Les anomalies et les tumeurs du cou représentent des défis diagnostiques majeurs pour les cliniciens, en particulier lorsqu'elles impliquent des structures complexes comme le larynx, la gorge ou les ganglions lymphatiques. L'examen radiologique joue un rôle crucial dans la détection et l'évaluation de ces conditions, permettant aux professionnels de la santé de poser un diagnostic précis et de déterminer le traitement approprié.

Les tumeurs du larynx, notamment les carcinomes épidermoïdes (SCC), sont les plus fréquentes et leur détection précoce est essentielle pour améliorer le pronostic des patients. Sur les images de tomodensitométrie (CT), ces tumeurs apparaissent souvent comme des masses nodulaires et infiltrantes, envahissant parfois l'épiglotte, les cordes vocales vraies ou fausses. Leur évaluation nécessite non seulement une imagerie de haute qualité mais aussi une étude approfondie de l'infiltration des tissus environnants, ce qui est particulièrement visible sur les coupes sagittales et coronales de la CT ou de l'IRM. La caractérisation des tumeurs par imagerie permet de déterminer leur stade, leur extension et leur localisation exacte, essentiels pour une gestion thérapeutique optimale.

En revanche, les kystes laryngés, souvent décelés de manière incidente sur des images CT ou IRM, apparaissent comme des formations bien définies remplis de liquide, sans être nécessairement associés à des symptômes cliniques. Ces formations, souvent bénignes, sont généralement d’une densité fluide homogène sur CT et montrent un signal élevé sur les images T2 de l'IRM. Leur gestion dépend de leur taille, de leur localisation et de leur impact sur les fonctions respiratoires.

Les infections et inflammations des voies respiratoires, comme la laryngotrachéite, provoquent un rétrécissement du lumen sous-glottique, souvent visible sous forme de signe de "steeple" sur une radiographie frontale du cou. Bien que cet indicateur ne soit visible que chez moins de 50 % des patients, la CT reste l'outil de choix pour évaluer les sténoses chroniques dues à une inflammation ancienne ou des interventions précédentes. Les tumeurs malignes du larynx, en particulier celles causées par des métastases, peuvent également se manifester par un élargissement anormal des ganglions lymphatiques cervicaux, ce qui nécessite une analyse approfondie par ultrasons et IRM.

Les kystes thyroglossaux, qui apparaissent comme des formations simples et bien définies dans la ligne médiane du cou, peuvent être associés à des infections ou des processus inflammatoires, modifiant leur aspect sur les imageries. Ces kystes se retrouvent souvent à proximité de la base de la langue et peuvent s'étendre de manière à impliquer les muscles sous-mentaux. Lorsqu'ils sont infectés, ils montrent une meilleure définition du mur du kyste après injection de contraste sur une CT ou IRM.

Les formations plus complexes, comme les kystes branchiaux, se présentent sous diverses formes selon leur type. Les types 2 et 3, en particulier, se trouvent souvent dans la région postérieure du cou, à proximité du muscle sternocléidomastoïdien ou de l'artère carotide. Ces anomalies sont bien visibles sur les ultrasons, où elles apparaissent comme des structures uniloculaires, et leur évaluation par CT ou IRM peut offrir des informations supplémentaires sur leur localisation et leur potentiel d'infection ou de malignité. Les kystes de type 1, en revanche, sont plus fréquemment observés dans la région préauriculaire, souvent en relation avec le conduit auditif externe.

Les lymphangiomes et les hémangiomes, deux types de malformations vasculaires, sont également diagnostiqués par imagerie, bien que leur présentation puisse varier. Les lymphangiomes, qui sont typiquement de grandes formations kystiques avec une faible masse, se distinguent des hémangiomes par leur absence de renforcement après injection de contraste. Sur l'IRM, les lymphangiomes apparaissent généralement avec un signal élevé en T2, ce qui permet de mieux évaluer leur étendue. En revanche, les hémangiomes, souvent observés dans l'espace buccal ou les espaces masticateurs, se présentent comme des lésions bien définies avec une vascularisation variable.

Un autre aspect important est l’évaluation des ganglions lymphatiques suspects dans le cadre de maladies comme le cancer de la tête et du cou. L'augmentation de la taille des ganglions lymphatiques cervicaux, souvent due à une lymphadénite réactive, peut suggérer une infection ou un cancer. La CT et l'IRM sont particulièrement utiles pour détecter des métastases dans les ganglions lymphatiques cervicaux, notamment celles provenant de carcinomes épidermoïdes. Ces métastases apparaissent sous forme de ganglions élargis avec des zones de nécrose centrale, indiquant une propagation extracapsulaire, ce qui rend leur gestion et leur traitement d'autant plus urgents.

Il est crucial pour le clinicien de différencier les différentes masses et anomalies du cou en tenant compte des signes radiologiques spécifiques, des antécédents médicaux du patient et des symptômes cliniques. Bien que l'ultrason soit souvent l'outil initial de choix, des examens plus approfondis comme la CT, l'IRM ou même la biopsie à l'aiguille fine sont parfois nécessaires pour confirmer le diagnostic et déterminer le traitement le plus approprié. Une évaluation complète et continue est essentielle, en particulier dans les cas où la malignité est suspectée.

Comment comprendre l'anatomie et la fonction du pharynx et de ses muscles dans la déglutition

Le pharynx, organe clé dans la déglutition et la phonation, se compose de plusieurs structures musculaires et nerveuses qui assurent des fonctions complexes. Il est constitué de trois principaux muscles constricteurs — le constricteur supérieur, le constricteur moyen et le constricteur inférieur — chacun ayant des caractéristiques distinctes et une fonction bien définie.

Le constricteur supérieur se trouve à la base du pharynx et se prolonge jusqu'à la jonction avec l’œsophage, au niveau de la dernière molaire. Ce muscle, le plus élevé des trois, joue un rôle essentiel dans la constriction de la gorge, permettant le passage des aliments et de l’air. Ses fibres s’étendent autour du pharynx pour se rejoindre à la ligne médiane, formant un réseau musculaire qui participe activement à la déglutition.

Le constricteur moyen, en forme de éventail, prend naissance du ligament stylohyoidien et s’étend pour insérer sur le rachis pharyngé. Ce muscle plus profond, mais également essentiel, aide à diriger les aliments vers l’œsophage et est particulièrement impliqué dans l’étape intermédiaire de la déglutition, où le bol alimentaire descend dans la gorge.

Le constricteur inférieur est le plus volumineux et épais des trois, composé de deux parties distinctes : le thyropharyngé et le cricopharyngé. Le thyropharyngé, plus supérieur, prend son origine sur la lamelle du cartilage thyroïdien et se termine à la frontière inférieure du cartilage cricoïde. Ce muscle, en se contractant, permet une pression suffisante pour forcer les aliments à entrer dans l’œsophage. Le cricopharyngé, qui reste fermé en dehors des périodes de déglutition, agit comme un sphincter entre le pharynx et l’œsophage, empêchant l’air d'entrer dans l'œsophage pendant la respiration.

Entre ces différents muscles, il existe des espaces anatomiques comme la déhiscence de Killian, une zone de faiblesse dans la paroi pharyngée où des hernies peuvent se former, donnant lieu à un diverticule pharyngé. Cette zone, bien qu’important d'un point de vue clinique, reste souvent négligée dans l’étude de la déglutition.

Les muscles dilatateurs du pharynx, tels que le muscle stylopharyngé, viennent compléter cette anatomie complexe. Le stylopharyngé, qui se trouve à la base du crâne, aide à l’ouverture de la gorge pendant l’ingestion des aliments. Sa contraction permet au pharynx de se dilater, facilitant le passage du bol alimentaire.

Les muscles du palais mou jouent également un rôle important. Ils permettent de fermer la cavité nasale pendant la déglutition, empêchant ainsi les aliments de pénétrer dans les fosses nasales. Le tenseur du palais, par exemple, est un muscle essentiel pour cette fonction. En se contractant, il abaisse le palais mou, assurant une séparation efficace entre le nasopharynx et l'oropharynx.

Le rôle du pharynx et de ses muscles ne se limite cependant pas à la déglutition. Ils sont également impliqués dans la phonation, en régulant la pression et le passage de l’air nécessaire à la production de sons. La coordination entre ces structures permet de réguler efficacement la respiration, la déglutition et la parole.

La vascularisation du pharynx est assurée par plusieurs artères, dont les artères pharyngiennes ascendantes, linguales, palatines, ainsi que les artères laryngées supérieure et inférieure. Ces vaisseaux permettent une irrigation sanguine abondante, indispensable à la fonction de ces muscles. La veine jugulaire interne est responsable du drainage veineux, via un plexus pharyngien.

Quant à l'innervation, elle est assurée principalement par le plexus pharyngien, qui reçoit des branches du nerf vague, du nerf glossopharyngien et du tronc sympathique cervical. Cette innervation est cruciale pour la coordination des mouvements de déglutition et de respiration. Les fibres sensorielles viennent des branches du nerf glossopharyngien et du nerf vague, permettant une sensation de l'oropharynx et du larynx.

Comprendre l’anatomie du pharynx, ses muscles et ses mécanismes est fondamental non seulement pour les professionnels de santé, mais aussi pour toute personne intéressée par les processus biologiques du corps humain. Les interactions entre les muscles du pharynx, leur innervation et leur vascularisation illustrent la complexité de cette région du corps et la nécessité d’une coordination précise pour des fonctions aussi diverses que la déglutition, la respiration et la phonation.

La Disruption Laryngée et les Infections Associées : Laryngocoele et Laryngopyocoele

Le laryngocoele, une distension de la sacule du larynx, peut être interne, externe ou mixte, et est souvent lié à une augmentation de la pression endolaryngée. Cette distension peut entraîner une formation de mucus et, si elle devient chronique, une infection bactérienne – un laryngopyocoele. Ce dernier présente des composants internes et externes, avec un remplissage par du mucus purulent qui peut déformer la structure laryngée, en particulier la membrane thyrohyoïde et le cartilage thyroïdien. Les principaux agents pathogènes responsables de cette infection sont Staphylococcus aureus, les streptocoques du groupe B, Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa.

Les symptômes cliniques les plus courants incluent une douleur à la gorge, des difficultés à avaler (odynophagie et dysphagie), une voix enrouée, des difficultés respiratoires, une masse cervicale douloureuse, ainsi que de la fièvre. Sur laryngoscopie, on observe un gonflement des fausses cordes vocales, des plis aryténo-épiglottiques ou des plis glosso-épiglottiques. Ces signes peuvent être accompagnés de lymphadénopathie cervicale. Lors de l'examen par imagerie, une cavité remplie de liquide et d'air, localisée dans le ventricule laryngé ou latéralement à la membrane thyrohyoïde et à la lamina du cartilage thyroïdien, peut être observée, ce qui confirme le diagnostic de laryngopyocoele.

La gestion de cette pathologie inclut l'utilisation de la tomodensitométrie (CT) ou de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) avec contraste pour évaluer les tissus mous du cou et identifier les abcès. Une aspiration à l'aiguille fine guidée par échographie est parfois nécessaire pour obtenir un échantillon de pus pour les analyses microbiologiques. Dans le cas d'un grand laryngopyocoele mixte ou externe, il peut être nécessaire de réaliser une incision chirurgicale pour drainer l'abcès. Dans les cas internes, un drainage endolaryngé peut être pratiqué. Les patients présentant une obstruction aiguë des voies respiratoires peuvent nécessiter une trachéotomie ou une intubation trachéale. Une attention particulière doit être portée pour éviter la rupture de la composante interne du laryngopyocoele lors de l’intubation.

L'infection aiguë étant maîtrisée, une intervention chirurgicale peut être planifiée six semaines plus tard pour retirer les composants internes du laryngocoele. L'excision de laryngocoele, qu'il soit interne ou externe, peut être réalisée par voie endolaryngée, souvent à l'aide d'un laser au dioxyde de carbone pour les formes internes. Les formes externes ou mixtes peuvent nécessiter une incision horizontale dans le pli de la peau, au niveau de la membrane thyrohyoïde, permettant d'exposer la lésion et de procéder à son excision.

Il est essentiel de comprendre que, bien que les laryngocoeles aient une étiologie généralement bénigne, leur évolution peut être grave en cas d'infection ou de complications associées. Une surveillance attentive est donc nécessaire. En outre, une approche systématique pour exclure d’autres pathologies possibles, telles que des tumeurs malignes dans la région laryngée, est cruciale pour éviter tout diagnostic erroné.

Le laryngocoele acquis est fréquemment observé chez les souffleurs de verre, les musiciens jouant d'instruments à vent, les chanteurs, les marchands ambulants, les femmes enceintes et les patients souffrant de toux chronique. Ce groupe de patients présente un risque accru de développer des troubles liés à une pression accrue dans la région laryngée, favorisant ainsi l'apparition du laryngocoele. En revanche, les formes congénitales, bien que moins fréquentes, doivent aussi être prises en compte, surtout chez les nourrissons et les jeunes enfants.

Un suivi clinique post-chirurgical est primordial pour s'assurer de la résolution de l'infection et prévenir d'éventuelles complications, comme la sténose du sacculus. Un traitement antibiotique approprié et une gestion minutieuse du drainage après la chirurgie assurent généralement une récupération complète.