La théorie des groupes et des nombres premiers est profondément entremêlée dans plusieurs branches des mathématiques, allant de l’arithmétique à la topologie. L’étude des groupes de Galois et des groupes fondamentaux étales, notamment dans le contexte des nœuds et des entrelacs, révèle des liens fascinants entre des objets apparemment distincts. Ce lien se matérialise par des notions comme les classes de conjugaison et la réciprocité quadratique, qui ont des implications profondes tant en théorie des nombres qu'en topologie.

Dans un premier temps, on considère des objets comme les groupes fondamentaux étales de certains schémas algébriques, qui jouent un rôle essentiel dans l’étude des nœuds. Prenons le cas de deux schémas, K:=Spec(Fp)K := \text{Spec}(F_p) et L:=Spec(Fq)L := \text{Spec}(F_q), où pp et qq sont des nombres premiers distincts. La question qui se pose alors est de comparer les images des générateurs canoniques de leurs groupes fondamentaux étales, respectivement π1(K)\pi_1(K) et π1(L)\pi_1(L), dans les groupes de Galois correspondants. Bien que ces classes de conjugaison appartiennent à des groupes différents, on peut faire une comparaison après être passé aux quotients abéliens de ces groupes.

Les quotients abéliens K^\hat{K} et L^\hat{L}, qui sont canoniquement isomorphes à Z\mathbb{Z}, permettent de comparer les images des classes de conjugaison de Frobenius. Ces images sont interprétées respectivement comme le nombre de liaison de KK dans LL et celui de LL dans KK, qui sont égaux à opposé signe. Ce résultat est souvent démontré en identifiant ces nombres de liaison avec le produit cup des classes fondamentales dans les groupes de cohomologie H1(XK)H^1(X_K) et H1(XL)H^1(X_L), et plus précisément dans la cohomologie H2(XK,L)=ZH^2(X_{K,L}) = \mathbb{Z}.

Cependant, cette comparaison n’est pas immédiatement évidente. Par exemple, dans le cas des groupes K^\hat{K} et L^\hat{L}, qui sont respectivement isomorphes à Zp\mathbb{Z}^*_{p} et Zq\mathbb{Z}^*_{q}, les éléments de ces groupes (tels que pp dans Zq\mathbb{Z}^*_{q} et qq dans Zp\mathbb{Z}^*_{p}) sont encore difficilement comparables. Cependant, un fait remarquable émerge quand on considère les sous-groupes uniques de ces groupes, qui ont un indice égal à deux, c’est-à-dire les sous-groupes formés des carrés des éléments. La question alors se pose : y a-t-il une connexion entre le fait que pp soit un carré modulo qq et que qq soit un carré modulo pp?

La réponse à cette question se trouve dans le théorème classique de la réciprocité quadratique, qui stipule que pp est un carré modulo qq si et seulement si qq est un carré modulo pp, sauf dans le cas particulier où pp et qq sont congrus à 1mod4-1 \mod 4, où la réciprocité se retourne : pp est un carré modulo qq si et seulement si qq n’est pas un carré modulo pp. Cette connexion entre les propriétés arithmétiques des nombres premiers et les structures topologiques sous-jacentes, comme les nombres de liaison, met en évidence l’unité profonde qui existe entre les diverses branches des mathématiques.

Au-delà de ces résultats spécifiques, il est également possible d’étendre cette analyse à des situations plus complexes, comme dans le cas des triples de Borroméens. Ceux-ci correspondent à un lien particulier de trois nœuds, qui, pris séparément, ne sont pas liés, mais ensemble, ils forment un entrelacs non trivial. Ce phénomène est analogue à l’entrelacement des nombres premiers dans la réciprocité quadratique, et des invariants secondaires peuvent être définis pour quantifier cette entrelacement plus subtil. Ces invariants sont directement liés à des opérations de cohomologie et des produits Massey, et permettent une compréhension plus fine des interactions entre les nœuds et les nombres premiers dans des configurations complexes.

Ainsi, la notion de "Borromean Primes" relie les propriétés arithmétiques des nombres premiers, notamment leur comportement vis-à-vis de la réciprocité quadratique, à des phénomènes topologiques profonds comme les nœuds et les entrelacs. Ces objets, à la fois arithmétiques et topologiques, ouvrent de nouvelles perspectives sur la manière dont les mathématiques peuvent interagir et se rejoindre autour de concepts fondamentaux comme la cohomologie, les groupes de Galois et les théories des liens.

Finalement, dans cette interconnexion entre topologie, arithmétique et géométrie, la notion de "Chebotarev Arrangements" apparaît comme une vision fascinante de l’entrelacement statistique des nœuds dans un espace tridimensionnel. Ce concept repose sur des structures de groupes fondamentaux et de couvertures galoisiennes, et suggère une analogie directe avec le théorème de densité de Chebotarev en théorie des nombres, où les classes de conjugaison de Frobenius sont distribuées de manière uniforme dans les groupes fondamentaux. Bien que ce modèle ne soit qu’une visualisation conceptuelle, il éclaire de manière frappante la densité et la complexité des relations entre les nœuds et les nombres premiers dans l’espace mathématique.

L’espace dans les mathématiques et la physique : Une perspective sur la continuité et la discontinuité

Le concept d’espace en mathématiques a subi des transformations radicales au fil du temps, en particulier dans le cadre des théories modernes comme celle des topos, un développement abstrait majeur de l’espace. Ce concept, qui trouve ses racines dans les travaux de Riemann et la théorie de Galois, semble être un terrain privilégié pour les explorations mathématiques récentes. L'argument de Grothendieck sur l’extension de l’espace mathématique ouvre une nouvelle voie de réflexion : l’idée selon laquelle l’espace n’est peut-être pas fondamentalement continu, mais plutôt discret à un niveau sous-jacent, plus complexe que ce que l'on peut imaginer.

L'un des points importants du débat contemporain, qu’il s’agisse de la physique quantique (QM) ou de la théorie quantique des champs (QFT), réside dans la relation entre les espaces mathématiques et l’espace physique. Schrödinger, en particulier, a cherché à relier les processus quantiques à des représentations d’espace et de temps. Cependant, son interprétation, qui envisageait la fonction d'onde comme représentant les processus quantiques dans un espace à trois dimensions, s'opposait à celle d’Heisenberg, qui définissait la structure de la QM d’une manière plus abstraite. La vision de Grothendieck peut être perçue comme une réponse à ce débat, particulièrement lorsqu'il stipule que “le continu... sert... d’approximation pour appréhender le discontinu.” Cette idée trouve une résonance particulière dans le cadre de la QFT, où la continuité de l'espace-temps mène à des problèmes non résolus qui sont plus prononcés que dans la QM.

L’une des critiques fondamentales de la QFT réside dans la difficulté de traiter de l'espace comme étant fondamentalement continu, ce qui a conduit à la réémergence périodique de l'idée selon laquelle la réalité sous-jacente à l’espace pourrait être discrète. Cette idée, bien qu’encore à l’état théorique, est devenue plus plausible avec l'évolution des approches, notamment à travers les discussions sur la gravité quantique et les théories de Planck. En effet, Grothendieck, tout en soulignant cette approximation de la continuité par le discret, soulève une question fondamentale sur la nature même de la réalité physique, suggérant que le discret pourrait être plus complexe que le continu, bien que cette idée reste sous-explorée dans son œuvre.

Riemann, dans ses réflexions sur la structure de l’espace, proposait déjà que l’architecture sous-jacente de l’espace pourrait être discrète ou continue, et que cette détermination aurait un impact sur la manière dont les relations métriques de l’espace sont formulées. Dans un espace discret, les relations métriques seraient implicites dans la définition même de l’espace, alors que dans un espace continu, elles devraient provenir d’une réalité extérieure, probablement physique. Grothendieck semble étendre cette idée, en suggérant que les représentations continues de structures discrètes pourraient simplifier, voire trop simplifier, une réalité plus complexe, dont la véritable nature échappe à notre compréhension actuelle.

Il est aussi pertinent de noter que la nature de la réalité physique, selon certaines interprétations de la mécanique quantique, pourrait bien être au-delà de ce que l’esprit humain peut conceptualiser. Le fait que certains aspects de la réalité quantique échappent à la compréhension intuitive, comme le paradoxe de la continuité et de la discontinuité, reflète une limite de notre pensée. Cela est comparable à l'observation de Lebesgue, qui, en réponse aux paradoxes de la théorie des ensembles, soulignait que l'incapacité à définir ou à imaginer certains objets mathématiques (ni finis ni infinis) n’empêchait pas leur existence dans un domaine donné.

Dans cette perspective, l’idée que la réalité sous-jacente pourrait être à la fois continue et discontinue, ou bien échappant à ces concepts, est loin d’être une spéculation sans fondement. Elle nous invite à repenser les fondements de la physique théorique, notamment en ce qui concerne la structure de l’espace et du temps. Alors que des théories comme la QFT offrent un cadre pour comprendre les forces fondamentales de la nature, elles nous poussent également à envisager que l’espace et le temps, bien qu’étudiés sous des formes continues, pourraient, au fond, être régis par des principes discrètes, bien plus complexes que ce que les équations classiques ne peuvent exprimer.

En somme, le débat entre continuité et discontinuité n’est pas qu'une question de mathématiques abstraites. Il touche directement à notre compréhension de l’univers et de sa structure intime. La complexité sous-jacente de la réalité, que nous ne pouvons ni appréhender entièrement ni définir complètement à travers nos modèles mathématiques, est un défi que la physique théorique, en particulier à travers la mécanique quantique et la QFT, doit encore résoudre. Cette réflexion sur la nature de l’espace et du temps ouvre des voies nouvelles pour explorer des concepts encore inaccessibles, mais qui pourraient bien sous-tendre le monde tel que nous le connaissons.

Les relations théaétètes des grandeurs et les propriétés de la proportion

Les développements mathématiques anciens, notamment ceux de Théétète, ont jeté les bases de ce que nous comprenons aujourd'hui comme des relations de proportion entre grandeurs. En particulier, la théorie des rapports de magnitudes, proposée par Théétète, s'appuie sur une vision très spécifique des rapports entre des lignes, et cette approche continue de revêtir une importance particulière dans le cadre de la reconstruction des notions mathématiques des siècles passés. La théorie, tout en étant fondée sur des idées anciennes, permet de formuler des relations dont la pertinence traverse les âges et de trouver des analogies intéressantes avec la théorie des nombres.

Les relations entre les grandeurs a et b, et c et d, peuvent être comparées en utilisant un concept clé : l’anthiphairesis, qui est une forme de division itérative des grandeurs par le biais de rapports successifs. Cette notion s’étend bien au-delà des simples divisions, puisque l’on peut y appliquer une structure périodique ou finie. La condition de proportion, définie comme a/b = c/d, repose alors sur l’égalité des produits croisés, ce qui donne la relation classique ad = bc. Ce principe permet de lier différentes grandeurs entre elles, selon une logique comparable à celle des fractions continues ou des suites numériques.

Dans ce cadre, la théorie théaététienne des rapports repose sur une série d'assertions fondamentales. Par exemple, la condition de proportion a/b = c/d est équivalente à l’égalité des produits croisés, c’est-à-dire ad = bc. Ce résultat, qui fait partie intégrante de la démonstration de la proportion théaététienne, renvoie directement à la structure des rapports arithmétiques entre grandeurs. La notion d’anthiphairesis joue un rôle central dans la construction de ces rapports, car elle permet de définir les relations de manière précise, soit par une succession d'itérations finies, soit par une périodicité qui donne une structure cyclique aux rapports.

La propriété de l’alternance, qui se manifeste par l’échange des moyens dans un rapport, est également au cœur de cette théorie. Elle signifie que si nous avons deux rapports a/b et c/d, et que ces rapports sont égaux, il est possible d’interchanger les termes moyens, c’est-à-dire de passer à la relation a/c = b/d. Cette propriété a été au centre des discussions des anciens mathématiciens et a posé de nombreuses difficultés, notamment dans la démonstration de la règle générale qui permet de la prouver pour des grandeurs abstraites, qu’il s’agisse de nombres, de segments de ligne, de volumes ou de temps.

Les résultats mathématiques que nous avons évoqués sont d’une grande importance pour comprendre la façon dont les anciens abordaient les proportions. À partir de la définition de ces rapports, les propriétés transversales et les analogies peuvent être étendues à d'autres domaines, qu'il s'agisse des nombres, des solides ou des temporalités. Cela reflète une conception plus générale des rapports qui, bien qu’elle soit liée aux grandeurs géométriques, s’applique à tout type de proportionnalité.

De plus, il est essentiel de comprendre que, dans le cadre de la reconstruction des théories de Théétète, les preuves de ces propositions fondamentales sont fournies sans recourir à la condition d'Eudoxe, ce qui permet d'éviter des anachronismes. L'absence de cette condition démontre la solidité et la cohérence de la reconstruction proposée, offrant ainsi une approche plus directe et plus simple des rapports de grandeurs. Cela représente une avancée majeure par rapport aux reconstructions précédentes, où l’on était obligé de faire appel à des outils plus sophistiqués et parfois anachroniques.

Enfin, les implications pratiques de ces théories ne se limitent pas à la simple vérification de relations proportionnelles. L’application des rapports théaététéens à des systèmes géométriques plus complexes, comme ceux qui font intervenir plusieurs grandeurs à la fois, ouvre la voie à une nouvelle compréhension de la structure des relations entre les éléments. Ainsi, les propriétés des rapports peuvent se généraliser et être utilisées pour aborder des problèmes géométriques et algébriques plus complexes. La possibilité de comparer les rapports en termes de périodicité ou de finitude permet de développer une approche unifiée qui résume de manière élégante et cohérente les relations entre grandeurs. Ce concept pourrait même être élargi pour intégrer de nouveaux types de grandeurs ou de rapports, ce qui rend la théorie de Théétète d’autant plus riche et pertinente dans le contexte moderne des mathématiques.

Comment la cohérence des représentations influence la conjecture de Poincaré et les structures géométriques

Depuis longtemps, je savais que pour démontrer que la variété 4D 3×I3 \times I était GSC, il suffisait de trouver une représentation qui possédait une propriété combinatoire particulière, que je désignerai sous le terme de "COHÉRENCE". Je vais essayer ici de vous donner une idée générale de ce que cela signifie. La carte ff dans la formule (4) présente des points doubles, qui doivent être interprétés à la fois comme un sous-ensemble M2M2 de XX et comme un sous-ensemble M2M2 de X×XX \times X, avec une carte évidente de la forme suivante entre les deux :

π:M2M2.\pi : M2 \to M2.

De manière générale, cela ressemble à une fibré principale Z/2Z\mathbb{Z}/2\mathbb{Z}. La COHÉRENCE implique que cette fibré est triviale, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'un espace de couverture, et cela implique encore bien plus. En effet, la COHÉRENCE est également liée à une stratégie ; elle représente en quelque sorte une version non commutative de la trivialité de cette fibré (5). Mais cette trivialité ne signifie pas nécessairement COHÉRENCE. Il y a aussi un petit détail intéressant : la trivialité de la fibré principale (5) est clairement héritée par toute portion raisonnable de la carte π\pi. Mais la COHÉRENCE, en revanche, est une propriété globale non localisable.

Une fois ces éléments exposés, je peux revenir à l’étude de PoVPo \, V, qui, en précisant ce que j’ai dit précédemment, visait à déduire de PoIVPo \, IV que 33 admettait des représentations cohérentes. Cela aurait à son tour impliqué que 3×I3 \times I soit GSC, ce qui, avec PoVIPo \, VI, aurait permis de clore ma démonstration de la conjecture de Poincaré.

En 1993, Alberto Tognoli, que vous connaissez certainement, puisqu’il a beaucoup contribué au développement des structures de Nash et à la géométrie algébrique réelle, organisa une réunion à Levico, au cœur des Alpes italiennes, consacrée à mon programme de la conjecture de Poincaré, prévue pour l’été 1994. Dave pensa que le sujet de PoVPo \, V serait idéal pour cette rencontre. Il était à Paris durant l’hiver et le printemps 1993–1994, et nous avons commencé à vérifier très attentivement PoVPo \, V. Mike Freedman était également présent de temps à autre. Tout cela se passait à l’IHES.

Mais avant de poursuivre mon histoire, je dois ouvrir une longue parenthèse. Tout le monde sait que j’ai consacré beaucoup de temps et d’énergie, une portion importante de ma vie, à la conjecture de Poincaré en trois dimensions. Certains savent aussi que je me suis intéressé à d’autres domaines de recherche. Par exemple, j’ai participé de manière importante à la préhistoire du principe hh de Gromov, à la théorie des singularités, et bien sûr, à la physique. Concernant ma carrière de physicien, si je puis l’appeler ainsi, j’ai travaillé avec certains de mes amis physiciens sur les défauts des milieux ordonnés en physique de la matière condensée. Nous avons notamment lié la dynamique de ces défauts à la supersymétrie, un type de supersymétrie ou plutôt des super-algèbres issues du produit de Whitehead pour les groupes d'homotopie, ainsi qu’à l’absence de commutativité des groupes fondamentaux, ce qui a permis d’expliquer certains phénomènes jusqu’alors paradoxaux. Nous avons également relié cette dynamique aux monopôles magnétiques de t’Hooft et Polyakov, ce qui expliquait un certain nombre de choses à l'époque.

Mais j’ai aussi travaillé sur des sujets moins orthodoxes, dont certains ne sont ni respectables ni respectés, en collaboration avec Geoff Chew de Berkeley, une personnalité fascinante. Ce travail, portant sur le "bootstrap topologique" des particules élémentaires, a été largement critiqué, mais je ne regrette en rien d’y avoir participé. Ce fut une aventure intellectuelle passionnante, et cela m’a permis d’apprendre énormément sur la physique, directement de la bouche des experts. Je compte revenir à la physique un jour, j’ai d’ailleurs des projets plus concrets à ce sujet, mais, comme vous le verrez bientôt, mes mains sont bien occupées par d’autres affaires, pour le moment et pour un avenir prévisible.

Un aspect de ma recherche qui est moins connu, c’est que, depuis le début des années 1970, j’ai aussi beaucoup investi dans le problème de Schoenflies en dimension quatre. Dans le cadre de votre percée majeure en 1958, vous aviez montré que toute boule lisse de Schoenflies en quatre dimensions était homéomorphe à la boule standard, et que l'homéomorphisme en question est en réalité un difféomorphisme, à l'exception peut-être d’un point à la frontière. Depuis les années 1960, on savait aussi, grâce à la combinaison de votre travail avec le théorème d’h-cobordisme de Smale et la théorie de Kervaire-Milnor, que dans toutes les dimensions autres que quatre, tout se passait correctement, c’est-à-dire que les boules de Schoenflies lisses sont toujours standard. Cependant, je me suis concentré sur le problème de lisser ce point à la frontière en quatre dimensions, en utilisant des techniques comme la théorie de Whitney des fonctions différentiables sur des ensembles fermés arbitraires. Mais rien ne semblait fonctionner.

Revenons à Dave et moi-même qui vérifions PoVPo \, V, avec les visites occasionnelles de Mike Freedman. Un jour, il arriva avec ce qui allait se révéler être un conseil crucial. Mike nous dit : "Pourquoi ne pas appliquer vos techniques sur la boule de Schoenflies 4D lisse aussi ?". Pour moi, ce fut comme si un voile venait de tomber de mes yeux. J’avais travaillé pendant longtemps sur la conjecture de Poincaré et sur la boule de Schoenflies, mais jamais je n’avais pensé à joindre les deux projets. En particulier, je n’avais jamais envisagé les problèmes GSC liés au problème de Schoenflies, bien que j'y sois tellement impliqué pour 3×I3 \times I. Dès lors, j’ai commencé à réfléchir simultanément sur les deux projets. Cela devint un leitmotiv pour moi.

Mais un grand malheur se produisit : nous découvrîmes un énorme fossé irréparable dans l’article PoVPo \, V, et je ne tenterai pas de décrire ici ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Néanmoins, nous avons continué à Levico, et d’autres personnes se joignirent à nous, notamment Frank Quinn. Dave et moi avons donné des conférences sur les articles PoIPo \, I à PoIVPo \, IV. Les gens étaient heureux de ces échanges, ce qui mena à l’organisation d’une deuxième réunion à Levico, pour l’été 1995, toujours sur mon projet concernant la conjecture de Poincaré.

Lors de ces journées à Levico, je pris de longues promenades autour du lac, réfléchissant à la disparition de PoVPo \, V. C’est au cours de ces marches que j’élaborai un grand projet en deux étapes pour retrouver cette cohérence perdue, le chaînon manquant à ma démonstration de la conjecture de Poincaré, que je recherchais depuis longtemps. Ce projet me prit environ douze ans pour être mené à bien et pour résoudre simultanément le problème de la connectivité géométrique simple de la boule de Schoenflies en quatre dimensions.