Dès son accession à la présidence, Donald Trump a rapidement adopté une stratégie médiatique agressive, qualifiant fréquemment les grands médias de "fake news" et les accusant de conspirer contre lui. Ses attaques violentes ont visé des institutions comme le New York Times, CNN, ABC, et d'autres grandes chaînes d'information, qu'il a souvent désignées comme les ennemis du peuple américain. Dans cette dynamique, il semble ignorer ou minimiser le rôle constitutionnel des médias, qui, en démocratie, doivent jouer un rôle de contrôle de l'exécutif, un rôle que l'on appelle la quatrième puissance.

L'un des aspects les plus marquants de cette stratégie consiste en une attaque systématique de la presse, non seulement sur son intégrité, mais aussi sur la moralité des journalistes, qu'il qualifie de personnes "horribles", "horribles" et "non patriotes". Trump va jusqu'à suggérer qu'ils sont victimes d'un soi-disant "Trump Derangement Syndrome" pour avoir osé scruter les décisions prises par son administration. En répandant cette rhétorique, Trump cherche à délégitimer les médias et à renforcer son image auprès de ses partisans, en leur faisant croire qu'une vaste conspiration médiatique se déroule contre lui.

Cependant, et bien que Trump attaque régulièrement les médias, il dépend également de ces mêmes médias pour communiquer avec le peuple américain. La majorité des Américains ne suivent pas leur président sur Twitter ni ne regardent Fox News, qui, bien qu'ayant un biais favorable envers Trump, critique parfois ses actions ou positions. En effet, même si Trump parvient à attirer une couverture médiatique considérable, cette couverture est, pour une large part, négative. Selon une étude menée par le Pew Research Center durant ses 100 premiers jours, 44 % des articles étaient négatifs, contre seulement 11 % positifs. Cette couverture médiatique négative est particulièrement marquée par une focalisation sur des questions de leadership et de caractère, au détriment des questions politiques et économiques.

Comparé à ses prédécesseurs, Trump est celui qui a reçu la couverture médiatique la plus négative. Un autre rapport, réalisé par l'université de Harvard, confirme ces chiffres en révélant que 80 % de la couverture médiatique de Trump pendant ses 100 premiers jours était négative. Cet examen a montré que, contrairement à d'autres présidents comme Clinton, Bush ou Obama, Trump a été particulièrement mal perçu par les médias sur des sujets clés comme son aptitude à gouverner ou ses politiques en matière d'immigration. Même Fox News, traditionnellement un allié du président, a accordé une couverture largement négative à ses positions sur ce sujet.

Pourtant, malgré ses critiques constantes des médias, Trump n'a pas réussi à maîtriser la manière dont les journalistes le couvrent. Les présidents américains ont toujours eu une relation conflictuelle avec les médias, surtout depuis la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate. Les journalistes sont formés pour traquer les histoires, souvent en se positionnant de manière antagoniste face au pouvoir. Ce phénomène est bien documenté et Trump n'échappe pas à cette règle. De ce point de vue, il n'est pas plus victorieux dans son contrôle de l'opinion publique que ses prédécesseurs, et la presse continue de questionner, d'enquêter et de rapporter ce qui pourrait entacher sa présidence.

Il est également important de noter l'impact direct que cette couverture médiatique négative a sur Trump. Les enquêtes et les révélations sur des questions telles que la collusion avec la Russie, les échecs de son système de santé ou la corruption au sein de son administration ont non seulement terni son image, mais ont également mis son administration sous une pression constante. Ces investigations ont conduit à des poursuites judiciaires et à une série de défis légaux, affectant le fonctionnement de la Maison-Blanche et la capacité de Trump à mener ses politiques.

L'approche de Trump vis-à-vis des médias présente un paradoxe : bien qu'il s'efforce de créer une compétition pour définir l'agenda politique de son administration, il est pris dans une dynamique où l'agenda médiatique échappe à son contrôle. En cherchant à monopoliser l'attention des médias et à susciter des scandales, Trump détourne l'attention des questions politiques de fond qu'il devrait privilégier pour réussir ses réformes. Sa stratégie communicationnelle, à la fois chaotique et imprévisible, l'empêche d'établir une vision cohérente et unifiée pour son mandat. Les médias, de leur côté, continuent de traiter ses actions et son caractère de manière critique, sans se laisser séduire par ses tentatives de manipulation.

Il est donc essentiel de comprendre que, même si Trump utilise les médias pour maintenir une visibilité constante, cette exposition n'est pas forcément bénéfique pour sa présidence. La guerre contre les médias ne se résume pas à une simple question d'image ; elle a des répercussions profondes sur la gestion politique et la perception publique. Le rôle de la presse, loin d’être un simple observateur passif, reste un acteur central qui façonne et défie la manière dont un président peut gouverner.

Comment la doctrine « paix par la force » a façonné la politique étrangère américaine sous Trump ?

La doctrine dite de « paix par la force » a constitué le fondement de la politique étrangère américaine durant l’administration Trump, s’illustrant notamment dans la gestion de la crise nord-coréenne. L’idée centrale était que la démonstration de puissance militaire et la fermeté diplomatique pouvaient non seulement dissuader les menaces, mais aussi imposer un ordre international favorable aux intérêts des États-Unis. Cette posture agressive s’est traduite par une escalade verbale marquée par des menaces explicites contre Pyongyang, accompagnée d’une montée des niveaux de sécurité et d’une intensification des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud et le Japon. Parallèlement, Washington exerçait une pression diplomatique croissante sur la Chine et d’autres partenaires pour durcir les sanctions contre le régime de Kim Jong Un.

Cette stratégie, tout en visant à renforcer la crédibilité américaine, portait en elle un risque élevé : la multiplication des provocations et malentendus pouvait précipiter un conflit aux conséquences catastrophiques, impliquant potentiellement d’autres grandes puissances régionales telles que la Chine et la Russie. Les alliés eux-mêmes, notamment en Asie, redoutaient que la politique de « paix par la force » ne débouche sur une guerre ouverte plutôt que sur une désescalade des ambitions nucléaires nord-coréennes. Pourtant, la volonté inébranlable de Trump à maintenir cette posture a semblé se fléchir seulement lorsqu’une offre de dialogue direct fut proposée par Kim Jong Un, conduisant à la tenue historique du sommet de Singapour en juin 2018. Bien que cet événement n’ait pas débouché sur un accord formel substantiel, Trump s’en est prévalu comme d’un triomphe de sa doctrine, affirmant que la menace nucléaire nord-coréenne avait été éliminée grâce à sa démonstration de force.

Cette philosophie politique se retrouve également dans la manière dont Trump percevait ses alliés, en particulier ceux de l’OTAN. Il dénonçait leur supposée passivité et leur insuffisante contribution financière à la défense collective, estimant que les États-Unis subvenaient seuls à la protection de ces nations sans obtenir en retour un partage équitable des charges. Sa critique virulente à l’égard des budgets de défense alliés et son insistance à ce que chacun respecte ses engagements financiers témoignent d’une approche où la fermeté et les menaces visent à susciter respect et conformité, à l’instar de ses prédécesseurs mais avec un ton plus abrasif.

Sur le plan économique, la même logique s’est traduite par un rejet des accords multilatéraux au profit de négociations bilatérales jugées plus protectrices des intérêts américains. Le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique (TPP) et la renégociation de l’ALENA illustrent la priorité accordée à une posture de force économique, où la puissance et la capacité à imposer ses conditions priment sur la coopération multilatérale. Cette dynamique s’accompagne d’une dénonciation virulente des pratiques commerciales chinoises, perçues comme une forme d’exploitation économique, marquant un tournant radical par rapport à la stratégie précédente qui misait sur l’intégration économique pour contenir Pékin.

Il importe de comprendre que la doctrine « paix par la force » ne se limite pas à une simple politique de dissuasion militaire, mais englobe une vision globale du rôle des États-Unis sur la scène internationale. Cette vision conjugue affirmation intransigeante de la puissance militaire, exigence d’une contribution équitable des alliés à la défense commune, et revendication d’un protectionnisme stratégique dans le domaine économique. Le risque inhérent à cette stratégie réside dans la précarité des équilibres qu’elle génère, où la recherche de la fermeté peut devenir source d’instabilité et de confrontation. Ainsi, pour appréhender pleinement cette doctrine, il est essentiel de saisir non seulement ses mécanismes de mise en œuvre mais aussi ses limites et les tensions qu’elle suscite dans un contexte international complexe et multipolaire.