régime de Vladimir Poutine a compris que, pour maintenir son pouvoir et son influence, il était essentiel de produire et de maintenir une "réalité alternative" qui, loin d’être une simple manipulation, sert d’outil primordial pour sa survie.

Au fil des ans, une stratégie de manipulation médiatique, appuyée par la diffusion massive de « fake news » ou de fausses informations, s'est instaurée non seulement en Russie mais aussi à travers le monde. Contrairement à l’idée commune que les fausses informations sont principalement destinées à désinformer l’opinion publique étrangère, l’objectif principal de cette « fabrication de la réalité » semble en réalité être dirigé vers la population russe elle-même. C’est là une dimension essentielle qui fait la différence dans la manière dont ces informations sont conçues et perçues. En Russie, la distinction entre la vérité et le mensonge devient floue, au point que beaucoup de ceux qui propagent ces informations y croient véritablement. Ce phénomène n'est pas seulement le fruit d'un contrôle autoritaire centralisé, mais bien celui d’une propagande qui forge la perception du monde à travers une lentille déformée.

Prenons l'exemple de l'invasion soviétique de l'Afghanistan dans les années 1980. L’argument avancé par la propagande soviétique à l’époque, qui justifiait cette intervention comme un acte de solidarité internationale, est un exemple parfait de la manière dont le régime utilise une réalité fabriquée pour persuader ses citoyens et les dirigeants étrangers. Bien que l'invasion ait été largement critiquée en Occident, elle était présentée en URSS comme un acte nécessaire pour contrer l'influence occidentale. Cette capacité à imposer une vérité parallèle à l'ensemble de la société soviétique est similaire à ce que l’on observe aujourd’hui en Russie sous Poutine.

Lorsque l’on aborde la question des « fake news » russes et de leur influence sur les démocraties occidentales, il est crucial de comprendre que ces informations ne sont pas seulement des erreurs factuelles ou des informations falsifiées, mais des éléments intégrés dans une stratégie plus large. Cette stratégie ne se contente pas de répandre des mensonges ; elle structure la manière dont les citoyens russes, et même les responsables politiques, perçoivent la réalité. En Russie, dire la vérité n’est pas une simple question de précision ; c'est un acte politique, souvent dangereux, car il va à l’encontre de la narrative du Kremlin. Par exemple, le discours sur la « réunification » de la Crimée, qui nie l'annexion de la péninsule par la Russie, est un autre exemple de la manière dont la vérité est réécrite pour maintenir une illusion de légitimité et d’ordre. Peu importe que la communauté internationale reconnaisse cet acte comme une violation du droit international ; pour les autorités russes, cette version alternative devient la seule "vérité".

Le phénomène des « fausses vérités » n’est pas exclusif à la Russie. Dans l’ère numérique, chaque société est confrontée à ses propres défis en matière de désinformation. Toutefois, ce qui distingue la Russie, c’est l’ampleur systématique avec laquelle ces narratives sont intégrées dans le tissu même de la gouvernance. La distinction entre ceux qui fabriquent la réalité et ceux qui la croient devient floue, voire inexistante. Une question qui se pose alors est de savoir si ceux qui propagent ces mensonges sont conscients de leur fausseté, ou si, au contraire, ils sont eux-mêmes victimes d'une manipulation à grande échelle.

Dans un monde de plus en plus globalisé, où les frontières entre l’information et la désinformation sont souvent floues, il est essentiel de comprendre que la manipulation de la vérité, bien qu'ancienne, n’a jamais été aussi sophistiquée. Chaque acte de propagande, chaque fake news a un but : celui de renforcer le pouvoir et de contrôler les récits. Pour le régime de Poutine, cela signifie façonner une réalité qui garantit non seulement la stabilité du pouvoir mais aussi la survie du système politique lui-même. Il ne s'agit pas simplement de mentir ou de manipuler l’opinion publique à des fins tactiques, mais de créer un monde où la vérité n'a plus d'importance, un monde où l’objectif ultime est d’être cru, peu importe le prix.

Pour comprendre pleinement l'impact de ces stratégies, il est indispensable de réaliser que la manipulation de la vérité est un phénomène qui touche non seulement les gouvernements et les médias, mais aussi chaque citoyen, chaque consommateur d’informations. Dans cette ère de "post-vérité", il est crucial de développer des outils de pensée critique pour naviguer à travers ce flot d’informations souvent contradictoires. Les faits, la vérité et la réalité sont devenus des constructions manipulables, et ceux qui détiennent le pouvoir de les façonner, comme le gouvernement russe, ont tout à gagner à diffuser cette incertitude.

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Comment la manipulation de l'information façonne la politique russe et l'opposition contemporaine

La manipulation de l'information, qu'elle passe par la télévision ou les réseaux sociaux, est avant tout un produit intérieur de la politique russe, dont l'exportation est secondaire. Son but principal est de façonner une réalité qui séduise l'électorat, garantissant ainsi le maintien au pouvoir du Kremlin. Depuis vingt ans, sous la présidence de Vladimir Poutine, l’opinion publique russe a été modelée pour adopter une version alternative des faits concernant l’histoire soviétique et post-soviétique, version qui est désormais un enjeu diplomatique. Un exemple marquant de cette réécriture historique fut la création de la Commission chargée de lutter contre les « distorsions » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Cette commission avait pour but d’imposer une vision russe de l’histoire sur la scène internationale, justifiant ainsi les revendications de Moscou concernant son contrôle sur les anciens territoires soviétiques et certaines parties de l'Europe de l’Est. La majorité des Russes, qu'ils soient électeurs ou responsables politiques, continue de croire à cette version des faits, considérée comme essentielle pour affirmer la « grandeur » de leur pays. La parade annuelle de la Victoire, qui, malgré la pandémie de Covid-19, n’a pas été annulée, est devenue un des événements politiques majeurs de l’année en Russie, un symbole de cette affirmation de pouvoir, où la présence des leaders étrangers devient un indicateur de leur alignement avec la vision du Kremlin.

Cependant, cette interprétation du passé et du présent a conduit à une paralysie diplomatique entre la Russie et la majorité des diplomaties occidentales. Il est désormais quasi impossible d'engager une négociation ou de conclure un accord si les fondements de l’histoire sont en désaccord. La position de la Russie dans les relations internationales est devenue plus figée, et le rôle du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, semble davantage celui d'un porte-parole, exprimant l'indignation du gouvernement plutôt que celui d'un diplomate cherchant à négocier.

Dans ce contexte, la vérité devient un champ de bataille. Alors que le régime contrôle la narration officielle, les leaders de l’opposition, à l’instar d’Alexeï Navalny, mènent une lutte incessante pour démystifier les versions falsifiées de la réalité imposées par le Kremlin. Navalny est l’exemple le plus emblématique de cette confrontation entre vérité et propagande : son travail se concentre sur la démystification des mythes propagés par le pouvoir et la diffusion d’informations sur la corruption et les comportements illicites de l'élite au pouvoir. Ancien activiste du parti parlementaire Iabloko, Navalny a évolué pour devenir une figure incontournable de l’opposition médiatique, animant une émission sur YouTube et diffusant des informations souvent ignorées ou censurées par les médias traditionnels. Ses projets « hors ligne », tels que la Fondation Anti-Corruption et le parti Russie du Futur, doivent leur existence à ce réseau de communication alternatif.

Le contrôle de l'information, qui a permis à Poutine de maintenir son pouvoir pendant plus de deux décennies, est un héritage direct de l’Union soviétique. Toutefois, deux différences majeures distinguent la situation actuelle de l’époque soviétique. La première réside dans le fait que la Russie est aujourd’hui formellement une démocratie, avec des élections régulières. Bien que ces élections soient souvent manipulées ou interdites à l'opposition, elles restent une source clé de pouvoir pour Poutine, dont la popularité initiale, obtenue dans un contexte de propagande et de censure, reste essentielle. Mais dans un système qualifié de « démocratie gérée » ou de « démocratie illibérale », il est plus important de convaincre les électeurs, même par la tromperie, que de recourir simplement à la menace. Poutine a ainsi pris le contrôle des médias bien avant de s’approprier les ressources pétrolières du pays, car son pouvoir ne pourrait exister sans un monopole sur l'information, qu'elle soit véridique ou manipulée.

La deuxième différence, commune à la Russie et aux pays occidentaux, est l'émergence d’un phénomène étrange : alors même que l’information est abondamment disponible, notamment sur internet, de nombreux citoyens refusent de s’en saisir. Cette tendance, bien visible en Russie, est également présente en Occident : les faits sont accessibles, mais les gens préfèrent souvent les mensonges confortables aux vérités dérangeantes. Si la perestroïka fut un moment de révélation politique pour de nombreux citoyens russes et occidentaux, ce processus ne fonctionne plus aujourd’hui de manière aussi claire et linéaire. La vérité, bien que théoriquement accessible, est souvent ignorée au profit de narrations qui rassurent. Une partie du public russe, notamment parmi les jeunes générations et les classes sociales les plus éduquées, exprime un désir croissant d’une transition vers un modèle démocratique occidental, où la liberté de la presse et l’État de droit seraient respectés. Ces désirs sont particulièrement visibles dans les protestations de la jeunesse et des intellectuels, qui rejettent le conservatisme croissant de la société russe et s’opposent à l’imposition d’une vision du monde paternaliste. Toutefois, même parmi ceux qui aspirent à un changement, beaucoup continuent de se maintenir dans les mythes créés par le Kremlin, notamment celui de la malveillance occidentale.

Dans cette réalité russe où la vérité est constamment manipulée, le pouvoir est moins une question de coercition brute que de maîtrise de la narration. Les gens, fatigués de la propagande, commencent à remettre en question la version officielle, mais restent souvent attachés aux récits qui leur ont été imposés. La guerre de l'information, qui oppose le régime au peuple et à l'opposition, devient ainsi un enjeu central, car ceux qui contrôlent la vérité détiennent le pouvoir. C’est cette vérité manipulée qui continue de façonner les perceptions et les choix politiques, tout en perpétuant l’illusion d’un contrôle absolu sur la réalité.

La montée de la politique post-vérité : La manipulation de l’information et ses conséquences sur la démocratie

Dans le contexte actuel, de plus en plus de citoyens sont enclins à accepter des arguments qui résonnent avec leurs émotions et croyances personnelles, plutôt qu'avec des faits objectifs. Cela modifie profondément les comportements politiques, en particulier lors des élections ou des référendums. Ces décisions semblent être davantage dictées par des impulsions émotionnelles ou idéologiques et par des impressions superficielles que par un raisonnement rationnel basé sur des évaluations politiques ou des considérations économiques. L'affaiblissement de la pertinence du raisonnement rationnel ouvre la voie à une prolifération d'informations trompeuses. La vérité elle-même devient alors floue, et une distinction nette entre vérité et mensonge disparaît. Dans ce cadre, un mensonge n’est pas nécessairement l’opposé de la vérité, mais plutôt une déviation de celle-ci, une version altérée qui brouille les frontières entre ce qui est vrai et ce qui est faux. Comme le souligne Bufacchi (2020), "Tandis qu’un mensonge subvertit une vérité spécifique, la post-vérité cherche à subvertir la vérité elle-même", et l’ajout du préfixe "post-" suggère que l’idée de vérité est désormais devenue obsolète, et peut donc être abandonnée.

Dans le monde politique contemporain, la montée en puissance de la politique post-vérité a été favorisée par la facilité de création et de diffusion des fausses informations. En plus des progrès technologiques, des changements systémiques ont également contribué à l’essor de cette dynamique. La disparition des idéologies cohérentes et globales, notamment après la fin de la guerre froide, a ouvert une période de grande fluidité, favorisant l’émergence de nouveaux acteurs, formels ou informels, qui jouent un rôle crucial dans le façonnement de la politique contemporaine. Le monde politique est devenu de plus en plus chaotique, avec des mouvements migratoires massifs, la montée de groupes virtuels, et l’apparition de nouveaux réseaux transnationaux. Ce phénomène a contribué à la création d'une forme de citoyenneté déterritorialisée, tandis que les États ont perdu de leur pouvoir face aux nouvelles réalités mondiales, où les guerres hybrides et l’ingérence étrangère deviennent des enjeux majeurs.

Le tournant majeur s’est produit avec la crise économique de 2008, qui a accéléré la réaffirmation du rôle de l’État dans l’économie. Les États ont joué un rôle de plus en plus actif pour compenser les effets de la crise, renforçant ainsi leur pouvoir. Toutefois, ce processus a également conduit à la montée de politiques divisives : discours populistes, déligitimation des experts, haine politique, personnalisation de la politique et un climat de sécurisation omniprésent. Ces tendances, qui sont désormais courantes dans les régimes démocratiques comme autoritaires, ont facilité l’utilisation des fausses informations comme une arme politique. L’accès facile à des données et à des informations peut certes dynamiser la sphère publique et encourager la participation citoyenne, mais il peut aussi être détourné pour intoxiquer le débat politique et social.

La prolifération des fake news dans les périodes de crise montre l'ampleur du défi. Les crises génèrent des vides d’information tout en augmentant la demande d’informations fiables, ce qui stimule la création et la diffusion de fausses informations. La pandémie de Covid-19 en a été une illustration frappante. Le terme "infodémie", utilisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fait référence à cette surabondance d’informations circulant en ligne, parfois contradictoires, ce qui rend difficile pour le public de discerner ce qui est fiable. En période de crise, les informations erronées, bien qu'elles soient généralement rapides et faciles à produire, sont consommées massivement, ce qui répond à une demande de savoir immédiat mais souvent erroné.

La pandémie a aussi mis en lumière les tensions entre science et politique. Bien que l'information scientifique soit cruciale pour prendre des décisions politiques légitimes, en particulier lors de situations d'urgence, elle peut être manipulée à des fins politiques. La gestion de la crise sanitaire par différents gouvernements, bien que fondée sur des données scientifiques similaires, a montré de grandes divergences dans les mesures adoptées, souvent en fonction des orientations politiques. Cette manipulation de l’information scientifique menace directement la démocratie, car elle altère la confiance du public dans les institutions et dans les décisions politiques.

L'utilisation croissante de la manipulation de l’information par des acteurs externes, particulièrement lors d’élections ou de référendums dans des pays tiers, met également en péril la souveraineté des États. Lorsque de hauts responsables politiques, comme Donald Trump ou Jair Bolsonaro, propagent des informations fausses ou manipulées, ils brouillent les frontières entre le vrai et le faux, créant ainsi des tensions internationales qui peuvent avoir des conséquences graves pour la stabilité mondiale.

Un autre aspect préoccupant de la diffusion de fake news est l’utilisation des plateformes de messagerie sécurisées telles que WhatsApp, Telegram et Signal. Ces plateformes, en raison de leur caractère privé et non contrôlé, facilitent la diffusion massive de fausses informations, échappant à toute forme de surveillance. Cette absence de régulation est un terrain fertile pour la manipulation, car elle permet à des groupes criminels ou politiques d’exploiter les utilisateurs pour diffuser des informations biaisées ou erronées à grande échelle.

Les implications de cette évolution sont multiples et préoccupantes. L’illusion de l’information omniprésente, couplée à l’incapacité croissante de distinguer le vrai du faux, peut conduire à une désaffection générale pour la politique. Si les citoyens sont constamment exposés à des informations biaisées ou manipulées, leur capacité à prendre des décisions éclairées s’amenuise, rendant ainsi leur participation politique de plus en plus superficielle et fragmentée. De plus, la diffusion de fake news a un potentiel déstabilisateur, non seulement au niveau national mais aussi international, avec des risques de conflits croissants entre États et de délitement de la confiance dans les institutions politiques et scientifiques.