Dans l’étude des équations hyperboliques, la compréhension des solutions faibles entropiques, en particulier dans le cas des conditions initiales discontinues, est fondamentale. La solution s’exprime souvent via la méthode des caractéristiques, où la fonction solution est constante le long de ces dernières. Prenons par exemple une condition initiale définie sur l’intervalle [0,1], où, pour 0<t<120 < t < \frac{1}{2} et x=x0+2(1x0)tx = x_0 + 2(1 - x_0) t avec x0[0,1]x_0 \in [0,1], on peut écrire la solution comme u(x,t)=u0(x0)=1x0=1x12tu(x,t) = u_0(x_0) = 1 - x_0 = \frac{1 - x}{1 - 2t}, cette expression découlant de la relation x0(12t)=x2tx_0(1 - 2t) = x - 2t. Contrairement à une condition initiale plus simple, la solution intègre ici deux zones de raréfaction issues respectivement des points x=0x=0 et x=1x=1.

Dans la zone de raréfaction issue de x=0x=0, la solution s’écrit u(x,t)=ξu(x,t) = \xi pour x=2ξtx = 2 \xi t avec ξ[0,1]\xi \in [0,1], soit u(x,t)=x2tu(x,t) = \frac{x}{2t}. De même, dans la zone de raréfaction provenant de x=1x=1, on obtient u(x,t)=ξu(x,t) = \xi pour x=2ξt+1x = 2 \xi t + 1 et ξ[0,1]\xi \in [0,1], donc u(x,t)=x12tu(x,t) = \frac{x-1}{2t}. À partir de t=12t = \frac{1}{2}, un choc apparaît, dont la vitesse de propagation, calculée grâce à la relation de Rankine–Hugoniot, est égale à 1. La solution construite est alors une solution faible entropique, conformément à la proposition 5.18.

La solution est discontinue le long de la droite définie par x=t+12x = t + \frac{1}{2} pour t>12t > \frac{1}{2}. La vérification de la relation de Rankine–Hugoniot sur cette ligne de choc confirme la cohérence de la solution : les valeurs limite à gauche et à droite, uu^- et u+u^+, vérifient la condition u+u+=1u^- + u^+ = 1, et de plus u>u+u^- > u^+, garantissant l’entropie.

Dans une autre configuration, la condition initiale laisse présager une discontinuité issue du point x=1x=1. La solution est alors construite comme une fonction continue à gauche et à droite d’une ligne de discontinuité L={(x,t):t>0,x=σ(t)}L = \{(x,t) : t>0, x = \sigma(t)\}, où σ\sigma est une fonction C1\mathcal{C}^1, croissante, vérifiant σ(0)=1\sigma(0) = 1 et σ(t)<2\sigma'(t) < 2. Dans les régions séparées par LL, la solution s’exprime par morceaux : nulle à gauche, nulle à droite, et u(x,t)=x1+2tu(x,t) = \frac{x}{1+2t} entre les deux. La relation de Rankine–Hugoniot appliquée à LL impose alors que σ\sigma satisfait l’équation différentielle σ(t)=σ(t)1+2t\sigma'(t) = \frac{\sigma(t)}{1 + 2t} avec la condition initiale σ(0)=1\sigma(0) = 1, solution qui s’écrit σ(t)=1+2t\sigma(t) = 1 + 2t. Cette construction confirme que la solution est à la fois faible et entropique.

Lorsque plusieurs discontinuités initiales sont présentes, comme dans la condition initiale (d), les ondes de choc et de raréfaction interagissent. Par exemple, la discontinuité initiale en x=1x = -1 génère un choc se déplaçant à vitesse 1, tandis que celle en x=1x=1 engendre un choc à vitesse 2. La discontinuité en x=0x=0 disparaît en formant une onde de raréfaction, décrite par u(x,t)=x2tu(x,t) = \frac{x}{2t} dans la région de raréfaction. Lorsque la tête de cette onde de raréfaction atteint la position x=2x=2 à t=12t = \frac{1}{2}, elle interagit avec le choc droit, ralentissant celui-ci. Une deuxième interaction survient à t=1t=1 lorsque le choc gauche rencontre le « pied » de la zone de raréfaction en x=0x=0, provoquant à nouveau un ralentissement de la vitesse du choc, qui se poursuit alors sur une nouvelle trajectoire calculée par la relation de Rankine–Hugoniot. Ces courbes de chocs, notées L1L_1 et L2L_2, se rejoignent finalement pour former une seule discontinuité, se propageant à vitesse 1.

L’ensemble de ces constructions repose sur la convexité de la fonction flux, ici ss2s \mapsto s^2, caractéristique de l’équation de Burgers. Cette convexité garantit la validité des solutions entropiques ainsi construites, les discontinuités respectant la condition ug>udu_g > u_d (valeurs gauche et droite du choc).

Enfin, il convient de noter que l’intégrabilité locale des solutions, ainsi que la manipulation rigoureuse des termes via intégrations par parties et vérifications des relations faibles, confirment que ces solutions sont bien définies au sens distributionnel, même lorsque des singularités apparaissent. Ces analyses mettent en lumière l’importance des relations de Rankine–Hugoniot non seulement pour la détermination des vitesses des chocs, mais aussi pour la cohérence globale et la stabilité des solutions faibles.

Il importe aussi de comprendre que ces phénomènes de formation et d’interaction d’ondes de choc et de raréfaction traduisent des comportements physiques non linéaires typiques des systèmes hyperboliques, comme des écoulements fluides ou des ondes acoustiques. Le choix des solutions entropiques correspond à une sélection physique parmi les multiples solutions faibles possibles, assurant ainsi une interprétation cohérente et réaliste des phénomènes étudiés. La maîtrise de ces mécanismes est cruciale pour toute modélisation mathématique et numérique de systèmes hyperboliques non linéaires.

Pourquoi les fonctions à support compact sont-elles constantes sur les boules de rayon petit ?

La fonction uε,nu_{\varepsilon, n} est une fonction à support compact, car uεu_{\varepsilon} et ρn\rho_n sont toutes deux des fonctions à support compact. Soit BrB_r la boule de centre 00 et de rayon rr. Nous allons maintenant démontrer que pour tout ii, la fonction iuε,n\partial_i u_{\varepsilon, n} est nulle sur B12εB_{1 - 2\varepsilon} si ε>1\varepsilon > 1.

Soit i{1,,N}i \in \{1, \dots, N\} et xRNx \in \mathbb{R}^N. Nous avons alors l'intégrale suivante :

iuε,n(x)=uεiρn(x)=RNuε(y)iρn(xy)dy.\int \partial_i u_{\varepsilon, n}(x) = u_{\varepsilon} \star \partial_i \rho_n (x) = \int_{\mathbb{R}^N} u_{\varepsilon}(y) \partial_i \rho_n (x - y) \, dy.

Si ε>1\varepsilon > 1 et xB12εx \in B_{1 - 2\varepsilon}, la fonction ρn(x)\rho_n(x - \cdot) appartient à D(B)D(B) et est nulle en dehors de B1εB_{1 - \varepsilon}. Soit τ\tau la fonction définie par τ(y)=ρn(xy)\tau(y) = \rho_n(x - y) (ici, xx est fixé), de sorte que iρn(xy)=iτ(y)\partial_i \rho_n(x - y) = - \partial_i \tau(y) pour tout yRNy \in \mathbb{R}^N. Nous pouvons alors réécrire l'intégrale précédente :

iuε,n(x)=RNuε(y)iτ(y)dy=RNuε(y)iτ(y)dy.\int \partial_i u_{\varepsilon, n}(x) = \int_{\mathbb{R}^N} u_{\varepsilon}(y) \partial_i \tau(y) \, dy = - \int_{\mathbb{R}^N} u_{\varepsilon}(y) \partial_i \tau(y) \, dy.

Cela donne le produit scalaire Diu,τD(B),D(B)=0\langle D_i u, \tau \rangle_{D^*(B), D(B)} = 0, prouvant ainsi que pour ε>1\varepsilon > 1, la fonction iuε,n\partial_i u_{\varepsilon, n} est nulle sur B12εB_{1 - 2\varepsilon}. Par conséquent, la fonction uε,nu_{\varepsilon, n} est constante sur B12εB_{1 - 2\varepsilon}.

En effet, il suffit de noter que pour tout xB12εx \in B_{1 - 2\varepsilon}, nous avons :

01uε,n(x)uε,n(0)=uε,n(tx)xdt=0.\int_0^1 u_{\varepsilon, n}(x) - u_{\varepsilon, n}(0) = \nabla u_{\varepsilon, n}(tx) \cdot x \, dt = 0.

Puisque uεL1(RN)u_{\varepsilon} \in L^1(\mathbb{R}^N), la suite (uε,n)nN(u_{\varepsilon, n})_{n \in \mathbb{N}} converge dans L1(RN)L^1(\mathbb{R}^N) vers uεu_{\varepsilon}. En restreignant ces fonctions à la boule B12εB_{1 - 2\varepsilon}, sur laquelle uε=uu_{\varepsilon} = u, la suite (uε,n)nN(u_{\varepsilon, n})_{n \in \mathbb{N}} converge dans L1(B12ε)L^1(B_{1 - 2\varepsilon}) vers uu. Comme uε,nu_{\varepsilon, n} est une fonction constante sur B12εB_{1 - 2\varepsilon} (pour ε>1\varepsilon > 1), sa limite, dans L1L^1, est également une fonction constante. Cela montre que la fonction uu est constante sur B12εB_{1 - 2\varepsilon}, c'est-à-dire qu'il existe un aεRa_{\varepsilon} \in \mathbb{R} tel que u=aεu = a_{\varepsilon} presque partout sur B12εB_{1 - 2\varepsilon}.

Comme ε>0\varepsilon > 0 est arbitraire, il en résulte que aεa_{\varepsilon} ne dépend pas de ε\varepsilon et que uu est constant sur BB.

Soit maintenant ε>0\varepsilon > 0. La fonction uε,nu_{\varepsilon, n} est de classe CC^{\infty}. Par conséquent, pour tout x,yRNx, y \in \mathbb{R}^N, nous avons :

uε,n(y)uε,n(x)=01uε,n(ty+(1t)x)(yx)dt.u_{\varepsilon, n}(y) - u_{\varepsilon, n}(x) = \int_0^1 \nabla u_{\varepsilon, n}(t y + (1 - t) x) \cdot (y - x) \, dt.

Dans cette formule, uε,n\nabla u_{\varepsilon, n} désigne le vecteur fonction défini par les dérivées classiques de uε,nu_{\varepsilon, n}. Pour zRNz \in \mathbb{R}^N et i{1,,N}i \in \{1, \dots, N\}, nous avons :

iuε,n(z)=uε(z)iρn(zz)dz.\partial_i u_{\varepsilon, n}(z) = u_{\varepsilon}(z) \partial_i \rho_n(z - z) \, dz.

Si zB12εz \in B_{1 - 2\varepsilon} et ε>1\varepsilon > 1, la fonction ρn(z)\rho_n(z - \cdot) appartient à D(B)D(B) et est nulle en dehors de B1εB_{1 - \varepsilon} (et sur B1εB_{1 - \varepsilon}, nous avons uε=uu_{\varepsilon} = u). Il en résulte que :

iuε,n(z)=Diu,ρn(z)D(B),D(B)=Diu(z)ρn(zz)dz.\partial_i u_{\varepsilon, n}(z) = \langle D_i u, \rho_n(z - \cdot) \rangle_{D^*(B), D(B)} = D_i u(z) \rho_n(z - z) \, dz.

Comme DiuD_i u est continuellement uniforme sur B1εB_{1 - \varepsilon}, il en découle de la formule précédente que iuε,n\partial_i u_{\varepsilon, n} converge uniformément vers DiuD_i u sur B12εB_{1 - 2\varepsilon}. Par conséquent, pour tout x,yB12εx, y \in B_{1 - 2\varepsilon}, nous avons :

limn+01uε,n(ty+(1t)x)(yx)dt=01u(ty+(1t)x)(yx)dt.\lim_{n \to +\infty} \int_0^1 \nabla u_{\varepsilon, n}(t y + (1 - t) x) \cdot (y - x) \, dt = \int_0^1 \nabla u(t y + (1 - t) x) \cdot (y - x) \, dt.

La suite (uε,n)nN(u_{\varepsilon, n})_{n \in \mathbb{N}} converge dans L1(RN)L^1(\mathbb{R}^N) vers uεu_{\varepsilon}. Après avoir éventuellement extrait une sous-suite, nous pouvons donc supposer que cette suite converge presque partout vers uεu_{\varepsilon} et donc presque partout vers uu sur la boule B1εB_{1 - \varepsilon}. En prenant la limite lorsque n+n \to +\infty dans l'égalité ci-dessus, nous obtenons, pour presque tous x,yB12εx, y \in B_{1 - 2\varepsilon} :

u(y)u(x)=u(ty+(1t)x)(yx)dt.u(y) - u(x) = \nabla u(t y + (1 - t) x) \cdot (y - x) \, dt.

Comme ε>0\varepsilon > 0 est arbitraire, cette formule est valable pour presque tous x,yBx, y \in B.

Enfin, fixons un point xBx \in B pour lequel cette formule est vraie pour presque tous yBy \in B et définissons :

v(y)=u(x)+01u(ty+(1t)x)(yx)dtpour tout yB.v(y) = u(x) + \int_0^1 \nabla u(t y + (1 - t) x) \cdot (y - x) \, dt \quad \text{pour tout } y \in B.

La fonction vv est de classe C1C^1 (car DuD u est une fonction continue et donc vv est différentiable sur BB et v=Du\nabla v = D u). Puisque u=vu = v presque partout, cela conclut la démonstration.

La densité des sous-espaces dans les espaces de Banach : Application aux espaces ℓₚ et ℓ∞

Les espaces de Banach jouent un rôle fondamental dans la théorie des espaces fonctionnels. Ils sont particulièrement importants lorsqu'il s'agit de comprendre les relations entre des sous-espaces, leurs fermés et la notion de densité. Prenons par exemple les espaces ℓₚ, ℓ∞ et leur interaction dans des théorèmes de densité. La relation entre ces espaces est subtile et mérite une attention particulière, en particulier lorsqu'on analyse les résultats sur la séparation, la densité et l'isométrie.

Considérons tout d'abord le cas d'un espace ℓₚ, où 1p<+1 \leq p < +\infty, et un élément x=(xn)px = (x_n) \in \ell_p tel que la norme xp=1\|x\|_p = 1. Pour tout nNn \in \mathbb{N}, nous avons xn1|x_n| \leq 1, et par conséquent, xnqxnp|x_n|^q \leq |x_n|^p, ce qui implique que xqx \in \ell_q avec xq1\|x\|_q \leq 1. Cette inégalité nous indique que l'espace p\ell_p est inclus dans q\ell_q, mais avec une relation de norme bien définie, et cette inclusion est stricte lorsque q<pq < p. Le cas où q=+q = +\infty est aussi notable : dans ce cas, la norme infinie est également contrôlée par la norme pp, ce qui montre que tout élément de p\ell_p appartient aussi à \ell_\infty, avec xxp\|x\|_\infty \leq \|x\|_p.

Une autre observation essentielle concerne la densité des sous-espaces. Il est important de noter que le sous-ensemble BB des suites finiment non nulles, c’est-à-dire les suites dont seuls un nombre fini de termes sont non nuls, est dense dans q\ell_q lorsque 1q<+1 \leq q < +\infty. En effet, toute suite dans q\ell_q peut être approximée arbitrairement près, dans la norme q\ell_q, par des suites finies, ce qui montre la densité du sous-espace BB dans q\ell_q.

Cependant, malgré cette densité, p\ell_p n'est pas dense dans \ell_\infty. En effet, si AA est un sous-espace fermé de \ell_\infty, alors il existe des suites dans \ell_\infty qui ne peuvent être approximées par des suites dans p\ell_p, ce qui prouve que l'inclusion p\ell_p \subset \ell_\infty n'est pas dense. Cela a des implications profondes dans le cadre des sous-espaces fermés et la densité dans les espaces de Banach. Cette propriété illustre la distinction entre la convergence dans la norme pp et dans la norme \infty, qui est cruciale pour comprendre la structure des espaces de Banach.

Enfin, un résultat important concernant les espaces reflexifs et leurs sous-espaces fermés est la caractérisation de la densité d'un sous-espace dans un espace reflexif. Si EE est un espace de Banach reflexif, la relation entre les images de EE et de ses sous-espaces fermés peut être décrite de manière très précise. En particulier, le théorème de Hahn-Banach joue un rôle central dans la démonstration de l'équivalence entre la densité de certains sous-espaces et leurs fermés.

Il est essentiel de comprendre que les propriétés de densité, de fermeture et d’isométrie entre différents espaces de Banach ne sont pas simplement des curiosités théoriques, mais ont des applications pratiques dans des domaines comme l'analyse fonctionnelle, la théorie des opérateurs et la géométrie des espaces de Banach. Le phénomène de densité dans les espaces p\ell_p, q\ell_q, et \ell_\infty se retrouve dans de nombreux contextes d’analyse mathématique et de traitement du signal, et il est nécessaire pour la compréhension des limites des approximations dans les espaces fonctionnels.

Les propriétés de séparation des espaces de Banach, notamment l'existence de séparateurs fonctionnels (comme les éléments de p\ell_p^* et \ell_\infty^*), sont également cruciales pour l’étude de la séparation des sous-espaces et des applications linéaires entre eux. De plus, la relation entre un espace et son dual joue un rôle important pour la compréhension de la densité dans le cadre des espaces reflexifs. Ces éléments de théorie des espaces fonctionnels sont à la base de nombreuses théories en analyse non linéaire et en analyse numérique, en particulier dans les problèmes de régularité et de contrôle des systèmes.

Comment comprendre la continuité et l'existence de solutions dans les problèmes elliptiques linéaires

Dans le cadre des problèmes elliptiques linéaires, on s'intéresse à des équations différentielles où les solutions sont régies par des conditions aux limites et où leur existence, ainsi que leur comportement sous certaines transformations, sont primordiaux. L'étude de ces problèmes repose sur des concepts mathématiques avancés, comme la continuité des mappings linéaires, l'existence de solutions dans des espaces fonctionnels et l'utilisation de théorèmes clés comme le théorème de Hahn-Banach et le théorème de Lax-Milgram. Ces résultats permettent de démontrer l'existence et l'unicité des solutions tout en donnant des indications sur leur régularité.

Propriétés de continuité et d'extension

Considérons l'espace G={1,rv,vW01,r(Ω)}G = \{\nabla 1, r v, v \in W_0^{1,r}(\Omega)\}. Ce groupe définit une action linéaire sur un espace de fonctionnelles qui, par le biais de la définition de TT, permet d'étudier l'existence de solutions sous forme de fonctionnelles continues. Le mapping linéaire que l'on examine ici, vf(x)v(x)dx\nabla v \mapsto f(x)v(x) dx, est bien défini dans l'espace Lr(Ω)NL^r(\Omega)^N en raison de la continuité et de la linéarité du gradient de la fonction. Selon le théorème de Hahn-Banach, ce mapping peut être étendu à une fonctionnelle linéaire continue sur l'ensemble Lr(Ω)NL^r(\Omega)^N. Il en découle l'existence d'un vecteur F(Lr)NF \in (L^{r'})^N qui satisfait l'égalité suivante pour tout vW01,r(Ω)v \in W_0^{1,r}(\Omega) :

Ωf(x)v(x)dx=ΩF(x)v(x)dx.\int_\Omega f(x)v(x)dx = \int_\Omega F(x) \cdot \nabla v(x) dx.

Cela montre qu'une relation linéaire existe entre les gradients des fonctions et leurs applications à travers les fonctionnelles, permettant ainsi de résoudre des problèmes classiques d'équations différentielles avec conditions aux limites.

Résolution des problèmes de diffusion et de convection évanescente

Lorsqu'on examine des problèmes plus complexes, comme ceux liés à la diffusion et à la convection évanescente, les notions d'existence de solutions dans des espaces L2(Ω)L^2(\Omega) et H01(Ω)H_0^1(\Omega) deviennent cruciales. L'étude de ces problèmes repose sur le fait que si une suite de fonctions unu_n converge vers une fonction uu dans H01(Ω)H_0^1(\Omega), alors il est possible de montrer que les dérivées partielles iun\partial_i u_n convergent également dans L2(Ω)L^2(\Omega). Grâce au théorème de convergence dominée, on obtient que les termes au carré un2u_n^2 convergent dans L1(Ω)L^1(\Omega). Ce résultat est central pour prouver que la solution à des problèmes de diffusion est stable sous des perturbations successives et peut être obtenue de manière précise dans un cadre fonctionnel.

Le résultat clé ici est que les dérivées par transposition Di(u2)=2uDiuD_i(u^2) = 2u D_i u presque partout permettent de relier les propriétés de la solution aux propriétés de son carré. Ce lien est essentiel pour étudier la régularité et l'existence de solutions faibles aux équations différentielles.

Existence unique de la solution

Une autre question essentielle dans la résolution de ces équations est l'existence et l'unicité des solutions. Le théorème de Lax-Milgram, lorsqu'il est appliqué à une forme bilinéaire a(u,v)a(u,v) et une fonctionnelle T(v)T(v), garantit qu'il existe une solution unique à l'équation donnée, à condition que l'opérateur soit coercif et que la fonctionnelle soit continue. Dans le contexte des problèmes elliptiques, cela signifie que l'on peut établir l'existence de solutions uniques à des équations comme :

a(u,v)=T(v)pour tout vH01(Ω).a(u,v) = T(v) \quad \text{pour tout } v \in H_0^1(\Omega).

La coercivité de aa, obtenue à partir de la forme bilinéaire a(u,u)a(u,u), est essentielle pour conclure à l'unicité. En effet, si a(u,u)a(u,u) est coercif, cela signifie que la norme uH01(Ω)||u||_{H_0^1(\Omega)} est contrôlée par a(u,u)a(u,u), ce qui assure l'unicité de la solution dans l'espace H01(Ω)H_0^1(\Omega).

Interprétation physique et implications

Sur le plan physique, ces résultats trouvent des applications dans les domaines de la mécanique des fluides, de la chaleur et des phénomènes de diffusion. La présence d'un terme de convection dans l'équation et l'existence d'une fonction w(x)w(x) qui décrit la convection jouent un rôle essentiel pour comprendre les effets de transport dans un milieu donné. La condition div(w)=0div(w) = 0 dans D(Ω)D^*(\Omega) indique que ww est un champ de vitesse sans divergence, ce qui est typique dans les modèles de fluide incompressible.

Ainsi, comprendre les relations entre les fonctions et leurs gradients dans ces contextes permet de modéliser des phénomènes physiques de manière efficace, tout en garantissant la stabilité et la régularité des solutions. Ces résultats sont également utiles pour résoudre des problèmes où la solution présente des comportements singuliers ou de petites perturbations, comme dans les modèles de diffusion de type parabolique.

Il est également important de noter que, dans certains cas, la non-unicité des solutions à certaines étapes du processus de résolution, en particulier en ce qui concerne les conditions aux limites, peut ne pas affecter l'unicité globale de la solution. Cela est particulièrement pertinent dans le cadre de la résolution de systèmes de types elliptique et parabolique.

Comment définir la dérivée dans les espaces de Banach : une approche par transposition

Soit u(t)u(t) une fonction définie sur l'intervalle ]0,T[]0, T[ avec des valeurs dans un espace de Banach EE. Une question fondamentale en analyse fonctionnelle est de savoir comment généraliser la notion de dérivée à des fonctions définies dans des espaces vectoriels, notamment les espaces de Banach. La définition classique de la dérivée d'une fonction, telle qu'elle est enseignée dans les cours d'analyse réelle, ne s'applique pas directement lorsque l'on travaille dans des espaces de dimension infinie. Pour cela, nous faisons appel à la notion de dérivée par transposition, une approche qui s'avère particulièrement utile pour les fonctions de cette nature.

La dérivée par transposition d'une fonction uu définie dans un espace de Banach EE est définie comme une extension de la dérivée classique, mais dans le cadre des distributions. Plus précisément, nous définissons la dérivée par transposition de u(t)u(t) en utilisant des tests de fonctions φ(t)\varphi(t) appartenant à l'espace D(]0,T[)D(]0, T[), l'espace des fonctions à support compact et CC^\infty. Cela permet de travailler avec des objets mathématiques plus généraux, comme les distributions, au lieu de se limiter aux fonctions classiques.

Pour une fonction uLp(]0,T[)u \in L^p(]0, T[) (où 1p1 \leq p \leq \infty), la dérivée par transposition est un élément de DD^*, l'espace dual de D(]0,T[)D(]0, T[), qui est l'ensemble des applications linéaires continues de D(]0,T[)D(]0, T[) dans EE. Plus précisément, la dérivée par transposition tu\partial_t u est définie par la relation :

tu,φD,D=0Tu(t)φ(t)dt.\langle \partial_t u, \varphi \rangle_{D^*, D} = -\int_0^T u(t) \varphi'(t) \, dt.

Il est important de noter que cette dérivée par transposition existe toujours si u(t)u(t) appartient à Lp(]0,T[)L^p(]0, T[), et elle est étendue de manière formelle pour inclure des espaces de Banach plus généraux.

Un cas particulier de cette approche est la dérivée faible, qui se généralise encore davantage. Pour définir la dérivée faible, il est nécessaire que les espaces EE et FF soient intégrés dans un espace vectoriel GG tel que EGE \subset G et FGF \subset G. Ainsi, la dérivée faible de u(t)u(t), notée tu\partial_t u, est une fonction vLq(]0,T[)v \in L^q(]0, T[) telle que :

tu,φD,D=0Tv(t)φ(t)dt,\langle \partial_t u, \varphi \rangle_{D^*, D} = -\int_0^T v(t) \varphi(t) \, dt,

vv représente la dérivée faible. La présence de cette fonction vv permet de relier l'intégration de uu et la dérivée de uu dans un cadre plus large que celui des fonctions classiques.

Un autre point important est la comparaison entre la dérivée par transposition et la dérivée classique. Si uu est une fonction régulière, c'est-à-dire si uC1(]0,T[,E)u \in C^1(]0, T[, E), alors la dérivée classique u(t)u'(t) et la dérivée par transposition tu\partial_t u coïncident. Cela se traduit par l'égalité :

0Tu(t)φ(t)dt=0Tu(t)φ(t)dt=tu,φD,D.\int_0^T u(t) \varphi'(t) \, dt = \int_0^T u'(t) \varphi(t) \, dt = \langle \partial_t u, \varphi \rangle_{D^*, D}.

Ainsi, la dérivée classique devient un cas particulier de la dérivée par transposition dans ce cadre, ce qui justifie leur équivalence dans des situations de régularité suffisante.

Dans les situations moins régulières, la notion de dérivée faible devient cruciale. Par exemple, si uLp(]0,T[,E)u \in L^p(]0, T[, E), alors tu\partial_t u peut ne pas être une fonction au sens classique mais peut exister en tant que dérivée faible dans un espace de distributions. C'est une notion essentielle lorsqu'on travaille avec des solutions faibles d'équations différentielles ou dans des contextes où les solutions ne sont pas assez régulières pour admettre une dérivée classique.

Un autre aspect fondamental de cette théorie est l'intégration de ces dérivées. La question de savoir comment les opérations d'intégration et de dualité interagissent est cruciale. La proposition 4.25 montre que, sous certaines conditions, l'action duale et l'intégration commutent, ce qui permet de manipuler ces objets mathématiques de manière efficace.

De plus, dans certains cas, la continuité en temps des fonctions dérivées peut être garantie. Si uu est une fonction dans Lp(]0,T[,E)L^p(]0, T[, E), avec tuLp(]0,T[,E)\partial_t u \in L^p(]0, T[, E), alors uu est continûment dérivable en temps, et la relation entre u(t)u(t) et tu(t)\partial_t u(t) est bien établie. En particulier, on peut identifier u(t)u(t) comme une fonction continue sur [0,T][0, T] si des conditions de régularité sont respectées.

Ces notions de dérivées par transposition et faibles, ainsi que l'intégration associée, sont au cœur des méthodes modernes de résolution des équations différentielles dans des espaces de Banach, et elles trouvent des applications dans des domaines variés comme la théorie des équations aux dérivées partielles et la mécanique des milieux continus.