Les événements qui ont secoué Los Angeles en 1992 semblaient presque faits sur mesure pour les commentaires codés de George H. W. Bush concernant la race et la criminalité. Toutefois, le désaccord interne au sein de la Maison Blanche a compromis la possibilité de développer une narration cohérente sur ces émeutes. Certains militaient pour une approche traditionnelle axée sur la loi et l'ordre, tandis que d'autres préféraient mettre davantage l'accent sur les politiques domestiques. Comme le montrent Michael Omi et Howard Winant, les néoconservateurs ont utilisé les émeutes pour promouvoir la "privatisation des programmes de l'État-providence, des incitations à l'investissement en milieu urbain et le choix scolaire". Ils concluent que, pour ces néoconservateurs, le message des émeutes était l'échec de l'État-providence, une vision qui permettait aux républicains "d'exploiter les ressentiments des Blancs" à travers des "appels codés" tout en affirmant qu'ils croyaient en l'égalité raciale.
Bien que ces programmes aient parfois été bien intentionnés, leur présentation comme une réponse aux émeutes renforçait l'association entre les Afro-Américains, le déclin moral et les valeurs familiales défaillantes. Les causes des émeutes étaient multiples : la militarisation de la police, la réduction des opportunités économiques dans les villes à la suite de l'externalisation de la fabrication, et les tensions raciales croissantes. Ces tensions ont éclaté après l'adoption de nouvelles tactiques policières dans les années 1980 pour lutter contre la criminalité liée à la guerre contre les drogues. Reagan a approuvé un financement accru pour les forces de l'ordre et lancé une campagne anti-drogue ciblant les utilisateurs de crack dans les zones urbaines. La rhétorique anti-drogue et anti-criminalité a été utilisée pour justifier ces nouvelles tactiques policières et des lois sur les drogues plus strictes. Des villes comme New York et Boston ont mis en œuvre de nouvelles techniques de lutte contre la criminalité, inspirées par la "théorie des fenêtres brisées" de George Kelling et Catherine Coles, selon laquelle la répression des crimes mineurs découragerait les criminels potentiels. Cela a conduit à un taux de criminalité et d'incarcération plus élevé parmi les Afro-Américains urbains.
Les émeutes de Los Angeles ont commencé après une altercation entre la police et un Afro-Américain, Rodney King, le 3 mars 1991. Après avoir tenté d'arrêter King, qui conduisait sous l'influence de l'alcool, et un échange de poursuite, les policiers l'ont arrêté et battu violemment, ce qui a été filmé par un témoin amateur. Lorsque les policiers ont été acquittés, cela a provoqué des manifestations parmi les habitants des quartiers urbains de Los Angeles, qui ont rejeté la légitimité du verdict. Ces manifestations se sont rapidement transformées en émeutes, causant 55 morts, 2000 blessés et plus de 10 000 arrestations après six jours de violence.
Le discours de Bush face à ces événements n'était pas sans ambiguïté. Bien que la situation ait offert plusieurs possibilités stratégiques, le président devait travailler avec les autorités locales pour rétablir l'ordre dans la ville. Cependant, la Maison Blanche n'était pas unie derrière une position claire. Bush a oscillé entre le soutien au verdict et son rejet. Certains souhaitaient utiliser la violence de Los Angeles comme base pour une campagne de "loi et d'ordre", tandis que d'autres, à l'instar du secrétaire au Logement Jack Kemp, souhaitaient attirer l'attention sur les problèmes liés à l'État-providence. Le discours de Bush a manqué de la fermeté qui caractérisait ses précédentes prises de position. Le 1er mai 1992, il a déclaré cette journée "Jour de la Loi", tentant d'appeler au rétablissement de l'ordre à Los Angeles, mais sans se détourner de la position de compassion qu'il avait adoptée après les émeutes.
Dans son discours, Bush a exprimé de la sympathie envers ceux qui considéraient le verdict comme "indéfendable", mais a insisté sur le fait que "pour rester une société civilisée, nous devons poursuivre des moyens pacifiques et ordonnés pour résoudre ces préoccupations". Ce message, bien que plus modéré, continuait de contenir des éléments de rhétorique codée, notamment en affirmant qu'il n'y avait "pas de place pour la bigoterie et le racisme dans la conscience américaine". Ce discours montrait une certaine évolution dans la stratégie de Bush, moins radicale que celle qu'il avait adoptée en 1988. Ce tournant était d'autant plus significatif q
Clinton, les tensions raciales et la ségrégation éducative : Une analyse critique
L'engagement de Bill Clinton envers la tolérance raciale et l'égalité des chances n'a jamais manqué de susciter des débats, en particulier en ce qui concerne la question de la ségrégation raciale persistante dans les écoles américaines. Bien que Clinton ait pris position sur la nécessité de surmonter les divisions raciales, son approche, souvent perçue comme ambiguë, laisse à désirer. Lors de ses discours sur les inégalités raciales, il évoquait fréquemment la nécessité de démontrer au monde la tolérance ethnique des États-Unis, en particulier après des événements tragiques, comme les incendies d'églises en Caroline du Sud. Toutefois, malgré cette rhétorique, sa politique n’a pas offert de solutions concrètes pour résoudre les problèmes de discrimination raciale et de ségrégation.
Les critiques des républicains, qui accusaient Clinton d’utiliser la question des incendies d’églises pour des fins politiques, mettaient en lumière un problème plus profond : l’utilisation des tensions raciales comme levier pour manipuler l’opinion publique. Clinton s’en est cependant servi habilement pour se positionner en tant que modéré racial, se distançant ainsi des extrémistes des deux bords. Cette tactique lui permettait de naviguer dans un environnement politique où les tensions raciales étaient exacerbées, mais sans pour autant proposer de solutions véritablement novatrices.
L’un des aspects les plus contestés de la politique de Clinton était sa gestion de la ségrégation scolaire. Si certains universitaires, comme Jonathan Kozol et Gary Orfield, ont alerté sur la ré-ségrégation croissante des écoles publiques américaines, Clinton a préféré une approche plus vague, reconnaissant l’existence du problème sans offrir de mesures spécifiques pour y remédier. L’argument selon lequel les écoles du Sud, malgré la persistance de la ségrégation, offraient plus d’interactions raciales entre Blancs et Noirs, contrastait avec la situation dans le Nord, où la ségrégation était souvent plus marquée, bien que moins visible.
En 1996, un tournant dans les débats sur la ségrégation scolaire fut marqué par la décision de la Cour suprême du Connecticut dans l'affaire Sheff v. O'Neill, qui ordonnait la correction des déséquilibres raciaux dans les écoles de l'État. Pourtant, cette décision rencontra une forte opposition, notamment parmi les Blancs. Un sondage de Gallup en mars 1996 montra que 67 % des Américains s’opposaient au busing scolaire pour favoriser l’équilibre racial, un chiffre qui n’a cessé d’augmenter à mesure que le débat se poursuivait.
Clinton, bien qu'il ait reconnu l’existence des inégalités raciales dans le système éducatif américain, a évité de prendre des mesures concrètes pour les traiter. Il a exprimé son indignation face à la suggestion que les enfants du Delta du Mississippi ne devaient pas avoir les mêmes opportunités éducatives que les autres, mais ses propositions demeuraient floues. Plutôt que d’aborder directement la question de l’intégration raciale ou d’introduire des politiques spécifiques pour lutter contre la ségrégation, Clinton a mis en avant des propositions comme l’augmentation des standards scolaires, l’amélioration de la sécurité des écoles et l’intégration de la technologie. Toutefois, il a insisté sur le fait qu’aucune augmentation des fonds publics ne serait nécessaire, une position difficilement conciliable avec la réalité des inégalités structurelles.
L’ambiguïté de la position de Clinton se reflétait dans la manière dont il abordait la question du financement scolaire. Bien qu'il ait suggéré que l’utilisation plus efficace des fonds existants serait suffisante, cela n'a pas convaincu tous les observateurs, qui pointaient la nécessité d’investissements substantiels pour combler les disparités économiques et raciales entre les écoles. La question de l’accès équitable à l’éducation restait une promesse non tenue, dans un système qui peinait à surmonter ses divisions raciales.
Ainsi, même si Clinton a ouvertement exprimé sa volonté de lutter contre la ségrégation scolaire et de promouvoir l'égalité raciale, ses actions, dans la pratique, semblaient souvent diluées. Les discours sur la tolérance raciale et l’égalité des chances se sont avérés insuffisants face aux problèmes profonds et persistants de la société américaine. La réintroduction de la question du busing et de l’intégration raciale, bien qu’évoquée, n’a pas fait l’objet de réformes substantielles sous sa présidence.
Dans ce contexte, il est crucial de comprendre que la ségrégation scolaire et les inégalités raciales dans l’éducation ne peuvent être abordées uniquement par des discours inclusifs ou des réformes superficielles. La véritable égalité des chances nécessite un engagement profond, tant sur le plan politique que sur celui de l’allocation des ressources, pour créer un système éducatif véritablement égalitaire. Clinton, bien qu’il ait reconnu les problèmes, n’a pas offert de solutions adaptées à la complexité de la question, et a choisi de naviguer à travers des propositions génériques plutôt que d’affronter les réalités du système éducatif américain.
Comment les présidents américains façonnent-ils le discours racial pour influencer la culture politique ?
La rhétorique présidentielle, bien qu’elle ne détermine pas à elle seule les résultats électoraux, joue un rôle fondamental dans la construction des coalitions politiques et l’orientation du débat public. Les présidents, en quête de légitimation et de pouvoir durable, doivent honorer leurs promesses électorales, et pour ce faire, ils s'adressent à des groupes démographiques clés, dont les perceptions sont façonnées par les images et les récits qui leur sont offerts. Le langage qu’ils utilisent pour atteindre ces groupes révèle la direction que prendra le débat politique, en particulier lorsque le parti au pouvoir cherche à consolider son assise idéologique.
L’un des segments les plus convoités du corps électoral américain demeure l’électorat blanc indécis, qui devient souvent le centre des discours présidentiels sur l’identité américaine et la race. L’étude de la rhétorique employée pour séduire ce groupe permet de comprendre comment la culture politique dominante aux États-Unis continue de s’articuler autour des sensibilités de l’Amérique blanche. En ce sens, les discours présidentiels ne sont jamais neutres : ils réaffirment des croyances enracinées dans l’identité nationale et entretiennent une hiérarchie raciale implicite.
Les chercheurs en rhétorique présidentielle soulignent qu’avec l’accentuation du clivage partisan, les présidents ont de plus en plus recours à des appels directs au public, court-circuitant les négociations traditionnelles avec le Congrès. Cette stratégie, appelée going public, a été critiquée pour son impact délétère sur l’environnement de négociation, mais elle trouve son efficacité dans sa capacité à mobiliser l’opinion publique par l’intermédiaire des médias. La presse et la télévision ne dictent pas ce que le public doit penser, mais elles imposent les sujets sur lesquels il doit concentrer son attention. Ainsi, la rhétorique présidentielle, amplifiée par les médias, peut définir les termes du débat et encadrer les problèmes d’une manière spécifique.
Par exemple, dans le cadre de la "guerre contre la drogue", les présidents ont utilisé leur pouvoir rhétorique pour façonner la perception du problème, définir ses contours et désigner ses cibles. Cette construction sociale du problème public – son urgence, ses dangers, ses victimes et ses coupables – est un processus discursif qui mobilise à la fois la présidence et les médias.
Cette influence s’exerce aussi à travers des mécanismes psychologiques comme le priming, selon lequel l’information est présentée au public de façon à orienter son interprétation. Avant d’exposer un contenu, l’orateur prépare le terrain avec des messages introductifs conçus pour influencer le jugement. Ces techniques sont omniprésentes dans la communication politique : elles sont perceptibles dans les publicités électorales, où les symboles patriotiques ou anxiogènes ne sont jamais anodins, mais destinés à modeler la réception du message.
À cela s’ajoute l’usage stratégique du framing, ou cadrage, qui consiste à structurer le discours selon des concepts déterminants. Ce n’est pas uniquement une question de mots, mais de vision du monde que ces mots véhiculent. En sélectionnant certains termes, en insistant sur des images mentales spécifiques, les présidents peuvent imposer un cadre d’analyse dans lequel leur solution semble évidente, voire inévitable. Ce cadrage s’opère souvent de manière implicite, mais ses effets sont réels. Par exemple, présenter les bénéficiaires de l’aide sociale avec des connotations culturelles ou raciales spécifiques peut activer des préjugés latents et transformer une question économique en un débat identitaire.
Les mots utilisés pour nommer les phénomènes sont eux-mêmes porteurs d’idéologie. L’écart de perception entre « réchauffement climatique » et « changement climatique » illustre comment le lexique peut orienter l’émotion, la gravité perçue et donc la réponse politique. Ces choix langagiers ne sont jamais neutres.
Enfin, l’audience visée par la rhétorique présidentielle ne se limite pas à l’assistance immédiate d’un discours. Un président peut parler devant une organisation spécifique tout en visant un public plus large, en espérant que le discours soit relayé par les médias et interprété comme un signal de légitimité. La rhétorique devient ainsi un outil d’amplification symbolique, au service de la fabrication d’une autorité morale et politique.
Ce qu’il faut également saisir, c’est que cette rhétorique racialisée ne se limite pas à des contenus explicitement racistes. Elle agit souvent par sous-entendus, par évocations culturelles codées, et par la mobilisation d’images collectives profondément ancrées dans l’imaginaire national. Les présidents, tout en prétendant à l’unité nationale, utilisent un langage conçu pour rassurer, flatter ou mobiliser certains segments de la population, souvent au détriment d’autres. Comprendre ces mécanismes, c’est comprendre comment la démocratie américaine produit et reproduit une hiérarchie de voix légitimes dans l’espace public.
Comment automatiser un flux de travail quotidien avec Airflow : un exemple pratique
Comment les semi-conducteurs 2D et les hétérostructures TMDC transforment les applications optoélectroniques et photovoltaïques ?

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский