Les nanoparticules (NPs) représentent une avancée majeure dans le domaine de la médecine, en particulier dans le traitement du cancer. Grâce à leurs propriétés uniques, ces matériaux à l'échelle nanométrique offrent de nouvelles perspectives en matière de délivrance ciblée de médicaments et de diagnostics, permettant des traitements plus efficaces et moins invasifs. Les nanoparticules sont des matériaux ayant au moins une dimension dans la gamme de 1 à 100 nm, ce qui leur confère une surface bien plus importante par rapport à leur volume, un facteur crucial pour les applications biologiques. Cette caractéristique les rend idéales pour la livraison de médicaments, car elles peuvent être facilement modifiées pour se lier spécifiquement aux cellules malades, offrant ainsi une libération plus ciblée de principes actifs.

Cependant, malgré leurs nombreux avantages, l'utilisation de nanoparticules dans le domaine médical n'est pas sans risque. La petite taille de ces particules leur permet de pénétrer facilement dans les cellules et d'interagir avec divers composants biologiques, ce qui peut conduire à des effets indésirables si elles ne sont pas correctement contrôlées. La biocompatibilité, c'est-à-dire la capacité des nanoparticules à interagir harmonieusement avec les tissus biologiques sans provoquer de toxicité, est une des principales préoccupations pour leur utilisation clinique. Les nanoparticules peuvent en effet induire des réactions immunitaires ou des perturbations au niveau cellulaire, telles que des lésions au niveau des membranes cellulaires, des altérations de l'ADN ou des réponses inflammatoires.

Les recherches actuelles se concentrent sur l’évaluation des risques liés à l’utilisation des nanoparticules en médecine, notamment en ce qui concerne leur comportement dans l’organisme après administration. Il est essentiel de comprendre comment ces particules interagissent avec le système immunitaire et quels sont les effets à long terme de leur accumulation dans certains tissus, notamment les organes vitaux. Les chercheurs s’intéressent aussi aux différents types de nanoparticules, leur composition, leur taille, leur forme et leur surface, qui peuvent influencer leur biocompatibilité et leur toxicité.

Pour que les nanoparticules puissent être utilisées en toute sécurité dans les traitements contre le cancer, il est nécessaire de mieux comprendre les mécanismes de leur interaction avec les cellules humaines. Les travaux dans ce domaine portent sur la réduction de leur toxicité tout en maximisant leur efficacité dans la délivrance ciblée de médicaments. Par exemple, la modification de la surface des nanoparticules permet de les rendre plus compatibles avec les tissus biologiques et de réduire les effets secondaires, en particulier les réactions immunitaires indésirables.

L'une des pistes de recherche les plus prometteuses réside dans l'utilisation de nanoparticules fonctionnalisées, qui sont modifiées pour se lier à des cibles spécifiques sur les cellules cancéreuses. Cela permet non seulement d'améliorer la précision du traitement, mais aussi de réduire les dommages aux cellules saines. Par ailleurs, les nanoparticules sont aussi utilisées pour améliorer la solubilité et la biodisponibilité des médicaments, en particulier ceux qui sont mal absorbés par l’organisme. Cela permet d'augmenter l'efficacité du traitement, tout en réduisant la nécessité de doses élevées.

Les recherches sur la biocompatibilité des nanoparticules ne se limitent pas seulement à la médecine. Elles s’étendent également aux autres domaines d’application des nanomatériaux, tels que l'électronique et les matériaux. Par exemple, dans le domaine des nanocarriers pour la délivrance orale de médicaments, l’optimisation de la structure et de la composition des nanoparticules permet d'améliorer leur absorption et leur biodisponibilité, tout en garantissant leur sécurité.

Les approches actuelles visent à identifier et à contrôler les effets secondaires potentiels des nanoparticules tout en maximisant leurs bénéfices thérapeutiques. Toutefois, la mise en place de traitements cliniques sûrs à base de nanoparticules nécessite encore de nombreuses études précliniques et cliniques. Les chercheurs doivent travailler à développer des méthodes standardisées d'évaluation de la toxicité, notamment à travers des tests in vivo et in vitro, afin de mieux comprendre les effets à court et long terme sur les patients.

Ainsi, bien que les nanoparticules offrent des perspectives fascinantes pour le traitement du cancer et d'autres maladies, leur sécurité reste un sujet de préoccupation majeur. Pour une utilisation clinique réussie, il est indispensable d'élargir nos connaissances sur leur comportement biologique, leurs interactions avec les cellules et leurs effets toxiques potentiels. Cela permettra de garantir que ces technologies novatrices soient utilisées de manière optimale et sans danger pour les patients.

Les avancées récentes dans l'immunothérapie contre le cancer : stratégies et approches innovantes

Le système immunitaire adaptatif joue un rôle crucial dans la détection des antigènes associés aux tumeurs (TAAs) ou spécifiques des tumeurs (TSAs), formant ainsi la base des thérapies immunologiques. Les inhibiteurs des points de contrôle immunitaire, la thérapie par cellules CAR-T et les vaccins contre le cancer sont des exemples frappants de révolutions dans le domaine des immunothérapies. Tandis que les TSAs sont exclusivement présents dans les cellules tumorales, les TAAs, quant à eux, se retrouvent dans toutes les cellules du corps humain, mais leur expression est généralement amplifiée dans les cellules cancéreuses. Les cellules présentatrices d'antigènes (APCs) absorbent les protéines tumorales et les décomposent en fragments de protéines de petite taille, déclenchant ainsi des réponses immunitaires ciblant spécifiquement les tumeurs. Les récepteurs des cellules T (TCR) reconnaissent le complexe HLA-peptide après qu'il se soit lié à l'antigène leucocytaire humain (HLA) spécifique du patient, activant ainsi les cellules T pour induire la mort des cellules cancéreuses. De nombreuses études cliniques ont exploité l'antigène NY-ESO-1, qui a montré des résultats prometteurs dans le traitement du cancer en suscitant une meilleure réponse immunitaire, ce qui a donné des résultats favorables dans certaines études.

Une sous-population de cellules immunitaires, connues sous le nom de cellules T tueuses naturelles invariantes (iNKT), a la capacité de reconnaître des antigènes glycolipidiques présentés par la molécule CD1d de type MHC de classe I non polymorphique. Lorsqu'elles sont activées, ces cellules génèrent efficacement des cytokines qui renforcent la réponse des cellules T cytotoxiques et stimulent d'autres cellules immunitaires. Même à faibles doses, les agonistes iNKT exercent des effets adjuvants puissants lorsqu'ils sont administrés simultanément. Les approches actuelles en immunothérapie du cancer se concentrent principalement sur la modification des cellules immunitaires effectrices à l'aide d'anticorps monoclonaux (mAbs) et la promotion de la co-engagement des cellules T et des cellules tumorales via les cellules T chimériques ou les anticorps bispécifiques. L'avenir des thérapies contre le cancer pourrait résider dans la combinaison de ces deux approches dans un seul système. Cela a été récemment démontré par une plateforme nanotechnologique polyvalente qui a été développée en fixant des anticorps anti-IgG (spécifiques de Fc) à la surface de nanoparticules, permettant ainsi l'immunisation avec deux types différents d'anticorps monoclonaux. Dans plusieurs modèles murins de tumeurs, des nano-adaptateurs immunomodulateurs (imNAs) ont montré de meilleures performances que la combinaison de mAbs dans les réponses des cellules T et des cellules tueuses naturelles, ainsi que dans les réponses immunitaires conduites par les macrophages.

Dans le domaine de la thérapie génique et des thérapies à base d'ARN, la livraison d'acides nucléiques pour exprimer des protéines pro-apoptotiques, remplacer des gènes défectueux, inhiber ou réguler des voies oncogénétiques, produire des cytokines anti-cancéreuses et/ou stimuler le système immunitaire contre le cancer, devient de plus en plus essentielle. Un défi majeur dans la livraison des gènes réside dans l'acheminement de ces acides nucléiques vers la cible souhaitée sans les dégrader. Le premier liposome portant de l'ARNi, approuvé par la FDA en 2019, était le Patisiran (ONPATTRO®), qui livre de l'ARNi contre le gène responsable de la production de la protéine transthyretine, pouvant entraîner une amylose héréditaire transthyretine. La traduction clinique de la thérapie génique fait encore face à des difficultés, notamment en matière de systèmes de livraison sûrs et efficaces. Les vecteurs viraux recombinants sont préférables aux vecteurs non viraux en raison de leur capacité de transfection supérieure, bien qu'ils présentent également des inconvénients, notamment des réponses immunitaires, des limitations de production à grande échelle, des restrictions de taille de gène, des tropismes cellulaires restreints et des difficultés à modifier la surface sans compromettre l'intégrité du vecteur.

Les exosomes, qui sont des vésicules de membrane lipidique d'un diamètre de 30 à 100 nm, renferment des protéines, de l'ARNm, de l'ARN long non codant (lncRNA), des microARN, de l'ADN et d'autres constituants cellulaires. Grâce à la fusion de leur membrane avec celle des cellules réceptrices, les exosomes peuvent altérer la traduction et la transcription des gènes. Ces vésicules présentent un potentiel considérable dans le traitement du cancer car elles sont stables, biocompatibles, modifiables et présentent des propriétés de ciblage tumoral. Pour délivrer de l'ARNi ou des ARNsh spécifiques de l'oncogène KRASG12D (iExosomes), une mutation fréquente dans le cancer du pancréas, des exosomes produits à partir de cellules mésenchymateuses fibroblastiques normales ont été conçus. L'efficacité de ces iExosomes dans le ciblage du Kras oncogénique dépasse celle des liposomes, et leur action est facilitée par le CD47 et la micropinocytose.

Les vaccins à ARN messager (ARNm) ciblant les TSAs représentent un outil prometteur dans la lutte contre le cancer. Ces antigènes peuvent être rapidement identifiés grâce aux méthodes bioinformatiques et au séquençage de nouvelle génération, et intégrés dans des vaccins à ARNm, qui ont gagné en popularité en raison du succès des vaccins à ARNm contre le SARS-CoV-2. Par rapport aux vaccins à ADN, les vaccins à ARNm présentent de nombreux avantages, tels qu'une expression protéique accrue, une expression rapide et transitoire de la protéine, une technique de production simplifiée et l'absence d'intégration génomique. La formulation nanométrique est nécessaire pour une délivrance efficace, car les traitements à base d'acides nucléiques sont sujets à une dégradation rapide et à une absorption cellulaire insuffisante. Le vaccin à ARNm BNT111/Melanoma FixVac, une formulation liposomale d'ARNm codant pour quatre antigènes associés au mélanome malin, est actuellement testé chez l'homme dans le cadre de l'essai Lipo-MERIT. Des essais sont également en cours sur un vaccin à ARNm liposomal pour le cancer de l'ovaire, administré avant et pendant le traitement (néo)adjuvant.

Enfin, des traitements innovants comme l'hyperthermie et la thérapie photothermique ont montré un grand potentiel pour éliminer les tissus tumoraux. Cette technique utilise la chaleur ciblée pour détruire les cellules cancéreuses. Certaines nanomatériaux peuvent intensifier les effets de l'hyperthermie en convertissant l'énergie externe en chaleur de manière sélective et uniforme. En combinant des nanoparticules de carbone et d'or avec des thérapies physiques comme la photo-thérapie, la thérapie magnétique et la radiothérapie, il devient possible de détruire les cellules cancéreuses de manière localisée. Ces nanoparticules peuvent également être utilisées pour libérer des médicaments de manière contrôlée, en réponse à des changements de température ou de radiation.

Comment les nanoparticules révolutionnent-elles la médecine et l'accès aux traitements ?

Les nanoparticules, définies comme des matériaux dont la taille varie entre 1 et 100 nanomètres, suscitent un intérêt croissant dans de nombreux domaines, en particulier en médecine. Leur taille extrêmement réduite leur confère des propriétés uniques qui les rendent particulièrement adaptées pour des applications allant de l'agriculture à des technologies médicales avancées. À l'échelle nanométrique, les matériaux présentent des caractéristiques physiques et chimiques exceptionnelles, qui ouvrent de nouvelles perspectives pour la recherche et l'innovation. Ces propriétés, comme une grande surface par rapport au volume, font des nanoparticules des candidats idéaux pour le ciblage thérapeutique et la délivrance de médicaments de manière plus précise et plus efficace.

L'un des aspects les plus intéressants des nanoparticules est leur capacité à être fonctionnalisées en surface. Par l’ajout de ligands de ciblage ou d'anticorps, elles peuvent être personnalisées pour délivrer des traitements directement aux cellules ou tissus malades, minimisant ainsi les effets secondaires et augmentant l'efficacité du traitement. Cette capacité de ciblage est une avancée majeure pour la médecine personnalisée, car elle permet d'adapter les traitements aux profils moléculaires uniques des patients.

En plus de leur rôle dans la délivrance ciblée de médicaments, les nanoparticules possèdent des caractéristiques optiques et magnétiques qui les rendent particulièrement utiles pour l'imagerie médicale, telles que l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et l'imagerie par fluorescence. Ces techniques permettent une résolution supérieure par rapport aux agents traditionnels, offrant ainsi aux cliniciens des moyens plus performants pour détecter précocement des pathologies et personnaliser les traitements. En outre, leur capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique ouvre la voie à de nouvelles options thérapeutiques pour des maladies neurologiques comme la maladie d'Alzheimer ou les tumeurs cérébrales.

Les types de nanoparticules utilisées dans les thérapies sont divers et comprennent, entre autres, des nanoparticules métalliques, polymères, lipidiques, carbonées, céramiques, des points quantiques et des nanoparticules magnétiques. Chaque type de nanoparticule présente des avantages particuliers selon son application. Par exemple, les nanoparticules métalliques, comme celles en or ou en argent, sont couramment utilisées comme catalyseurs ou capteurs, tandis que les nanoparticules polymères, comme l’acide poly(lactique-co-glycolique) (PLGA), sont favorisées pour leur biocompatibilité et leur biodégradabilité.

L'utilisation des nanoparticules s'accompagne également de préoccupations économiques et éthiques. Bien que leur potentiel thérapeutique soit immense, les coûts de fabrication de ces nanoparticules et l'accessibilité des traitements demeurent des défis majeurs. Les processus de production de ces matériaux nécessitent une technologie de pointe et sont souvent coûteux, ce qui peut limiter leur disponibilité, notamment dans les pays en développement. Il est donc essentiel de développer des méthodes de fabrication plus accessibles et moins onéreuses pour garantir que ces innovations bénéficient à un plus grand nombre de patients.

De plus, les questions éthiques entourant l'utilisation des nanoparticules en médecine sont de plus en plus discutées. L'impact environnemental de leur production et de leur élimination, ainsi que la question du consentement éclairé des patients pour des traitements à base de nanoparticules, soulèvent des interrogations importantes. Il est essentiel que ces préoccupations soient prises en compte lors de la mise en œuvre de ces technologies, afin de garantir qu'elles soient utilisées de manière responsable et équitable.

Une autre dimension à prendre en compte est l’accessibilité des traitements à base de nanoparticules. Si les thérapies ciblées basées sur des nanoparticules peuvent offrir une solution plus précise et plus efficace pour les patients, leur coût élevé pourrait constituer un obstacle pour un grand nombre de personnes. Il est donc primordial d’explorer des solutions permettant de réduire les inégalités dans l'accès à ces innovations, notamment par des politiques de prix justes et des mécanismes de financement adaptés.

Dans cette optique, des recherches sont en cours pour améliorer les propriétés des nanoparticules, leur rendre plus accessibles et réduire les inégalités d'accès aux soins. Cela inclut l'amélioration des mécanismes de libération contrôlée des médicaments, qui permettent de réduire la toxicité systémique des traitements et d'optimiser les propriétés pharmacocinétiques des médicaments. Un tel progrès pourrait favoriser une meilleure adhésion des patients et renforcer la confiance dans les traitements à base de nanoparticules.

Enfin, le développement de nouveaux types de nanoparticules et de méthodes de fabrication constitue une avenue prometteuse pour l'avenir. Par exemple, les nanoparticules hybrides, qui combinent plusieurs matériaux pour améliorer leurs propriétés, offrent de nouvelles opportunités pour la médecine de demain. L'innovation continue dans ce domaine pourrait transformer la manière dont nous abordons le traitement de nombreuses pathologies complexes.

Comment les Nanomatériaux Révolutionnent-ils la Thérapie et la Médecine Personnalisée ?

L’utilisation des nanomatériaux dans le domaine de la médecine, en particulier dans le cadre de l’administration de médicaments, offre des perspectives inédites, notamment pour contourner la barrière hémato-encéphalique (BHE). La capacité des nanoparticules à délivrer des médicaments de manière ciblée et contrôlée pourrait améliorer l’efficacité thérapeutique, tout en réduisant les effets secondaires souvent liés aux traitements traditionnels. Dans le cadre de la maladie de Parkinson, par exemple, des travaux ont permis de développer des systèmes de délivrance de médicaments capables d'encapsuler des molécules comme la ropinirole (RP) dans des nanoparticules de poly(lactide-co-glycolide) (PLGA). Ces formulations ont montré une efficacité de capture allant jusqu’à 74,8 %, et une libération contrôlée du médicament, ce qui a amélioré de manière significative les symptômes et les lésions neurologiques dans un modèle de rats atteints de Parkinson induits par le roténone. L’administration de RP encapsulé dans des nanoparticules PLGA a été effectuée à raison de 1 mg/kg/jour tous les trois jours pendant 35 jours, avec des résultats favorables observés dans les évaluations histologiques et comportementales.

Une autre approche pour la délivrance de la ropinirole dans la maladie de Parkinson implique l’utilisation de nanoparticules lipidiques et de formulations de gels hydrogels. Ces recherches ont démontré que les nanoparticules solides lipidiques (RP-SLN) et les transporteurs lipidiques nanostructurés (RP-NLC) offrent une libération prolongée et une perméabilité accrue, augmentant la biodisponibilité par voie orale de 2,1 à 2,7 fois et de 3,0 à 3,3 fois pour une administration topique. Ces résultats suggèrent que l'utilisation de nanoparticules lipidiques et de formulations à base d’hydrogel représente une alternative efficace pour la délivrance du médicament dans le traitement du parkinsonisme.

En parallèle, l’évaluation de la sécurité et de la biocompatibilité des nanomatériaux reste une priorité dans la recherche biomédicale. Les nanoparticules, en raison de leur taille réduite et de leur grande surface spécifique, présentent des propriétés physiques et chimiques uniques qui leur permettent d’interagir de manière particulière avec les systèmes biologiques. Cependant, ces interactions posent également des questions concernant leur toxicité potentielle, notamment en ce qui concerne leur capacité à interagir avec les protéines non spécifiques et à migrer vers des organes cibles secondaires. Par exemple, les nanoparticules d’oxyde de fer superparamagnétiques (SPIONs), utilisées pour le diagnostic et la thérapie, ont suscité des préoccupations concernant leur toxicité, en particulier leur impact sur le système immunitaire. Des études ont toutefois montré que la toxicité de ces nanoparticules pouvait être réduite par l'utilisation de revêtements, tels que le PEG, qui augmentent leur stabilité et leur biodistribution, tout en réduisant les effets adverses.

La biocompatibilité des nanomatériaux, qui désigne leur capacité à induire une réponse appropriée dans un environnement biologique spécifique, constitue un autre enjeu majeur. Les tests de biocompatibilité, bien que fondamentalement nécessaires, manquent encore de standards harmonisés, ce qui freine une évaluation systématique et fiable des risques potentiels. Des travaux ont souligné que des polymères comme le PEG, la dextrane ou la chitosane peuvent améliorer la stabilité et la durée de vie des nanoparticules, en les protégeant de l'agrégation intracellulaire. Cependant, ces matériaux doivent être soigneusement évalués avant leur utilisation en thérapeutique humaine, car leur interaction avec les cellules et les tissus peut avoir des effets imprévus, notamment en modifiant la fonction phagocytaire du foie ou en affectant les systèmes de nettoyage des cellules.

Les applications des nanotechnologies en médecine régénérative, en particulier pour la délivrance de médicaments, sont également en plein essor. L'utilisation des nanoparticules dans la conception de systèmes d’entrelacement et de délivrance de substances thérapeutiques permet une libération contrôlée et continue, augmentant ainsi les chances de succès des traitements régénératifs. Les nanofibres pour les échafaudages tissulaires et les nanoparticules pour la délivrance de facteurs de croissance, d'ADN ou de médicaments jouent un rôle crucial dans cette évolution.

Dans cette optique, la fonctionnalisation des nanomatériaux, qui consiste à les modifier de manière à les rendre capables d’interagir de manière spécifique avec les cellules cibles, devient un axe de recherche majeur. En dotant les nanoparticules de ligands ou de biomolécules capables de se lier à des récepteurs spécifiques des cellules cancéreuses, on optimise la délivrance des médicaments tout en minimisant les effets secondaires. La conjugaison de ces nanomatériaux à des anticorps ou des peptides permet de cibler précisément les cellules malades, ce qui révolutionne les traitements contre le cancer et d'autres maladies. Les techniques de PEGylation, qui augmentent la stabilité des nanoparticules et réduisent leur élimination rapide par le système immunitaire, sont un autre domaine prometteur pour l’amélioration de l'efficacité des traitements.

Enfin, l’intégration des nanotechnologies dans la médecine personnalisée constitue une avancée majeure. Les systèmes de délivrance de médicaments adaptés au profil biologique de chaque patient offrent la possibilité d’ajuster les traitements en fonction des spécificités individuelles, que ce soit en matière de réponse immunitaire, de métabolisme ou de susceptibilité génétique. Les traitements deviennent ainsi plus ciblés et efficaces, réduisant les risques d’effets indésirables et optimisant la prise en charge des pathologies complexes.

Les Nanoparticules dans la Lutte Contre les Infections Bactériennes et Virales : Vers de Nouvelles Approches Thérapeutiques

Les antibiotiques et les antiviraux deviennent de moins en moins efficaces face à la capacité des agents pathogènes de développer des résistances, tandis que l'émergence de nouveaux virus souligne l'urgence de développer des traitements innovants. Dans ce contexte, les nanoparticules (NPs) émergent rapidement comme une alternative prometteuse pour le traitement des maladies infectieuses. Grâce à leurs propriétés physico-chimiques uniques, notamment leur petite taille, leur grande surface spécifique et leurs fonctionnalités de surface modulables, les NPs constituent des candidats idéaux pour cibler à la fois les infections bactériennes et virales. En plus de leur action directe en tant qu’agents antimicrobiens, les NPs peuvent aussi être utilisées pour améliorer l'efficacité des antibiotiques et des antiviraux classiques, offrir une délivrance ciblée et réduire les effets secondaires.

Les NPs possèdent plusieurs mécanismes d’action contre les bactéries, ce qui les rend puissantes pour lutter contre les infections. Ces mécanismes incluent la disruption physique de la membrane bactérienne, la génération de radicaux libres (ROS), la mimétisme des peptides antimicrobiens et l’interaction avec l’ADN et les protéines bactériennes. Les NPs métalliques, telles que les nanoparticules d’argent (AgNPs) et de cuivre (CuNPs), peuvent interagir physiquement avec la paroi cellulaire ou la membrane bactérienne. Les bords tranchants des NPs endommagent la paroi cellulaire, entraînant une rupture de la membrane, une fuite du contenu cellulaire et, en fin de compte, la mort de la bactérie. De nombreuses NPs, dont les NPs d’or (AuNPs) et d’oxyde de zinc (ZnONPs), peuvent générer des ROS dans des conditions physiologiques. Ces ROS induisent un stress oxydatif, endommageant l'ADN, les lipides et les protéines bactériennes, ce qui conduit à la mort des bactéries.

Certaines NPs sont conçues pour interagir directement avec l'ADN bactérien, en inhibant les processus de réplication ou de transcription. D’autres ciblent des enzymes ou des protéines bactériennes, perturbant leur fonction normale et entraînant la mort cellulaire. Les NPs métalliques, en particulier les AgNPs, ont montré une activité antimicrobienne à large spectre contre diverses souches bactériennes. Les AgNPs ont démontré leur efficacité contre des infections bactériennes résistantes aux antibiotiques, telles que les infections à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline. De par leur capacité à perturber les membranes cellulaires et à générer des ROS, elles constituent un outil efficace pour combattre des infections résistantes aux antibiotiques classiques.

Les NPs polymériques, fabriquées à partir de polymères biodégradables comme le PLGA ou la chitosane, peuvent encapsuler des agents antimicrobiens et les délivrer directement au site de l'infection. Ces NPs sont conçues pour libérer les médicaments de manière contrôlée, prolongeant ainsi l'effet thérapeutique et réduisant la fréquence des doses. Les NPs à base de chitosane ont démontré des propriétés antimicrobiennes et sont utilisées pour délivrer des antibiotiques tels que la gentamicine et la ciprofloxacine aux tissus infectés. Leur biocompatibilité naturelle et leurs propriétés antibactériennes font du chitosane un matériau prometteur pour le développement de systèmes de délivrance de médicaments à base de nanoparticules.

Les NPs lipidiques, comme les liposomes et les SLNs, peuvent encapsuler des agents antimicrobiens hydrophobes, améliorant leur solubilité et leur stabilité. Ces porteurs lipidiques protègent également les médicaments encapsulés contre la dégradation et assurent une délivrance ciblée aux tissus infectés. Les liposomes encapsulant des antibiotiques, comme la doxorubicine, ont été étudiés pour leur capacité à cibler des infections à la tuberculose, offrant ainsi une libération plus contrôlée et localisée du médicament, améliorant ainsi les résultats thérapeutiques.

L’utilisation des NPs dans la thérapie antimicrobienne présente plusieurs avantages. En effet, elles permettent de lutter contre le problème croissant de la résistance aux antibiotiques, car elles ne suscitent pas les mêmes mécanismes de résistance que les antibiotiques traditionnels. De plus, les NPs peuvent être conçues pour cibler des souches bactériennes spécifiques, garantissant que les agents antimicrobiens atteignent le site de l’infection avec une exposition systémique minimale. Les NPs peuvent également fournir des effets synergiques lorsqu’elles sont combinées avec des antibiotiques classiques, renforçant ainsi leur activité antimicrobienne. Cependant, des défis persistent, notamment la toxicité des nanoparticules. Certaines NPs, en particulier les NPs métalliques, peuvent présenter une cytotoxicité à des concentrations élevées. Une optimisation minutieuse de la taille et du dosage des nanoparticules est nécessaire pour garantir leur sécurité. De plus, la production de NPs à l’échelle commerciale tout en maintenant une qualité constante demeure un défi.

Dans le domaine de la thérapie antivirale, les NPs offrent plusieurs mécanismes pour inhiber les infections virales. Elles peuvent bloquer l’entrée du virus dans les cellules hôtes, inhiber la réplication virale ou moduler la réponse immunitaire. Les NPs peuvent se lier aux protéines de surface virales (par exemple, les protéines de pointe des coronavirus) et empêcher ainsi le virus de se fixer et d'entrer dans les cellules hôtes. Cela empêche le démarrage du cycle viral. Certaines NPs peuvent interférer avec la machinerie de réplication virale, soit en inhibant les enzymes virales, soit en interagissant directement avec le génome viral. Les NPs peuvent également renforcer la réponse immunitaire de l'organisme en favorisant la libération d'interférons ou en activant les cellules T. Ce processus aide le corps à combattre l'infection de manière plus efficace.

Les NPs métalliques, telles que les AgNPs et les AuNPs, ont démontré une activité antivirale puissante contre un large éventail de virus, notamment le VIH, la grippe et le virus de l’herpès simplex. L’activité antivirale des AgNPs résulte de leur capacité à interagir avec les protéines virales et à perturber la structure du virus. Par exemple, les AgNPs ont été montrées pour inhiber l'infection par le HSV en se liant à l'enveloppe virale et en empêchant le virus de se fixer aux cellules hôtes.

Les NPs polymériques peuvent être utilisées pour délivrer des médicaments antiviraux, comme l’acyclovir pour les infections à virus de l'herpès ou l’oseltamivir pour la grippe. La libération contrôlée de ces médicaments par les NPs polymériques peut améliorer leur pharmacocinétique et réduire les effets secondaires. Les NPs polymériques ont été utilisées pour délivrer des agents antiviraux dans les voies respiratoires pour traiter la grippe, améliorant ainsi la biodisponibilité du médicament et réduisant le besoin de doses fréquentes.

Les liposomes et SLNs peuvent encapsuler des médicaments antiviraux, les protégeant ainsi de la dégradation enzymatique et améliorant leur délivrance aux tissus infectés. De plus, les liposomes peuvent être fonctionnalisés avec des ligands spécifiques aux protéines de surface virales pour une délivrance ciblée. Les agents antiviraux encapsulés dans des liposomes, comme le zidovudine, sont étudiés pour leur potentiel dans le traitement du VIH, permettant des temps de circulation prolongés et une accumulation accrue du médicament au site de l’infection.

L’utilisation des NPs dans la thérapie antivirale présente plusieurs avantages. Les NPs peuvent être conçues pour cibler une large gamme de virus, incluant les virus à ADN et à ARN. Tout comme dans la thérapie antimicrobienne, les NPs sont moins susceptibles d’entraîner des résistances virales comparées aux médicaments antiviraux traditionnels. Elles peuvent aussi être élaborées pour délivrer des agents antiviraux directement au site de l’infection, augmentant ainsi leur efficacité tout en réduisant les effets secondaires systémiques. Cependant, des défis persistent, tels que la toxicité et les questions réglementaires. Certaines NPs, en particulier les NPs métalliques, peuvent présenter une toxicité à des concentrations élevées. Le profil de sécurité des NPs doit être soigneusement évalué avant leur utilisation clinique. Le processus d'approbation des médicaments à base de nanoparticules est complexe et nécessite des tests précliniques et cliniques approfondis pour garantir leur sécurité et leur efficacité.