L'analyse comparative du patronage, de la phraséologie et des épithètes à travers les traditions religieuses montre que les donateurs de différentes confessions étaient souvent présentés dans les inscriptions selon des cadres de parenté et d'occupation. Le patronage royal, quant à lui, jouait un rôle marginal. Les dons faits par des femmes témoignent de leur participation active à la vie religieuse, un phénomène que l’on observe également dans d’autres contextes. Au cours de la période étudiée, les femmes donatrices dans le jaïnisme étaient presque trois fois plus nombreuses que leurs homologues masculins. Ce phénomène ne se limitait pas au jaïnisme seul. À Mathura, en prenant toutes les inscriptions de dons à travers les traditions religieuses, les femmes surpassaient les hommes de deux à un.
Une des particularités notables du jaïnisme à l’époque médiévale est l’importance accordée aux déesses dans le culte populaire. Les tirthankaras, considérés comme détachés du monde, ne s’immiscent pas dans les affaires humaines. La dévotion aux déesses ne mène pas à l’illumination, mais elle peut permettre d’atteindre des buts mondains. Ainsi, bien que les déesses ne fussent pas l’objet principal de l’adoration dans les sanctuaires, elles jouissaient d’une présence marquée. Dans de nombreux temples jaïns, bien que les principales et secondaires chapelles contiennent des statues des tirthankaras, les murs et plafonds sont décorés de magnifiques figures féminines sensuelles.
Les déesses étaient pensées comme résidant dans trois royaumes : supérieur, moyen et inférieur. Dans les sphères supérieures se trouvaient des déesses comme Sarasvati et Lakshmi, partagées entre l’hindouisme et le jaïnisme. Dans le royaume moyen résidaient les 16 vidyadevis tantriques, associées à des pouvoirs magiques ou occultes. Les yakshis, qui vivent dans le royaume inférieur, sont les servantes des 24 tirthankaras. Les lignes de démarcation entre yakshi, vidyadevi et déesse sont parfois floues. Par exemple, Ambika, Padmavati et Jvalamalini étaient des divinités féminines particulièrement populaires dans le jaïnisme. Ambika, associée à l’accouchement, est souvent représentée assise sur un lion, accompagnée de ses deux fils. Padmavati, qui semble à l’origine être une déesse serpent (elle est l’épouse du roi naga Dharnendra), est devenue l’assistante du 23e tirthankara, Parshvanatha. Sarasvati, déesse de l’apprentissage, est présente dans les panthéons hindou, bouddhiste et jaïn. Sa première sculpture est d’ailleurs trouvée à Kankali Tila, un site jaïn à Mathura. Quant à Lakshmi, déesse de la richesse, elle était vénérée par des marchands de diverses confessions.
À l’époque médiévale, une grande part de la pensée philosophique était dominée par les différents darshanas, dont l’un des plus influents était celui de Shankara, qui vécut à la fin du 8e et au début du 9e siècle. Bien qu’il soit difficile de séparer la réalité historique de la légende dans les hagiographies de Shankara, celles-ci dépeignent un philosophe qui voyageait à travers le pays, débattant avec ses adversaires philosophiques et les défaisant tous. Shankara était un défenseur important de l’Advaita Vedanta, une forme du Vedanta monistique qui enseignait que la réalité ultime est une et indivisible.
L’Advaita Vedanta de Shankara se distingue par sa position sur la Maya, cette illusion qui engendre la diversité apparente du monde. Le monde, selon lui, n’est qu’un rêve, et cette illusion naît de l’ignorance. Les Upanishads, qui sont à la base du Vedanta, sont considérées comme contenant la voie vers la connaissance suprême, tandis que les sacrifices védiques visent des gains mondains. Dans cette doctrine, le brahman, principe ultime, est sans qualité (nirguna). C’est une réalité impersonnelle, au-delà des distinctions et des formes, l’essence même de l’univers.
L’une des principales contributions de Shankara est sa tentative de démontrer que les Upanishads et les Brahma Sutras, deux textes clés du Vedanta, contiennent une philosophie systématique et unifiée. Ses nombreux commentaires sur ces textes sont parmi ses œuvres les plus influentes. Cependant, ses hagiographies ont pris une place importante dans la construction de l’image de Shankara, dépeignant une figure qui, selon ces récits, est non seulement un grand penseur, mais aussi un guerrier spirituel, un victorieux voyageur de la vérité. Les hagiographies qui relatent ses combats philosophiques avec des penseurs bouddhistes, jaïns et shaktas, ont été largement rédigées après sa mort, souvent pour servir des idéaux religieux et politiques de l’époque.
Les hagiographies de Shankara, bien que riches en détails narratifs et en symbolisme, ne doivent pas être prises pour des récits historiques. Elles cherchent à célébrer sa victoire intellectuelle et spirituelle contre des rivaux et à mettre en valeur sa suprématie idéologique, tout en occultant parfois la complexité des débats philosophiques. Par exemple, l’hagiographie la plus célèbre, le Shankara-digvijaya de Madhava, écrit plusieurs siècles après la mort de Shankara, décrit des victoires spectaculaires contre des penseurs d'autres traditions. Cependant, il est essentiel de comprendre que ces récits doivent être lus dans un contexte particulier, celui de l’histoire de la pensée et de la religion hindoue au Moyen Âge, où les distinctions religieuses et philosophiques étaient souvent polarisées de manière idéologique.
L’étude de ces inscriptions, de la place des femmes dans les rituels de don, et de la philosophie de l’Advaita Vedanta nous permet non seulement d'approfondir notre compréhension de l’histoire religieuse et intellectuelle de l'Inde médiévale, mais aussi de saisir les multiples dimensions de la pratique spirituelle et des dynamiques sociales qui l’accompagnaient. Il ne faut pas oublier que dans ces traditions, les récits sont souvent autant des instruments de pouvoir, des moyens de légitimer des autorités politiques ou religieuses, que des témoignages authentiques de la vie quotidienne et de la pensée de l'époque.
Comment l'agriculture et l'élevage ont évolué à Mehrgarh et dans ses environs ?
À Mehrgarh, les premières preuves de la domestication de l’orge sauvage (Hordeum sp.) suggèrent que cette région faisait partie d’une grande zone de domestication de cette céréale. Dans la période I, des céréales domestiquées telles que l’épeautre (Triticum monococcum), le blé dur (Triticum durum) et le blé à écorce (Triticum diococcum) ont été trouvées. Bien qu’il n’y ait pas encore de preuve directe de la présence de blé sauvage dans cette région, les découvertes de graines domestiquées montrent que les habitants de Mehrgarh étaient activement impliqués dans la domestication de cette céréale. En outre, des graines de dattes (Phoenix dactylifera) et de ber (Zizyphus jujube) ont été retrouvées dans les périodes I et II, ce qui témoigne d'une diversification des cultures.
L’agriculture à Mehrgarh montre une continuité mais aussi une diversification au fil des périodes. Dans la période II, en plus de l’orge et du blé, des graines de coton (Gossypium sp.) ont été trouvées dans un foyer, indiquant l’extension des cultures et l’introduction de nouvelles plantes. La période III marque un tournant majeur avec l’apparition de nouvelles variétés de blé (Triticum aestivum compactum, Triticum aestivum sphaerococcum) et d’orge (Hordeum hexastichum), ainsi que l’introduction de l’avoine (Avena sp.). Au fur et à mesure que le blé devient plus important que l’orge, une transition vers une agriculture plus diversifiée s’effectue.
Bien que les méthodes de culture des Néolithiques et des Chalcolithiques de Mehrgarh ne soient pas totalement connues, il est probable que les paysans aient utilisé les pluies hivernales pour irriguer leurs champs. Des structures de digues en pierre ou en argile, similaires aux gabarbands actuels de la région, pourraient avoir été utilisées pour canaliser l’eau. Le grain était probablement récolté à l’aide de faucilles en pierre, fabriquées à partir de microlithes montés sur des manches en bois avec du bitume.
Dans le même temps, la domestication des animaux a également évolué. Les niveaux inférieurs de la période I révèlent principalement des ossements d’animaux sauvages tels que des gazelles, des buffles d’eau, des onagres (ânes sauvages), des chèvres et des porcs, ainsi que des traces de domestication des chèvres. L’évolution de la taille des ovins et bovins suggère également un processus de domestication en cours. À la fin de la période I, les ossements de gibier avaient drastiquement diminué, tandis que ceux des animaux domestiqués, en particulier les bovins, les chèvres et les moutons, étaient beaucoup plus fréquents. À la période III, les bovins restaient dominants, bien qu’une augmentation des ossements de moutons et de chèvres soit également constatée, tout en indiquant un renouveau de la chasse.
L’évolution de la santé dentaire à Mehrgarh est un autre aspect intéressant. Selon une étude de J. R. Lukacs (1985) sur les restes dentaires humains, le taux de caries était faible dans les premières périodes, probablement en raison des niveaux élevés de fluor dans l’eau potable. Les dents des habitants montrent aussi des signes de régimes alimentaires grossiers et de pratiques de soin dentaire, comme l’usage de sonde pour traiter les douleurs dentaires ou extraire des restes alimentaires. La santé dentaire s'est détériorée au cours de la période III, ce qui pourrait être lié à des changements dans l’alimentation, notamment une consommation accrue d’aliments raffinés.
La période IV voit un développement important de l’habitat et de l’artisanat. Des maisons plus grandes sont construites avec des murs et des portes en bois, et une grande diversité de biens est retrouvée dans les fouilles, comme des pierres de broyage, des meules, des figurines de terracotta, ainsi que des pots peints de manière sophistiquée. Ces découvertes sont accompagnées d’une évolution du style céramique, avec l'apparition de poteries polychromes et de figurines féminines en terracotta aux formes stylisées et aux détails soignés, qui pourraient avoir eu une signification cultuelle.
Au fur et à mesure que l’agriculture et les techniques artisanales se diversifient, la céramique devient plus élaborée, notamment avec l’apparition de styles de pots décorés de motifs géométriques, et des figurines en terracotta deviennent plus complexes. Les périodes IV et V montrent des continuités dans le design de la poterie, tandis que la période VI marque un tournant avec l'apparition de nouvelles poteries décorées de feuilles de pipal et de grès bien cuit, indiquant un accroissement des interactions entre différentes régions. La période VI est également marquée par la découverte d’un grand four de poterie et par des figurines féminines avec des coiffures complexes et des seins lourds, évoquant peut-être des cultes liés à la fertilité ou à la divinité féminine.
Les fouilles de sites voisins, comme Kile Gul Mohammad et Damb Sadaat, ont permis de découvrir des témoignages supplémentaires sur l’évolution des premières sociétés agricoles et leur interaction avec l’environnement. Ces sites montrent également une progression vers des structures de maisons plus complexes et des artefacts métalliques, tels que des objets en cuivre, qui marquent le début de la métallurgie dans la région.
Le rôle des cultures de céréales et des pratiques agricoles, couplé à l’évolution de l’élevage, constitue un fondement majeur pour comprendre les transformations sociales et économiques à Mehrgarh et dans ses environs. Ces évolutions ont permis non seulement le développement d'une organisation sociale complexe mais ont également ouvert la voie à de nouvelles pratiques artisanales et commerciales, soutenant l’émergence de sociétés interconnectées dans la vallée du Baloutchistan et au-delà.
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