Un graphe est une représentation abstraite d'un ensemble de nœuds, appelés sommets (ou vertices), reliés entre eux par des arêtes (ou edges). Formellement, un graphe est défini par G = {V, E}, où V est un ensemble fini de sommets et E un ensemble d'arêtes reliant ces sommets. Ces structures modélisent efficacement des réseaux complexes tels que les réseaux sociaux, les systèmes de transport, ou les réseaux informatiques, en permettant de représenter à la fois des relations symétriques (graphes non orientés) et asymétriques (graphes orientés).

Chaque sommet représente une entité distincte, et chaque arête représente une connexion entre deux sommets. On parle de nœuds adjacents lorsque deux sommets sont reliés directement par une arête. Une distinction fondamentale existe entre les graphes orientés, où les arêtes ont une direction définie (similaire à une route à sens unique), et les graphes non orientés, où la relation entre les sommets est bidirectionnelle (comme une route à double sens). Cette dualité influence grandement la nature des algorithmes appliqués aux graphes.

Pour stocker un graphe en mémoire, deux principales représentations sont utilisées : la matrice d'adjacence et la liste d'adjacence. La matrice d'adjacence est une matrice carrée de taille n x n, où n est le nombre de sommets. Chaque cellule indique la présence ou l'absence d'une arête entre deux sommets. Cette représentation, bien que simple à manipuler, nécessite un espace mémoire proportionnel au carré du nombre de sommets, ce qui devient prohibitif pour les graphes clairsemés. En revanche, la liste d'adjacence associe à chaque sommet une liste des sommets adjacents, ce qui est plus économe en mémoire, surtout pour les graphes peu denses. Cependant, la recherche d'une arête spécifique peut être moins performante.

Les graphes sont omniprésents dans divers domaines. En informatique, ils modélisent les réseaux locaux ou étendus, les interactions sur les réseaux sociaux où chaque utilisateur est un sommet et chaque relation une arête. Dans les transports, ils représentent les itinéraires routiers ou aériens, permettant de calculer les trajets les plus courts. Sur Internet, les pages web sont reliées entre elles par des hyperliens, formant un immense graphe hypertextuel. En chimie, les structures moléculaires sont aussi modélisées par des graphes où les atomes sont des sommets et les liaisons chimiques des arêtes.

Parmi les algorithmes fondamentaux de parcours, on distingue deux méthodes majeures : la recherche en profondeur (Depth First Search, DFS) et la recherche en largeur (Breadth First Search, BFS). La recherche en profondeur explore un chemin jusqu'à son terme avant de revenir en arrière, utilisant une pile pour mémoriser les sommets à visiter. C’est un algorithme récursif qui plonge dans chaque branche du graphe avant d’examiner la suivante. À l'inverse, la recherche en largeur visite tous les sommets à une distance donnée du point de départ avant de passer aux sommets plus éloignés, utilisant une file d'attente. Ces parcours permettent notamment de détecter des cycles, de trouver un chemin entre deux sommets, ou de déterminer la distance minimale dans un graphe non pondéré.

La maîtrise de ces concepts est essentielle pour comprendre les propriétés structurelles des graphes, leur représentation efficace en mémoire et l’implémentation d’algorithmes permettant de résoudre des problèmes complexes. La compréhension fine des avantages et des limites des représentations (matrice vs liste) est cruciale pour choisir la structure adaptée selon la densité du graphe et la nature des requêtes. De plus, la distinction entre graphes orientés et non orientés oriente le choix des algorithmes et influence directement la complexité des traitements.

Il est également important de saisir que la traversal d’un graphe ne doit pas simplement parcourir les nœuds, mais le faire en évitant les cycles, ce qui impose une gestion rigoureuse des sommets déjà visités. Cela permet d’éviter les boucles infinies et d’assurer que chaque sommet est traité une unique fois, garantissant l’efficacité et la correction des algorithmes.

Comment résoudre les relations de récurrence dans les algorithmes itératifs et récursifs ?

Les algorithmes, dans leur essence, peuvent être classés en deux catégories fondamentales : itératifs et récursifs. La compréhension fine de ces deux types est essentielle pour analyser leur complexité temporelle, souvent exprimée sous la forme d’une fonction f(n) qui représente le temps approximatif nécessaire pour traiter une entrée de taille n.

L’algorithme itératif repose sur la répétition d’un bloc d’instructions jusqu’à ce qu’une condition d’arrêt soit rencontrée. Cette répétition se manifeste par des structures comme les boucles for, while ou do-while. L’analyse de la complexité temporelle d’un algorithme itératif consiste alors à évaluer combien de fois la boucle s’exécute. Par exemple, une simple boucle for s’exécutant n fois conduit à une complexité linéaire O(n). En revanche, l’imbrication de deux boucles for entraîne une complexité quadratique O(n²), car la boucle interne s’exécute n fois pour chacune des n itérations de la boucle externe.

L’algorithme récursif, quant à lui, adopte une démarche décomposant un problème complexe en sous-problèmes plus petits, généralement de taille réduite. Chaque appel récursif invoque la fonction sur une version plus simple du problème jusqu’à atteindre une condition de base, où la résolution devient immédiate. L’analyse de la complexité récursive nécessite la formulation d’une équation de récurrence T(n), exprimant le temps total en fonction du temps nécessaire pour résoudre les sous-problèmes et pour combiner leurs solutions.

Pour illustrer, un algorithme récursif qui appelle deux fois la fonction sur des sous-problèmes de taille n/2 se traduit par la relation :
T(n) = c + 2T(n/2), où c est un coût constant de traitement en dehors des appels récursifs. Cette équation reflète un processus où le problème se divise en deux sous-problèmes égaux, chacun résolu indépendamment.

Plusieurs méthodes permettent de résoudre ces relations de récurrence. La méthode de substitution consiste à deviner la forme de la solution, généralement basée sur l’intuition ou l’expérience, puis à confirmer cette hypothèse par induction mathématique. Par exemple, la relation T(n) = 2T(n/2) + n se résout en montrant que T(n) = O(n log n), ce qui signifie que le temps de calcul croît proportionnellement à n multiplié par le logarithme de n.

La méthode de l’arbre de récursion permet une visualisation graphique du processus de division du problème. Chaque niveau de l’arbre représente une étape de division, et le coût total s’obtient en sommant les coûts de tous les niveaux. Pour la relation T(n) = 3T(n/3) + cn, chaque niveau coûte proportionnellement à cn, et le nombre de niveaux est log₃ n, ce qui donne également une complexité en O(n log n).

Enfin, le théorème maître offre une approche systématique pour résoudre les relations de la forme T(n) = aT(n/b) + f(n), où a est le nombre de sous-problèmes, b le facteur de réduction de taille, et f(n) le coût de la division et de la combinaison. Ce théorème permet de classer la complexité selon la comparaison entre f(n) et n^{log_b a}.

Au-delà de la simple résolution des relations, il est crucial de comprendre que toute fonction récursive peut être transformée en une fonction itérative équivalente, et vice versa. Ce dualisme souligne l’importance de choisir la forme algorithmique la plus adaptée au problème, à la mémoire disponible, et aux contraintes temporelles.

De plus, l’analyse précise des coûts d’itération et de récursion éclaire le choix des algorithmes pour le tri, la recherche et le calcul matriciel. Par exemple, les algorithmes de tri tels que le tri fusion (merge sort) ou le tri rapide (quick sort) s’appuient sur des approches récursives, tandis que certaines recherches, comme la recherche binaire, peuvent être implémentées de manière itérative ou récursive avec une complexité logarithmique.

Il est également fondamental pour le lecteur de saisir que la complexité théorique n’est qu’une approximation indicative du comportement d’un algorithme. Les constantes cachées dans la notation O, les caractéristiques spécifiques des données d’entrée, ainsi que les optimisations matérielles et logicielles, influencent largement les performances réelles.

Ainsi, la maîtrise des relations de récurrence et des méthodes d’analyse constitue une clé essentielle pour concevoir des algorithmes efficaces, adaptés aux défis contemporains du traitement des données. La compréhension approfondie de ces concepts permet non seulement d’évaluer la performance théorique, mais aussi d’anticiper les comportements pratiques dans des contextes variés.