Le phénomène du givrage des moteurs à réaction est complexe et difficile à simuler en raison de la nature dynamique des cristaux de glace qui interagissent avec des composants internes en fonctionnement. Lorsque les cristaux de glace pénètrent dans un moteur à réaction, ils sont exposés à des conditions de température et de pression variables qui peuvent entraîner leur fusion ou leur accumulation en une couche de glace sur les parois internes. Cela peut altérer les performances du moteur et entraîner des risques opérationnels.

Le processus de fusion des cristaux de glace dans un moteur à réaction, comme le GE90, est étudié en tenant compte de la taille des cristaux et de l'altitude de vol, deux facteurs cruciaux qui influencent leur comportement. Les cristaux de glace sont d'abord aspirés dans le moteur par l'entrée d'air, et leur interaction avec les différentes parties du moteur, telles que le ventilateur et le compresseur, provoque leur fusion partielle ou totale. En effet, à mesure que l'air est comprimé adiabatiquement, sa température augmente, ce qui peut faire fondre les cristaux de glace avant qu'ils n'atteignent les composants sensibles du moteur.

Le moteur GE90 a été choisi comme modèle pour cette étude en raison de son rapport de dérivation élevé, typique des moteurs modernes. L'importance de l'altitude de vol est également évidente, car elle influence la température statique à l'intérieur du moteur. À une altitude de 5000 m, la température statique à l'entrée du moteur reste bien inférieure au point de congélation, mais au fur et à mesure que l'air progresse dans les étages du compresseur, la température dépasse progressivement le point de congélation, favorisant ainsi la fusion des cristaux de glace. Cette variation de température est d'autant plus marquée à des altitudes plus élevées, où la température de l'air est plus basse à l'entrée, mais s'élève rapidement dans les composants internes du moteur.

Pour estimer le taux de fusion des cristaux de glace, plusieurs hypothèses ont été formulées. On considère notamment que les cristaux sont sphériques, qu'ils ne se brisent pas et qu'il n'y a pas de collision entre les cristaux. Ce modèle simplifié permet de se concentrer sur le transfert de chaleur entre les cristaux et l'air ambiant, ainsi que sur la dynamique de la phase de fusion des cristaux. Le processus est modélisé en tenant compte des propriétés thermiques de l'eau et de la glace, et de l'évaporation qui se produit à la surface de la couche d'eau formée autour du cristal.

Le modèle de simulation repose sur des équations de transfert thermique et de diffusion, notamment pour estimer l'évolution de la taille d'un cristal de glace lorsqu'il est exposé à un flux d'air chaud. Les équations utilisées permettent de calculer la température des cristaux, la vitesse de diffusion de la vapeur d'eau et les échanges thermiques entre l'air, la glace et l'eau liquide. Le processus est complexe, mais il peut fournir des informations essentielles pour mieux comprendre le comportement des cristaux de glace à l'intérieur du moteur et, en fin de compte, pour optimiser la conception des systèmes de protection contre le givrage.

Lors de la simulation de ces phénomènes, il est nécessaire de prendre en compte la taille des cristaux de glace, qui peut varier de 50 à 200 µm dans les nuages convectifs. Cependant, des études récentes montrent que des cristaux de plus grande taille, jusqu'à 800 µm, peuvent également se former, ce qui peut avoir un impact significatif sur les performances du moteur. L'une des approches proposées pour simuler ce phénomène est de limiter le calcul à un seul étage ou une seule pale de compresseur, ce qui permet de réduire la complexité de la simulation tout en obtenant des résultats pertinents.

Il est également important de souligner que l'étude du givrage dans les moteurs à réaction ne se limite pas à la simulation des conditions de vol. Les tests en vol et les mesures expérimentales sont également nécessaires pour valider ces simulations et améliorer la compréhension des interactions entre les cristaux de glace et les composants du moteur. Ces tests peuvent être réalisés en simulant les conditions de givrage dans des chambres d'essai spécialement conçues pour reproduire les conditions atmosphériques à haute altitude.

Le phénomène de givrage est particulièrement préoccupant pour les moteurs à fort rapport de dérivation, car l'air compressé à l'intérieur de ces moteurs est plus susceptible de favoriser la fusion des cristaux de glace. Cela peut entraîner une accumulation de glace, un phénomène qui est encore mal compris à cause de la difficulté à mesurer directement l'impact des cristaux de glace pendant le fonctionnement du moteur. Pour cette raison, des outils de simulation avancés et des études expérimentales sont essentiels pour mieux comprendre ce phénomène et mettre en place des solutions efficaces pour réduire les risques associés au givrage.

Les simulations numériques du givrage dans les moteurs à réaction permettent non seulement de prédire le comportement des cristaux de glace, mais aussi d'optimiser les conceptions de moteurs pour réduire leur vulnérabilité au givrage. Ces simulations prennent en compte les propriétés thermiques des matériaux, les conditions de vol et l'interaction des cristaux de glace avec les composants internes, offrant ainsi un outil précieux pour la conception des moteurs et des systèmes de déglacage.

Le givrage des moteurs à réaction reste un défi important dans l'aviation moderne, mais grâce aux progrès technologiques et à l'amélioration des simulations numériques, il est désormais possible de mieux comprendre et de gérer ce phénomène. Ces avancées permettent de garantir la sécurité des vols et d'optimiser les performances des moteurs dans des conditions de givrage.

Comment la déformation des gouttes d'eau sous l'effet de l'écoulement d'air influe sur leur dynamique : une étude approfondie

Lorsqu'on compare les cas à faible nombre de Reynolds à ceux où ce nombre est plus élevé, il apparaît que la longueur du doigt de liquide éclaboussé augmente, tandis que son épaisseur diminue. À un instant t = 1,5, une petite gouttelette de liquide attachée au bord du doigt de liquide est observable. La position de la base du jet xjx_j étudiée par Coppola et al. (2011) est représentée graphiquement dans la figure 5. Ce point est calculé en prenant la moyenne des positions xx des deux points de col des bords éclaboussés. La localisation normalisée de la base du jet, (xjx0)/D(x_j - x_0)/D, est tracée dans la figure 6 en fonction du temps normalisé Ut/DUt/D, où x0x_0 est la position initiale du centre de la goutte. Selon les études théoriques de Josserand et Zaleski (2003), la position normalisée de la base du jet xjx_j devrait évoluer proportionnellement à la racine carrée du temps normalisé. Les comparaisons montrent que les résultats numériques actuels sont en meilleur accord avec la loi de puissance et les résultats numériques de Nangia et al. (2019).

Concernant l’effondrement d'une colonne d'eau sous l'effet de la gravité, ce phénomène complexe de simulation fait face à des défis en raison du flux de surface libre et des grandes distorsions rencontrées, particulièrement avec un ratio de densité élevé. Dans l’étude, un domaine rectangulaire de taille [0,7a]×[0,2a][0, 7a] \times [0, 2a] est utilisé, où aa représente la longueur initiale de la colonne d'eau carrée, a=1a = 1. La taille de la grille est de 350×100350 \times 100 et le pas de temps est Δt=Δx/100\Delta t = \Delta x / 100. Le ratio de densité est de 815 et le ratio de viscosité de 55, avec une viscosité de l'eau μg=1,78×105\mu_g = 1,78 \times 10^{ -5} et une tension superficielle de l'eau σ=0,0728\sigma = 0,0728. Le champ gravitationnel est fixé à 9,8 m/s², et l'eau ainsi que l'air ambiant sont initialement immobiles. Les conditions aux limites imposent l'absence de glissement pour toutes les frontières du domaine de simulation. L'évolution temporelle de la colonne d'eau qui s'effondre est observée, montrant que la colonne d'eau initialement instable s'effondre sous l'effet de la gravité. Pendant ce processus, l'interface liquide reste lisse et se développe de manière stable.

Lors de l'effondrement, la hauteur de la colonne et la position de l’avant évoluent selon un modèle similaire aux résultats expérimentaux de Martin et Moyce Penney (1952) et aux résultats numériques de Nangia et al. (2019). En particulier, après que l'effondrement soit déclenché, la position de l'avant de la colonne augmente presque de manière linéaire, tandis que la hauteur de la colonne change plus rapidement au début, avant de ralentir à mesure que le film d'eau se forme au-dessus de la surface.

Une autre dynamique complexe étudiée dans cette recherche est celle de la déformation d'une goutte d'eau dans un flux d'air entrant. L'expérience repose sur un tunnel de vent à boucle ouverte équipé d'une buse rectangulaire horizontale. Cette configuration est utilisée pour générer un flux d'air continu. La vitesse maximale atteinte à la sortie de la buse est de 45 m/s. La goutte est formée par une pompe à seringue, et sa taille initiale est de D0=2,2±0,1D_0 = 2,2 \pm 0,1 mm, avec une vitesse descendante d'environ 2,1 m/s. La déformation de la goutte sous l'effet du flux est capturée à l’aide d’une caméra haute vitesse enregistrant jusqu’à 4000 images par seconde. Dès le début de l'accélération, le côté au vent de la goutte devient plat, tandis que la goutte elle-même s'allonge dans la direction perpendiculaire au flux. En quelques millisecondes, la goutte prend une forme typique de "chapeau", avant de devenir un ellipsoïde sous l'effet continu du vent.

Les résultats numériques pour l'évolution temporelle de la configuration de la goutte sont en bon accord avec les résultats expérimentaux. Cette étude démontre non seulement l’évolution rapide de la forme de la goutte, mais aussi la manière dont les forces aérodynamiques modifient cette forme au fil du temps. L’évolution de la goutte varie en fonction de paramètres comme la vitesse du flux d’air et le diamètre initial de la goutte.

Les simulations à l’échelle microscopique de la déformation des gouttes d'eau dans un flux d’air uniforme permettent d’étudier l'influence de différents paramètres, notamment le diamètre initial de la goutte, la vitesse du flux, les nombres sans dimension, et l’effet du super-refroidissement. L’étude montre que la vitesse de l’air et le diamètre initial de la goutte influent de manière significative sur la déformation et l’accélération de la goutte, ce qui a des applications importantes dans des domaines allant de la pulvérisation de liquides à la formation de cristaux de glace.

L’un des éléments importants à comprendre est l'interaction complexe entre la dynamique de la goutte et l’écoulement de l'air. Lorsque les gouttes sont de petite taille, la déformation devient plus prononcée, ce qui a un impact direct sur leur vitesse de propagation et leur interaction avec les surfaces. L’angle d'impact, l'humidité ambiante et la température de l'air jouent également un rôle crucial dans la vitesse et la nature de la déformation. L’effet de la viscosité de l’air, bien que relativement faible par rapport à celle de la goutte d’eau, ne doit pas être négligé, car il contribue également à la résistance et à la dissipation d'énergie dans le système.

Optimisation des systèmes de protection anti-givre électro-thermiques : Modélisation numérique et algorithmes

Le givrage en vol représente un danger majeur pour la sécurité aérienne, affectant à la fois les performances aérodynamiques et la stabilité des aéronefs. L’accumulation de glace sur les ailes ou les pales des hélicoptères modifie la forme aérodynamique des surfaces et perturbe la capacité de génération de portance. Des études expérimentales ont démontré qu’un dépôt de glace aussi mince qu’une feuille de papier de verre pouvait réduire la portance de 30 % et augmenter la traînée de 40 %. Cette perte de performance engendre une augmentation de la consommation de carburant et de l’instabilité, et dans les cas extrêmes, peut mener à des défaillances moteurs graves, telles que le blocage des compresseurs ou l’injection de cristaux de glace dans les turbines. Les systèmes de protection anti-givre (IPS, pour Ice Protection Systems) sont donc essentiels pour assurer la sécurité des vols en conditions de givrage.

Les systèmes de protection contre le givrage peuvent être divisés en deux catégories principales : les systèmes de dégivrage et les systèmes anti-givrage. Le dégivrage fonctionne par intermittence, en brisant la couche de glace formée, tandis que l’anti-givrage, plus continu, vise à prévenir la formation de glace en agissant en permanence lorsque l’aéronef évolue dans des conditions propices au givrage. Ce dernier peut fonctionner selon deux modes : l’évaporation totale, où l'eau est complètement évaporée sur la zone protégée, et le mode humide, où la chaleur fournie empêche l'eau de se transformer en glace tout en maintenant une partie de l’eau liquide.

Les systèmes électro-thermiques ont gagné en popularité, particulièrement pour les hélicoptères et les sondes de mesure, du fait de leur efficacité énergétique et de leur simplicité d’intégration dans des aéronefs modernes, notamment ceux à structure composite. Contrairement aux systèmes thermo-pneumatiques, qui extraient de l'air chaud du moteur pour chauffer la surface des ailes, les systèmes électro-thermiques utilisent des résistances chauffantes intégrées dans la structure de l’aéronef, alimentées par l’énergie électrique à bord. Cette approche présente un avantage crucial : elle ne nécessite pas d’énergie supplémentaire provenant du moteur, ce qui permet de réduire la consommation de carburant et de limiter l’émission de gaz polluants. De plus, ce système est particulièrement adapté aux aéronefs hybrides ou entièrement électriques, qui s’orientent vers une utilisation exclusive de l’énergie électrique pour tous les systèmes embarqués.

Cependant, ces systèmes ne sont pas exempts de défis, principalement en termes d’optimisation de leur conception pour minimiser la consommation d’énergie et éviter la formation de glace rémanente sur les zones non protégées. La distribution de chaleur sur la zone protégée doit être soigneusement calculée pour maximiser l’efficacité d'évaporation tout en minimisant l’énergie nécessaire. Les méthodes d’optimisation de ces systèmes prennent en compte des paramètres de vol nominaux et des conditions incertaines de givrage, rendant ainsi les systèmes capables de s’adapter à différents scénarios de vol et à des conditions climatiques variées.

Dans ce contexte, un cadre d’optimisation robuste basé sur un algorithme de recherche directe adaptatif sur maillage (MADS) est proposé pour déterminer la configuration optimale du système. Cet algorithme permet de gérer efficacement la complexité des systèmes électro-thermiques tout en tenant compte des incertitudes liées aux conditions atmosphériques. En utilisant un modèle numérique de simulation de l’accrétion de glace, il est possible de prédire les performances du système de protection et d’optimiser sa conception. L’optimisation peut être effectuée en prenant en compte les conditions nominales ou en intégrant une analyse des incertitudes, ce qui rend le système plus robuste face aux variations des conditions de vol.

La mise en œuvre de ce cadre d’optimisation permet d’atteindre deux objectifs principaux : réduire la consommation d’énergie nécessaire au fonctionnement du système et minimiser la formation de glace résiduelle. Dans les applications réelles, cela se traduit par une amélioration de la sécurité des vols, une meilleure fiabilité des systèmes de protection contre le givrage et une réduction de l’impact environnemental des aéronefs en vol.

Les résultats expérimentaux d’un cas d’application ont montré que l’optimisation de la distribution de la chaleur sur la zone protégée permet d’obtenir des gains significatifs en termes d’efficacité. La solution optimale a montré une réduction de la consommation d’énergie, tout en assurant une protection efficace contre le givrage, même dans des conditions de givrage extrêmes.

En complément de l'optimisation, il est essentiel de comprendre l'impact des différentes configurations de l'IPS sur les performances aérodynamiques et la stabilité de l’aéronef. La conception d’un système de protection contre le givrage ne doit pas seulement viser une efficacité thermique, mais aussi prendre en compte l’intégration du système dans le contexte global de la conception de l’aéronef. La dissipation de chaleur, la gestion de l’énergie, ainsi que les effets sur la masse et la structure de l’aéronef sont des facteurs cruciaux à considérer pour garantir que le système reste performant tout au long de la durée de vie de l'aéronef. Enfin, l'optimisation doit intégrer des simulations robustes et prendre en compte les incertitudes pour concevoir des systèmes capables de résister à des conditions variées de givrage, et ce, en toute sécurité.

Comment Valider et Vérifier les Codes de Simulation de Givre en Vol Basés sur la CFD : Approche Méthodologique

L'essor des codes de simulation de givre en vol (CFD-Icing) a transformé la manière dont l'industrie aéronautique aborde la certification des aéronefs dans des conditions de givrage. L'évolution de ces technologies, initialement confinée aux laboratoires nationaux des grandes puissances aérospatiales, a ouvert la voie à une large variété de codes utilisés aujourd'hui dans l'industrie. Le défi, cependant, réside dans la validation, la vérification et la certification de ces outils numériques afin d'assurer leur précision et leur fiabilité, un processus fondamental pour garantir la sécurité aérienne.

La méthodologie de validation des codes CFD-Icing repose sur une série d’étapes rigoureuses pour garantir la précision des résultats obtenus à partir de simulations. En matière de certification, il ne suffit pas qu’un code soit simplement reconnu par les autorités de certification ; il doit être intégré dans un cadre systématique qui assure la traçabilité, la reproductibilité et la justesse des calculs. Ce cadre méthodologique doit s’étendre à tous les aspects de la simulation : de la sélection du code approprié à son application dans des essais en conditions réelles, en passant par sa validation à travers des comparaisons avec des données expérimentales. Ce processus est essentiel non seulement pour les tests internes mais aussi pour les procédures d'acceptation par les autorités de certification, garantissant ainsi la conformité des aéronefs aux normes de sécurité.

L'application de cette méthodologie de validation est d'autant plus cruciale compte tenu de la diversité des codes CFD-Icing utilisés aujourd'hui. Ces derniers peuvent être basés sur différentes approches numériques, qu’il s’agisse de méthodes par volumes finis, éléments finis ou de techniques de haut ordre. De même, les grilles utilisées peuvent varier, passant des grilles cartésiennes aux grilles non structurées, ou encore des approches Chimera qui combinent plusieurs types de grilles. Cette flexibilité est un atout, mais elle introduit également un défi en matière de comparaison des résultats obtenus. La mise en place de méthodologies standardisées permet de surmonter cette diversité et d’assurer une évaluation objective des codes à travers des exercices comparatifs, comme les ateliers de prédiction de givre, qui permettent aux participants d’analyser et de confronter leurs résultats sur des cas de référence.

Dans le contexte de la certification des aéronefs, la simulation de givre en vol joue un rôle indispensable. Elle accompagne chaque étape de la conception, de la modélisation de l’accumulation de glace sur les surfaces aérodynamiques à l’optimisation des systèmes de protection contre le givre. En particulier, la simulation CFD-Icing est utilisée pour la sélection des formes de glace critiques, la conception des systèmes de protection, et la réduction des essais en soufflerie. Ces simulations permettent aussi de définir les conditions de vol dans des environnements givrés et de prévenir des situations dangereuses avant qu’elles ne surviennent en vol.

Un des mythes courants dans ce domaine est l’idée qu’un code de givrage "certifié" soit nécessairement fiable et conforme aux exigences des autorités de certification. Il est essentiel de dissiper cette confusion : les autorités de certification ne valident pas un code spécifique mais un processus d’utilisation de celui-ci. Cela signifie que même si un code a été utilisé avec succès pour certifier plusieurs aéronefs, une nouvelle entreprise ou un nouveau projet devra démontrer que son utilisation respecte les standards requis et qu’il est intégré dans une procédure bien définie et contrôlée. La validation d’un code de givrage repose sur la capacité à reproduire des résultats précis, et ce processus doit être documenté et validé par des essais et des simulations concrètes. Le passage d'une technologie ancienne à une nouvelle plus performante représente un défi, en particulier lorsque des méthodologies bien établies sont déjà utilisées par les organismes de certification.

La transition vers de nouvelles technologies peut également être freinée par la crainte d’un retard dans le processus de certification. Cette situation est exacerbée par l’existence de codes de givrage anciens et largement utilisés, qui deviennent des références dans le domaine malgré leurs limitations technologiques. L’adoption de nouvelles approches peut donc sembler risquée, bien que potentiellement plus performantes. De plus, l’introduction de nouveaux outils nécessite une approche rigoureuse et une validation détaillée, notamment en ce qui concerne la reproductibilité des résultats et la conformité avec les exigences réglementaires en matière de sécurité aérienne.

Pour rendre la simulation de givre en vol encore plus précise et plus efficace, il est nécessaire de continuer à affiner les méthodes de validation et de vérification des codes CFD-Icing. L'évolution technologique doit se poursuivre, en parallèle avec l’établissement de normes claires qui permettent de garantir que les nouveaux codes peuvent être utilisés de manière fiable et sûre dans le cadre de la certification des aéronefs. L’adoption de telles technologies doit s’accompagner de protocoles rigoureux, afin que chaque simulation puisse être testée, validée et intégrée dans le processus global de certification.

Quel rôle joue le modèle morphogénétique dans la simulation des formations de glace complexes sur les ailes d'avion ?

Le modèle morphogénétique, basé sur une approche discrète, représente un outil puissant pour simuler les formations de glace sur les ailes d'avion. Ce modèle s'illustre par sa capacité unique à simuler des structures de glace complexes, comme les arêtes de glace et les canaux glacés, qui sont difficiles à prédire avec des modèles d'accrétion de glace continus classiques. En particulier, il permet de simuler les effets de l'anti-icing, l'accumulation de glace en fonction des flux de chaleur et la formation de structures de glace détaillées sur une surface aérodynamique.

L'un des scénarios typiques analysés par ce modèle se situe dans un contexte où l'on étudie l'accumulation de givre sur des surfaces chauffées. À des températures ambiantes plus basses, la formation de glace est similaire à celle observée sans application de chaleur. Cependant, au fur et à mesure que le flux de chaleur augmente, comme dans le cas d'un flux thermique de 20 kW/m2, une petite quantité de glace se forme derrière la surface chauffée. Si le flux de chaleur atteint 21 kW/m2, toutes les gouttes en impaction s'évaporent avant de se solidifier, ce qui empêche la formation de glace. Cette interaction complexe entre le chauffage, le ruissellement, l'évaporation et le gel est prévisible grâce à ce modèle.

Ce modèle est particulièrement précieux dans la conception de dispositifs anti-icing. Il peut être utilisé pour estimer les pénalités aérodynamiques résultant de l'accumulation de glace en cas de chauffage anti-givrage insuffisant, en fonction de différents scénarios réels. Ces résultats montrent l'importance de bien comprendre l'interaction entre les phénomènes thermiques et les caractéristiques de formation de glace.

Sur des ailes profilées et particulièrement sur des ailes balayées, comme celles étudiées dans les cas des "lobster tails", des structures complexes peuvent apparaître. Les "lobster tails", qui sont des structures de glace souvent observées sur ces ailes, sont le résultat d'une interaction de la forme de l'aile, des températures ambiantes et des conditions de givrage. Ces structures sont particulièrement difficiles à prédire à l'aide des modèles traditionnels. Le modèle morphogénétique, cependant, a démontré une capacité à reproduire des structures de glace 3D et à capturer ces formations irrégulières, comme les bosses ou les "queues de homard". La simulation des tailles et orientations de ces structures sur un profil NACA 0012 avec un angle de balayage de 45 degrés a permis de rapprocher les résultats expérimentaux et ceux du modèle.

Les expérimentations montrent que, à des températures autour de -12°C, la glace se forme de manière plus lisse et régulière, mais le modèle indique des espaces vides dans certaines zones de l'adhérence de la ligne de surface, un phénomène qui n'est pas toujours visible dans les résultats expérimentaux. À mesure que la température ambiante augmente, comme dans les cas de -9°C et -5°C, des structures de glace plus complexes, comme les lobes caractéristiques des "lobster tails", commencent à apparaître. Cependant, des différences sont notées entre le modèle et les résultats expérimentaux, notamment en ce qui concerne la régularité de l'espacement et la forme des structures de glace. Ces divergences, bien qu'inévitables dans certaines simulations, montrent que le modèle est néanmoins très prometteur pour la prédiction des formes de glace sur des ailes balayées.

Il est essentiel de noter que, bien que le modèle morphogénétique simule avec précision certaines caractéristiques des accumulations de glace, les résultats peuvent légèrement diverger des observations expérimentales en raison de l'absence d'une recalibration dynamique des trajectoires des gouttes de liquide en fonction de l'évolution de la couche de glace. En effet, l'effet de la croissance de la glace sur les trajectoires des gouttes de liquide n'est pas pris en compte dans certains cas, ce qui pourrait expliquer une sous-estimation de l'épaisseur de la glace par rapport aux observations réelles.

Il est donc crucial de prendre en considération plusieurs facteurs au moment de l’interprétation des résultats issus de ce modèle, notamment l’augmentation de la rugosité de la surface due à la formation de glace. La rugosité peut avoir un impact considérable sur le coefficient de transfert de chaleur convectif, augmentant ainsi les risques d’accumulation excessive de glace si les paramètres de chauffage ne sont pas optimisés. L’influence de la rugosité de la surface a été prise en compte dans certaines simulations en intégrant directement les effets dans les calculs de CFD, ce qui permet une modélisation plus précise du phénomène de givrage.

En fin de compte, la modélisation morphogénétique ouvre la voie à des prédictions plus fiables et plus détaillées concernant la formation de glace sur les ailes d’avions, en particulier pour des géométries complexes et des conditions variées. Ce modèle se révèle être un outil précieux dans la conception de systèmes anti-icing plus efficaces et dans l’évaluation des impacts aérodynamiques dus à l’accumulation de glace dans des conditions réelles.