Dans le domaine des circuits à signaux mixtes analogiques (AMS) et de la logique CMOS, l'optimisation des performances à travers un large éventail de températures, allant de 2 K à 400 K, est une question cruciale pour de nombreuses applications, notamment les capteurs radar à ondes millimétriques et les circuits de contrôle cryogéniques pour les processeurs quantiques. Cette optimisation repose principalement sur la compréhension et la gestion de la dépendance en température du seuil de tension (Vt) et des principaux critères de performance des circuits, comme la transconductance, le gain en tension intrinsec, la fréquence de coupure et la figure de bruit minimale. Ces paramètres jouent un rôle fondamental dans la conception de circuits de haute performance dans des conditions extrêmes.

Les premières étapes pour atteindre cette optimisation consistent à établir une relation précise entre la tension seuil et la tension du back-gate, et à comprendre comment ces relations influencent les figures de mérite des circuits analogiques et mixtes. En ce sens, la description du seuil de tension, Vt, et de sa dépendance avec la tension du back-gate, VBG, constitue un point de départ essentiel. Par exemple, dans un MOSFET FDSOI (Fully-Depleted Silicon On Insulator), la tension seuil est influencée par la tension appliquée entre la source et le back-gate. La variation de cette tension est directement liée à des changements dans les caractéristiques du canal, modifiant ainsi les performances globales du transistor.

L'un des aspects importants de ces études est la prise en compte de la non-linéarité de la dépendance de la tension seuil par rapport à la température, ainsi que la gestion des effets liés à la température dans les régions de fonctionnement comme la triode, la saturation et le sous-seuil. Une fois cette base établie, il devient possible de décrire les relations entre le courant drain-source (IDS) et divers paramètres tels que la transconductance (gm), le gain en tension (Av), la fréquence de coupure (fT) et la fréquence maximale d'oscillation (fMAX). Ces relations, qui peuvent être modélisées à l'aide de données expérimentales, permettent de mieux comprendre comment les variations de VBG impactent ces figures de mérite dans différentes conditions de température.

Pour aller plus loin, les techniques de polarisation par densité de courant constante deviennent essentielles pour maintenir la linéarité des circuits, tout en optimisant l'amplitude de la sortie du signal. Cela implique une gestion délicate des tensions appliquées au back-gate afin de maximiser la gamme linéaire des sorties tout en réduisant les distorsions.

En analysant les topologies de circuits spécifiques aux ondes millimétriques et en utilisant des données expérimentales provenant de différentes technologies CMOS FDSOI commerciales, il devient possible de tirer des conclusions pratiques sur les meilleures configurations pour différents types de circuits. Cela inclut des comparaisons de performances entre les circuits et une évaluation de leur efficacité dans des applications réelles, notamment dans les communications à large bande et les interfaces électro-optiques.

Un autre aspect primordial de la conception de ces circuits est la capacité à manipuler les effets liés aux variations du potentiel du back-gate et à optimiser la réponse du circuit sur une large gamme de températures. Cela nécessite une compréhension approfondie de l'interaction entre les paramètres physiques du MOSFET, comme l'épaisseur de l'oxyde de grille (tOXE) et la constante diélectrique du matériau du canal. Les simulations et les modèles analytiques permettent de mieux quantifier ces effets et d'adapter les conceptions aux exigences spécifiques des systèmes cryogéniques et des environnements extrêmes.

Enfin, il est crucial de noter que la gestion de la température et des paramètres électriques dans ces circuits n'est pas seulement une question de conception théorique. Les résultats expérimentaux et les observations pratiques sont essentiels pour valider les modèles et garantir des performances fiables dans des conditions réelles. L'intégration de techniques avancées de simulation et d'analyse est indispensable pour affiner ces conceptions et obtenir des résultats optimaux.

Comment la linéarisation de la porte arrière améliore les DACs à commande de courant : Une approche par correction analogique

L’optimisation des convertisseurs numérique-analogique (DAC) repose souvent sur l’adaptation précise des paramètres internes pour réduire les erreurs inhérentes à leurs composants. Dans le cas des DACs à commande de courant, une des techniques les plus efficaces pour atteindre une meilleure linéarité est l’utilisation de la linéarisation de la porte arrière (back-gate). Cette méthode permet d’améliorer la performance spectrale et de compenser les erreurs relatives de décalage de courant qui se produisent lors des variations dans les cellules unitaires du DAC.

Lorsqu'une cellule unitaire présente un décalage positif par rapport à la source 32, cela signale un courant excessif. Pour y remédier, il est nécessaire de diminuer la tension de la porte arrière du MOSFET n-type (nMOS), ce qui réduit le courant de l'élément DAC en abaissant le biais de corps direct. À l'inverse, pour compenser les erreurs négatives de décalage, les valeurs du AUXDAC doivent être ajustées au-dessus du code médian (255), tandis que pour les erreurs positives, les valeurs doivent être placées en dessous de ce même code médian. Ces ajustements permettent de maintenir une compensation dynamique de l’erreur relative.

Les résultats expérimentaux montrent une amélioration significative des performances spectrales avec une réduction de la distorsion harmonique totale (THD) et un gain substantiel dans la gamme dynamique (DR). L’application de la correction analogique propose une linéarité améliorée, éliminant la nécessité de méthodes complexes comme l’averaging pondéré des données (DWA), couramment utilisées dans les systèmes à suréchantillonnage. Le taux de distorsion harmonique total (THD) est réduit à -84,7 dB, tandis que le rapport signal-bruit sur distorsion (SNDR) atteint 74,6 dB, un résultat proche des prévisions de simulation.

Un autre aspect intéressant est l'impact de cette technique sur la pureté spectrale. En appliquant une linéarisation analogique, la valeur SFDR (rapport de fuite de distorsion de fréquence) dépasse les 100 dB, ce qui est particulièrement pertinent lors de faibles amplitudes de signal. L’optimisation du spectre est donc non seulement bénéfique pour les applications à haute fréquence, mais elle permet également une meilleure gestion des signaux faibles.

Un des principaux avantages de cette approche réside dans sa faible consommation d’énergie. La linéarisation à l'aide d'une tension de porte arrière réduit la consommation de courant, atteignant une efficacité énergétique remarquable avec un FoMW (figure of merit de la consommation d'énergie par conversion) de 10,8 fJ/par étape de conversion. Cette performance surpasse celle de nombreuses autres conceptions modernes, en particulier celles qui utilisent des techniques basées sur des calculs numériques de correction d'erreur.

La comparaison avec des modulateurs sigma-delta à temps continu (CT) de dernière génération révèle également l’énorme potentiel de cette architecture. Par exemple, en comparaison avec des architectures similaires ayant un rapport d’oversampling (OSR) de 10, l’architecture multi-bit du filtre à boucle proposée atteint un ENOB (résolution effective de bits) de 12 bits, tout en maintenant une faible consommation énergétique. De plus, l’intégration du module de linéarisation en 22 nm FDSOI CMOS permet de réduire l’empreinte du système tout en conservant des performances spectrales exceptionnelles.

L’une des clés de cette performance réside dans l’absence de besoins complexes de calibration numérique ou d’ajustements externes. En effectuant la linéarisation directement via le DAC, la solution proposée devient à la fois plus simple à implémenter et plus robuste contre les variations de fabrication des composants.

Enfin, il convient de souligner que cette méthode est applicable à une large gamme de dispositifs DAC, non seulement dans le domaine des modulateurs sigma-delta, mais aussi dans tout système nécessitant une haute fidélité de conversion avec un contrôle précis de l’erreur de courant. Les perspectives d’utilisation de cette technologie s’étendent bien au-delà des applications actuelles, notamment dans les domaines de la communication, de l’imagerie et des instruments de mesure, où la précision spectrale et l'efficacité énergétique sont primordiales.

Comment optimiser la conception des circuits T&H pour des fréquences élevées ?

Dans les systèmes de conversion de données à haute vitesse, le circuit Track-and-Hold (T&H) joue un rôle crucial en garantissant que le signal d'entrée soit échantillonné et maintenu avec précision avant d'être transmis à un convertisseur analogique-numérique (CAN). La performance d'un T&H est directement influencée par des facteurs tels que le temps de stabilisation (ou acquisition), la vitesse d'échantillonnage, et les effets de gigue sur les chemins d'horloge. Ces éléments sont particulièrement importants pour les applications nécessitant des fréquences d'entrée très élevées, comme celles de l'ordre de 39 GHz.

Le temps de stabilisation du T&H, c'est-à-dire le temps nécessaire pour que la sortie du circuit atteigne un niveau de précision suffisant après un échantillonnage, est inversement proportionnel à la vitesse de l'échantillonnage. Ainsi, pour des T&H opérant à des fréquences élevées, une conception soigneuse des chemins d'horloge et de la constante de temps du T&H est essentielle. Un chemin d'horloge à faible gigue est nécessaire pour maintenir une ENOB (Effective Number of Bits) de 5,5 bits à une fréquence d'entrée de 39 GHz, compensant ainsi les effets négatifs de la gigue.

Pour atteindre cette performance, un tampon d'horloge ultralow-jitter est utilisé. Celui-ci est constitué de transistors M0 et M1 formant un amplificateur CMOS auto-biaisé, conçu pour fournir une tension de mode commun à la sortie de 450 mV (VDD/2) et une impédance d'entrée de 50 Ω. Cet amplificateur possède un gain à basse fréquence de 18 dB et une bande passante de 30 GHz, permettant ainsi une transition nette entre les phases complémentaires du signal d'horloge. L'optimisation de cette partie est cruciale pour garantir des bords montants rapides et ainsi réduire l'impact des bruits d'alimentation et de gigue sur le fonctionnement du T&H.

Pour compenser le décalage temporel du signal d'horloge échantillonné (skew), un ajustement de phase à cinq bits est intégré dans la conception, permettant un réglage précis de l'alignement des phases d'horloge avec une résolution de 30 fs. Cet ajustement est nécessaire pour garantir une précision d'échantillonnage suffisante afin d'atteindre un SFDR (Spurious-Free Dynamic Range) de 49 dBc à une fréquence d'entrée de 37 GHz.

Un aspect essentiel dans la conception des T&H à haute fréquence réside dans l'optimisation des buffers d'entrée et de sortie. Le buffer d'entrée utilise un suiveur de source pMOS (pMOS SF), qui présente une résistance de source RS de 6 Ω. Ce buffer découple l'impédance du tableau de comparateurs à la sortie du T&H. Le problème commun rencontré avec plusieurs buffers SF en série est le décalage de la tension de mode commun (CM) qui limite l'amplitude du signal utilisable. Pour y remédier, un biais de corps avant (FBB) est appliqué sur le transistor MSFn, permettant de réduire la tension de seuil de l'appareil et d'atteindre la plage de tension de mode commun requise pour les comparateurs.

La capacité parasite d'entrée d'un suiveur de source pMOS est une autre considération importante. Cette capacité inclut des termes linéaires et non linéaires provenant des capacités Cgs et Cgd, respectivement. Bien que l'on puisse envisager d'échantillonner uniquement sur la capacité parasite, ce n'est pas suffisant pour obtenir une linéarité adéquate. Par conséquent, un condensateur d'échantillonnage supplémentaire de 30 fF est ajouté, ce qui permet d'améliorer la linéarité globale et de garantir une distorsion harmonique totale (THD) inférieure à 36 dB tout en maintenant une bande passante supérieure à 40 GHz.

Le dernier défi réside dans la gestion du bruit et des effets de décalage en mode commun. L'application de FBB permet non seulement de résoudre ces problèmes de seuil, mais également de garantir un fonctionnement stable dans les processus à faible tension de seuil (SLVT), comme ceux basés sur l'architecture flipped-well. Ce processus, utilisé dans la technologie 22 nm FD-SOI, bénéficie de la possibilité de moduler les tensions de corps pour optimiser les performances des transistors à faible tension de seuil (SLVT).

Les résultats des tests réalisés sur un prototype de T&H à 18,5 GS/s montrent que le circuit répond aux exigences de performance. La plage dynamique et le nombre effectif de bits (ENOB) mesurés sont excellents, avec un SFDR de 62 dBc et un ENOB de 6,9 bits à une fréquence d'entrée de 198 MHz, et un SFDR de 38,6 dBc et un ENOB de 5,6 bits à 37 GHz. Ces résultats soulignent l'importance de la conception minutieuse des composants à haute fréquence pour atteindre des performances optimales dans les systèmes de conversion de données.

Il est essentiel pour le lecteur de comprendre que la conception d'un T&H performant à haute fréquence nécessite non seulement des choix judicieux en matière de composants et de circuits, mais aussi une attention particulière à l'optimisation des chemins d'horloge et à la gestion des effets de gigue. L'intégration de techniques avancées comme l'ajustement de phase fin et le biaisage de corps avant permet d'atteindre une linéarité et une stabilité exceptionnelles, nécessaires pour des applications de conversion de données à des fréquences aussi élevées que celles envisagées dans ce domaine.

Comment les caractéristiques des MOSFETs à FDSOI et FinFETs influencent leur performance thermique et leur utilisation dans les applications avancées

Les transistors à effet de champ en silicium à orientation de surface (FDSOI) et les transistors à fin de gril (FinFETs) sont au cœur des recherches et développements dans le domaine des dispositifs semi-conducteurs. Ces technologies sont particulièrement pertinentes pour les applications nécessitant des performances optimisées à la fois en termes de consommation d’énergie, de fréquence et de stabilité thermique. Les mesures de divers paramètres, tels que la transconductance (gm), la capacité de gain (AV), et la fréquence de coupure (fT et fMAX), sont des indicateurs cruciaux permettant d’évaluer ces dispositifs.

Les mesures expérimentales sur les MOSFETs à FDSOI de 22 nm et les FinFETs de 3 nm, en particulier celles qui comparent les performances en fonction de la température (2 K à 300 K) et des tensions de grille de dos (VBG), révèlent des comportements très intéressants. Par exemple, la variation de la transconductance spécifique par rapport à l’intensité de courant (gm/IDS) montre des améliorations significatives à des températures plus basses, ce qui est essentiel pour les applications à basse consommation et haute fréquence. Les MOSFETs de 22 nm, avec une distance de grille doublée et un contact à double grille, offrent une plus grande flexibilité pour ajuster les caractéristiques de commutation et les gains, rendant ces dispositifs adaptés aux environnements nécessitant des ajustements thermiques fins.

De même, la capacité de gain (AV) mesurée par rapport à l’intensité du courant (IDS/W) pour ces dispositifs varie de manière notable en fonction des conditions de température. À 300 K, les MOSFETs montrent un comportement stable avec une évolution lisse de leur gain en fonction de la tension de grille arrière (VBG). Cependant, à des températures extrêmes, comme 2 K, les performances sont plus sensibles aux fluctuations thermiques, ce qui impose une réflexion approfondie sur l'impact de la température sur l'efficacité de ces dispositifs.

La fréquence de coupure maximale (fMAX) et la fréquence de transition (fT) sont également des paramètres déterminants dans la performance des transistors à FDSOI et FinFET. À faible température (2 K), ces paramètres atteignent des valeurs plus élevées, indiquant une meilleure performance à haute fréquence. Cependant, ce phénomène est accompagné de défis thermiques, notamment une dissipation thermique qui peut être difficile à gérer dans les applications de haute densité.

L’une des caractéristiques les plus importantes des MOSFETs à FDSOI et des FinFETs est la capacité à minimiser les effets de la variation de la tension de grille sur les caractéristiques électriques. Cela est particulièrement évident dans les mesures des capacités de grille-source (Cgs/W), de grille-drain (Cgd/W) et de drain-source (Cds/W), qui montrent une très faible variation en fonction des tensions appliquées. La stabilisation de ces capacités joue un rôle clé dans l’optimisation des performances du transistor dans un large éventail de conditions de fonctionnement.

Pour les applications avancées, telles que les circuits à haute vitesse ou les systèmes électroniques quantiques, il est essentiel d’optimiser la performance des transistors en fonction de leur géométrie et de la configuration de la grille. Les résultats obtenus avec ces technologies à FDSOI et FinFETs permettent de pousser les limites de la miniaturisation tout en maintenant une efficacité énergétique, ce qui est particulièrement crucial dans le contexte de la croissance continue des applications mobiles et des processeurs de haute performance.

Il est également pertinent de considérer l’impact de la conception et des matériaux utilisés dans la fabrication des transistors. Par exemple, l’utilisation de SiGe (silicium-germanium) dans les HBTs (transistors à hétérojonction bipolaire) montre des améliorations notables en termes de transconductance à des températures spécifiques, mais ces gains peuvent être tempérés par les limitations des matériaux eux-mêmes. Le choix du matériau, de la configuration de la grille et des paramètres de température sont des facteurs qui déterminent directement la performance de ces dispositifs dans des applications thermiquement contraignantes.

Enfin, le rôle crucial de l’ajustement de la tension de grille arrière (VBG) doit être compris dans le contexte des applications modernes. VBG permet de contrôler finement la conduction des canaux, ajustant ainsi la capacité de gain et d’autres caractéristiques critiques du transistor. Les tests effectués à différentes températures et tensions montrent l’importance de ces ajustements pour maintenir la stabilité thermique et optimiser les performances dans des conditions variées.

En résumé, pour un lecteur impliqué dans le développement de systèmes utilisant ces technologies avancées, il est primordial de comprendre les interactions complexes entre la température, la géométrie du transistor, la tension de grille et la fréquence de fonctionnement. Ces facteurs influencent directement les performances globales et la fiabilité des dispositifs dans des applications à haute vitesse et à basse consommation d’énergie.