Les résultats d’enquêtes menées sur la perception des menaces révèlent un renversement surprenant de la croyance dominante : les libéraux, bien plus que les conservateurs, semblent percevoir le monde comme un endroit menaçant. Sur quarante-six menaces potentielles évaluées, les libéraux se sont révélés plus préoccupés que les conservateurs dans quarante-trois cas. Cela s'applique non seulement à des dangers abstraits, comme les catastrophes environnementales ou les accidents d’armes à feu, mais aussi à des menaces moins politisées telles que les attaques de requins ou les clowns.

Les seules menaces que les conservateurs perçoivent de manière plus aiguë sont celles qui impliquent des "ennemis extérieurs" ou des institutions perçues comme sapant les valeurs nationales : juges, présidents ou législateurs qui remettent en cause le droit aux armes à feu ou l’identité patriotique. Cela reflète un attachement intense à la défense de ce qui est considéré comme un ordre intérieur légitime. Ainsi, lors de la pandémie de COVID-19, les partisans de Trump ne se montraient pas particulièrement inquiets pour leur santé, mais étaient prompts à souligner l’origine étrangère du virus, réorientant la peur vers l’extérieur.

On pourrait croire que ces résultats sont biaisés par le contexte politique au moment des enquêtes — par exemple, sous l'administration Trump, les conservateurs auraient eu intérêt à minimiser les menaces pour soutenir le statu quo. Pourtant, des données recueillies sous l'administration Obama montrent des tendances similaires. Ce biais temporel n’explique donc pas entièrement la dynamique. Si les deux camps perçoivent des menaces en fonction de qui détient le pouvoir politique, alors ni les conservateurs ni les libéraux ne sont systématiquement plus craintifs : ils réagissent simplement à des sources différentes de menace.

Ce qui complique davantage l’analyse, c’est la distinction essentielle entre peur et anxiété. La peur est une réponse à une menace identifiable, immédiate ; l’anxiété, en revanche, est diffuse, prolongée, moins orientée vers une cible précise. Il est tout à fait plausible que les conservateurs soient moins souvent dans la peur mais plus enclins à ressentir de l’anxiété liée à l’immigration illégale, à la criminalité ou à la perte de contrôle gouvernemental. Cependant, rien ne permet d'affirmer qu'ils soient aussi anxieux que les libéraux à propos de l'inégalité économique, de la violence armée ou des désastres écologiques. La polarisation émotionnelle se joue donc moins sur l’intensité que sur l’objet de l’inquiétude.

L’émotion la plus fréquemment associée aux partisans de Trump reste pourtant la colère. Il est facile d'en retrouver les expressions dans les discours politiques, les publications sur les réseaux sociaux ou les comportements électoraux. Mais là encore, il convient de nuancer. La colère politique est transversale : elle s'exprime à droite comme à gauche, souvent en miroir des victoires ou des défaites politiques du moment. L’idée que les conservateurs seraient plus souvent en colère que les libéraux ne tient pas si l’on observe, par exemple, la virulence des mobilisations progressistes sous les présidences de George W. Bush ou Donald Trump. La colère est une ressource émotionnelle mobilisable par tout camp, selon les circonstances, et ne constitue pas un trait fixe d’un électorat.

Quant à l’amertume, concept plus diffus mais politiquement exploité, elle est parfois invoquée pour expliquer le repli identitaire de certains électeurs conservateurs. Barack Obama, en 2008, soulignait que la perte de repères économiques et sociaux poussait certaines communautés rurales à se réfugier dans des valeurs traditionnelles — armes, religion, rejet de l’autre. Bien que ces propos aient été considérés comme condescendants par certains, ils capturent un ressentiment latent, que l’élection de Donald Trump a su transformer en mobilisation électorale. Toutefois, il est difficile d’établir de manière rigoureuse que les conservateurs soient globalement plus amers. En réalité, ils obtiennent souvent des scores plus élevés que les libéraux sur des mesures de bien-être social et d’émotions positives, ce qui contredit le cliché d’un électorat fondamentalement rancunier.

En définitive, les explications émotionnelles des comportements politiques doivent être maniées avec précaution. Les affects ne sont ni univoques ni constants ; ils varient selon les contextes, les enjeux, les figures au pouvoir. Ce qui distingue les conservateurs, en particulier les soutiens fervents de Trump, n’est pas une hypersensibilité émotionnelle généralisée, mais une acuité spécifique vis-à-vis des menaces perçues comme extérieures — immigration, trahison institutionnelle, érosion des valeurs traditionnelles. Ce n’est pas tant qu’ils aient plus peur ou soient plus en colè

Quels profils composent les soutiens de Trump et quelles préoccupations dominent leur engagement ?

Les partisans fervents de Donald Trump se répartissent principalement en quatre groupes distincts, chacun défini par des préoccupations spécifiques qui orientent leur soutien. Le groupe le plus important, nommé les « sécuritariens », représente près de 60 % des soutiens. Leur priorité principale est la sécurité, incarnée par des thèmes comme l’immigration et la défense nationale, mais aussi des questions plus larges liées à la sécurité personnelle, familiale et communautaire. Ce positionnement traduit une demande intense de protection face à ce qu’ils perçoivent comme des menaces externes ou des changements culturels perturbateurs.

Outre les sécuritariens, environ 15 % des partisans de Trump se définissent comme des « guerriers sociaux ». Ces individus valorisent les enjeux sociaux et religieux, évoquant des sujets sensibles tels que les droits religieux, l’avortement, et les débats autour des mœurs et des valeurs traditionnelles. Leur mobilisation repose moins sur des inquiétudes sécuritaires que sur un attachement à des référents moraux et culturels qu’ils estiment menacés.

Un autre segment, représentant 12 % des soutiens, se concentre sur des préoccupations économiques générales, notamment la santé économique, les inégalités de revenus, et les questions liées au commerce international. Ces « économiquement concernés » ne manifestent pas une aversion spécifique pour l’État ou les politiques publiques, mais plutôt une inquiétude diffuse quant à la stabilité et à la justice économique.

Enfin, environ 11 % des soutiens correspondent au profil des « tea partiers », caractérisés par une opposition ferme à l’intervention gouvernementale, la régulation, et la fiscalité élevée. Ils aspirent à un gouvernement limité, privilégiant les principes libertariens et un marché libre non entravé. Leur intérêt économique est idéologique et ciblé, distinct des angoisses plus générales des économiquement concernés.

Ces distinctions internes montrent que la base de Trump est loin d’être homogène. Les analyses démographiques et psychologiques révèlent aussi que les sécuritariens, bien qu’attachés à la sécurité, ne correspondent pas nécessairement au stéréotype d’un groupe défavorisé ou rural. Au contraire, ils tendent à avoir un revenu supérieur à la moyenne des autres partisans, contredisant l’idée qu’ils soutiennent Trump par simple précarité économique ou manque d’éducation. Les différences en termes d’origine raciale sont en revanche peu marquées entre ces groupes, soulignant une homogénéité raciale relative dans l’électorat trumpiste.

Les nuances entre ces groupes sont essentielles pour comprendre les dynamiques politiques sous-jacentes. Chaque type de soutien reflète une constellation spécifique de valeurs, d’émotions et d’intérêts. La focalisation des sécuritariens sur la protection traduit une peur du changement et une volonté de préserver un ordre perçu comme menacé. Les guerriers sociaux incarnent une résistance culturelle à la modernisation des normes sociales. Les économiquement concernés expriment une inquiétude pragmatique face à la précarité économique, tandis que les tea partiers représentent une posture idéologique en faveur d’une limitation drastique du rôle de l’État.

Au-delà des classifications, il est crucial de saisir que ces préoccupations se recoupent parfois, mais ne se réduisent pas les unes aux autres. Cette diversité interne influe sur la manière dont la communication politique s’adresse à ces publics et comment elle exploite leurs motivations profondes. Comprendre ces subtilités est indispensable pour saisir les stratégies électorales, mais aussi les tensions au sein même du mouvement.

L’analyse des différences significatives entre ces groupes sur des variables comme le revenu, l’éducation, ou la sensibilité aux questions sociales permet d’aller au-delà des caricatures simplistes. Cela montre aussi que les motivations politiques ne peuvent se réduire à un seul facteur, mais résultent d’un entrelacs complexe d’éléments psychologiques, sociaux et économiques.

Il est important de garder à l’esprit que ces groupes ne sont pas figés ni exclusifs : les individus peuvent évoluer, leurs priorités changer, et leurs appartenances se transformer. La fluidité des identités politiques, combinée à l’interaction des facteurs personnels et contextuels, complexifie l’appréhension des dynamiques électorales. Ainsi, la lecture de ces profils invite à une réflexion approfondie sur la nature même du soutien politique contemporain et sur les mécanismes par lesquels des leaders comme Trump mobilisent des segments variés de la société.

Quelle vision du monde après Trump ? La quête de sécurité des partisans et l'isolement sécuritaire

Les enjeux, les problèmes et les défis évoluent, mais les deux lentilles à travers lesquelles ces questions sont perçues demeurent inchangées. Les fervents partisans de Donald Trump ne recherchent pas une autorité générique ni même une sécurité générique, mais une forme bien précise de sécurité : une sécurité contre les menaces extérieures. Ces menaces peuvent être à la fois physiques, venant de l'extérieur du pays, mais aussi idéologiques, provenant d'individus vivant sur le sol américain mais n'ayant pas prouvé qu'ils étaient pleinement engagés à protéger la prospérité et la sécurité du cœur historique de la nation. Cette « sécurité de l’intérieur » devient donc le fondement de leur vision du monde, une vision où les « étrangers », qu’ils soient immigrants, minorités raciales ou unitaristes, sont perçus comme les plus grandes menaces pour l’unité culturelle, la force interne et la fierté nationale.

La logique securitarienne défendue par Trump et ses partisans, loin de se réduire à une simple politique isolationniste, s'articule autour d’une vision du monde dans laquelle chaque nation, chaque culture, et chaque race sont perçues comme séparées, indépendantes, chacune devant se concentrer sur sa propre préservation. L’idéologie securitarienne se nourrit d'une peur de l’extériorité, de ce qui pourrait pénétrer l'espace sacré de la nation et le mettre en péril. Le discours de Trump à l'Assemblée générale des Nations unies le 25 septembre 2019 illustre cette conception lorsqu’il déclare que "le véritable objectif d’une nation ne peut être poursuivi que par ceux qui l’aiment ; par les citoyens qui sont enracinés dans son histoire, nourris par sa culture, engagés envers ses valeurs, attachés à son peuple". Ce genre de déclaration résonne profondément au sein de ses partisans, qui voient en elle une affirmation de leur besoin fondamental de protection contre ceux qu’ils considèrent comme des « intrus », même si ceux-ci vivent sur le même territoire.

Ces sentiments, bien que parfois excessifs, n’évoluent pas toujours en haine. Ils se traduisent par un désir plus nuancé : celui que les non-insiders restent à l’écart. Ce n’est pas tant la volonté de dominer ou d'envahir que celle de vivre séparés, chacun dans son propre espace, chacun avec sa propre identité culturelle et sociale, en compétition avec les autres nations. Cette logique, en quelque sorte, rappelle la « main invisible » d’Adam Smith, mais à l’échelle des nations, où l'idée de séparation devient un principe fondamental. Trump lui-même le formule ainsi : "Élevez vos nations, chérissez votre culture, honorez vos histoires, chérissez vos citoyens, rendez vos pays forts". Pour ses partisans, la solution est simple : "Vous faites votre chose, et nous faisons la nôtre ; séparés, nous serons plus forts".

Cette approche a des répercussions profondes sur la politique intérieure des États-Unis. Le Parti républicain, en particulier, se trouve face à un dilemme majeur. Malgré les tentatives de certains leaders, comme Marco Rubio après 2012, pour rendre le parti plus inclusif envers les Hispanophones et autres minorités, la méfiance instinctive de certains membres du parti à l'égard de ces groupes rend une telle transformation difficile. La stratégie républicaine de diversification a échoué, malgré les statistiques vantant des taux de chômage plus bas pour les minorités pendant la présidence de Trump. Les minorités raciales, de toute évidence, demeurent largement éloignées du parti républicain, en grande partie à cause de l'influence prépondérante des securitariens.

Dans l'immédiat, les partisans de Trump se trouvent dans une situation paradoxale. Leur vision de la politique est marquée par un désir de réduire l’autorité de l'État plutôt que de l'augmenter. Cette position est particulièrement visible dans les manifestations qui ont éclaté à travers les États-Unis en avril 2020, lorsque des groupes ont protesté contre les restrictions imposées par les gouverneurs pour contenir la pandémie de COVID-19. Ces manifestants, majoritairement des partisans de Trump, ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’ils percevaient comme une ingérence excessive du gouvernement dans leur vie. Ils ne recherchent pas plus de pouvoir centralisé, mais cherchent à préserver leur autonomie, leur capacité à défendre leur pays contre des menaces extérieures.

L’horizon politique après Trump semble flou. Les partisans les plus fervents de Trump, imprégnés de l’idéologie securitarienne, risquent d’être confrontés à des années de frustration dans un système politique qui semble parfois ignorer leurs priorités. L'absence de leadership clair, après le départ de Trump, rend difficile la recherche de nouvelles figures capables de canaliser cette énergie. Ce vide pourrait favoriser la montée de sentiments anti-gouvernementaux et anarchistes, plutôt que d’autoritarisme pur. Ceux qui s’opposent à Trump et à son idéologie doivent comprendre que ces partisans ne cherchent pas à imposer leur vision à l’ensemble de la société, mais à se retirer dans des enclaves toujours plus isolées, loin de ce qu'ils perçoivent comme une menace extérieure omniprésente.

Dans cette dynamique, le danger n'est pas tant l'émergence d’un gouvernement autoritaire, mais d’un système politique affaibli, incapable de répondre aux besoins d'une portion significative de la population. En d’autres termes, si les partisans de Trump ne sont pas des autoritaires, ils sont néanmoins porteurs d’une vision du monde qui rejette l'ordre et la coopération étatiques au profit d’une séparation nette des nations et des cultures. Le défi qui se pose est de comprendre que, si nous voulons aller de l’avant dans la période post-Trump, il est impératif d’accepter la diversité des visions du monde et des perceptions des "étrangers", qu’elles soient politiques, raciales ou culturelles. Plutôt que de chercher à effacer ces différences, il devient essentiel d’apprendre à coexister, malgré nos divergences.

Comment la polarisation idéologique façonne les débats politiques contemporains : Entre sécurité et appartenance

La polarisation politique, un phénomène qui occupe une place centrale dans l'analyse des sociétés modernes, repose sur des mécanismes psychologiques et sociaux complexes. Il n’est pas suffisant de considérer la polarisation comme un simple écart d’opinions ; elle touche les fondements mêmes de la manière dont les individus perçoivent leur place au sein de la société. En effet, les partis pris idéologiques, qu’ils soient libéraux ou conservateurs, sont souvent nourris par un raisonnement motivé, où les individus tendent à défendre leurs croyances, non en raison de preuves objectives, mais en fonction de leur désir de protéger leur identité sociale et de garantir leur sécurité. Cette dynamique est particulièrement manifeste dans les débats autour de la montée des mouvements populistes, tels que ceux observés lors de l’élection de Donald Trump.

Une des caractéristiques de cette polarisation réside dans la façon dont elle transforme les perceptions des menaces extérieures. Des chercheurs comme Federico et Malka (2018) ont démontré que les partisans des populistes, notamment ceux qui soutiennent Trump, manifestent un désir de certitude et de sécurité, particulièrement par rapport à des notions telles que l'"invasion" ou le "remplacement culturel". Ce phénomène ne se limite pas à un simple rejet des étrangers, mais témoigne d’un besoin plus profond : celui de définir des frontières sociales et identitaires claires. Selon cette logique, la sécurité nationale devient une priorité absolue, perçue non seulement comme une question de survie physique, mais aussi comme une manière de maintenir l'homogénéité culturelle et sociale.

Les racines de cette polarisation peuvent être retrouvées dans des traditions idéologiques plus anciennes. Le travail de Jonathan Haidt (2012b), par exemple, a permis de démontrer comment les fondements moraux, comme la pureté ou l’autorité, structuraient les visions du monde des individus. Ces principes, qui se retrouvent souvent dans les discours nationalistes, sont en opposition avec des valeurs plus centrées sur l’individualisme et la justice sociale, typiques des libéraux. Cette dichotomie peut également être mise en parallèle avec les distinctions sociétales modernes entre sociétés dites "tight" et "loose" (Gelfand, 2018), où les premières valorisent la conformité et les secondes prônent la diversité et la flexibilité.

Dans le même temps, la polarisation n'est pas seulement une question de différences idéologiques ; elle implique aussi une lutte pour la reconnaissance au sein de la nation. La montée des sentiments nationalistes est en partie alimentée par l’impression croissante de certains groupes que leur identité nationale est menacée. En effet, des recherches telles que celles de Theiss-Morse (2009) montrent que certains groupes, considérés comme "prototypiques" des États-nations (par exemple, les Américains blancs de souche), tendent à exclure ceux qu'ils perçoivent comme moins "authentiques" ou périphériques à l’identité nationale. Cette dynamique crée un climat de méfiance envers les minorités ou les immigrés, perçus non seulement comme des étrangers mais comme des "intrus".

Ce phénomène d'exclusion est également renforcé par la manière dont les médias et les leaders politiques exploitent la peur des outsiders. L'analyse de la manière dont les opinions politiques se forment montre que les individus se polarisent avant même d'entrer en contact avec les médias. Par exemple, des chercheurs comme Arceneaux et Johnson (2013) ont montré que la polarisation commence dans les foyers, avec des individus qui, avant même de s’informer sur les actualités, se forment des opinions sur la base de leur environnement social immédiat.

Un autre élément clé dans cette polarisation concerne la question de l'appartenance. Dans une société de plus en plus fragmentée, les individus cherchent à se définir par rapport à des "groupes" qu'ils considèrent comme les leurs. Cela peut être basé sur des croyances politiques, mais aussi sur des éléments plus culturels ou ethniques. L’appartenance à un groupe n’est pas seulement une question d’opinion politique, mais une composante essentielle de l’identité personnelle. Cette quête de reconnaissance, particulièrement forte chez les partisans des mouvements populistes, reflète une tendance générale à défendre une vision du monde homogène et fermée.

Dans ce contexte, la polarisation va bien au-delà des simples divergences d’opinion sur des questions politiques. Elle façonne profondément la manière dont les individus se perçoivent et interagissent avec le monde. Ce phénomène de division crée des frontières idéologiques qui sont de plus en plus difficiles à franchir, engendrant un climat où les compromis semblent de plus en plus improbables.

Il est aussi important de comprendre que cette polarisation ne touche pas uniquement les aspects économiques ou sociaux. Elle se manifeste aussi dans des domaines plus abstraits, comme la perception de la science. Par exemple, sur des sujets tels que le changement climatique, les scientifiques arrivent souvent à des conclusions claires, mais celles-ci sont rejetées par une partie de la population qui perçoit ces données comme une menace à son identité et à ses valeurs. Ce rejet des données scientifiques objective illustre une autre facette de la polarisation : la vérité devient relative et dépendante du groupe auquel on appartient.

La question de la polarisation est donc essentielle pour comprendre les dynamiques politiques contemporaines. Cependant, au-delà de l’opposition entre les partisans des différents partis, il est crucial de prendre en compte les mécanismes psychologiques sous-jacents, notamment ceux liés à l’identité et à la sécurité. Ces facteurs façonnent profondément les débats politiques et sociaux, et leur influence est aujourd’hui plus manifeste que jamais.