Lorsqu’une section transversale ouverte ou fermée est mince, c’est-à-dire que son épaisseur est bien inférieure à ses autres dimensions caractéristiques, son comportement en torsion diffère radicalement de celui des sections pleines. L’analyse rigoureuse de la torsion dans les sections rectangles minces, puis sa généralisation aux sections composées de plusieurs segments rectangulaires, permet de comprendre cette spécificité. Pour une section rectangulaire ouverte, les relations exactes expriment le moment de torsion appliqué en fonction de la rigidité en torsion du matériau, de la géométrie de la section, et du taux de rotation par unité de longueur.
La relation fondamentale s’écrit :
T = G * Ĵ * ϕ′
où T est le moment de torsion, G le module de cisaillement, ϕ′ le taux de rotation, et Ĵ la constante de torsion, donnée pour une section rectangulaire mince par :
Ĵ = (1/3) * h * t³ * (1 − βJ)
Les coefficients correctifs βJ et βτ introduisent une précision supplémentaire pour les sections rectangulaires de rapport h/t non négligeable. Ces coefficients dépendent fortement du rapport géométrique h/t, mais convergent rapidement grâce à leur formulation en séries infinies. Leur décroissance rapide, notamment celle de βτ, confirme l’efficacité des formules approchées pour des sections très minces, où l’on retrouve :
Ĵ ≈ (1/3) * h * t³
τ_max ≈ T / t * (1 / Ĵ)
Ce dernier résultat montre que les contraintes maximales de cisaillement apparaissent dans les zones les plus épaisses de la section. Pour une section ouverte composée de plusieurs segments rectangulaires, la constante de torsion globale est la somme des contributions individuelles :
Ĵ = (1/3) * Σ (hi * ti³)
avec hi la longueur de la i-ème partie de la section et ti son épaisseur. Si un segment est courbe, hi est alors la longueur d’arc de sa ligne médiane.
Ces résultats sont applicables tant que la torsion est uniforme et que le gauchissement de la section est libre. Toutefois, en présence de contraintes empêchant ce gauchissement — comme un encastrement à l’extrémité d’une poutre — des contraintes normales apparaissent le long de l’axe et modifient profondément la distribution des contraintes de cisaillement. Dans ce cas, la rigidité en torsion est augmentée de manière non uniforme, rendant inopérante toute tentative de correction par un simple facteur global.
L’exemple d’une poutre en I permet d’illustrer cette analyse. En utilisant les dimensions relatives des semelles et de l’âme, la constante de torsion calculée selon la méthode décrite ci-dessus est environ 100 fois plus faible que le moment quadratique polaire d’inertie correspondant. Ce contraste énorme confirme que les sections minces ouvertes sont beaucoup plus souples en torsion que les sections pleines ou fermées, et que l’hypothèse de conservation des sections planes devient invalide dans ce contexte.
Lorsque l’on passe à des sections fermées minces, le comportement change fondamentalement. Une section fermée, comme un tube ou un profil creux fermé, encercle une région, ce qui crée une configuration topologique fermée pour les efforts de cisaillement. La clé de l’analyse repose sur le concept de flux de cisaillement, défini comme :
q(s) = σxs(s) * t(s)
où q est constant tout autour du contour, ce qui résulte de l’équilibre des forces sur un élément différentiel du contour. Ce flux uniforme entraîne une répartition continue et fermée des contraintes de cisaillement, assurant que la torsion se répartit de manière équilibrée sur toute la section. Le flux de cisaillement est orienté tangentiellement au contour médian de la section, et son produit vectoriel avec le rayon de chaque point permet de calculer le couple total transmis par la section.
L’absence de traction normale sur les faces internes et externes de la paroi, et l’uniformité du flux de cisaillement sur l’épaisseur, conduisent à une solution simplifiée mais très puissante. Le couple total transmis est alors lié à l’aire entourée par la ligne médiane et à l’épaisseur de la paroi. Cela confère aux sections fermées une rigidité en torsion bien supérieure à celle des sections ouvertes.
Il est crucial de souligner que cette rigidité ne provient pas simplement de la matière en elle-même, mais de la topologie fermée du contour, qui contraint les chemins des contraintes de cisaillement et empêche la déformation libre de la section. Contrairement aux sections ouvertes, où le gauchissement peut se produire librement, les sections fermées se comportent comme des coques fermées en résistance des matériaux, supportant efficacement la torsion sans distorsion majeure.
Dans le cas des sections fermées de forme quelconque, tant que l’épaisseur reste faible et que l’on peut définir une ligne médiane continue autour de laquelle les contraintes sont réparties, l’analyse peut être menée rigoureusement par l’introduction du flux de cisaillement et l’intégration des moments élémentaires. Ce type d’approche s’applique à de nombreuses structures réelles, notamment les structures aéronautiques, les cadres tubulaires, et les conduites sous pression.
Il est important que le lecteur comprenne que la torsion dans les sections minces n’est pas qu’un simple exercice géométrique : elle met en jeu des phénomènes mécaniques subtils, notamment le gauchissement, les conditions aux limites et la nature ouverte ou fermée de la section. Une mauvaise modélisation de ces effets peut entraîner des erreurs majeures dans l’estimation des contraintes et déformations, et donc compromettre la sécurité ou la performance d’une structure. De plus, dans les applications réelles, les variations d'épaisseur, les discontinuités et les assemblages peuvent créer des concentrations de contraintes ou des zones de rigidité accrue qu’aucun modèle idéal ne saurait capturer complètement sans une analyse plus fine.
Comment les propriétés des matériaux influencent leur comportement sous stress et déformation
Les constantes matérielles ne sont pas uniques, mais toutes les formes de l'équation sont équivalentes. L’existence de multiples définitions des constantes matérielles est en grande partie liée aux tests que l’on peut effectuer pour déterminer ces constantes. Par exemple, le test de traction uniaxiale permet de mesurer directement le module de Young. De même, un essai de torsion constitue une méthode efficace pour mesurer directement le module de cisaillement, comme nous l’examinerons dans le chapitre 11. Cependant, pour certains matériaux, notamment les matériaux granulaires, il est impossible d’effectuer un test de traction ou de torsion. Dans ce cas, une mesure du changement de volume d’un échantillon sous pression constante permet d'obtenir une estimation directe du module de compressibilité. Le test triaxial, qui applique une pression de confinement autour de l’échantillon avant de le comprimer longitudinalement avec une pression différente, permet de mesurer directement le module de cisaillement des matériaux granulaires en observant les changements de longueur et de diamètre de l’échantillon.
Les valeurs du module de Young, du coefficient de Poisson et de la densité pour certains matériaux courants sont indiquées dans un tableau, classées du plus grand au plus petit module de Young. Certaines valeurs sont données sous forme de plages, car certains facteurs influencent ces propriétés. Par exemple, les caractéristiques du béton varient en fonction du rapport eau-ciment au moment de la création. Le béton change également au fil du temps, les valeurs officielles étant spécifiées à un moment donné, par exemple à 28 jours. De plus, des additifs sont souvent utilisés pour modifier certaines propriétés du béton, comme ses caractéristiques d'écoulement dans son état fluide ou la porosité dans l’état durci.
De nombreux matériaux de la table ont un coefficient de Poisson compris entre 0,30 et 0,36. Les limites théoriques du coefficient de Poisson sont comprises entre -1,0 et 0,5, les valeurs négatives étant relativement rares. Le caoutchouc, dont le coefficient de Poisson est très proche de 0,5, est considéré comme un matériau incompressible, car la variation de volume reste minime lors de sa déformation. En revanche, le liège, avec un coefficient de Poisson proche de zéro, possède une propriété rare et utile : il se caractérise par un faible module de Young, ce qui en fait un matériau idéal pour les bouchons de bouteille de vin. Le bois, bien qu'il ne réponde pas à la loi de Hooke en raison de son anisotropie, est un matériau intéressant à étudier, car ses propriétés varient selon la direction (le long ou perpendiculaire au grain). Ce type de matériau est dit orthotrope et nécessite plusieurs constantes matérielles pour être modélisé avec précision. Par exemple, le module de Young donné pour le pin de Douglas est celui mesuré lors d’un test de traction uniaxiale. Le bois est également sensible à son taux d’humidité, ce qui peut affecter considérablement ses propriétés.
Les constantes et représentent la rigidité des matériaux, mais les ingénieurs sont également intéressés par d'autres propriétés, notamment la résistance des matériaux. Chaque matériau présente un mode de rupture spécifique, ce qui rend difficile la réduction des propriétés de résistance à une seule valeur. Le métal comme l’acier, par exemple, possède une structure cristalline dans laquelle les imperfections du réseau commencent à glisser sous un certain niveau de contrainte, ce qui donne l’effet macroscopique que l’on appelle la limite d'élasticité. Ce phénomène permet à l’acier doux de se déformer sous une gamme relativement large de contraintes sans rompre immédiatement, jusqu'à ce que la matière durcisse et que la contrainte augmente à nouveau à un taux plus faible. Enfin, l’acier finit par se fracturer, ce qui marque la fin du comportement élastique linéaire. Le béton, quant à lui, se fissure sous tension et se broie sous compression. La rupture du béton est complexe en raison de la présence d'agrégats comme le sable ou le gravier, intégrés dans une matrice de ciment, ce qui rend difficile la caractérisation de ses propriétés de résistance. En dépit de cette complexité, le béton est souvent modélisé comme ayant un comportement élastique linéaire, bien qu'il n’y ait pas de niveau clairement discernable de contrainte ou de déformation qui marque la fin de la plage élastique, contrairement à l’acier doux.
Les conditions de stress planaire et de déformation planaire sont des états particuliers dans lesquels certains composants du stress ou de la déformation sont nuls ou supposés être nuls. Ces cas peuvent être traités comme des problèmes bidimensionnels. Dans la condition de stress planaire, par exemple, les composantes , et sont supposées être nulles. Le tenseur de stress se réduit alors à une forme bidimensionnelle, permettant de simplifier les équations tridimensionnelles en prenant en compte uniquement les contraintes et déformations dans le plan. Si , la déformation dans la direction est dictée par les déformations dans le plan et le coefficient de Poisson. Les équations qui en résultent permettent de calculer les contraintes dans le plan en fonction des déformations dans le même plan.
De même, dans la condition de déformation planaire, on suppose que les déformations , et sont nulles. Cela nous permet de reformuler les équations de Hooke en deux dimensions, éliminant ainsi les composants de déformation dans la direction et respectant la condition d'absence de déformation dans cette direction. La relation obtenue entre les contraintes et les déformations dans le plan est utile dans de nombreux contextes, en particulier pour les matériaux soumis à des conditions de charge planaire.
Il est essentiel de comprendre que les matériaux ne se comportent pas toujours de manière linéaire, et les effets de taille, les changements dans les conditions environnementales, ainsi que les spécificités de leur composition peuvent influencer considérablement leur réponse mécanique. La prise en compte de ces facteurs permet aux ingénieurs et aux scientifiques des matériaux d'optimiser les choix de matériaux pour des applications spécifiques, en fonction des exigences de rigidité, de résistance et de durabilité.
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