Le mouvement Virashaiva, originaire de la région du Karnataka, s’est propagé dans d’autres parties du Sud de l’Inde, gagnant aussi bien des hommes que des femmes qui portaient un linga, l’ishta-linga, qu’ils arboraient sur leur corps. Ce groupe ne mettait pas l’accent sur le culte des divinités dans les temples, mais insistait plutôt sur la dévotion envers Shiva. Bien que l'enseignement de certains saints de ce mouvement prônait la bienveillance universelle, l’essentiel résidait dans la vénération de Shiva. Bien que les Virashaivas aient accepté nombre de doctrines issues d'autres écoles shaivistes, leur pensée se résumait essentiellement dans les vachanas, des vers libres composés par les saints, qui incarnaient leurs idées fondamentales.
Les relations entre les différentes traditions religieuses en Inde étaient marquées par une coexistence mais aussi par des conflits et des rivalités. Ce phénomène de syncrétisme religieux se retrouve dans certains Purāṇas où Bouddha est inclus dans la liste des avatars de Vishnu. Toutefois, la présentation de Bouddha dans ces textes n'est pas particulièrement positive. Il est décrit comme une figure trompeuse, destinée à séduire les méchants durant l’âge de Kali et à préparer la venue de l’avatar Kalki. En revanche, certains Upapurāṇas plus tardifs offrent une vision plus positive de Bouddha, le décrivant comme un symbole de paix et de beauté, et soulignant son rôle dans la fin des sacrifices animaliers.
Bien que reconnu comme un avatar, Bouddha ne fut jamais vénéré dans les temples de Vishnu. En parallèle, certains textes bouddhistes relatent un épisode où Heruka, une émanation de la bodhisattva Vajrapāṇi, se venge de Shiva Maheshvara en le réduisant sous son pied, avant de le ressusciter et de le réintégrer, ainsi que son épouse Uma, dans le panthéon bouddhiste sous les noms de Bhairava et Bhairavi. Cette scène est représentée dans de nombreuses images bouddhistes, illustrant la tension et le mélange des traditions religieuses à cette époque. Les représentations de divinités tantriques bouddhistes en colère piétinant les dieux hindous et vice versa sont des témoignages visuels de cette dynamique de conflit.
Les relations entre les brahmanes vaidika et les sectes vénérant Vishnu, Shiva ou Shakti en tant que divinité suprême ont également été marquées par une forte complexité. Les saints bhakti du Sud de l'Inde, tels que les Nayanmars shaivites, ont vigoureusement critiqué la pratique religieuse brahmanique et la structure sociale associée. Les chansons des saints Shaiva Nayanmar contiennent une critique acerbe des autres communautés religieuses, en particulier des Jains, qui étaient souvent pointés du doigt pour leurs habitudes alimentaires et leurs pratiques rituelles. En réponse, les textes jains se concentraient sur leurs critiques envers les bouddhistes, considérés comme leurs plus redoutables rivaux. Cette dynamique de critique religieuse se retrouve également dans des pièces satiriques religieuses, telles que le Mattavilasa-prahasana de Mahendravarman, une farce du VIIe siècle ridiculisant les bouddhistes, les Kapalikas et les Pashupatas.
Les tensions religieuses sont également reflétées dans la littérature de la période médiévale, qui, tout en exposant des conflits, décrit également des résolutions politiques pragmatiques. Par exemple, dans la pièce Agamadambara de Jayanta Bhatta, rédigée au IXe ou Xe siècle, les différentes écoles philosophiques et religieuses du Cachemire, telles que les Mimamsakas, les Naiyayikas, les Shaivas, les Vaishnavas, les Bouddhistes et les Jains, sont réunies sous un même royaume, bien que l’exclusion des Charvakas témoigne des divisions persistantes.
Les persécutions religieuses ne sont pas un phénomène isolé dans les textes bouddhistes. Des récits de persécution de bouddhistes par des rois tels que Pushyamitra Shunga, Shashanka ou les Huns sont fréquents dans la tradition bouddhiste ancienne. Plus tard, des événements similaires sont rapportés pendant l’époque médiévale, où des rois tels que Mahendravarman Ier, initialement Jainiste, se convertissent au Shaivisme et persécutent les Jains en représailles. Ce cycle de persécution et de répression s’étend à d'autres périodes, y compris les invasions des armées Chola et Pandya, qui ont saccagé des monastères bouddhistes à Anuradhapura.
L’implication royale dans le patronage des temples a joué un rôle central dans le développement et l’embellissement des lieux de culte. Le soutien royal permettait de consolider le pouvoir politique en associant le roi à des divinités populaires, tout en contribuant à l’expansion des réseaux de pèlerinage. Des exemples notables incluent la construction du temple Brihadishvara à Thanjavur sous la direction du roi Chola, dont la grandeur devait surpasser celle des temples déjà existants, comme celui de Puri dédié à Purushottama. Les dons royaux, sous forme de terres, d’or et de vivres, jouaient un rôle fondamental dans le maintien de ces temples, renforçant ainsi l’autorité divine des souverains.
De même, le développement de l'architecture des temples en Odisha, bien que d'abord marqué par une influence shaiviste, a évolué avec l'ascension de la vénération de Purushottama. Cela a abouti à la construction de temples impériaux comme celui de Purushottama à Puri, un geste symbolique de la monarchie visant à solidifier son lien avec la divinité.
Le rôle du patronage royal est crucial pour comprendre l’interconnexion entre la politique, la religion et la culture au cours de cette période historique. Le financement et la construction des temples n'étaient pas simplement des actes de dévotion, mais aussi des affirmations de pouvoir politique et d'identité religieuse. En ce sens, l’architecture religieuse et les dynamiques interreligieuses de l'époque médiévale sont le reflet d’un paysage culturel et spirituel en constante évolution, marqué par des confrontations, des fusions et des réconciliations entre les diverses traditions religieuses de l’Inde.
Quelles sont les dynamiques de l'archéologie et de la culture dans l'Inde antique ?
L'archéologie de l'Inde antique est une fenêtre précieuse sur les civilisations passées, offrant une compréhension profonde des structures sociales, politiques et économiques de la région à travers des siècles de développement. La recherche archéologique en Inde a révélé une diversité de cultures et de pratiques, allant des premières civilisations de l'Indus jusqu'aux dynasties médiévales. Ces découvertes, souvent accompagnées de travaux épigraphiques et de fouilles systématiques, permettent d'explorer les complexités de l'histoire indienne et de comprendre les divers facteurs qui ont façonné cette société.
L'étude des pratiques agricoles et métallurgiques, par exemple, est essentielle pour saisir les bases matérielles des sociétés anciennes. Les progrès dans l'agriculture ont joué un rôle crucial dans la sédentarisation des populations et l'essor des premières villes, telles que celles de la vallée de l'Indus. L'usage du fer et d'autres métaux a permis de développer des outils et des armes, entraînant des changements dans les pratiques militaires et économiques. Les écrits anciens sur la métallurgie révèlent non seulement des connaissances techniques avancées mais aussi une dimension symbolique de la production des métaux, parfois associée à des rites et à des conceptions religieuses.
Les épigraphes, qu'elles soient gravées sur pierre ou métal, sont des témoins essentiels de la civilisation ancienne. Les inscriptions sur les monuments, telles que celles de l’empereur Ashoka, offrent des aperçus directs des idéologies politiques et des stratégies religieuses de l'époque. Ces textes non seulement documentent les actes royaux mais aussi les pratiques religieuses et les dynamiques sociales. Les inscriptions de l'époque Gupta, par exemple, montrent l’évolution de la politique impériale et la centralisation du pouvoir sous des régimes de plus en plus forts. La mise en œuvre du dharma, ou principe moral universel, par ces souverains témoigne d’une quête pour légitimer le pouvoir à travers la foi et la justice.
La société antique indienne se caractérisait par une hiérarchie complexe, alimentée par la rigidité des systèmes de varna et de jāti. L'organisation sociale se définissait autour de ces catégories, qui influençaient profondément les pratiques religieuses, la structure politique et même les relations économiques. Bien que ces systèmes aient eu des bases dans les textes védiques, ils ont évolué avec le temps, influencés par des changements sociaux, économiques et politiques. Les rapports entre les Brahmanes et les rois, par exemple, révèlent des dynamiques de pouvoir où la religion et la politique s’entrelacent de manière indissociable.
L’urbanisation, quant à elle, représente un autre aspect fondamental de l’archéologie de l’Inde antique. Les fouilles dans des sites comme Kaveripattinam ou Nagarjunakonda montrent que l’urbanisation n'était pas seulement le fruit de la croissance démographique, mais aussi une réponse à des besoins politiques et économiques complexes. Ces centres urbains servaient de carrefours commerciaux, mais aussi de lieux de pouvoir où les pratiques religieuses et l'autorité royale étaient étroitement liées. La circulation des biens, des idées et des cultes entre l'Inde et les régions voisines a également joué un rôle dans la formation de nouvelles identités culturelles, comme en témoignent les découvertes archéologiques à Phanigiri, qui illustrent les premiers échanges bouddhiques avec le Sud-est asiatique.
Les découvertes de nouveaux cultes et pratiques religieuses à travers l'archéologie témoignent de la diversité des croyances dans l'Inde ancienne. Par exemple, le culte de Nataraja, à travers l’art et la littérature, met en lumière les conceptions philosophiques de la divinité et de la danse, symbolisant l’univers et les forces cosmiques. Le rôle de la religion dans l’art, la politique et la vie quotidienne est également manifeste dans les inscriptions et les statues trouvées dans des temples et des lieux de culte.
Au-delà de la simple étude des artefacts, il est crucial de comprendre comment ces découvertes sont interprétées dans le contexte de l’histoire sociale et politique de l'Inde ancienne. Par exemple, les travaux de chercheurs comme Upinder Singh et d'autres historiens de l'Inde ancienne ont permis de reconsidérer des concepts clés tels que la formation de l'État, la violence politique et la résistance dans les sociétés anciennes. La lecture de ces dynamiques à travers les découvertes archéologiques et épigraphiques offre un aperçu des luttes pour le pouvoir, des stratégies d'intégration sociale et des formes de gouvernance à travers les siècles.
Les sources épigraphiques, en particulier celles relatives à Ashoka, témoignent de la complexité des relations entre pouvoir et religion. L'usage des inscriptions pour affirmer une idéologie politique montre à quel point le langage et l'écriture ont été utilisés pour structurer la société et légitimer des actions politiques. Le processus de légitimation du pouvoir royal par le biais de messages religieux s'étend au-delà de la simple autorité administrative, atteignant les sphères spirituelles et morales de la population. Cela permet d’envisager un modèle de gouvernement où la politique et la religion ne sont pas opposées, mais où elles se renforcent mutuellement.
Il est important de noter que l'archéologie de l'Inde antique ne se limite pas à l'étude des objets matériels et des écrits. Elle implique une analyse approfondie des réseaux sociaux et des rapports de pouvoir qui se cachent derrière ces artefacts. L’émergence des premières cités, la diffusion des idées religieuses, et les interactions entre différentes régions et cultures au cours de cette période ouvrent des perspectives nouvelles sur l’identité culturelle de l'Inde et ses relations avec le reste du monde.
Comment devenir un charmeur irrésistible
Comment la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) améliore la compréhension des semi-conducteurs et de leurs propriétés
Comment la gestion des environnements et des échecs impacte l'efficacité d'Airflow dans l'orchestration des tâches

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский